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Après la Coupe... Vive les Bleu ! 

Ce qui s’exprime du pouvoir dans ce qui s’est inventé d’un acte manqué ou par maladresse pour ternir la gloire insolente d’une équipe victorieuse détournée au crédit personnel du Président de la république transmet l’image de son échec politique dans le miroir altéré de son mépris pour l’énergie populaire.

samedi 21 juillet 2018, par Louise Desrenards

Quand la gloire du sport révèle la laideur du pouvoir politique, les Bleu laissent la lie de la coupe où le champagne national a été servi. Benalla qui n’est pas un joueur a pris une place inopportune à la vitrine de la victoire des Bleu parce qu’il fut l’agent du détournement du cortège public accéléré en dix minutes vers l’Élysée. Il n’y a pas eu davantage de Garden Party partagée avec les joueurs dans les jardins où plusieurs milliers de personnes avaient été rassemblées, il y eut une privatisation de la présence glorieuse des joueurs dans le cadre d’un dîner « restreint » au premier étage du palais. Et cela a déplu. Et voici la trace de la brutalité présidentielle dans le medium Benalla qui s’étale aux Unes de la Presse principale où Le Monde a pris la place pionnière, — une fois n’est pas coutume. Pourrait-il y avoir d’autres raisons de sonner le glas du miroir élyséen ?

Qui trop embrasse mal étreint.

Qui a formé Benalla à la violence répressive actualisée dans un retour sur les manifestations du premier mai contre la loi travail en France ? Quelles sont exactement ses relations personnelles avec le Président qui lui a donné un statut hors pair ? Comment lui a t’on confié de torpiller la gloire populaire et médiatique des Bleu depuis leur arrivée à Roissy jusqu’à l’Elysée au point de rencontrer l’opposition des gendarmes qui avaient été chargés de la sécurité de l’accueil ? etc... etc. Mais ce n’est qu’une faible partie du problème que pose son dévoilement dans les journaux et les réseaux sociaux.

Les joueurs n’ont pas été dupes et ce qui résulte maintenant le donne à comprendre aux idolâtres qui étaient restés frustrés.

Le problème est celui de l’abus de la fonction publique et du peuple électeur par une sorte de tyran qui gouverne la démocratie pour lui-même et son oligarchie — elle ne lui laissera que les jeux — avec leurs protections crapuleuses, et leurs décisions secrètes au-dessus de l’appareil institutionnel, et qui installent la dépression collective sur un événement joyeux en le dévoyant pour le soustraire au bonheur populaire. Un flash back sur l’année écoulée dénote à travers ces bavures du pouvoir autour de l’appropriation d’une victoire sportive les armes singulières de son sabotage des droits civils et constitutionnels.

Après les manipulations et le secret sur les attentats, événements sinistres s’il en fut, l’écrasement de la victoire glorieuse des Bleu par le staff présidentiel est une première. [1]

Aftermath
Canard enchaîné
25/7/018


Juste avant la demi-finale du Mondial j’avais avancé sur ma page Facebook que les Bleu sous les augures de leur nombre sélectionné (l’équipe d’entraînement inclus), le chiffre 23 signifiant dans un poème chinois le triomphe des rais du soleil séduisant la lune, avaient senti à Saint Pétersbourg et à Moscou le signe indien de leurs adversaires...
J’ai dit ensuite que dû à l’échec diplomatique de la rencontre de Macron avec Poutine en marge du Mondial à Moscou, la France ayant reçu la bombe en retour de l’exclusion russe de Business France sans délai, suite au manque d’indépendance concernant le renforcement de l’embargo atlantique sous l’égide britannique de l’affaire Skirpal, contradictoirement des attentes économiques de l’Allemagne, ce serait le commencement de la chute de celui que tout le monde comparait à un petit Napoléon.

Le retournement unanime de la Presse dominante à son égard, réputée détenue par le 1%, est également événementiel — et certainement symptomatique.

Moscou restera le signe indien de la présidence Macron.

Tant la victoire des Bleu que par excès de post-colonialisme et de racisme social l’Elysée fut incapable d’exploiter au crédit de sa propre image, mieux fit en sorte d’idéologie aveugle des conséquences de l’excès de sa présence abusive de la torpiller, que la cécité à l’égard du respect témoigné par l’hôte russe à son partenaire étranger, en retour méprisé ou sous-estimé, indiquent la pente d’un déclin qui n’est pas que celui des apparences.

Après le retour de l’embargo sur l’Iran imposé par les USA le trou du marché russe manquera beaucoup financièrement et économiquement à la France.

Dans Guerre et paix Tolstoï évoque l’arrivée des troupes napoléoniennes au milieu de l’incendie de Moscou ; loin de triompher des Moscovites le Conquérant apprit qu’il avait trouvé la ville enflammée des mains mêmes de ses habitants avant leur fuite. La ville en feu était vide. Cette politique de la terre brûlée relayant la faiblesse de l’armée défensive marqua le commencement de l’impuissance militaire napoléonienne et augura de sa chute prochaine. Pourtant Napoléon lui-même avait considéré en dépit des morts comme une victoire la Bérézina qui avait commencé sa défaite. Les Anglais allaient se charger du reste à Waterloo... Ici ce sera via l’anecdote Skirpal et la révocation souterraine du Brexit comme formes associées de l’armement de la guerre froide contre la Russie : l’OTAN et l’UE de Lisbonne.

En virant Business France de la représentation au forum économique international de Saint Pétersbourg alors qu’il l’avait co-organisé avec les Russes, et en le virant du marché russe, où de nombreuses entreprises françaises prenaient place, Poutine considérant que la Russie était touchée au flanc par l’attaque (la trahison ?) de son partenaire a choisi la politique de la terre brûlée qui ne manquera pas de marquer le déclin fatal d’une présidence française.

Le château de carte de l’hexagone fantôme résultant des fruits passés du socialisme libéral et du libéralisme européen supra-démocratique advient soudain en affaire d’État.

Qui et quoi après ?

Qui vivra verra si nous avons connu le pire ou s’il reste à advenir autrement. Mais une gigantesque crise financière suite à l’enfoncement dans la récession et par conséquent de l’euro pourrait bien arriver.

Dans la montée des protectionnismes, cette guerre froide menée contre le grand voisin est fatale à certains Européens et au bon plaisir de ceux qui pensent la dominer.

On voit ici et là une citation que l’on voudrait d’autant plus édifiante qu’extraite du tome 1 des Œuvres complètes de Borges dans la prestigieuse collection de la Pléïade : « Le football est populaire parce que la stupidité est populaire ». Heureusement pour les joueurs et leurs amateurs également férus de quelques auteurs scandaleux, et pour les plus larges masses des fans localisés dans la société du spectacle, Gombrowicz a évoqué clairement dans Trans-Atlantique sans rapport avec le football toutefois qu’en Borges était aussi de la pédanterie et le lui avait fait savoir publiquement en son temps argentin forcé par l’impossibilité du retour en Pologne, dû à la déclaration de la guerre euro-continentale.

P.-S.

Bravo pour la leçon, les Bleu ! Merci pour l’ironie la ténacité la beauté — et l’intégrité.

L’équipe de France du Mondial de football dans l’avion qui l’emporte en Russie le 10 juin 2018.
Capture d’écran d’une photo envoyée et © par Kylian MBappé sur son compte Twitter @KMbappe.

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Bibliographie sélective de quelques écrits sur la coupe du monde de football 2018
Elle comprend des articles au point de vue socio-politique, et des articles avisés mais sans regard politique. Tous de la part d’auteurs, écrivains ou journaliste passionnés par ce sport.

 Achille Mbembe
— « Tribut Nègre à la France » », AOC.media, 17 juillet 2018.

 Grégory Pierrot
— World Cup 2018, Africa is a country, un cycle de 6 articles les 15, 25 juin et 3, 8, 9, 14 juillet, parmi lesquels en version bilingue par l’auteur l’article :
— « Cette équipe tue les fascistes », 9 juillet, version française de Fear of Black France, 8 juillet 2018 ;
et son texte décolonial en conclusion dédiée à la victoire des Bleu, paru le jour de la fête nationale française :
— Everything ends with a song.

 Brian Phillips
— World Cup 2018, The New Yorker ; un cycle de 10 articles, les 16, 17, 19, 23, 25, 30 juin et 2, 6, 10, 15 juillet, parmi lesquels le remarquable article sur la stratégie critique de terrain des Bleu par laquelle Didier Deschamps emmena l’équipe solidaire vers la victoire :
— World Cup 2018 : France and the Triumph of Negative-Capability Football.

Notes

[1Quelle est cette milice élyséenne de 3 à 7 personnes évoquée dans les Médias mainstream et pourquoi il s’en trouvait un d’entre eux portant des lunettes vu avec Benalla le 1er mai et de surcroît notoirement aux côtés de la Ligue de Défense Juive en tant que soutien du service d’ordre du CRIF contre la présence de Mélenchon et de la FI lors de l’hommage à Mireille Khol pour protester contre son supplice ?

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