.
.
.

◼︎

.
.
.

HUIT OMBRES BLANCHES

(sur le thème de l’enfer)

accompagnées de 19 photographies de Murat Yakupoğlu

.
.
.

Le disciple : — Pourquoi le mal existe-t-il ?
Ramakrishna : —  Pour compliquer l’intrigue.

.
.
.

☐

1.

PREMIER CHÂTIMENT

Une forme ronde comme un œuf
m’accueille
aux portes du rêve

Je lui demande des nouvelles du pays des pendus

— Rien d’autre n’existe, dit la forme
que ces racines amères qui plongent jusque dans ton cœur

Rien d’autre n’existe que cet implant entre la Terre
et ton cœur

Que dois-je faire ?

Et comment me diriger ?

.
.
.

.
.
.

☐

2.

AMANTS DU FEU

Une nuit entière, méticuleuse
à nous déchirer — ne restent plus que ces quelques lambeaux de chair

La peur

Le noir

La tristesse et la peur

Une question :

Si nous étions toujours en vie
pourrions-nous survivre en nous alimentant de simples végétaux ?

Ce matin
ma pensée suit le vent — un pollen qui voudrait fleurir.

.
.
.

.
.
.

☐

3.

RÊVE DE L’ESPRIT KAMI

Aux abords de la forêt
les bambous forment un voile impénétrable
que seuls certains esprits franchissent

Pour aller s’entretenir avec le sage de la montagne.

.
.
.

.
.
.

☐

4.

UNE NUIT

Nos corps décident de s’unir
pour l’instant

Les mouvements où l’on s’enfonce
sont les rayons d’un astre qui nous possède
plus que nous le possédons.

.
.
.

.
.
.

☐

5.

MONSTRE

Souffrance d’une bouche torve
à peine née
prise à la cage de ton corps

L’air est en feu

À cet instant
ton regard nous dit qui tu es — Vis-à-visage dans l’eau
le cœur de l’un pour l’autre. [1]

.
.
.

.
.
.

☐

6.

INQUIÉTUDE

1.

La réflexion, reflet d’obscure nature
déjà là, depuis l’aube — lorsque l’animal
se dresse
sur les bords de l’eau et s’effraie
du visage qu’il voit

Un cri résonne dans la forêt

L’apocalypse des sens —

&

2.

Le souvenir persiste

Une pierre exacte [2]

Ceux qui renièrent, en ce monde
la chaleur et l’accueil
soit furent rejetés de suite
soit se mentirent à eux-mêmes
tout en essayant de comprendre l’énigme de leur nature solaire —

Toi mon enfant
écoute
deviens sage
suis la ligne de ton cœur. [3]

.
.
.

.
.
.

☐

7.

L’ÎLE NOIRE

La plage fourmille d’insectes vifs

Les profondeurs de la Terre viennent se perdre jusqu’ici

Le feu primordial — notre père — lui seul sait
que la pureté n’a pas encore trouvé sa couleur

Au large, quelques formes nous font des signes.

.
.
.

.
.
.

☐

.
.
.

.
.
.

☐

.
.
.

.
.
.

☐ . _{. .}

&

8.

SUR LES GRÈVES

Je me doutais que le piège
était un piège

J’ai été pris et je le serai encore —

Quel est cet Homme, en moi, pas encore né ?

Je sais, désormais
que l’eau noire est l’espace qu’il me faut pour m’unir à la substance

L’eau noire
ou la substance ?

.
.
.

.
.
.

◼︎

.
.
.

ENVOI

Maître Kanzan —

« Chez moi il n’y a ni vie ni mort. » [4]

.
.
.

.
.
.

⥣