Conspirations 1.
Président Théodore Roosevelt
Tandis qu’ici vous êtes couchés ronflant
La conspiration aux yeux largement ouverts
Choisit son moment.
Si de la vie vous avez soin,
Arrachez-vous de la somnolence et prenez garde.
Réveillez-vous, réveillez-vous !
William Shakespeare, La Tempête (Acte II. Scène 1)
me @ iq.org 10 novembre 2006
Introduction /
Pour changer radicalement les pratiques du régime nous devons penser clairement et courageusement, car si nous avons appris quelque chose c’est que les régimes ne veulent pas être changés. Nous devons penser au-delà de ceux qui nous ont précédés, et découvrir les changements technologiques qui nous encourageraient dans des moyens d’agir où nos ancêtres ne le pouvaient pas. Premièrement nous devons comprendre quel aspect de gouvernement ou comportement néo-corporatiste nous souhaitons modifier ou supprimer. Deuxièmement, nous devons développer une façon de penser à propos de ce comportement qui soit assez forte pour nous permettre de traverser, dans une position de clarté, le bourbier de la langue politiquement déformée. Enfin, nous devons utiliser ces aperçus afin de nous inspirer entre nous, et d’autres en train de s’élever, pour une action effective.
Le pouvoir autoritaire s’entretient par la conspiration /
Lord Halifax
Où l’on connaît les détails quant aux travaux internes des régimes autoritaires, nous voyons des interactions conspiratrices parmi l’élite politique non simplement pour l’avancement ou les faveurs à l’intérieur du régime, mais comme méthodologie de planification primaire en amont du maintien ou du renforcement du pouvoir autoritaire. En poussant contre la volonté individuelle et collective de la liberté, contre la vérité et l’auto-réalisation, les régimes autoritaires provoquent les forces qui s’opposent à eux. Les plans qui aident la loi autoritaire, une fois découverts, incitent la résistance. C’est pourquoi ces plans sont dissimulés par les pouvoirs autoritaires réussis. Cela est suffisant pour définir leur comportement comme conspirateur.
Le Prince, Nicolas Machiavel (1469-1527), Le Prince [2]
Les conspirations terroristes comme graphes connexes /
Avant et après le 9/11 le bureau de passation des marchés du Maryland [3] (couverture sommaire de la sécurité nationale pour le financement universitaire ; sur la subvention voir dans Google : Grant code "MDA904") [4], et d’autres, ont financé des mathématiciens pour considérer les complots terroristes selon des graphes connexes (aucune formation mathématique n’est nécessaire pour suivre cet article).
Nous étendons cette compréhension des organisations terroristes en nous tournant vers les attentes de ses créateurs où cela devient un scalpel de dissection des conspirations de la puissance pour maintenir un gouvernement autoritaire.
Nous allons utiliser les graphes connexes comme moyen d’exploiter la capacité de raisonnement spatial du cerveau à penser de façon nouvelle sur les relations politiques.
Ces graphiques sont faciles à visualiser. Prenez d’abord quelques clous ("les conspirateurs") et plantez-les au hasard dans un tableau. Ensuite bouclez une ficelle ("la communication") autour des clous, de l’un à l’autre sans la rompre. Appelez le fil reliant deux clous : une liaison — un lien. Que la ficelle reste intacte signifie qu’il soit possible de voyager de n’importe quel clou à un autre clou via la ficelle et par les clous intermédiaires. Les mathématiciens disent que le ce type de graphique est connexe. Flux d’information de conspirateur à conspirateur. Tous les conspirateurs ne connaissent pas chaque autre conspirateur ou ne leur font confiance, bien que tous soient connectés. Certains sont au bord de la conspiration, d’autres sont centraux et communiquent avec beaucoup de conspirateurs, et d’autres encore peuvent toujours ne connaître que deux conspirateurs quoiqu’être un pont entre des sections importantes ou des regroupements de la conspiration.
Séparation d’une conspiration /
Si tous les liens entre les conspirateurs sont rompus, il n’y a pas de complot ensuite. Cela est généralement difficile à faire, donc nous posons notre première question : quel est le nombre minimum de liens devant être sectionnés pour séparer la conspiration en deux groupes égaux en nombre ? (diviser pour régner). La réponse dépend de la structure de la conspiration. Parfois il n’y a aucun chemin alternatif pour que l’information conspiratrice s’écoule entre des conspirateurs, d’autres fois il y en a plusieurs. C’est une caractéristique utile et intéressante à propos d’une conspiration. Par exemple, en assassinant un conspirateur "pont", il peut être possible de diviser la conspiration. Mais nous cherchons quelque chose de commun à toute conspiration.
Certains conspirateurs dansent mieux que les autres /
Les conspirateurs sont sagaces, quelques uns dépendent et se font confiance réciproquement, d’autres parlent peu. Des informations importantes s’écoulent fréquemment par certaines liaisons, des informations insignifiantes par d’autres. Donc nous élargissons notre modèle simple de graphe connexe afin d’inclure non seulement les liens, mais leur "importance".
Retour à notre analogie du tableau et des clous. Imaginez une corde épaisse et lourde entre quelques clous et un fil léger délicat entre d’autres. Appelez "importance" la pondération de l’épaisseur ou de la pesanteur d’une liaison. Entre conspirateurs qui ne communiquent jamais la pondération est zéro. L’"importance" de la communication passant par un lien est difficile à évaluer a priori, car sa véritable valeur dépend de l’issue de la conspiration.
Les conspirations sont des dispositifs cognitifs. Elles sont capables de penser aussi bien un groupe d’individus et qu’ils agissent seuls /
Les conspirations prennent des informations sur le monde dans lequel elles opèrent (l’environnement des conjurés), les transmettent aux conspirateurs alentour et agissent ensuite sur le résultat. Nous pouvons voir les conspirations comme une sorte de dispositif qui a des apports (des informations sur l’environnement) et des productions (des actions dans l’intention de changer ou de maintenir l’environnement).
Qu’est-ce qu’une conspiration calcule ? Elle calcule la prochaine action de la conspiration /
Maintenant, je pose la question entre nous : quelle est l’efficacité de ce dispositif ? Peut-on le comparer à lui-même en des moments différents ? La conspiration devient-elle plus forte ou s’affaiblit-elle ? C’est une question qui nous demande de comparer deux valeurs. Pouvons-nous trouver une valeur qui décrive la puissance d’une conspiration ?
Nous avons pu compter le nombre des conspirateurs, mais ce ne serait pas saisir la différence entre un complot et les individus qui le composent. En quoi sont-ils différents ? Dans une conspiration les personnes conspirent. Ce n’est pas le fait des individus isolés. Nous pouvons saisir cette différence et en ajoutant toutes les communications importantes (pondérées) entre les conjurés, nous appelons cela l’ensemble du pouvoir conspirateur — la puissance totale de conspiration.
La puissance totale de conspiration /
Ce nombre est une abstraction. Le schéma des connexions dans un complot est exceptionnellement unique. Mais en regardant cette valeur indépendamment de l’arrangement des connexions conspiratrices nous pouvons faire certaines généralisations.
Si la puissance totale de conspiration est nulle, il n’y a pas de complot /
Si la puissance totale de conspiration est nulle, il n’y a pas de flux d’informations entre les conjurés et, partant, pas de complot.
Une augmentation ou une diminution importante de la puissance totale de conspiration signifie presque toujours ce que nous attendons qu’elles signifient : une augmentation ou une diminution de la capacité de la conspiration de penser, d’agir et de s’adapter.
Séparation des complots pondérés /
Je vais maintenant revenir à notre idée exprimée plus tôt au sujet de clivage du complot en deux moitiés. Puis nous avons envisagé la division du complot en deux groupes d’un nombre égal, en coupant les liens entre les conspirateurs. Maintenant, nous voyons qu’une idée plus intéressante consiste à répartir en deux la puissance totale de conspiration. Puisque n’importe quelle moitié isolée peut être vue comme une conspiration à part entière, nous pouvons continuer le fractionnement indéfiniment.
On peut marginaliser la capacité d’agir d’une conspiration en diminuant la puissance totale de conspiration jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus comprendre — et de là ne puisse plus répondre effectivement à — son environnement.
On peut diviser la conspiration, réduire ou éliminer des communications importantes entre quelques liaisons de haute pondération ou un grand nombre de liaisons de faible pondération.
Des attaques traditionnelles sur la puissance de conspiration en groupes, comme l’assassinat, ont coupé les liens de haute pondération par meurtre, enlèvement, chantage ou autrement marginalisant ou isolant certains des conspirateurs qui étaient connectés.
Une conspiration autoritaire qui ne peut penser de manière efficace, ne peut pas agir pour se préserver contre les adversaires qu’elle induit /
Quand nous regardons une conspiration comme un tout organique, nous pouvons voir un système d’organes interagissant, un corps avec des artères et des veines dont le sang peut être épaissi et ralenti avant la chute, incapable de comprendre suffisamment et de contrôler les forces dans son environnement.
Traduction de premier jet, notes et commentaires, Louise Desrenards (janvier 2011)
NOTES
[1]
– Réfère à l’article Conspiracy dans une des versions (étrangère ou antérieure, ou papier) de l’Oxford English Dictionary, qui ne correspond pas en tout point à la version actuelle de ce dictionnaire accessible sur Internet. C’est dans le second essai, Conspiracy and governance, que la source de la citation est donnée sous les initiales OED (Article Conspiracy, Oxford English Dictionary)...
Le "moyen anglais" est la langue anglaise naissante du normand.
[2]
– (ndlr) Il s’agit d’une traduction de la citation en anglais. Ne gardant pas en mémoire le détail de la traduction en français toujours ouvrable depuis 1825 par Jean-Vincent Périès, de l’ouvrage Le prince de Machiavel, paru en Italie en 1532, nous n’avons pas disposé du temps nécessaire pour le relire afin d’être en accord avec la forme publiée. Pour ceux qui ne disposent pas du livre de librairie on trouve précisément cette traduction sur le web, accessible en wikisource :
http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Prince
[3]
– Tthe Maryland Procurement Office : Agence de renseignement publique
http://publicintelligence.net/maryland-procurement-office/
[4]
– " (...) Google for grant code “MDA904” (...) " Grant soit : subvention.
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Liens internes
– [Assange 1/3] La route de Hanoï
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– [Assange 2/3] Conspirations 1. Conspirations d’État et terroristes
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– [Assange 3/3] Conspirations 2. La conspiration comme gouvernance (en cours de rédaction)
Julian Assange
– [WikiLeaks 1/3] WikiLeaks et l’Anarchie numérique,
Patrick Lichty
– [WikiLeaks 2/3] 12 Thèses sur WikiLeaks
Geert Lovink, Patrice Riemens
– [WikiLeaks 3/3] Anonymous et WikiLeaks
Anonymous, Louise Desrenards.