- 8 octobre 2011, par Pierre Pigot
Le 11 mars dernier, Yu Muroga, un Japonais de 36 ans vivant à Sendai, est parti comme chaque matin accomplir son travail de livreur à bord de sa camionette. Celle-ci était équipée d’une mini-caméra, placée au niveau du pare-brise, pour des raisons de sécurité. Pendant la secousse sismique (9 sur l’échelle de Richter), alors qu’il roulait, la caméra a enregistré les voitures secouées comme des jouets, le (...)
- 7 octobre 2011, par Philippe Louche
PSYCHOGEOGRAPHIE INDOOR.
« J’appelle inspiration cette intrigue de l’infini où je me fais auteur de ce que j’entends. »
I
Chacun cherche l’inspiration où il peut. Voltaire la cherchait dans l’excitation du café, Eschyle et Aristophane dans le vin… Buffon ne pouvait écrire qu’habillé élégamment. Villiers de L’Isle-Adam ne pouvait écrire qu’à plat ventre. Son confrère décadent, Hugues Rebell louait une (...)
- 4 octobre 2011, par Roland Pradalier
L’éditeur à l’auteur :
Cher monsieur, Paris le 24/06/2007
Ayant pris connaissance du manuscrit que vous m’avez envoyé, et de la préface que vous lui avez adjoint, je me permets aujourd’hui de vous écrire pour vous demander la suite du texte, puisqu’il s’interrompt au troisième chapitre et que les 120 pages qui terminent le manuscrit ne contiennent que le mot « merde » répété ad libitum. J’ai beaucoup (...)
- 24 juin 2011, par Henri Cachau
Notre époque se caractérise par le doute, la contradiction, le scepticisme, la remise en cause d’anciennes valeurs, l’incapacité d’en fonder d’autres, par un féroce esprit de compétition qui nous fait chercher des solutions à des problèmes vieux comme le monde, sonder des réalités qui de tout temps nous ont dépassés... Maintes civilisations complexifièrent les termes de leurs savoirs, nous recommandèrent de (...)
- 20 juin 2011, par Henri Cachau
Malgré leurs têtes baissées, leurs dos arc-boutés, leurs muscles saillants, tendus, luisants d’embrocation, la visière de leur casquette vous dérobant une partie de leur personnalité, dès les premiers hectomètres parcourus vous aurez remarqué chez certains compétiteurs une aisance, un coup de pédale avantageux, chez d’autres plus rageurs, un jeu de jambes moins harmonieux, saccadé, ainsi que décelé cette (...)
- 15 juin 2011, par Bernard Vaudour-Faguet
— Madame, Madame l’infirmière... Je vous en prie... Je...
— C’est vous qui avez sonné ?
— Oui ! Oui ! Bien sûr ! C’est moi ! Je viens juste de vous appeler !
— Qu’est-ce qui vous arrive ?
— J’ai une violente douleur au ventre et...
— On vous a opéré quand ?
— Hier dans la matinée...
— Je suppose qu’on vous a posé un appareil de régulation sur le coeur ?
— Exact !
— (...)
- 13 juin 2011, par Nicolas Boldych
Le visage informe du destin
Gabriel avait l’impression d’avoir vécu la moitié de sa vie dans les halls des aéroports ; il ne savait plus où était l’ombre et où était la lumière, à quel air se vouer, ni à quoi servait ses fines narines de lièvre à force d’être sous les flamboyances factices de ces villes en dehors de la ville, campement de plastique, verre, métal, où s’affairait une société parallèle, (...)
- 31 mai 2011, par Abdelwahab Boumaza
Le bidon qui tenait lieu de poubelle et que traînait Khadidja, devait être lourd, plein d’ordures, car, d’habitude, du haut de ses quatre ans, elle le portait magistralement, traversait la route et le déversait dans le terrain vague. Maintenant, voilà des déchets qui tombaient du bidon et la suivaient, formant une ligne allant de la maison à l’autre côté de la route. La petite fille aimait tellement (...)
- 17 mai 2011, par Abdelwahab Boumaza
On l’appelle Boudiner, non pas Boudinar (l’homme au dinar), mais Bou-di-ner, c’est-à-dire boule de nerfs. Boudiner, donc, est un sobriquet, — en vérité son prénom est Mourad —, que lui ont collé ses collègues, car un rien l’irrite, le fait plonger dans les filets de la nervosité, le fait jaser. Surtout quand il est au volant. Et puisqu’il est chauffeur de taxi à Constantine, donc, il l’est presque (...)
- 13 mai 2011, par Abdelwahab Boumaza
Le taxi s’arrêta, je payai le chauffeur et descendis. Je revenais d’un long voyage, et la fatigue me terrassait, je ne pensais qu’à dormir, à sombrer dans le plus profond sommeil. Il était dix heures, et le groupe d’hommes debout devant l’entrée de l’immeuble m’intrigua. J’ai horreur des salamalecs, surtout quand il y a beaucoup de gens. J’évitais le plus souvent possible de m’y adonner, quitte à changer (...)