La Revue des Ressources
Accueil > Masse critique > Hacktivisme/activisme > Comment devenir un hacker ? - How To Become A Hacker / Eric Steven Raymond

Comment devenir un hacker ? - How To Become A Hacker / Eric Steven Raymond 

Version de 1997

jeudi 31 mai 2012, par Eric Steven Raymond

S’il est une question qui revient souvent sur le Web, c’est bien celle-là : comment devient-on hacker ? Et d’abord, qu’est-ce exactement qu’un hacker ? Loin des argumentaires racoleurs de sociétés commerciales ou des propos impropres de médias généralistes, ce document apporte une réponse concrète et détaillée au niveau technique, mais également culturel voire politique. Initié fin 1997, il fait partie des textes fondateurs de la communauté des hackers, mais n’est pas lui-même à considérer sans esprit critique. Nous vous proposons la première version du texte qui a beaucoup évolué depuis. La dernière version est disponible ici.

L’auteur écrit d’ailleurs dans la version de 2011 : "Quand j’ai initialement écrit ce guide en 1996, certaines des conditions l’entourant étaient différentes de ce qu’elles semblent aujourd’hui. Quelques mots à propos de ces changements peuvent aider à clarfifier les choses pour ceux qui sont confus au sujet du rapport entre open source, free software, et Linux par-rapport à la communauté hacker. Si vous n’êtes pas curieux à ce sujet, vous pouvez passer outre jusqu’au FAQ. L’éthique et la communauté telles que je les ai décrites ici prédatent de longtemps l’émergence de Linux après 1990 ; j’ai été pour la première fois impliqué dans cette communauté vers 1976, et ses racines sont aisément traçable jusqu’au début des années 1960. Mais avant Linux, la plupart du hacking était fait soit sur des systèmes d’exploitation propriétaires, soit sur une poignée de systèmes quasi-expérimentaux tels que le ITS du MIT qui n’ont jamais été déployés à l’extérieur de leur niche académique. Même s’il y a eu des tentatives précédentes (avant Linux) de changer cette situation, leur impact était au mieux très marginal et confiné à des communautés de vrais passionnés qui étaient de minuscules minorités au sein de la communauté hacker, encore plus à l’égard du monde du logiciel en général.
Ce qui est à présent appelé "logiciel libre" remonte aussi loin que la communauté hacker, mais jusqu’à 1985 il s’agissait d’une coutume sans nom plutôt qu’un mouvement conscient avec ses théories et manifestes. Cette préhistoire a cessé quand, en 1985, l’arch-hacker Richar Stallman ("RMS") a essayé de lui donner un nom — "free software". Mais son acte de nommage était aussi un acte d’appropriation ; il a lié à l’étiquette "free software" un bagage idéologique que beaucoup de la communauté hacker existante n’a jamais accepté. En conséquence de quoi, l’étiquette "free software" a été vigoureusement rejetée par une substantielle minorité de la communauté hacker (particulièrement ceux associés à BSD Unix), et utilisée avec de sérieuses mais silencieuses réserves par une majorité du reste (moi inclus). Malgré ces réserves, la prétention de RMS de définir et diriger la communauté hacker sous la bannière "free software" a bien tenu jusqu’à la moitié des années 1990. Elle fut seulement mise à mal par la montée de Linux. Linux a donné au développement libre un habitat naturel. Beaucoup de projets fournis sous des termes que nous appellerions maintenant "open source" ont migré d’Unixes propriétaires vers Linux. La communauté autour de Linux a cru explosivement, devenant bien plus grand et plus hétérogène que la culture hacker pré-Linux. RMS a tenté avec détermination de ramener toute cette activité dans son mouvement "free software" mais a été mis en échec à la fois par la diversité de la communauté Linux et le scepticisme public de son fondateur, Linux Torvalds. Torvalds a continué à utiliser le terme "free software" faute d’alternative, mais rejetait publiquement les idées de RMS. Beaucoup de jeunes hackers l’ont suivi.
En 1996, quand j’ai pour la première fois publié ce guide, la communauté hacker se réorganisait rapidement autour de Linux et d’une poignée d’autres systèmes libres (particulièrement les descendants de BSD Unix). La mémoire collective des décennies passées par la plupart d’entre nous à déveloper des logiciels fermés sur des sysèmes fermés n’avait pas encore commencé à s’estomper, mais ce fait commençait à sembler faire partie d’un passé éteint ; les hackers, de plus en plus, se définissaient comme hackers par leur appartenance à des projets libres tels que Linux ou Apache.
Le terme "open source", cependant, n’était pas encore apparu ; il n’allait pas le faire avant début 1998. Quand ce fut le cas, la plupart de la communauté hacker l’a adopté dans les six mois ; l’exception était une minorité idéologiquement attachée au terme "free software". Depuis 1998, et surtout après 2003, l’identification de "hacking" à "développement open-source (et free software)" est devenue extrêmement nette. Actuellement, ce n’est pas la peine de tenter de distinguer ces catégories, et il semble peu probable que cela le devienne dans le futur. Il est bon de se souvenir, cependant, que cela n’a pas toujours été le cas."

Les lecteurs désirant faire la traduction en français, peuvent contacter l’auteur. Il y a déjà tellement de traductions qu’il serait dommage de ne pas contribuer à la diffusion de ce texte.

Pourquoi ce document ?

En tant qu’éditeur du Jargon File, je reçois souvent des email d’internautes débutants qui me demandent comment puis-je apprendre à devenir un hacker?''. Bizarrement, il ne semble pas y avoir de FAQs ou de documents sur le Web qui répondent à cette question vitale. Voici donc ma réponse. [Ceci est la traduction, réalisée le 23 Nov 1997, du texte original d'Eric S. Raymond, daté du 07 Nov 1997. La version originale (en anglais, et peut-être plus à jour) de ce document se trouve à l'URL http://www.ccil.org/~esr/faqs/hacker-howto.html.] {{{Qu'est-ce qu'un hacker?}}} Le Jargon File [traduit en français sous le titre Cyberlexis, aux éditions Masson, NDT] contient un certain nombre de définitions du termehacker’’, qui sont toutes liées à l’aptitude technique et au plaisir pris à résoudre des problèmes et à dépasser des limites arbitraires. Cependant, si vous voulez savoir comment devenir un hacker, seules deux de ces définitions sont pertinentes.

Il existe une communauté, une culture partagée, de programmeurs expérimentés et de spécialistes des réseaux, dont l’histoire remonte aux premiers mini-ordinateurs multi-utilisateurs, il y a quelques dizaines d’années, et aux premières expériences de l’ARPAnet [le réseau connu aujourd’hui sous le nom d’Internet, NDT]. Les membres de cette culture ont créé le mot hacker''. Ce sont des hackers qui ont créé l'Internet. Ce sont des hackers qui ont fait du système d'exploitation Unix ce qu'il est de nos jours. Ce sont des hackers qui font tourner les newsgroups Usenet et le World Wide Web. Si vous faites partie de cette culture, si vous y avez contribué et si d'autres personnes qui en font partie savent qui vous êtes et vous considèrent comme un hacker, alors vous êtes un hacker. L'état d'esprit d'un hacker ne se réduit pas à cette culture des hackers du logiciel. Il y a des gens qui appliquent l'attitude du hacker à d'autres domaines, comme l'électronique ou la musique. En fait, on trouve cet esprit à l'état le plus avancé dans n'importe quel domaine de la science ou des arts. Les hackers du logiciels reconnaissent cette similitude d'esprit, et certains affirment que la nature même du hacker est indépendante du domaine particulier auquel le hacker se consacre réellement. Mais dans la suite de ce document, nous nous concentrerons sur les aptitudes et les attitudes des hacker du logiciel, et sur les traditions de la culture partagée qui a créé le termehacker’’.

NB : il y a un autre groupe de personnes qui s’autoproclament des hackers'', mais qui n'en sont pas. Ces gens (principalement des adolescents de sexe masculin) prennent leur pied en s'introduisant à distance dans les systèmes informatiques et en piratant les systèmes téléphoniques. Les vrais hackers appellent ces gens descrackers’’ et ne veulent rien avoir à faire avec eux. Les vrais hackers pensent que les crackers sont des gens paresseux, irresponsables, et pas très brillants. Malheureusement, de nombreux journalistes se sont laissé abuser et utilisent le mot hacker'' quand ils devraient utiliser le motcracker’’. Cela ne lasse pas d’irriter les vrais hackers.

La différence fondamentale est la suivante : les hackers construisent des choses, les crackers les cassent.

Si vous voulez devenir un hacker, alors continuez cette lecture. Si vous voulez devenir un cracker, allez lire le newsgroup alt.2600, c’est tout ce que j’ai à en dire.

L’attitude des hackers

Les hackers résolvent des problèmes et construisent des choses, et ils croient à la liberté et à l’entraide volontaire. Pour être accepté comme un hacker, vous devez vous comporter comme si vous aviez ce type d’attitude vous-même. Et pour vous comporter comme si vous aviez ce type d’attitude, vous devez vraiment y croire.
Mais si vous pensez qu’adopter l’attitude d’un hacker n’est qu’un moyen pour être accepté dans la culture des hackers, alors vous avez raté le point essentiel : il faut croire à ces principes pour en tirer la motivation personnelle pour continuer à apprendre. Comme pour tous les arts créatifs, la façon la plus efficace de devenir un maître est d’imiter l’état d’esprit des maîtres — non seulement intellectuellement mais aussi émotionnellement.

Donc, pour devenir un hacker, répétez les phrases suivantes jusqu’à y croire réellement :

1. Le monde est plein de problèmes fascinants qui n’attendent que d’être résolus.

C’est très amusant d’être un hacker, mais c’est un amusement qui demande beaucoup d’efforts, et l’effort demande de la motivation. Les champions sportifs tirent leur motivation d’un plaisir physique à accomplir des performances avec leur corps, à dépasser leurs propres limites physiques. De façon similaire, pour être un hacker, il faut ressentir une certaine excitation à résoudre des problèmes, à affûter ses compétences, à exercer son intelligence.
Si pour vous cette façon de penser n’est pas naturelle, il faut qu’elle le devienne si vous voulez devenir un hacker. Autrement, vous allez découvrir que votre énergie va se disperser dans des distractions comme le sexe, l’argent ou la reconnaissance sociale.

(Vous devez également développer une certaine foi en votre propre capacité d’apprentissage : même si vous ne savez pas tout ce qu’il faut pour résoudre un problème, si vous en traitez seulement une partie et que vous en apprenez quelque chose, alors vous allez réussir à traiter la partie suivante, et ainsi de suite jusqu’à ce que le problème soit résolu.)

2. Personne ne devrait jamais avoir à résoudre le même problème deux fois.

Les cerveaux créatifs sont une ressource précieuse et limitée. Il ne faut pas la gâcher en réinventant la roue quand il y a tant de problèmes fascinants qui attendent.

Pour vous comporter comme un hacker, vous devez vous convaincre que le temps de pensée des autres hackers est précieux, à tel point que c’est pour vous une obligation morale de partager vos informations, de résoudre des problèmes et d’en donner les solutions pour que les autres hackers puissent résoudre de nouveaux problèmes au lieu de perpétuellement revenir sur les mêmes.

(Il n’est pas nécessaire de vous croire obligé de donner toute votre production créative, bien que les hackers les plus respectés soient ceux qui le font. Il est tout à fait compatible avec les valeurs des hackers d’en vendre une partie suffisante pour payer sa nourriture, son loyer et ses ordinateurs, d’entretenir une famille et même de devenir riche, à condition de ne jamais oublier que vous êtes un hacker pendant tout ce temps.)

3. La routine et l’ennui sont inacceptables.

Les hackers (et les gens créatifs en général) ne devraient jamais se consacrer à des tâches ennuyeuses ou répétitives, parce que cela signifie qu’ils ne font pas pas ce qu’eux seuls savent faire : résoudre de nouveaux problèmes.

Pour se comporter comme un hacker, vous devez vous en convaincre suffisamment pour automatiser les parties ennuyeuses de votre travail, non seulement pour vous-même mais aussi pour tous les autres (et particulièrement les autres hackers).

(Il y a une exception apparente à cette règle : un hacker va parfois faire des choses qui semblent répétitives ou ennuyeuses à un observateur pour se vider l’esprit, ou pour acquérir une nouvelle compétence, ou pour faire une expérience particulière. Mais c’est toujours par choix : une personne capable de penser ne devrait jamais être forcée à faire un travail ennuyeux.)

4. Vive la liberté !

Les hackers sont naturellement anti-autoritaristes. Si une personne peut vous donner des ordres, elle peut vous empêcher de résoudre le problème particulier, quel qu’il soit, par lequel vous êtes fasciné à un instant donné. Et, vu la façon dont les esprits autoritaristes fonctionnent, elle trouvera en général une raison particulièrement stupide de le faire. Par conséquent, les attitudes autoritaristes doivent être combattues partout où elles se trouvent.

(Ce n’est pas la même chose que de combattre toute forme d’autorité. Les enfants ont besoin d’être guidés, et les criminels d’être arrêtés. Un hacker peut accepter de se soumettre à une certaine forme d’autorité pour obtenir quelque chose qu’il désire plus que le temps perdu à suivre les ordres. Mais c’est un marchandage limité, conscient. Une soumission totale à une autorité donnée est hors de question.)

Les autoritaristes se nourrissent de censure et de secrets. Et ils se méfient de l’entraide mutuelle et du partage d’informations. Ils n’apprécient la coopération'' que quand ils peuvent la contrôler. Donc, pour vous comporter comme un hacker, vous devez développer une hostilité instinctive vis-à-vis de la censure, du secret et de l'usage de la force ou de la ruse pour dominer des adultes responsables. Et vous devez vous tenir prêt à agir conformément à cette conviction. {{5. L'attitude n'est pas un substitut à la compétence.}} Pour être un hacker, vous devez développer un certain nombre de ces attitudes. Mais cela seul ne suffira pas à faire de vous un hacker, pas plus qu'un champion sportif ou une rock star. Pour devenir un hacker, il faut de l'intelligence, de l'expérience, de la persévérance et beaucoup de travail. Par conséquent, vous devez apprendre à vous méfier des attitudes et à respecter les compétences, quelles qu'elles soient. Les hackers ne se laissent pas impressionner par les poseurs, mais ils apprécient les compétences, particulièrement les compétences de hackers, mais aussi toutes les autres. Les compétences dans les domaines exigeants maîtrisées par une élite sont particulièrement appréciées, et plus particulièrement celles qui nécessitent un esprit perçant et une grande concentration. Si vous respectez la compétence, alors vous aimerez travailler à vous améliorer sans cesse, et celà sera plus un plaisir qu'une routine. C'est vital pour devenir un hacker. {{{Les compétence de base du hacher.}}} Il est vital d'avoir une attitude de hacker, mais encore plus vital d'en avoir les compétences. L'attitude n'est pas un substitut pour la compétence, et il convient de développer un ensemble minimal de compétences avant que l'idée n'effleure un autre hacker de vous accepter comme son pair. Cet ensemble change lentement au cours du temps, au fur et à mesure que l'évolution technologique crée de nouvelles compétences et en rend d'autres obsolètes. Par exemple, à une certaine époque il convenait de savoir programmer en assembleur, et il n'était pas question, jusqu'à une date récente, de HTML. En tout état de cause, il est clair que cela inclut, fin 1996: {{1. Apprendre à programmer.}} C'est, évidemment, la compétence fondamentale du hacker. En 1997, le langage à connaître absolument est le C (mais ce n'est probablement pas celui qu'il faut apprendre en premier). Mais vous n'êtes pas un hacker (ni même juste un programmeur) si vous ne connaissez qu'un seul langage. Il faut apprendre à penser à la programmation en termes généraux, indépendamment d'un langage particulier. Pour être un vrai hacker, il faut être arrivé au point où vous pouvez apprendre un nouveau langage en quelques jours, en faisant le rapport entre ce qui est écrit dans le manuel et vos propres connaissances. Cela signifie que vous devez apprendre plusieurs langages très différents. A part le C, vous devez également apprendre LISP [ou scheme, NDT] et Perl [ou Python, NDT], et Java aura bientôt sa place également dans la liste. En plus d'être les langages les plus pratiqués par les hacker, ils représentent chacun une approche très différente de la programmation, et contribueront de façon très sensible à votre éducation. Je ne peux pas vous donner un cours complet surcomment apprendre à programmer’’, c’est quelque chose de très complexe. Mais je peux vous dire que les livres et les cours ne suffisent pas (la plupart des meilleurs hackers sont autodidactes). Ce qu’il faut, c’est (a) lire du code et (b) écrire du code.

Apprendre à programmer, c’est comme apprendre à écrire correctement dans un langage humain. La meilleure façon d’y arriver, c’est de lire des trucs écrits par des maîtres, d’en écrire un peu, d’en lire beaucoup plus, d’en écrire un peu plus, etc. jusqu’à ce que vous arriviez à écrire avec la même force et la même économie de moyens que vos modèles.

Trouver du bon code à lire a longtemps été difficile, parce qu’il y avait très peu de gros programmes disponibles sous forme de sources pour que les apprentis hacker puissent les lire et les étudier. Heureusement, cette situation a évolué, et maintenant des logiciels libres, des outils de programmation libres et des systèmes d’exploitation libres (tous disponibles sous forme de sources, tous écris par des hackers) sont maintenant très faciles à trouver. Cela nous ammène directement à notre sujet suivant...

2. Installer un Unix libre et apprendre à s’en servir.

Je vais supposer que vous possédez, ou que vous avez accès à un ordinateur personnel. Pour un débutant qui aspire à acquérir des compétences de hacker, l’action la plus importante à entreprendre est d’obtenir une copie de Linux ou d’un des clones de BSD, de l’installer sur une machine personnelle, et de le faire tourner.

Bien sûr, il y a d’autres systèmes d’exploitation dans le monde à part Unix. Le problème, c’est qu’ils sont distribués sous forme de binaires. Vous ne pouvez pas lire le code, et encore moins le modifier. Apprendre à hacker sur une machine DOS ou Windows, ou sous MacOS, c’est comme d’apprendre à danser en étant plâtré des pieds à la tête.

En plus, Unix est le système d’exploitation de l’Internet. On peut apprendre à utiliser l’Internet sans connaître Unix, mais on ne peut pas être un hacker de l’Internet sans le comprendre. C’est pour cette raison que la culture des hackers est à l’heure actuelles fortement Unix-centrique. (Ce n’a pas été toujours le cas, et quelques hackers âgés regrettent cet état de fait, mais la symbiose entre Unix et l’Internet est devenue suffsamment forte pour que même Microsoft semble s’y casser les dents.)

Donc, installez un Unix (j’aime bien personnellement Linux mais d’autres choix sont possibles). Apprenez-le. Faites-le touner. Parlez à l’Internet avec. Lisez le code. Modifiez le code. Vous trouverez de meilleurs outils de programmation (y compris C, Lisp, Perl) que sous n’importe quel système d’exploitation de Microsoft, vous vous amuserez, et vous en tirerez plus de connaissances que ce que vous avez l’impression d’apprendre, jusqu’à ce que vous deveniez un vrai maître hacker. Pour en savoir plus sur comment apprendre Unix, voir The Loginataka.

Pour obtenir Linux, voir Where To Get Linux [En françaix, allez voir sur Freenix, au Loria ou, pour plus de pointeurs, sur le Linux Center, NDT].

3. Apprendre à utiliser le World Wide Web et à écrire en HTML.

La plupart des choses créées par la culture des hackers travaillent dans l’ombre, en aidant à faire tourner des usines, des bureaux et des universités, sans impact direct sur les vies des non-hackers. Il y a une grosse exception, le Web, ce jouet de hacker énorme et lumineux dont même les politiciens admettent qu’il est en train de changer la face du monde. Rien que pour cette raison (et pour de bonnes raisons par ailleurs), vous devez apprendre à travailler avec le Web.

Cela ne signifie pas seulement apprendre à utiliser un browser [navigateur, butineur..., NDT], mais aussi apprendre à écrire en HTML, le langage de balisage du Web. Si vous ne savez pas programmer, le fait d’écrire en HTML vous apprendra quelques habitudes mentales qui vous aideront à démarrer. Donc, faites-vous une home page [page-maison ?, NDT].

Mais ce n’est pas seulement d’avoir une home page qui fera de vous un hacker. Le Web est plen de home pages. La plupart sont d’un intérêt absolument nul, parfois jolies à regarder mais nulles quand même (pour plus d’information voir The HTML Hell Page).

Pour être utile, votre page doit avoir du contenu. Elle doit être intéressante et/ou utile pour les autres hackers. Cela nous conduit à notre sujet suivant...

Les statuts dans la culture des hackers

Comme pour la plupart des cultures sans économie monétaire, le fondement de la culture des hacker est la réputation. Vous essayez de résoudre des problèmes intéressants, mais seuls vos pairs, ou vos supérieurs dans la hiérarchie technique, sont à même de juger si ces problèmes sont intéressants, et si ces solutions sont vraiment correctes.
Par conséquent, si vous jouez le jeu du hacker, vous apprenez le score principalement à partir de ce que les autres hackers pensent de vos capacités, et c’est pour ça que l’on n’est vraiment un hacker que lorsque les autres hackers vous considèrent comme tel. Ce fait est obscurci par l’image du hacker comme un travailleur solitaire, aussi bien que par un tabou de la culture des hacker (qui s’estompe progressivement mais qui reste présent) : le fait d’admettre qu’une partie de sa motivation vient de son ego ou de la recherche d’une acceptation externe.

De façon spécifique, le monde des hacker constitue ce que les anthropologues appellent une culture du don. On obtient un statut ou une réputation non pas en dominant les autres, en étant beau, ou en possédant des choses que les autres désirent, mais en faisant des dons : de son temps, de sa créativité, du résultat de ses compétences.

Il y a principalement cinq types de choses à faire pour être respecté par les hackers :

1. Ecrire des logiciels libres.

La première, la plus centrale et la plus traditionnelle, est d’écrire des programmes dont les autres hackers pensent qu’ils sont amusants ou utiles, est de faire don du code source pour que toute la communauté des hacker puisse les utiliser.
Les demi-dieux'' les plus respectés dans l'univers des hackers sont ceux qui ont écris des programmes importants, utiles, qui correspondent à un besoin répandu, et qui en ont fait don à la communauté, de sorte que maintenant tout le monde s'en sert. {{2. Aider à tester et à débugger des logiciels libres.}} Il est également utile d'aider à débugger et à perfectionner les logiciels libres. Dans ce monde imparfait, nous passons inévitablement la part la plus importante du temps de développement d'un logiciels dans la phase de débuggage. C'est pour cela que les auteurs de logiciels libres savent que des bon béta-testeurs (ceux qui savent décrire les symptômes clairement, localiser précisément les problèmes, qui peuvent tolérer quelques bugs dans une distribution rapide et qui sont prêt à appliquer une procédure de diagnostic simple) valent leur pesant d'or. Un seul d'entre eux peut faire la différence entre une séance de débuggage cauchemardesque et une simple nuisance salutaire. Si vous êtes un débutant, essayez de trouver un programme en cours de développement qui vous intéresse et de devenir un bon béta-testeur. C'est une progression naturelle que de commencer par aider à tester des programmes, puis d'aider à les débugger, puis d'aider à les modifier. Vous apprendrez beaucoup de cette façon, et vous vous ferez un bon karma par rapport à des gens qui vous aideront plus tard. {{3. Publier des informations utiles.}} Une autre bonne chose est de réunir et de filtrer des informations utiles et intéressantes sous forme de pages Web ou de documents comme les FAQs (listes de Frequently Asked Questions, [en français, Foires Aux Questions, NDT]) et de les rendre accessibles à tous. Les personnes qui maintiennent les FAQs techniques les plus importantes sont presque autant respectées que les auteurs de logiciels libres. {{4. Aider à faire tourner l'infrastructure.}} La culture des hacker (et le développement technique de l'Internet) marche grâce à des volontaires. Il y a beaucoup de travail peu excitant, mais nécesaire, qui doit être fait pour que ça continue à tourner: administrer les mailing lists [listes de distributions, NDT], modérer les newsgroups, gérer les sites d'archives de logiciels, écrire les RFC [Requests For Comments, lesnormes’’ de l’Internet] et autres standards techniques.
Les gens qui font ce genre de choses sont très respectés, parce que tout le monde sait que c’est un boulot qui demande énormément de temps et qui n’est pas aussi drôle que de jouer avec du code.

5. Servir la culture des hackers elle-même.

Pour finir, vous pouvez servir et propager la culture elle-même (par exemple, en écrivant une introduction précise [ou une traduction d’icelle, NDT] sur comment devenir un hacker :-)). Ce n’est pas quelque chose qu’il vous sera possible de faire avant d’avoir été dans le bain pendant un certain temps et d’être devenu bien connu pour l’une des quatre premières choses.
La culture des hackers n’a pas de chefs, au sens précis du terme, mais elle a des héros, des historiens et des porte-parole. Quand vous aurez été dans les tranchées pendant assez longtemps, vous pourrez peut-être devenir l’un de ceux-ci. Mais attention : les hackers se méfient des egos surdimensionnés chez les anciens de leur tribu. Il faut donc éviter de montrer ouvertement que l’on recherche à obtenir ce genre de célébrité. Il vaut mieux faire en sorte qu’elle vous tombe toute cuite dans votre assiette, et toujours rester modeste à sujet de votre statut.

Le rapport entre les hackers et les nerfs

Contrairement à un mythe populaire, on n’a pas besoin d’être un nerd [polard, NDT] pour être un hacker. Cela aide, cependant, et de nombreux hackers sont en fait des nerds. D’être un proscrit social vous aide à vous concentrer sur les choses importantes, comme penser et hacker.
C’est pour cette raison que de nombreux hackers ont adopté l’étiquette nerd'' et utilisent même le terme plus cru degeek’’ comme un insigne honorifique ; c’est une façon de déclarer leur indépendance vis-à-vis des attentes normales de la vie sociale. Voir The Geek Page pour une discussion exhaustive.

Si vous arrivez à vous concenter suffisamment sur le hack pour y exceller et vivre votre vie par ailleurs, tant mieux. C’est beaucoup plus facile à présent que lorsque j’étais un débutant. La culture dominante est beaucoup plus tolérante de nos jours vis-à-vis des techno-nerds. Il y a même un nombre croissant de gens pour penser que les hackers forment un matériel de premiers choix en tant que petit(e) ami(e) / mari / femme. (Consultez par exemple Girl’s Guide to Geek Guys.)

Si vous voulez devenir un hacker parce que vous n’avez pas de vie privée, pas de problème : au moins il n’y aura rien pour vous empêcher de vous concentrer. Et vous finirez peut-être par en avoir une un jour.

Style de vie

Encore une fois, pour être un hacker, il faut entrer dans l’état d’esprit du hacker. Pour cela, il y a quelques activités que l’on pratique loin d’un ordinateur qui semblent aider. Ce ne sont évidemment pas des substituts à la pratique de l’informatique, mais de nombreux hackers les pratiquent, et pensent qu’elles sont reliées de façon fondamentale à l’essence du hack.
Lire de la science-fiction. Aller à des conventions de SF (un bon moyen pour rencontrer des hackers et des proto-hackers).

Patiquer le Zen et/ou les arts martiaux (pour la discipline mentale).
Ecouter et analyser de la musique, apprendre à apprécier des formes particulières de musique. Apprendre à bien jouer d’un instrument, ou à chanter.

Apprécier les jeux de mots.

Apprendre à bien écrire dans sa langue maternelle.

Plus vous pratiquez ces disciplines, plus il est probable que vous pourrez naturellement faire un bon hacker. Les raisons pour lesquelles ces activités sont importantes ne sont pas claires, mais il semble que ce soit parce qu’elles font intervenir à la fois les parties gauche et droite du cortex (les hackers ont besoin de passez de façon instantanée d’un raisonnement logique à une perception plus subjective d’un problème).
Pour finir, une liste de choses à ne pas faire :

Ne pas utiliser des noms de login grandiloquents ou stupides.

Ne pas intervenir dans les flame wars [guerres au lance-flamme] dans les newsgroups Usenet ou ailleurs.

Ne pas s’autoproclamer cyberpunk'', et ne pas perdre son temps avec quelqu'un qui le fait. Ne pas poster de message rempli de fautes d'orthographe ou de grammaire. La seule réputation que vous vous ferez de cette façon est celle d'un parfait idiot. Les hackers ont la mémoire longue. Cela pourra vous prendre plusieurs années avant que de telles erreurs soient oubliées. Des traductions de ce document sont disponibles en espagnol et en japonais. Le Loginataka [en anglais, NDT] parle un peu de l'entraînement et de l'attitude du hacker Unix. J'ai également écrit A Brief History Of Hackerdom [Une Brève histoire de la culture des hacker, NDT]. Peter Seebach maintient une excellente Hacker FAQ pour les cadres qui ne comprennent pas comment se comporter avec des hackers. J'ai écris un papier, The Cathedral and the Bazaar, qui explique comment fonctionne la culture de Linux. Voir la page de mes écrits. {{{Foire Aux Questions}}} {{Q: Est-ce que pouvez m'apprendre à hacker?}} Depuis que j'ai publié cette page, je reçois plusieurs demandes par semaine de gens qui me demandentapprenez-moi tout sur le hack’’. Malheureusement, je n’ai ni le temps ni l’énergie pour cela. Mes propres projets de hacks m’occupent déjà à 110%.
Et même si je le faisais, être un hacker est une attitude et une compétence que l’on doit essentiellement apprendre par soi-même. Vous verrez que même si les vrais hackers sont prêts à vous aider, ils ne vous respecteront pas si vous les suppliez de vous transmettre tout ce qu’ils savent à la petite cuillère.

Commencez par apprendre deux ou trois choses. Montrez que vous essayez, que vous êtes capable d’apprendre par vous-même. Ensuite, vous pourrez aller voir les hacker avec des questions.

Q : Où puis-je trouver des vrais hackers pour discuter avec eux ?

Sûrement pas sur IRC, en tout cas. Il n’y a que des flammeurs et des crackers, à perte de vue. Le mieux est de contacter un groupe local d’utilisateurs d’Unix ou de Linux et d’aller à leurs réunions (on peut en trouver une liste sur la page Linux Users’ Group de Sunsite [ou sur la liste de groupes d’utilisateur français du Linux Center, NDT]).
Q : Quel langage dois-je apprendre en premier ?

HTML, si vous ne le connaissez pas déjà. On trouve plein de livres à la couverture brillante et chamarrée sur HTML, qui sont par ailleurs très mauvais, et très peu de bons. Celui que je préfère est HTML : The Definitive Guide. [En français, on trouvera une bonne introduction (non technique) dans l’article du micro-bulletin Concevoir et faire vivre des sites Web, NDT.]
Si vous voulez commencer à programmer, je vous conseille de commencer par Perl ou par Python. Le C est vraiment important, mais beaucoup plus difficile.

Q : Par où dois-je commencer ? Où puis-je trouver un Unix libre ?

J’ai inclus ailleurs dans cette page des pointeurs sur comment obtenir linux. Pour devenir un hacker, il vous faut de la motivation, le sens de l’initiative et la capacité à apprendre par vous-même. Alors, c’est le moment ou jamais...

© la revue des ressources : Sauf mention particulière | SPIP | Contact | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 | La Revue des Ressources sur facebook & twitter