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31 décembre 2014, par Frédéric L’Helgoualch
Le gonze est défoncé. À quoi ? Peu importe. En tout cas, les yeux révulsés, il terrorise les passagers en beuglant dans la rame, gestes amples et inquiétants : - " Méphisto ! Je suis Méphisto ! " Est-ce un SDF au bout du rouleau, la tête démolie par la rue indifférente ? Un péquin qui pète un câble ? Un fanatique convaincu ? Un évadé de Ste Anne ? Désolé mais, là, de suite, je m’en fiche : je (…)
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2 novembre 2012, par Frédéric L’Helgoualch
Les phrases sont balancées compulsivement sur l’écran. Comme un besoin naturel trop longtemps retenu. Mes mots ont mis quinze ans à se trouver et mûrir. Ils jaillissent brutalement aujourd’hui, enfin. Simples mais aiguisés comme des lames. Enfantins mais guerriers. Interrogatifs, désespérés et exutoires : « Tu m’aimes ? M’as-tu jamais aimé ? Es-tu capable d’aimer quelqu’un ? » Je ne me relis (…)
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19 novembre 2012, par Frédéric L’Helgoualch
Quel âge a-t-il ? Impossible à dire, l’existence l’a trop abîmé. Je passe devant lui en coup de vent sans oser le dévisager. Si je le faisais, il ne s’en offusquerait pas. Son esprit semble planer à une distance stratosphérique : il ne s’embarrasse plus des codes sociaux. Je pars bosser, longe les couloirs du métro, à St Lazare, pour attraper ma correspondance. Tous les jours, il est là, sale, (…)
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16 octobre 2019, par Frédéric L’Helgoualch
Makenzy Orcel est né en 1983 à Port-au-Prince. Poète, écrivain il a sauté l’étape du ‘jeune auteur prometteur’ pour s’imposer dès la sortie des ‘Immortelles’ en 2010 comme une figure majeure de la littérature francophone. Primé, médaillé, complimenté par ses pairs,encensé par la critique germanopratine : Makenzy Orcel est un écrivain reconnu suivi par un lectorat fidèle et grandissant. (…)
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4 septembre 2014, par Frédéric L’Helgoualch
" REGARDEZ-MOI ! "
" Je n’ai rien à cacher. " De toute façon... Parfois, j’imagine ma petite boîte virtuelle, celle à mon nom, quelque part, au milieu des milliards d’autres petites boîtes, toutes stockées dans un entrepôt gigantesque et immatériel. À l’intérieur, l’intégralité de mes données personnelles, l’historique de mes navigations, de mes clics sur la toile, tout, absolument (…)
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11 octobre 2012, par Frédéric L’Helgoualch
Les regards sont apeurés désormais. La surprise a disparu, place à la peur et la méfiance ! La dame assise près de moi me tourne le dos dorénavant. Inquiète mais urbanité oblige, elle ne pousse pas sa logique jusqu’à changer de siège. On ne sait jamais pourtant, je pourrais essayer de lui becqueter le groin ou de lui arracher les yeux. Bordel ! Je ne l’ai pas vue venir, cette saloperie ! Que (…)
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4 septembre 2012, par Frédéric L’Helgoualch
Je n’ai aucune intention de faire des efforts. Mon visage a tout quitus pour laisser transparaître agacement et lassitude. De toutes les façons, mon collègue a ouvert en grand les vannes et, dorénavant, il se tamponne le coquillard de mes réactions. Il voulait parler, alors il parle. Moi, moi je suis assis en face de lui, voilà tout. Il est socialement toujours plus acceptable de mimer la (…)
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2 juillet 2012, par Frédéric L’Helgoualch
Sur l’échelle de mes angoisses, grimper dans un avion squatte les premières places depuis Mathusalem. A d’autres, les fantasmes psychédéliques du piaf majestueux se jouant de l’attraction ! Je suis allergique aux plumes, les rêves de volatile ne peuplent pas mes nuits, je déteste m’imaginer les pieds trimbalés à plusieurs kilomètres du sol, et non, définitivement, les sensations ne sont pas (…)
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15 février 2012, par Frédéric L’Helgoualch
Le type n’a pas dix-sept ans. Il a surgi de je ne sais où. Torse nu, short dégueulasse, yeux vaporeux : un gosse de favela. Bordel ! Il est quinze heures, un soleil de plomb, la plage de Botafogo est déserte (personne, à Rio, ne vient plus s’y baigner, l’eau y est trop polluée). Bordel de bordel ! Je ne le regarde pas mais je sens qu’il me fixe. Dans ces moments de tension, lors de ces (…)
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28 avril 2011, par Frédéric L’Helgoualch
Je le côtoie maintenant depuis trois ans mais, malgré tout, continue d’être surpris par sa haine et sa noirceur. Critiquer, moquer, salir, ridiculiser, humilier, tout, tout le monde, tout le temps : cela semble pour lui représenter une forme avancée du bonheur. Il parle vite, très vite, comme pour ne pas laisser s’évaporer la saloperie nouvellement germée dans sa boîte à insultes. Il la (…)