Dick Higgins explique ses travaux d’édition lors de son invitation dans le cadre de Artpool à Budapest en 1993.
Déclaration sur l’Intermédia
L’art est une des voies par lesquelles les gens communiquent. Pour moi il est difficile d’imaginer qu’une personne sérieuse attaque l’un quelconque des moyens de communication en soi. Nos ennemis réels sont ceux qui nous envoient mourir dans des guerres injustifiées ou vivre des vies réduites à la besogne, non les gens qui utilisent d’autres moyens de communication que ceux qui nous paraissent les plus adaptés à la situation actuelle. Si ces gens sont attaqués, c’est qu’une déviation dans le seul intérêt de nos vrais ennemis a été établie.
Cependant, à cause de la diffusion de l’alphabétisation de masse, de la télévision, de la radio transistor, nos sensibilités ont changé. La complexité même de cet impact nous donne un goût pour la simplicité, pour un art basé sur les images sous-jacentes auxquelles un artiste a toujours eu recours pour faire son point. Comme au temps des cubistes, nous demandons une nouvelle manière de regarder les choses, mais plus totalement, comme nous sommes plus impatients et soucieux d’aller aux idées de base. Ce qui explique l’impact d’événements (Happenings), de pièces incidentes, de média filmiques métissés. Nous ne demandons plus de parler magnifiquement pour prendre les armes contre une mer de douleurs, nous voulons le voir agi. L’art qui permet cette immédiateté, avec un minimum de distractions, est le plus directement proche de cela.
Seule la bonté sait comment la diffusion des ressources psychédéliques, des goûts et de la perspicacité, accélérera ce processus. Ma propre conjecture est que cela ne changera rien, cela intensifiera simplement une tendance qui est déjà là.
Pendant les dix dernières années, ou à peu près, les artistes ont changé leurs média pour convenir à cette situation, au point que ces média se sont détruits dans leurs formes traditionnelles, n’étant plus que des éléments puristes de références. L’idée a surgi, comme une combustion spontanée partout dans le monde, que ces éléments étaient arbitraires et seulement utiles comme outils critiques pour énoncer que tel ou tel travail était essentiellement musical, mais aussi en matière de poésie. C’est l’approche des intermédia, pour mettre l’accent sur la dialectique entre les médias. À moins qu’un compositeur ne compose pour tous les média et pour le monde dans lequel il vit, il est mort.
N’est-il pas logique, par conséquent, qu’ayant découvert les intermédias (qu’il était peut-être seulement possible d’approcher par les ressources formelles, même abstraites), le problème central soit maintenant non seulement les nouvelles formalités d’étude pour les utiliser, mais encore la formalité nouvelle et de plus sociale de ce à quoi nous allons l’utiliser ? Ayant découvert des outils avec un impact immédiat, qu’allons-nous en faire ? Si nous assumons, en dépit de McLuhan et d’autres qui ont mis une lumière sur ce problème jusqu’à maintenant, qu’il y a des forces dangereuses au travail dans notre monde, n’est-il pas opportun de nous allier contre celles-ci, et d’utiliser ce dont nous nous soucions vraiment, à propos de l’amour ou la haine, comme nouvelle matière de notre travail ? Se pourrait-il que le problème central des dix années à venir approximativement, pour tous les artistes en toutes formalités possibles, soit moins que la toujours nouvelle découverte de nouveaux média et des intermédia, davantage la nouvelle découverte des façons d’utiliser ce dont nous nous soucions à la fois convenablement et explicitement ? Le vieil adage n’a jamais été aussi vrai que maintenant, à savoir dire une chose ce n’est pas la faire pour autant. Simplement parler dans nos mouvements ouvriers du Viêt-Nam ou de la crise ne garantit rien contre la stérilité. Nous devons trouver les façons de dire ce qui doit être dit à la lumière de nos nouveaux moyens de communication. Pour cela, nous aurons besoin de nouvelles tribunes, organisations, critères, sources d’information. Il y a beaucoup à faire pour nous, peut-être plus que jamais. Mais c’est maintenant que nous devons gravir les premières marches.
À New York, Le 3 août, 1966
Traduction personnelle de Louise Desrenards d’après Statement on Intermedia publié dans Wolf Vostell (rédacteur) : Dé-coll/age (décollage)* 6, Typos Verlag, Frankfurt - Something Else Press, New York, Juillet 1967.
Source artpool.hu.
Fluxus (le site officiel)
Fluxus in Facebook
Le colloque de Fluxus en France en 2004
Fluxus, 40 ans de mouvement
organisé par :
The Pierre Francastel Research Center of the University of Paris X (CPF)
4T FluXuS The National Institute of History of Art (INHA)
The National High School of Telecommunication (ENST)
Ici il s’agit d’un colloque anniversaire formidable qui a eu lieu à Paris, mais contenant certaines interventions avec lesquelles on n’est pas forcément d’accord. Car les Cultural Studies se sont emparées d’une étrange façon de quelque chose qui se voulut d’abord sinon contre du moins radicalement en dehors de l’esthétique... Seulement faire un colloque sur Fluxus sans les sommités américaines qui en ont fait leur spécialité aurait paru indigent. Donc les organisateurs ont eu raison de les inviter.
La page d’accueil du site du mouvement français
4t.fluxus.net
Autres sources
Alan Kaprow auquel on attribue l’innovation du Happening et de l’Environnement en art, n’est pas un membre de Fluxus mais l’aurait influencé.
Dick Higgins (with an Appendix by Hannah Higgins), Synesthesia and Intersenses : Intermedia @ Ubuweb.
Dick Higgins, Statement about my "metadramas (1985), in Thing.net.
Compositions de Dick Higgins @ Ubuweb sounds.
La page dédiée de Dick Higgins dans artpool.hu.
L’article bio-bibliographique succinct dédié à Dick Higgins dans fr.wikipedia, et plus informé dans en.wikipedia
L’article bio-bibliographique succinct dédié à George Maciunas dans fr.wikipedia, et l’article plus informé dans ans en.wikipedia.