Après la sortie de Vies minuscules, vendu à 1 918 exemplaires
seulement la première année, vous sembliez un peu
amer…
Beaucoup ! J’en attendais tout. Il y a eu un grand papier
dans Le Monde, c’était la une de la page Livres, ça s’est
arrêté là. On raconte après coup que les V.M. ont été
encensées, pas du tout. Je croyais avoir tiré en l’air mes
dernières cartouches. Pendant cinq, six ans… j’ai pensé
avoir raté définitivement mon coup. Gallimard ne me
relançait pas, j’étais littérairement un homme mort. Je ne
vois que Bernard Wallet, alors commercial chez Gallimard,
qui m’ait épaulé à ce moment-là. Ce qui m’a sorti
d’affaire, c’est la rencontre de Gérard Bobillier, l’éditeur
de Verdier. Il avait lu le texte et m’avait téléphoné plusieurs
fois, je n’avais pas donné suite. Un jour, je l’ai
rencontré par hasard chez Catherine Martin-Zay, ma
libraire d’alors, et ça a été un feu d’artifice de sympathie
et d’esprit. On s’est donné l’un à l’autre la force de continuer,
l’espérance.
Mais qu’est-ce qu’on va devenir ? :
Propos recueillis par J.-L. Bertini, C. Casaubon, S. Omont, et
L. Roux, La Femelle du requin, « Entre ciel et terre », no 22, hiver 2004.
(Sur la photo, Pierre Michon et Gérard Bobillier, fondateur des éditions Verdier)