Abdelwahab Boumaza est journaliste à El Watan. Il est l’auteur d’un recueil de contes Had Ezzine et autres contes, paru aux Editions Alpha, Alger ; et d’un autre recueil de nouvelles, Au pied du mur, paru aux Editions Média Plus, Constantine.
On l’appelle Boudiner, non pas Boudinar (l’homme au dinar), mais Bou-di-ner, c’est-à-dire boule de nerfs. Boudiner, donc, est un sobriquet, — en vérité son prénom est Mourad —, que lui ont collé ses collègues, car un rien l’irrite, le fait plonger dans les filets de la nervosité, le fait jaser. Surtout quand il est au volant. Et puisqu’il est chauffeur de taxi à Constantine, donc, il l’est (…)
Le bidon qui tenait lieu de poubelle et que traînait Khadidja, devait être lourd, plein d’ordures, car, d’habitude, du haut de ses quatre ans, elle le portait magistralement, traversait la route et le déversait dans le terrain vague. Maintenant, voilà des déchets qui tombaient du bidon et la suivaient, formant une ligne allant de la maison à l’autre côté de la route. La petite fille aimait (…)
Le taxi s’arrêta, je payai le chauffeur et descendis. Je revenais d’un long voyage, et la fatigue me terrassait, je ne pensais qu’à dormir, à sombrer dans le plus profond sommeil. Il était dix heures, et le groupe d’hommes debout devant l’entrée de l’immeuble m’intrigua. J’ai horreur des salamalecs, surtout quand il y a beaucoup de gens. J’évitais le plus souvent possible de m’y adonner, (…)
« Le rhume nidifie dans mon nez. » C’est ce que disait Salim à qui, le voyant en train de se moucher, lui demandait ce qu’il avait. Eté comme hiver, son nez coulait, et il se mouchait, devenant un grand consommateur de mouchoirs, ceux en tissu ou en papier. Et il ressentait même de temps en temps une douleur lancinante entre les sourcils. Le médecin, qu’il avait consulté, obligé de le faire (…)