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Rencontre avec Carlo Bordini à La libreria le 18 janvier à 19 heures.

vendredi 18 janvier 2008 (Date de rédaction antérieure : 19 avril 2024).

A l’occasion de la parution aux éditions Alidades de Polvere/ Poussière du poète contemporain romain Carlo Bordini, nous avons le plaisir de vous inviter à une rencontre avec l’auteur, le 18 janvier 2008 à 19 heures, à la Libreria 89 rue du Faubourg Poissonnière à Paris (métro Poissonnière).

Carlo Bordini
Poussière / Polvere
suivi de La simplicité (Essai sur Luigi Ghirri).
alidades, collection ’Bilingues’, traduction et présentation d’Olivier Favier
12,5 x 21 cm, 48 pages, cahier, 5,50 €, ISBN 978-2-906266-75-9
Polvere est un poème étonnant où l’expérience intime rencontre en un permanent va-et-vient l’infini des choses, dans une manière de prolongement plus lucide que tragique. Il y a quelque chose d’extrême oriental dans cette façon de lier en miroir le macrocosme et le microcosme, de ménager la fulgurance des passages, de débusquer la parenté de la matière du monde et de la matière vécue. Cela, Carlo Bordini le fait dans une langue quasiment minérale, en une manière d’oralité qui est comme de la pensée en train de naître et de prendre corps – une parole qui serait elle-même matière.
Auteur de nombreux recueils de poèmes, de plusieurs essais, d’un roman, Carlo Bordini est né à Rome en 1938. Enseignant chercheur au département d’Histoire de lUniversité de Rome La Sapienza, il s’est spécialisé dans l’histoire de l’amour et de la famille au dix-huitième siècle.

Extrait :

(...)

Vie artificielle ; comment peut être artificielle

une nouvelle vie ? Si la pierre n’existe plus, ou si elle

n’a jamais été,

est-ce que ce n’est pas bien d’être de plâtre, comme les

morts de Pompéi ?

Éternellement ? Peut-être...

Un archéologue rusé a pompé le plâtre des enveloppes

laissées par les lapilli et la lave, où s’étaient

consumés les corps des fuyards de Pompéi. Le plâtre

a repris les formes originaires, approximativement, dans tout

ce qu’elles avaient de tendre. Ils semblent dormir, au repos, un peu

délavés. Un peu déteints. Ma vie artificielle n’est-elle pas, –

déteinte – ce qu’elle aurait pu être ? N’est-elle pas, au repos,

informe, ce qu’elle aurait pu être dans sa

jeunesse, dans son état naturel ? Tout, peut-être,

n’a-t-il pas été

récupéré ? L’essentiel n’en est-il pas

resté ? Ne puis-je pas faire, de plâtre,

ce que je n’ai pas fait avant ?

Tout cela n’est-il pas beau ? Y a-t-il quelque chose

d’illégitime ? Le plâtre n’est-il pas,

peut-être,

une création humaine ?

Humble, plâtre, fait de poussière compacte.

Sommes-nous

monument de nous-mêmes ?

Fragile monument, dans les jardins publics, que

quelqu’un

peut aller voir. N’est-ce pas la vie ? Dans son

humilité,

n’est-elle pas grandiloquente ? À villa borghese,

les bustes de notre dix-neuvième siècle regardent,
crépusculaires,

non sans une certaine dignité.

Et toi, tu veux rester près de moi ?

Je suis fait de bon plâtre ;

je me suis fait tout seul.

Toi qui a coupé tes enfants,

tu aimes les femmes – d’un amour

stérile.

(...)

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