La Revue des ressources m’a donné carte blanche dans le cadre de la parution de mon récit Aux îles Kerguelen, et je remercie Robin Hunzinger, directeur de la publication.
Ce récit, c’est d’abord un carnet de voyage composé sur un blog, avec tout ce que permet cet outil d’écriture : mise en ligne de photos et de vidéos notamment. Pendant la composition de ce que j’appelle le blogbook, le narrateur se présente sous le nom de Georg von Allensteinerweg. C’était un moyen pour moi de faire évoluer un double, une figure de fiction, avec une volonté de l’observer de l’extérieur, en usant souvent d’une certaine ironie. Ce blogbook a été réalisé entre janvier et mars 2013, on peut toujours le lire en ligne, et j’espère qu’il continuera à être lu en même temps que le livre papier (on peut d’ailleurs lire les deux en parallèle si l’on veut voir les photos).
Mais plutôt que de consacrer cette carte blanche à mon propre récit et à mon propre travail (qu’on peut découvrir librement sur Œuvres ouvertes), j’ai envie de proposer de nouvelles lectures autour des îles Kerguelen, lectures qu’a dû d’ailleurs faire Georg avant ou pendant le voyage, tel que je le connais.
Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec a découvert ces îles le 12 février 1772 et a écrit une Relation de deux voyages dans les mers australes. Trois ans plus tard, James Cook a abordé les Kerguelen qu’il a appelé les « îles de la désolation ». Ce nom a marqué les esprits, faisant de cet archipel au bout du monde un lieu difficilement accessible, où le climat empêcherait l’établissement d’une colonie. Au dix-neuvième siècle, plusieurs écrivains évoquent les îles Kerguelen dans des romans d’aventure, comme si le fait même que ces îles représentent un espace où la vie humaine y est impossible éveillait l’imaginaire. Cette représentation des Kerguelen se perpétue jusqu’à aujourd’hui, il suffit de songer au beau livre de Jean-Paul Kaufmann, L’Arche des Kerguelen, que j’ai lu au retour de ce voyage.
Une fois que cette petite webliothèque des Kerguelen sera composée, on se rendra certainement compte que, s’agissant de cet univers lointain, fiction et réel se sont toujours mêlés, et qu’en cela ces îles existent dans un espace littéraire à part.
Jules Verne, Les îles Kerguelen