La Revue des Ressources

NATURE MORTE 

Récit graphique

mercredi 15 mars 2023, par Benjamin Bondonneau

NATURE MORTE

Récit graphique de Benjamin Bondonneau (extraits)

Éditions du Ruisseau

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Préface de Bernard Chambaz (extrait)

NATURE MORTE — UNE APOLOGIE DU VIVANT

Autrefois l’italien disait « cose naturale  » pour nature morte et ce sont bien des choses naturelles que nous découvrons dans ce Nature morte, qui relève d’un temps suspendu. Autant dire qu’il tient de l’expérience de notre finitude. Benjamin Bondonneau l’a signifié sous l’égide des Elégies à Duino de Rilke, les donnant à revisiter d’un oeil neuf, ne serait-ce que ces deux vers de la neuvième : « Mais ceci, avoir été une fois – même si ce ne fut qu’une fois/ avoir été de cette terre, cela semble irrévocable ». Il me semble que ce livre est à la fois une biographie et un paysage ou – si on veut – une biographie-paysage, animée par un regard extrêmement affûté, une tentative exceptionnelle de saisir le vivant dans toutes ses dimensions. Le vivant c’est à dire tout ce qui vit et ce qui meurt en nous et autour de nous. Et que ce livre soit dédié « aux fantômes » ne peut que me combler, car c’est toujours avec nos fantômes, quels qu’ils soient, que nous conversons – ou délibérons.
Il faut attendre le tiers du livre pour lire : « je vis sur un coteau calcaire » – qui donne le ton et qui forme le socle d’une activité humaine pérenne depuis au moins le néolithique. Mais, d’emblée, on est frappé par l’association du texte et de l’image, du dessin, parce qu’on comprend tout de suite de quoi il retourne, de dessin et non d’illustration, dans ce qu’il a de plus rigoureux, voire parfois rugueux, noir et blanc éblouissant qui ne nous quitte plus de tout le livre. Nous pénétrons donc dans un territoire singulier : une falaise un peu blanche au-dessus de la rivière, des eaux plutôt sombres, les feuilles d’un érable, la volonté et la joie enfantine d’y grimper, le monde agricole, la brouette qui n’est pas rouge, l’arc auquel j’ajouterai volontiers le son de la flèche qui fend l’air (indépendamment de sa cible), une charrette, les animaux puisque nous sommes à la campagne. Et, si je n’ai jamais développé d’amitié pour les oies, le dessin de la troupe d’oies a tout d’une féérie. Toutefois, ce monde n’est pas bucolique ni vraiment champêtre ; le paysage est âpre, la vie est rude, on le sent, mais l’âpreté et les rudesse ne sont pas les ennemies du bien.

Dès les premières pages, les relations entre l’homme et l’animal sont au cœur de Nature morte. Il y a les bêtes vivantes et l’illusion d’un de ces dialogues dont nous a instruits Jack London ; et il y a les bêtes mortes, pendues par les pattes ou bien la tête en bas comme l’aigle de Baselitz, et « comme un Rembrandt », c’est écrit, et aussi Zurbaran et Soutine, avec ou sans les couleurs, les azurs et les écarlates de Soutine, les jaune citron de Zurbaran. Il n’empêche que la première partie se clôt sur une clarinette. Le livre se déploie alors dans une nouvelle direction, inattendue, qui lui donne son assise : la musique.

(…/…)

P.-S.

NATURE MORTE
Récit graphique de Benjamin Bondonneau
publié en décembre 2022
aux Éditions du Ruisseau
360 pages
pierre noire, fusain, encre.

De Benjamin Bondonneau, sur La Revue des Ressources :

8 études de vague méditerranéenne

5 chants sous la Marne

12 Captures

Benjamin Bondonneau en duo avec le percussionniste Philippe Foch

Benjamin Bondonneau et Jean-Yves Bossseur : Ville ouverte livre-partition en 12 mouvements, 2020/2021 © Cie le Chant du Moineau, université Gustave Eiffel, laboratoire LVMT.

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