LES KAMIKAZÉS (1944-1945)
Leur histoire, leurs ultimes écrits
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Carnets et lettres de kamikazés à la veille de leur dernier envol, 1944-1945
"Chère Seiko, Ton grand frère, en tant que pilote des forces spéciales d’assaut, doit partir combattre pour devenir une digue dans le Pacifique. Jusqu’à présent je n’ai rien fait de ce que doit faire un frère aîné, pardonne-moi. Avec force, gentillesse et joyeusement aussi, suis bien l’enseignement de Maman et de ta grande sœur. Et sois dévouée envers elles pour nous deux . Moi, je te protègerai toujours depuis le ciel."
"Père, la chance est avec moi. Car j’ai trouvé le lieu où mourir. Oui, c’est dans cet endroit que je mourrai. Au fond de mon cœur je n’ai qu’un seul désir, donner ma vie, et j’irai jusqu’au bout. J’accomplirai mon devoir. Je tomberai avec panache en remplissant ma tâche de soldat de l’Empire."
Depuis la dernière décennie, on assiste au Japon à un regain d’intérêt pour les kamikazés, ces pilotes japonais qui, dans la dernière phase de la Seconde Guerre mondiale, à partir d’octobre 1944, se précipitèrent avec leur avion chargé d’une bombe sur les navires de guerre américains. Si après la guerre du Pacifique, par censure et autocensure, le sujet a été tabou, voilà qu’aujourd’hui les universités organisent des expositions de leurs derniers écrits, et que les musées sortent de leurs réserves de nouvelles missives jamais montrées jusque-là, attirant un afflux de visiteurs.
Après un rappel historique sur la création et l’entrée en action officielle des tokubetsu-kōgeki-tai, ou « corps spéciaux d’assaut », Christian Kessler présente ici près de 80 lettres, poèmes et testaments inédits de kamikazés, traduits avec l’aide d’Émilie Champmont : autant de documents exceptionnels et touchants rédigés juste avant leur départ pour leur ultime mission.
Accompagnés parfois de phanères (cheveux, ongles) comme autant de reliques, ces écrits sont destinés essentiellement à leur famille ; ce lien épistolaire est encouragé par les autorités, qui, au préalable, effectuent un tri et une forte censure. Les Japonais, qui avaient suivi de près la guerre totale de 1914-1918 en Europe, avaient en effet noté à quel point ces derniers échanges avaient joué un rôle dans la résistance des combattants. Il s’agit en réalité « d’enrôler aussi l’arrière » dans un soutien psychologique.
Mais pour les kamikazés, les lettres sont aussi et avant tout la matérialisation du difficile renoncement à la vie qu’ils doivent effectuer. Il leur faut partir en paix avec eux-mêmes et avec leur famille. Des regrets, des hésitations, des pleurs, il y en a, bien sûr, mais finalement tout est fait pour atteindre l’idéal d’une acceptation froide et lucide de son destin, en route vers le sanctuaire shintoïste Yasukuni, temple du militarisme, « où l’attendent ceux qui l’ont précédé pour l’accueillir avec des cris de joie ».
Un recueil unique et exceptionnel.
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