Devant le linge.
Je te vois mon amour
tout au bout de l’atoll
aux dépens du dehors
dans le matin d’argile
la vie détache et nous attache.
Mon amour,
laisse tremper ta vie blanchie
le cœur debout devant le mur
lourd, humide, fragile,
mon amour,
si lascive,
laisse sécher ta robe franchie
derrière le drap
laisse revenir suspendues
les mailles, les issues.
La vie nous lâche en vol à voile,
du soir surprend dans l’eau des murs,
la vie nous pince et nous laisse
en l’état,
suspendus,
dans le vent qui t’assiège,
sous l’émail des tissus.
Mon amour,
si sûre,
la vie nous baigne et nous rassure,
à perte de vue.
Je mets de l’eau dans la peinture,
de la chaleur dans tes cheveux.
Sous le feu le jour assèche la toile,
suspendue,
pour que le corps se peigne, et se dépeigne,
au dévêtu de toi, mon amour,
suspendue,
comme l’eau qui ruisselle, si sûre,
du mur.
Devant le linge,
je m’assieds, je te regarde.
Mon amour,
de loin, si belle, dans l’azur,
si légère,
suspendue,
devant le linge.
L’œil humide brûle
sous le linceul, dans le murmure,
si pur, des blessures,
si pur,
suspendu,
devant le linge.
Je m’assieds, je te regarde,
mon amour,
La vie nous pend dedans,
suspendue,
Je mets de l’eau dans la peinture
de la douceur au fond des yeux
de la couleur sur ta bouche
de la moiteur sur tes cuisses
de la chaleur dans tes cheveux
de loin, sans ton armure
si belle, dans l’azur,
si légère,
suspendue,
L’eau ruisselle au creux du mur
devant le linge,
dans l’azur, pur azur, le sable, les lilas,
le regard
suspendu,
à perte de vue,
je sèche nos yeux dans le delta.