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Désarmer Kadhafi est-ce possible ? 

samedi 12 mars 2011, par Louise Desrenards

 http://translate.google.com/# /. /. /. Entre tremblement de terre tsunami catastrophe nucléaire au Japon et guerre civile en Libye, ce jour de la mort innombrable, du moins peut-on informer contre la guerre. En matière (si l’on peut dire) de Libye : compter les morts désormais invisibles est donc sans objet. Nous ne saurons jamais. Les corps défunts comme les corps vivants emportés par "ce que l’homme fait à l’homme" disparaissent. Combien n’ont pas été soignés, laissés pour morts, incarcérés, torturés, mis au secret ou simplement devenus des cadavres déposés, jetés dans le désert, ou détruits ? Nous savons le gazouillement des blogueurs libyens devenu soudain silencieux sur Twitter et pas seulement à cause de l’interruption de la connexion d’Internet, notamment à Tripoli. Les comptes s’arrêtent à une date précise, après l’annonce de la découverte qu’un beau-frère ou même un frère soit pro-Kadhafi, ou celle de la présence de snipers tirant sur tout ce qui bouge dans la rue, montrée par des vidéos filmées depuis les appartements qui ont reçu des balles tirées sur les fenêtres, trouant les cloisons, et d’où les informations sont transmises. À part les combats acharnés dans les villes proches de Tripoli publiés partout, nous avons lu dans les blogs Live de la Presse internationale que des blogueurs libyens avaient été arrêtés. Nous avons lu les Tweets des journalistes américains assignés à résidence à Tripoli, et nous avons entendu leurs reportages disant qu’ils ne sollicitaient plus de témoignages, car ils avaient vu des personnes auxquelles ils avaient parlé se faire immédiatement arrêter. Nous disposons du rapport des journalistes de la BBC qui ont été battus et torturés, quoique moins gravement que ceux qu’ils entendaient gémir à l’étage supérieur, à Zawiyah. À avoir vu les documents égyptiens sur la torture conforme aux techniques mises au point par l’armée américaine dans un laboratoire de l’université McGill à Montréal, puis expérimentée pendant la première guerre en Afghanistan, enfin systématisée par l’armée et les forces para-militaires impliquées dans la guerre d’Irak et diffusée secrètement au fil des disparitions dans tous les pays membres du programme "extraordinary rendition", nous comprenons les témoignages ; et à savoir la version soft des techniques d’arrestation et de détention qui en sont inspirées, pratiquées par les polices de certains pays européens en temps de paix, nous concevons en quoi consiste la version en temps de guerre. À quoi il faut ajouter l’imagination traditionnelle des mercenaires, quand extrayant d’une mosquée des jeunes gens ils les auraient violés avant de leur couper les mains et les pieds (témoignage d’un rescapé des combats à Brega rapporté par Al Jazeera, le 13 mars). Il est encore temps d’agir pour protéger les vies sinon en défense par les armes — ce qui ne pourrait dépendre des activistes que nous sommes — mais en les citant, et en transmettant notre observation du monde de la communication numérique, entre utilisateurs ou professionnelle, et la réflexion subséquente auprès de ceux qui persistent à se poser des questions, à propos de ces combattants de la libération armée, en rappelant qu’ils furent d’abord non violents, croyant rejoindre les cortèges mémorables de la révolution arabe, s’exposant en masse à la violence des dictatures pour la retourner contre elles-mêmes.

 Mais la tuerie arme les défenseurs grâce aux arsenaux des casernes libérées. Dans les premiers jours, la violence des armes étatiques et l’impact sur les corps déchirés des manifestants pacifiques autant que l’exécution sommaire des militaires insoumis sous les yeux de la population accroissent la terreur civile, et ce n’est pas le racisme mais la peur alliée à la confusion entre les mercenaires et certains travailleurs émigrés qui convoquent la réaction criminelle du lynchage, en deux situations connues qui n’impliquent pas la résistance (au contraire, dans les hôpitaux celle-ci s’occupe de faire soigner les blessés sans distinction des camps), désormais armée par ses propres moyens. En face des résistants, il y a un clan autocratique devenu un gang à l’échelle de la nation, qui s’est approprié et qui contrôle l’opposition par l’argent, le secret, la force, la désinformation, une société entière et son territoire, après les avoir administrés et développés de façon prospère grâce au pétrole, sans jamais procurer à la population les libertés individuelles et démocratiques fondamentales, ni un pouvoir représentatif déterminé par des échéances électorales, peuple insurgé, pour autant qu’il fut doté de la propriété nationale de ses ressources principales et qu’il n’ait pas manqué de pouvoir en vivre, voulant se gouverner lui-même.

(Dernière mise à jour le 15-03-011)

Dédicace


 Don’t follow your passion ! 12:57 PM Mar 3rd via web

— dernier message de @SL0wZEr ; Tripoli.

 @TruthSeeker10 do you see the story as I do, I hope those outside are smarter than us and already knew what should be done.

— dernier message de @TrablesVoice (second pseudo du même compte) ; Tripoli.

 1. there are no tribes in Libya neither a civil war, there are Anti-Gaddafi & Pro-Gaddafi. that’s all. 9:46 AM Mar 3rd via Echofon Retweeted by you, Abukhit, and 53 others
2. What should we do ? 7:19 AM Mar 3rd via Echofon
3. thinking .... 5:09 AM Mar 3rd via Echofon
4. @richardengelnbc where ? 3:59 PM Mar 2nd via Echofon
5. RT : @Libya_United : منطقة السبعة بطرابلس مطوقة بالكتائب الأمنية واعتقالات واسعة النطاق في سوق الجمعة وتاجوراء. #Feb17 #Libya ! ارجو التاكيد 3:54 PM Mar 2nd via Echofon
6. @TrablesVoice really ... no way ! 3:49 PM Mar 2nd via Echofon in reply to TrablesVoice.

— derniers messages de @Abukhit ; Libya.

Pour l’écriture en arabe, la traduction littérale dans Google Translate : "Région de Tripoli entourée des sept bataillons de sécurité et de nombreuses arrestations dans le marché du vendredi et Tajoura". [1] Les messages contenant des liens sur les vidéos et sur la discrétion des traces ont disparu.

Drapeau libyen adopté par le Comité Transitoire National de Benghazi



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De la controverse

 La controverse concernera ici non pas la cause mais les malentendus de son soutien public officiel, dans le contexte français qui a ouvert la reconnaissance européenne, pour lequel je prendrai parti bien que sans duplicité avec l’idéologie de ses responsables politiques par ailleurs.

Oui "vous" avez raison : encore une fois ce président honni a divisé pour mieux régner et impuissante et ridiculise le statut politique de "la France" sous couvert de montrer qu’il "en a" dans son pantalon, rendant obsolescent Juppé, son ministre des affaires étrangères, en avançant médiatiquement le People intellectuel, Bernard-Henri Lévy, qui parlerait à la place de l’autre. Mais ce n’est pas si simple.

Non — "vous" avez tort — parce que le veto présidentiel est constitutionnel, droit de grâce et droit d’asile restant conceptuellement et universellement liés même si les droits particuliers en ont été détruits, et donc restaurés à l’acte autonome de la présidence par rapport à un ministère, ou encore par rapport à sa propre majorité parlementaire, chaque fois qu’en user se présente au juste titre de protéger d’un danger vital manifeste ; c’était le droit d’urgence ultime dans le cadre non de la dictature mais du dispositif critique entre les pouvoirs, en cas de défaillance des institutions, quand l’individu lui-même autorisé en annexe à s’insurger dans les cas limites de l’injustice, participait au système autocritique de la Ve Constitution. Sans parler de la casquette présidentielle éthique de l’armée. Il reste cette clause fossile, après que Mitterrand ait supprimé le devoir d’insoumission ce qui a participé à la configuration plus autocratique de cette constitution si les trois pouvoirs n’étaient plus séparés (le cas aujourd’hui mais c’est Chirac qui a commencé à réaliser ces réformes, sinon Sarkozy n’aurait pu faire ce qui a suivi), soudain requise pour une décision qui de toute évidence ne l’aurait pas emporté soumise à sa majorité parlementaire et par conséquent qui prend droit de cause, ce qui n’est pas le cas habituel de Sarkozy en général soumis à la tendance de sa majorité (en dépit des apparences)...

Après, on en pense ce qu’on veut mais dans le cadre de la Ve République c’est légal. Suit une question de politesse ou d’impolitesse pour faire savoir ce qui a lieu. D’accord, le moins qu’on puisse dire est que la parole jointe à l’acte ne fut pas délicate. Mais la situation déterminée en Libye l’est-elle ? Au moins Juppé n’est-il pas une potiche feignant d’agir sans tenir les ficelles... D’ailleurs, n’a-t-il pas voulu garder sa mairie de Bordeaux ? Justement, il était à Bordeaux, quelle idée pour un ministre des affaires étrangères que vaquer à son régionalisme municipal au moment où des choses si graves se produisent sur le plan international, qui appellent d’urgence des négociations extérieures et des décisions centrales ? Peut-être parce qu’il n’était pas d’accord, mais pas du tout, avec la décision qui allait être prise et donc retrait volontaire. En outre, s’il avait besoin d’une position de repli face aux incertitudes du président sur le sort de ses collaborateurs contradictoires, alors il n’avait qu’à pas accepter cette charge ministérielle.

Les bémols que je voudrais apporter ici ne relèvent donc pas d’une critique mineure par rapport à un article dans Rue 89 [2] qui "héroïse" un Juppé ridiculisé — rhétorique rédactionnelle périlleuse quoique réussie.

 

Juppé *

 Le nouveau ministre des Affaires Étrangères — républicain notoire, de bonne éducation et d’élégance classique, — du président qui ne s’embarrasse pas de la République, n’est pas la panacée en amont lui redonnerait-il une respectabilité, sinon d’un bureaucrate doctrinaire, gracieux légitimiste néanmoins rigide, qui en a redonné au CRIF contre le droit de protester par le boycott et de l’exprimer, — alors que ce mouvement est né en Israël au sein de l’activisme de la paix avant d’être repris dans les territoires : n’est-ce pas mieux que la guerre des pierres par les enfants ? — serait-il une caution éthique par rapport à sa "prédécesseure" rumsfeldienne. Ses missions exécutives anciennes et récentes se sont avérées à maintes reprises peu pragmatiques, incapables de s’adapter et par là pouvant causer le pire, ou l’accroissement exponentiel de la situation qui le gênait, depuis la position du juste "bien" : n’oubliez pas sa bavure libératoire de ministre de la défense dans ce qui est arrivé aux otages au Niger et à une partie des soldats nigériens en train de poursuivre le convoi des brigands, et pas seulement parce qu’il ne devait pas être question de payer une rançon mais parce que les ordres de tirer, pour bien faire entendre ce message de fermeté au-dessus de la mêlée, avaient sans doute été transmis sans un pli par un État-major bureaucratique voyant de trop loin. Comme il fut d’ailleurs indirectement responsable, par conséquence de sa décision contre des tractations secrètes, de la rupture des liens pouvant sauver les moines de Tibérine — dont la libération sans lui était en bonne voie, — il ne faut pas l’oublier, ni davantage que son "légitimisme" reproduit par Barnier, devenu ministre des affaires étrangères de Chirac, faillit coûter la vie à Florence Aubenas et à son piqueur, enlevés lors d’une enquête sur l’extermination de Falloudja en Irak ... même si c’était du côté de la vilaine filière de Pasqua que se trouvaient leurs chances à l’égal des otages du Liban libérés par Marciani. Donc la rigidité institutionnelle de dieu Juppé — y compris en matière de doctrine radicale économique, c’est lui qui a vendu Thomson pour 1 sou symbolique, — ou fiscale (la ceinture des taxes ou des contributions obligatoires pour ceux qui l’ont déjà serrée et pour compenser les impôts qu’ils ne pourraient pas payer), est particulièrement à double tranchant quand il s’agit de décider au grand dam de la prospective... Au-delà des otages, souvenez-vous encore des marcheurs dont nous fîmes partie pendant la grève des transports, se dérobant au chantage de réclamer la liberté de travailler contre les grévistes, face à l’intransigeance de Juppé qui ne voulait pas négocier, quand ils se donnèrent l’autonomie de leurs moyens de se déplacer ou de dormir sur place, ce qui permit la prolongation de la grève... sans parler des poids lourds dont il réussit l’exploit inouï de sceller l’unité malgré toutes les contradictions de leurs situations respectives, entre grévistes salariés des grandes compagnies, grands patrons, et artisans, lorsqu’il était premier ministre. Ceci pour dire l’efficacité multiple indissociable de la structure pragmatique personnelle de Juppé en gestion politique institutionnelle, telle que nous pouvons la recenser.

 

Sarkozy

 Il faut mentionner à sa décharge que le renforcement du ton a été généralisé par la majorité installée sans conteste dès le second mandat de Jacques Chirac. Chirac dont Juppé fut un pionnier lequel à d’autres propos en paya le prix de l’exil. Pour autant une grave responsabilité reste à la charge du président actuel, lors de sa seconde mission au ministère de l’intérieur entre 2005 et 2007, lorsqu’il dirigeait la police qui adopta la même rigidité de ne pas négocier avec le Gang des barbares qui venait d’enlever Ian Halimi, et intervenant dans une négociation en cours de la rompre, pour le principe du refus de toute rançon, alors que le rabbin contacté par la famille avait commencé à discuter en vue de la libération ; rupture soudaine qui fit place à l’horreur que l’on sait, en 2006... C’est dire la souplesse défaillante de la majorité au pouvoir et sa manière de gouverner sans conteste, à partir du moment où elle fut libérée de toute sanction électorale probable, puisqu’il n’y aurait plus jamais de dissolution événementielle de la Chambre pour renouveler à la fois la majorité et le gouvernement, en vue de répondre démocratiquement à des mécontentements sociaux majeurs, (même les socialistes pendant la campagne présidentielle de 2002 étaient tombés d’accord sur le principe de rejet de toute cohabitation éventuelle). Situation particulièrement dangereuse au carrefour des réalités représentatives de la démocratie électorale entre deux cycles, sous un régime immédiatement autocratique dès qu’il ne se conforme pas au risques du protocole.... Il semble que le président change sous l’influence d’Obama qui sympathise mais ne fusionne pas, dont les ressources critiques et auto-critiques à propos de la Tunisie et surtout de l’Égypte ont stupéfait le monde. Pourtant il suffisait de le savoir informé par sa diplomatie, où la nôtre aurait pu l’être au moins tardivement en lisant les dépêches de WikiLeaks — mais de toute évidence : non, même pas.

 

Bernard-Henri Lévy

 Quant à BHL, dont l’exhibitionnisme impatient et autoritaire et son soutien au sionisme aveugle et paranoïaque de l’autre ont tout pour déplaire, j’en conviens, il reste pourtant nécessaire d’imaginer, pour comprendre, que dans son opportunisme volontariste et son ouverture médiatique, (il est évident que si les trois cibles des frappes qu’il a indiquées étaient bien dans la ligne de mire des réalités du projet, par sécurité il n’en aurait pas joué l’effet d’annonce), BHL ait fait précéder sa propre rencontre avec les insurgés sur le site même à Benghazi (rendue crédible par son ancien activisme en référence, quasiment officiel et institutionnel auprès des bosniaques). Ceci, d’après sa première déclaration restée discrète la semaine dernière, (informant en même temps pour calmer le CRIF qu’il n’y avait pas d’"antisémitisme" dans le CNT), préalable à toute délégation française officielle qui aurait été considérée comme de l’ingérence. À ce titre, selon les informations vérifiées du journaliste du Monde qui gérait l’interactivité du blog Live sur la Libye, le 11 mars, c’est BHL qui a organisé la rencontre entre les envoyés du CNT et Paris. Son intervention pourrait être édifiée par l’expérience du Kossovo et plus précisément, le concernant, à la mémoire des erreurs techniques et idéologiques hautement préjudiciables aux populations en Bosnie : embargo sur les armes pour les deux côtés qui s’affrontaient, zone de non-vol réalisée, force d’interposition pacifique de l’ONU au nom du devoir d’ingérence — heureusement prescrit aujourd’hui — ; c’est dans ce cadre que les snipers ne furent pas inquiétés de harceler la population de Sarajevo et que les massacres de la population musulmane eurent lieu, en pleine zone de sécurité définie et protégée par les forces de l’ONU et donc "sous les yeux de l’ONU" (qui n’était pas mandatée pour l’empêcher), à Srebrenica, par l’armée de la République serbe de Bosnie alliée à une force organisée de mercenaires et mafieux para-militaires, dits "Scorpions"...

Cette configuration contre le peuple réclamant ses droits rappelle exactement les forces auxquelles a recours le gouvernement de Kadhafi, et auxquelles a eu recours une fraction de l’armée égyptienne (qui poursuit dans cette voie même si le dictateur égyptien est parti, son régime étant à l’évidence encore en place, y compris dans l’agression contre les femmes le 8 mars, manipulée pour diviser le mouvement comme l’attaque du sit-in du 9 mars, place Tarhir) ; et là, peut-être que les contradictions US en pleine duplicité de leur jeu diplomatique, décadré par le décret récent pour reconduire la situation de Guantanamo et des prisonniers qui y sont encore, n’y est pas nulle, si l’on tient compte que l’Égypte est le pays majeur du programme "extraordinary rendition" au Moyen Orient, où Suleiman tenait avec les forces de Tantawi — particulièrement rejeté par l’émergence du 25 janvier — la première place. Ainsi les dictatures en sont-elles venues à la corruption consentie d’accroître leur pouvoir contre leur population critique, ce qui comprend l’interdiction d’émigrer pour complaire à la demande étrangère, en leur appliquant en toute impunité du droit international les méthodes occidentales déviantes exceptionnellement tolérées pour combattre le terrorisme, déléguées par les démocraties pour se défendre à l’extérieur — et par conséquent autorisant l’extériorité à les démultiplier dans son propre intérêt, en toute réciprocité du service partenarial...

La corruption des dictatures arabes n’est qu’un miroir de la nôtre ; c’est la connaissance de cette information que la puissance indépendante de Kadhafi, grâce à sa richesse intriquée avec celle de la Libye, manipule pour régner où un Suleiman put ne se ressentir qu’autorisé — autant par Mubarak que par sa hiérarchie américaine.

 

Entre Bosnie hier et Libye aujourd’hui : qui balance ?

 D’après "vous", quand le responsable des services secrets américains sur le Moyen Orient décrète que Kadhafi est en situation de regagner ce qu’il a perdu, par la requête de son surarmement (et on pourrait ajouter par la maîtrise de la désinformation médiatique et cette diffusion à son seul service rendues possibles sous son autocratie clanique, à l’évidence déjà déléguée à son fils Saïf-Al-Assam ce qui renforce la colère des mécontents, comme la question successorale en Tunisie et en Égypte put contribuer à faire éclater le verre trop plein de la dictature) : est-ce une provocation infra-critique de la politique arabe d’Obama, la construction d’une déception pour instrumenter la nécessité d’intervenir, ou la description laconique désintéressée d’une réalité vitale — sans compter la puissance sacrificielle de la population révoltée, ni les armes qatariennes — ? Qu’est-ce que cela peut signifier, sinon l’écrasement sauvage et sanglant de ceux en moindres force et nombre au combat, s’ils refusent de se soumettre ? La bataille morcèle le pays isolant les gens susceptibles de se rallier, la télévision instruit la haine, la jeunesse qui se disperse depuis Benghazi est décimée par le feu, et le CNT évite le principe d’en appeler à la solidarité confessionnelle des milices étrangères. Que peut-il se passer à Benghazi, si l’armée libyenne et ses forces mercenaires au sol sans cesse renouvelées, et parmi lesquelles il faut compter l’intervention technique de pilotes étrangers dans le corps d’élite du fils de Kadhafi lui-même (en attesteraient deux pilotes faits prisonniers par les insurgés), n’est pas bloquée avant d’avoir reconquis toutes les positions résistantes par la force des bombardiers, des tirs d’hélicoptères, des missiles de la marine, des chars, et des blindés — les trois corps d’arme traditionnels étant désormais passés à l’action ?

Tout désigne Benghazi, première ville insurgée et libérée devenue le symbole de l’autonomie, pour un nouveau Srebrenica du gouvernement libyen central.

 

L’Europe au coeur du problème

 La seconde chose au-delà de l’histoire et des personnalités évoquées c’est que l’Europe actuelle est à droite (d’où sa maladresse ?) contenant des parlementaires de l’extrême droite en tous cas c’est le parlement le plus à droite qui ait jamais été élu depuis la fondation européenne, identitaire et hyper-sécuritaire, effrayée par l’Islam sauf les Britanniques, et qu’il ne faille pas en attendre des encouragements spontanés pour un soulèvement populaire en quête de libertés (outre le mauvais point que comptent les pays susceptibles de nourrir des migrations — mais on voit qu’avec la guerre elles auront lieu de toutes façons). Sauf parer à la perte du pétrole mais alors dans le cadre d’intérêts nationaux particuliers, on ne la verrait pas se mobiliser massivement. Quant à la Ligue arabe, vous savez bien qu’elle soutenait les régimes de Mubarak et de Ben Ali et que notoirement le point fort des pays arabes actuellement puissants n’est pas celui d’exceller dans les droits de l’homme, de la femme, de l’individu, ni des libertés politiques, ni les droits sociaux. Que vous critiquiez Sarkozy et BHL dans leur façon impolie et grossière de procéder en humiliant le ministre par défaut, et leurs effets médiatiques, est sans doute intéressant voire important si l’on y retrouve quelques habitudes qui portent ombrage au pacte civil que nous défendons, mais que vous ralliez la Commission Européenne ou teniez comme exemplaires la Ligue arabe [3] ou même l’ONU — qui ne peut pas cautionner une opération guerrière à proprement parler sauf génocide déjà consommé, — est particulièrement odieux par rapport aux Libyens, quand la moitié de la population de Tripoli théoriquement du côté de Kadhafi est en réalité torturée en prison ou enclose chez elle, et l’autre recevant les avantages octroyés par le Guide de la classe moyenne et quant aux plus pauvres, il sont actuellement payés à l’effet de se taire, mâne céleste du bonheur imprévu du chaos... Concernant les jeunes de la place verte, interrogés sur leurs métiers par les journalistes anglais ils avouent être des militaires et des policiers, pour l’essentiel d’entre eux. Et le reste terrorisé fuyant ou combattant à mort dans une situation militaire qui les désavantage, après les avoir sauvagement réprimés de manifester pacifiquement, pour réclamer simplement une présidence et un parlement élus et le droit de s’exprimer.

Que l’Europe soit responsable d’avoir armé Khadafi plus qu’il n’en convenait "raisonnablement" (si tant est qu’il puisse y avoir une raison en matière d’armement elle serait anéantie par les profits du commerce des armes du lobby militaro-industriel), et de s’en justifier par les problèmes d’immigration ou de sécurité — pour ceux qui n’auraient pas directement ou spectaculairement participé à l’armer, telle l’Allemagne — est incontournable. Mais de plus les trois pays en tête des initiatives à prendre pour contrecarrer leur propre déraison passée, sont incontestablement l’Italie, la France, le Royaume-Uni. Et ce n’est pas l’Allemagne qui peut décider à leur place de ce qu’ils ont abusivement vendu ni comment retirer le pouvoir à celui qu’ils ont attribué d’une puissance qui dépasse largement la leur respectivement, en termes de décision sans intermédiaire de la puissance de feu ni de séparation d’en faire usage.

Et bien sûr, si aucun secours matériel n’est d’urgence apporté aux insurgés, ils vont perdre, devant la foudre militaro-industrielle et l’argent financier cautionné en espèces de la dictature devenue celle de Frankenstein, qui renouvelle ses combattants de tous pays à coup de livraisons aéro-importées dans le sud, une des dictatures les moins bureaucratiques et par conséquent les plus puissantes du monde, dans la gestion de la répression et de l’armement à coup de dollars, avec un État quasiment sans endettement — qui ne doit rien à personne, ce sont au contraire les autres qui lui doivent d’être aidés (on l’imagine en toute logique de le savoir créditeur), au grand dam de sa surface territoriale principalement désertique, et au-delà de l’éthique politique théoriquement partagée par tous les États représentatifs — sauf Israël.

D’accord, on ne souhaite pas et même on réprouve une intervention militaire extérieure de la France ou d’autres — ce qui en rajouterait une couche sur les réalités révélées par les événements dont les pays européens sont responsables — mais tout de même on pourrait doter les résistants des armes nécessaires en les accompagnant de techniciens sachant les manipuler, sous le contrôle central des militaires du CNT. Sinon, ne voulant pas refaire l’Iraq (dans le cas de l’intervention de l’OTAN), on referait l’Afghanistan revu par le Pakistan — un Viet Nam — (dans le cas de l’intervention d’une armée étrangère dominante sous couvert de soutenir une armée régionale) au nom de ne pas refaire un Kossovo !

Sur le fond éthique : les Français sont responsables au premier plan d’avoir armé à ce point Kadhafi, devant les Anglais — Blair ayant dévolu à Kadhafi la mission de l’OTAN de la sécurité sub-saharienne a ouvert les vannes du passage à l’acte de la vente d’armes à ce pays rendu libre comme l’air par sa richesse, et dans ce domaine à partir du moment où son chef eut l’intelligence de capituler sur le nucléaire. La France est derrière les Italiens, qui depuis deux ans tiennent la première place, les plus mafieux et les plus fous, mais qui ne feront rien et vous savez pourquoi au-delà des poncifs ? Notamment parce que leur économie intérieure est sous perfusion libyenne symbiotique avec la Mafia. L’argent libyen s’en va : l’Italie s’effondre comme la Grèce. Car on parle de la question de l’échange du 0 immigré contre les armes, mais on oublie de dire l’intrication de l’argent libyen dans l’économie italienne...

Le plus monstrueux du solde de la vente d’armes par ces trois pays à la Libye étant que dépassant largement sa propre exigence de sécurité cela lui ait permis de devenir le second vendeur mondial dans ce domaine — à qui ? — alors que ce pays n’en fabrique pas. Ce détail lucratif pour les partenaires économiques de Kadhafi accroît le PNB du pétrole libyen n’est pas soulevé ici pour dire que ceux qui en fabriquent seraient moins fautifs d’en vendre, sinon pour exprimer le volume de ce qui a pu être vendu à la Libye au point de lui permettre de devenir second mondial des ventes dans son champ d’armement. Question éminemment dangereuse vu la position stratégique et tactique du dirigeant libyen et son histoire. Mais dirigeant que personne ne pourrait l’accuser d’avoir endetté son pays ni de l’avoir sous-équipé, puisqu’il l’a enrichi. La Libye liberticide et cruelle ce n’était pas le détournement des profits nationaux par des lobbies régionaux et gouvernementaux causant un seuil de pauvreté extrême pour 40% de la population, comme en Égypte.

 

Les U.S.A. de la dette au profit entre Bush et Obama

 Les USA ne veulent pas bouger car ils ne peuvent pas retourner leur rapport de force régional pour la folie de 3 pays européens qui ont exploité le marché des armes sans compter et même attribué un rôle à Kadhafi dans le cadre de l’OTAN — pour rappeler son rôle concernant la sécurité sub-saharienne — : ce qui a justifié le déploiement de ce marché, en laissant ses profits prendre un rôle déterminant dans le soutien des économies régionales européennes en désastre. L’Italie et sans doute aussi la Grèce, et même le Portugal sont dans la ligne de mire — vu la direction des avions officiels ces derniers jours pour obtenir une médiation — il ne leur reste plus qu’à jouer les "salauds" pour sauver leur face européenne, en ne reconnaissant pas la voix de celui qui les appelle au secours pour parler à sa place où on ne veut plus l’entendre. L’Europe a voulu l’euro, elle le boira jusqu’à la lie de son délitement éthique — quasiment nécessaire pour tenir en pleine récession dans le cadre des marchés. — Quant à l’Égypte, la Libye a été un partenaire de torture et d’assassinat de la CIA, avec des sites noirs sous la direction de Suleiman, tête du programme américain régional contre le terrorisme... Mais si les USA étaient concernés par leur propre abus de l’Égypte particulièrement dans le cadre du programme "extraordinary rendition", et un peu moins par la Tunisie, et sont les pourvoyeurs majeurs du matériel militaire égyptien, par contre ils ne sont pas concernés par la structure de la dictature libyenne ni par le pétrole libyen. Le registre de monstruosité propre de la Libye c’est d’abord l’espace pétrolier des lobbies britanniques, qui ont joué un rôle dans l’occupation de l’Irak, avec Blair comme agent sur le Moyen Orient. Blair est le jocker qui se trouvait diligent au Caire pour soutenir Mubarak au moment de la plus forte répression des manifestants, en même temps que le sombre Frank Wisner sans délai déjugé par la Maison Blanche (qu’il était censé représenter), quand un membre du pouvoir égyptien sortant de l’ambassade des États-Unis avec un véhicule officiel faucha délibérément à mort une dizaine de manifestants... Même si Suleiman put aller régler radicalement le cas de prisonniers politiques dans les prisons libyennes (on en connaît au moins un) la Libye n’était pas un terrain de jeu américain. Déconstruire Frankenstein qui utilise son armement de la "sécurité sub-saharienne" contre son propre peuple et des armes idéologiques incontournables contre la communauté internationale qui a négocié avec lui économiquement et financièrement... n’est encore pas le vrai problème des États-Unis, sinon de renvoyer l’Europe à ses responsabilités et de lui demander de les prendre, pour éviter que le successeur n’hérite de la puissance imprévisible d’un tel impact régional à l’échelle internationale.

Certes les USA ont tiré des avoirs libyens un profit conséquent contre leur ruine économique : l’argent national du pétrole libyen — et celui de la revente des armes (?) — en partie réinvesti dans les fonds de placement américains ne sort plus de leurs sites financiers ni de leurs banques, au titre d’une sanction (?) — sanction que la Turquie déclara injuste, seul pays à avoir osé dire qu’il s’agissait de l’économie nationale et non des biens de Kadhafi. — C’est dire ce qui est gagné en matière de récupération des dépenses, maquillée par la désinformation d’une punition des méchants, quand le gel financier rend le peuple libyen attaqué de toutes parts, les mesures adoptées faisant disparaître ses revenus nationaux... Le problème en outre, c’est qu’en volant la Libye et d’avance rendant les insurgés démunis s’ils parvenaient à la victoire, la rétrocession de cet argent qui continue à travailler à d’autres profits que ceux de son investisseur (car la loi américaine l’autorise jusqu’au jugement qui conclut en cas de litige), ne dérobe pas que l’exploitation financière d’un capital national mais le capital lui-même n’étant plus accessible : ils seront l’objet de chantages déjà annoncés (si jamais il était question de rétrocession, capital et profits, ce qui pourrait provoquer une nouvelle crise financière).

 

La théorie pragmatique de Kadhafi comme performance méta-politique du Queer

 Tout son événement est transgenre, singulier, de son aspect personnel à l’intégration des traditions anachroniques dans un monde contemporain dont il maîtrise la donne, la délocalisation mondiale de son tribalisme clanique, son image People et son rapport aux femmes déjantés, son entourage, ses actes, son mode de gouvernance, sa culture locale et son information de l’étranger, sa transmission guerrière comme art de tromper l’esclave par le maître — en s’abstenant de donner la mort mais on voit qu’à la fin... — son insertion internationale autant indifférente qu’incontournable, son rapport de pouvoir à l’usage de la technologie, sa capacité de requérir les moyens de la propagande des dictatures du passé. L’importance médiatique de l’image associée à l’événement, et l’existence.

Ici ils contrôlent les flux d’Internet plutôt que supprimer les connexions, pas seulement pour observer et ficher, mais encore pour démontrer l’avancée contemporaine du pays dans la communication numérique connectée avec le monde. C’est encore de la publicité, nous ne sommes pas dans l’ergonomie égyptienne. Soudain, l’ONU rejette la Libye de la communauté internationale des droits de l’homme — elle n’était pas la seule parmi ces représentants qui ne les respectât pas dans son territoire, seulement ses voisins n’ont pas inauguré leur réponse à la contestation par le massacre de leur propre armée insoumise à exécuter la violence, à Benghazi — et il comprend peu à peu que l’interconnexion du monde désormais le desservira. Alors il coupe le flux, et remet la télévision nationale sur la scène majeure de la propagande et de la désinformation à l’intérieur, en convoquant les télévisions et la Presse étrangères pour désinformer l’extérieur. S’il conseillait dans les discours à son peuple de se méfier de la propagande anti-gouvernementale diffusée par les deux plus grandes chaînes de la télévision arabe, une fois la connexion d’Internet interrompue autant pour supprimer l’accès à la Presse régionale et internationale numérisée que pour supprimer l’information entre les révoltés et leurs soutiens, il reste l’audience régionale et internationale d’Al Jazeera qui poursuit d’informer entre les pays arabes et l’étranger. Al Jazeera devient l’ennemi médiatique n°1. Le 12 mars au matin, une embuscade sur la route de Benghazi piège le véhicule qui transporte le cameraman qatarien d’Al Jazeera, Ali Hassan al-Jaber, assassiné avec son assistant, alors qu’il rentrent d’un reportage dont les dernières images sont la tombe de Omar Mokhtar, qui avait organisé la résistance contre l’occupation coloniale du gouvernement fasciste italien ; Omar Mokhtar arrêté, exilé et finalement exécuté, est un héros national libyen. L’assassinat de Ali Hassan al-Jaber est un message de Khadafi à la télévision qatarienne qui s’adresse aussi au gouvernement qui a proposé des armes au Comité national transitoire de Benghazi.

On passe sur le design de la garde-robe de Kadhafi et de sa famille qui en raconte sur deux siècles d’un millénaire à l’autre. La stratégie économique (capital national et investissement financier, commerce) et politique (administration militaire et défense) de Kadhafi apparaît en tactique intégrée de la gouvernance et de la diplomatie après Clausewitz. L’Europe résulte en bobine de fil aux noeuds inextricables après le passage du chat. L’Europe a armé un apprenti sorcier dont les USA ne veulent plus mais gérant les avantages qu’il lui a donnés ; les USA ont changé leur conception sécuritaire pour privilégier l’égalité et les libertés démocratiques garantes de la stabilité politique, — contradictoirement de la conception de Bush qui élevait le renfort des dictatures contre la mobilité et la disponibilité citoyennes, — et l’ont passé à l’acte sans crier gare, même pas lors d’un dîner aux chandelles avec Carla à la Maison Blanche, sinon Sarkozy se serait évité ses bavures tunisiennes, mais Obama ne mélange pas sa vie privée et sa vie publique, si chaleureux ou amical soit-il... Ils ne veulent plus tolérer Kadhafi à cause du champ de l’armement dont il dispose pour livrer à des pays non libéraux, qui ne sont pas les mieux situés dans le pacte planifié par la politique américaine à l’aube de ses prochaines présidentielles, cela va de soi ; mais surtout parce qu’il s’est placé hors du champ d’influence militaire américain grâce à sa soumission sur l’armement nucléaire, en prospérant économiquement et en se donnant une crédibilité internationale depuis son pacte libre avec les Européens, parmi lesquels le fleuron de la guerre contre Saddam : le Royaume Uni. L’alliance en béton pour un ancien commanditaire du terrorisme : une de ses victimes quand elle passe l’éponge pour devenir complice d’autre profits. Avec un soutien élargi de la Russie de la Chine et des pays socialistes. Entre mafia, milice, finance, banquier des pays européens démunis par l’euro et la doctrine des marchés, et dialogue intermédiaire de l’Occident avec des irréductibles, Kadhafi a mille casquettes stratégiques, de défense, et politiques... Pour mémoire, il y a deux semaines, les otages d’Areva furent curieusement et magiquement libérés sans crier gare, par le soi-disant AQMI — mot "concept" d’un Al Qaïda saharien que même Kadhafi se permet de railler — et étrangement dans un cadre de négociations probables avec la Libye, en quête de solidarité politique française après le premier massacre de Benghazi.

Kadhafi a raté sa sortie historique en n’instaurant pas la démocratie pour fonder les libertés fondamentales en Libye, au moins une monarchie constitutionnelle pour conférer à son successeur le statut de la reine d’Angleterre, comme il a dit de lui... Après avoir enrichi son pays, il serait resté exemplaire. Mais tout au contraire... un chef de guerre reste un chef de guerre. D’ailleurs, en l’assignant par le TPI on ne lui a pas donné d’autre choix (c’est Berlusconi qui l’a dit).

Caricature de Kadhafi en reine d’Angleterre

Si la voix des armes de Kadhafi contre "son --- comme Saïf le dit — peuple" — celui qui lui appartient en propre en ne s’appartenant pas — n’a qu’un plan progressif qui se déroule implacablement, par contre la voix diplomatique en a plusieurs ; le plan A auprès de ses États clients a été pulvérisé par l’exclusion des pays membres des droits de l’homme de l’ONU, Kadhafi commençant à désespérer du plan B — celui de la menace à Sarkozy s’étant avéré peu dissuasif — en arrive au plan C, amorcé dès la justification de la menace d’Al Qaïda, où maintenant loin de stigmatiser les USA il les appelle à la rescousse en créant un rapport de force qui parie sur les divisions intérieures de leur pouvoir. Il cherche à obtenir l’aide de la faction Bush en perte de vitesse, celle qui a fermé le monde ; il convie à son profit le passé contre le neuf, la contradiction entre le département d’État d’Obama qui essaie de promouvoir les nouveaux projets de la CIA contre les anciens et contre le cortège de leurs lobbies néocons, le FBI exécutif du Patriot Act partout dans le monde, et le Pentagone s’étant constitué au-dessus du pouvoir élu, après le 11 septembre 2001. Il cible personnellement la CIA d’Obama pour revitaliser celle de Bush et il touche dans le mille : la Presse réactive au FBI l’affiche, non sans ironie [4].

 

L’intrication des résultats en émergence aléatoire

 La dernière des choses dans le fonctionnement pervers des Américains en mal de résoudre leurs contradictions, et faisant des concessions aux forces réactives du passé en les exportant vers l’OTAN, sur le dos des autres, ainsi proposent-ils d’impliquer l’Égypte et la Tunisie actuellement faibles, car en pleine reformulation, pour cautionner une intervention internationale à propos de la Libye — justement pas en Libye même : pourquoi ? par sécurité ou opportunisme d’enrayer les révolutions voisines — serait-elle humanitaire.. L’arrêt de la marche exemplaire de la révolution arabe ne serait pas pour déplaire à la réaction européenne qui redoute le réveil de ses électeurs pour réclamer le recouvrement de leurs libertés, alors qu’elle est encore majoritairement résignée à devoir les perdre au nom du système international installé comme une croyance universelle, toute engourdie qu’elle est par l’administration, ses règlements, et les lois modifiées au nom de "réformes" (concept magique ne supposant pas d’explication)... Ces révolutions tardives dans les anciennes colonies occidentales nous en remontrent sur la perte de nos acquis... Cela débloque déjà le processus du gel des droits civiques, en tous cas en France (abandon de certaines interdictions de la Lopsi 2) ; mais on craint les factieux légitimes, que l’influence du pouvoir acquis par le Pentagone et le FBI jouant en État dans l’État ait une fois encore réussi à ne pas capituler sur le principe de la puissance totalitaire des militaires, aux USA du dedans et du dehors, quand le statut de Guantanamo pour déjouer les lois sur la torture et la justice civile est reconduit depuis trois jours, quoiqu’en retour Crowley [5], porte-parole d’Hilary Clinton, dénonce publiquement la maltraitance de Bradley Manning détenu en Floride par les militaires, et la guerre d’Afghanistan se poursuit même s’il paraît possible, depuis la rencontre de l’OTAN à Lisbonne, qu’elle finisse par s’arrêter en 2014 — du moins les troupes seraient-elles rapatriées ce qui supprime l’impact du coût sur des pays aux économies difficiles (notre cas au grand dam des indices contradictoires, comme celui des USA quoique le jeu sur le dollar leur permette toujours de rebondir à terme, en dévaluant, ce qui est impossible de l’euro, figure unique de la monnaie stable).

Quant à la crédibilité représentative du Comité National Transitoire : le gouvernement officiel de la Libye ayant été mis au ban des nations respectueuses des droits, à l’unanimité de l’assemblée générale de l’ONU, à cause de la violence de la répression du soulèvement populaire. Alors avec qui négocier ? Sinon avec le comité transitoire de ceux réprimés dans leurs manifestations pacifiques qui poursuivent les armes à la main. Au moins il respecte ceux qu’il représente hâtivement, à cause des circonstances, en ne s’appelant pas "gouvernement provisoire" (ce qui supposerait une constitutionnalité quelconque ou une élection en amont). Comme a dit Cohn-Bendit s’adressant à Catherine Ashton au parlement européen il y a une semaine (pardon de citer encore un opportuniste, mais enfin qui a l’âge de certaines expériences) : est-ce que quelqu’un s’était posé la question de la représentation nationale polonaise, lorsque le syndicat et son mouvement Solidarność furent considérés comme représentatifs de l’opposition à la dictature polonaise, par les gouvernements européens qui les reçurent officiellement ?

Je pense qu’il n’y avait rien qu’un passage à l’acte non conformiste, et par conséquent irrespectueux de la tradition du protocole diplomatique, pour permettre d’imposer la reconnaissance du CNT libyen — non élu ni constitutionnalisé, — en l’officialisant par la réouverture de l’ambassade à Paris pour son représentant diplomatique, et d’envoyer un diplomate français en place à Benghazi. Jamais Juppé dans son profil n’aurait pu admettre de l’agir en amont, et même s’il l’avait pu humainement son statut et son crédit international de diplomate ne lui permettait pas de le tenter. Cela aurait troublé la transparence obligatoire du représentant officiel de la politique étrangère française avec les partenaires traditionnels dont l’Allemagne, quand en outre les insurgés n’auraient pas accepté son émissaire officiel au moment où ils craignaient les pressions. C’est en quelque sorte fort d’avoir imposé cette reconnaissance officielle singulière pour que l’Europe suive, comme un principe de fait parmi les pays de la communauté européenne, sur la base du contact direct de BHL avec les insurgés Libyens. Confortant le président français en le poussant à une reconnaissance immédiate, BHL l’a aidé à créer une situation de fait, sans contradiction avec Obama et Clinton, accélérant la reconnaissance de la Commission européenne par laquelle Sarkozy a probablement engagé la seule protection sans délai réellement possible de Benghazi dans l’urgence de sa survie à ce jour, au-delà de la situation militairement impossible — l’ONU tant citée dont finalement il faudra se passer, vu les contradictions internes, les conditions administratives, et la lenteur des procédures, et c’est probablement mieux pour les libyens, et l’OTAN — ni unilatéralement les pays qui la composent militairement — ne devant pas s’y avancer pour les raisons que l’on sait.

 

Et moi et moi...

 Je suis pour les insurgés libyens.

Cela bien sûr n’engage pas mon prochain bulletin de vote quant au reste, que je combats avec un acharnement persistant autant qu’édifié et notoire. Il ne s’agit pas ici d’acheter ni de vendre des élections, je retourne aux grands débats sur lesquels la gauche en perte de pouvoir n’a pas voulu penser à gauche, seule façon de penser le bien public, et la droite au pouvoir n’a pas voulu penser au centre mais à l’extrême de son système — pour maintenir la domination de ses lobbies à travers la reproduction de son pouvoir. Les deux grands partis furent unanimes lors de la campagne de 2002 pour dire "plus jamais de cohabitation", et on a vu en quoi sans cohabitation, c’est à dire fondée par une dissolution de la Chambre pour répondre à une protestation élargie, un régime présidentiel qui s’équilibrait ainsi devient soudain autocratique mais davantage, en maintenant sa majorité envers et contre tout mouvement de contestation populaire légitime, il lui confère le statut illégitime d’un parti unique à la disposition présidentielle, ce qui édifie le régime constitutionnel présidentiel en dictature. Le pire au lieu de revenir à la raison d’une constitution qui avait fait ses preuves, pourvu qu’elle ne soit pas dévoyée au contraire, restaurée, serait de se retrouver dans un régime parlementaire, quand les députés ne font plus de politique mais reproduisent leur mandat pour en vivre plutôt bien que mal, et par conséquent le justifient comme un "savoir-faire" donc un métier, ce qui écarte la vertu symbolique du politique.

Il faut rendre à celui qui se prend pour César et à son émissaire People ce qu’ils méritent et pour une fois : un coup de chapeau pour leur aide réelle aux insurgés, et notamment la seule protection internationale à court terme qui pouvait leur être garantie, bottant en touche, face à la menace de l’extermination matérielle et physique annoncée par le pouvoir libyen qui progresse dans sa guerre autistique, désinformé par lui-même en voulant désinformer les autres, comme tout tyran, contre un peuple qu’il considère manipulé par des rivaux illégitimes.

La reconnaissance diplomatique légitime... et personne ne sait si Juppé n’était pas d’accord, en tous cas il n’aurait pas pu poursuivre sa mission après avoir joué les voyous, quand maintenant elle ne devrait pas en être déshonorée, au contraire. Enfin nous verrons bien.

Double messieurs, l’auraient-il fait pour Total, dirons certains, sur le terrain cela encore serait plus élégant que dans les médias, quand les anglais n’y étaient pas allé de cette façon en débarquant leurs agents secrets à passeports multiples, disant qu’ils voulaient enquêter sur les insurgés... et pourquoi pas diviser le CNT : était-ce le dernier clin d’oeil du Jocker avant clôture de sa paupière ? Blair et Mubarak ont volé le pétrole des eaux territoriales des Gaza. Plomb durci et son vaste camp de rétention leur a réussi. Par hasard... le chaos en Libye aurait pu arranger de nouvelles affaires. Mais en officialisant le Comité National Transitoire de Benghazi, c’est encore la richesse nationale qui reste entre les mains des insurgés — au cas où ce comité serait un jour à l’origine d’un gouvernement élu à la place de Kadhafi.

Ce que j’ose penser de l’avenir proche : il reste de l’occident que les USA ne perdraient pas grand chose si Kadhafi restait au pouvoir de la Libye ; bien au contraire, ils auraient tout gagné, puisque son assignation pour le TPI par les européens les autorise à garder les avoirs libyens investis dans les fonds de placement américains, mais de plus à les exploiter et à disposer des profits pour leur compte jusqu’au jugement — c’est à dire dans plusieurs années — comme leur législation les y autorise ; ceci retourne en avantage considérable la situation d’un endettement en tout état du risque que l’investisseur, faisant déplacer ces fonds dans le jeu boursier pour se venger de ce qu’il put considérer comme de la malveillance, ne provoque une crise financière contre la société américaine. Affaiblissement politique et diplomatique du Guide renvoyé à la case départ de sa stratégie. Affaiblissement militaire corrélatif, compte tenu des armes dépensées et qu’elles ne puissent pas être renouvelées légalement (sinon retour à la case voyou pour changer cette situation). Perte de la puissance représentative de la sécurité sub-saharienne au vu de l’Union Africaine et du statut procuré par ce rôle au vu de l’ONU. C’est tout ce dont les américains peuvent se satisfaire, comme ils l’ont toujours fait avec la Libye de Kadhafi : le maintenir au pouvoir car cela peut rendre service, mais affaibli pour le dominer et en disposer. Pour la Libye elle-même, son économie gagée sur une seule ressource mais l’exploitation de son capital national dans la diversification financière internationale et le marché des armes est détruite par la somme des embargos qui lui sont infligés ; autant dire la pauvreté pour les libyens qui ne la connaissaient pas encore à l’égal de l’Égypte (et pour longtemps, alors qu’ils seraient bénéficiaires du départ de Kadhafi, y compris ceux qui le soutiennent encore, pour demander la levée des principaux embargos) ; autrement dit la régression, la perte de l’indépendance, le commencement des aides et de l’endettement. Enfin, l’Europe perd gros ; si financièrement elle suspend sa redevance au créancier, pour autant ses lois ne lui permettent pas de l’exploiter, au contraire des USA dont l’autorisation règlementée constitue indirectement une mesure protectionniste du dollar et une attaque indirecte de l’euro. Ainsi va que le temps du jugement du TPI fasse apparaître une manipulation probable par le département d’État américain ou une imprévoyance absolue des européens s’ils se sont auto-déterminés pour le demander, à l’avantage des USA au grand dam de ses laquais européens, D’autre part l’Europe perdra les avantages de ventes lucratives, armes et chantiers d’équipements, et compensatoires des difficultés dues à l’euro pour les pays du sud qui affichent une crise à la limite de pouvoir poursuivre d’assumer la monnaie commune, faute des moyens de la nouvelle Libye de Kadhafi de retrouver la prospérité qui lui permettait de secourir les États au bord du gouffre, en perfusant leur économie. Dans cette humiliation Kadhafi s’ouvrira sans réserve à la présence stratégique de la Russie et de la Chine qui l’auront soutenue jusqu’au bout, avec la Turquie, contre la Ligue arabe qui représente et a toujours représenté son grand défi critique régional (sauf la Syrie). Enfin, perte de l’autonomie européenne de l’OTAN sur les questions de sécurité sub-saharienne et africaine, et peut-être commencement de la perte d’influence internationale des lobbies post-coloniaux des pays européens, notamment français, impliqués dans l’exploitation des ressources minières énergétiques, agricoles ou forestières, des pays africains, et le marché des services (télé-communications, postes, etc.)

Je trouve donc que les journalistes et leurs analystes n’ont pas été pertinents, en général, pas du tout même, sur ce point... C’est toujours la même chose face aux grands problèmes : trop sur l’anecdote, les enjeux électoraux à court terme, psycho-centrés, déterminés, franco-français, sans prospective (par clientélisme, mais il faut se méfier car la paresse gagne et le cerveau qui s’épargne cesse de veiller et de s’exercer), dans un univers régional aujourd’hui informé et pensé avec le monde.

Certes Sarkozy allié à BHL ne sont pas des anges et sans doute ne furent-ils pas agités que par les droits de l’homme, vu les enjeux économiques français en Afrique et en Libye qui demeure stratégique sur le plan franco-européen. S’ils n’ont pas fait dans la dentelle néanmoins ils n’ont pas raté les insurgés en révolution : dans ce temps de tous les paradoxes, sans leur court-circuit la voie des libyens était fatalement désespérée. Ils donnent une énergie nouvelle aux raisons du changement de pouvoir en Libye, en les décloisonnant de la guerre civile pour les aider à intégrer la scène internationale, c’est une façon de croire en eux qui leur procure une respectabilité, et fera peut-être oublier aux journalistes le terme de "rebelles" utilisé à tort contre un peuple soulevé, pourquoi ? Parce qu’il s’est armé pour poursuivre. Même si la reconnaissance du CNT ne leur garantit pas la victoire, cela les protègera peut-être du pire des crimes de guerre. Ce qui est très mauvais pour l’information de ce qui va se produire désormais en Libye, c’est que tous les journalistes étrangers qui couvraient le front de la résistance paraissent avoir été appelés à couvrir le cataclysme terrible qui vient de se produire au Japon... Mais sait-on jamais ? Certes nous revoilà des décennies en arrière.

Quant à nous petits français, ce sont les détours éclairants que les contradictions dialectiques du régime présidentiel constitutionnel soient encore fructifères, par leur ambiguïté finale, dans un monde qui s’innove en renversant radicalement les conventions du précédent. Pour autant il demeurerait à restaurer la réactivité constitutionnelle selon les événements sociaux et la séparation des pouvoirs pour nous sortir des ruines — que les modifications légales diverses de cette présidence et de la précédente et même de la précédente de la précédente ont peu à peu détruite en la modifiant dans le corps propre ou dans les annexes de son bloc indivisible.

Louise_D

 Post scriptum

 On apprend encore (11 mars) que Sarkozy vu les résultats a peut-être négocié la reconnaissance de la CNT par l’Europe, sinon institutionnelle du moins représentative de l’opposition, moyennant l’ellipse que l’Europe doive recevoir des réfugiés internationaux en provenance de Libye ou des Libyens (la peur de l’émigré) qui sont mis sur le dos de ses voisins, Tunisie et Égypte, qu’on accable donc de la présence humanitaire internationale au moment où ils auraient besoin d’être laissés en dehors, tant du point de vue de la présence politique étrangère dans le processus d’une révolution indépendante, au passé confus, qu’économiquement — au défaut de leur propre énergie pour solutionner les ressources des plus pauvres d’entre eux dans ce voisinage, qui ne manquera pas d’apparaître inopportun aux yeux des populations locales.

Les sanctions absurdes se confirment : gel des avoirs nationaux libyens par l’Europe, imitant en cela le gel des fonds de placement aux USA, ce qui n’appauvrit pas l’euro mais au contraire des États-Unis ne retourne pas les débits en profits accrus, parce que l’exploitation des avoir gelés n’est pas autorisée en Europe. Ne lésant en rien la fortune personnelle du Guide et de son clan ces mesures participent à ruiner l’économie nationale libyenne, tout en privant d’un recours secourable l’économie européenne. À échéance le peuple libyen ne tardera pas à "crever de faim" vu les prolongations annoncées ; action sur le pétrole (donc il sera utilisé en quelque sorte par débit ou volé, puisque le droit de l’exploiter est vendu à l’Europe ?) — comme le marché des armes également propriété nationale (?) — et enfin, renforcement de l’embargo sur les armes : ça veut dire quoi "renforcement" puisqu’il y avait déjà un embargo déclaré depuis février ? — que les insurgés deviendront des hors la loi s’ils reçoivent des armes pour se défendre et avancer vers une démocratie ? D’un autre côté le TPI a annoncé qu’il s’intéresserait aux abus dans les deux camps, on imagine bien comment ensuite se négociera par le haut l’égalité des charges, comme entre la Serbie et la Bosnie, ou même Gaza et Israël au niveau de l’ONU. Quand l’argent libyen sera perdu dans le gouffre des exactions pour parer à la guerre des monnaies. Revoilà la Bosnie contre la Serbie se croyant l’héritière de l’intégrité de la Yougoslavie — avec la suite d’un tribunal qui n’a pas pu donner de verdict contre le président Milošević, sinon la poursuite de son incarcération à La Hague où il mourut d’un arrêt cardiaque en 2006, et contre une collaboratrice du Tribunal même, dévoilant les dossiers accablants restés secrets pour épargner les charges. [6]

Que cette Europe et ses compromis dominants sont laids et révulsent ! Ce sont leurs "salades".

Mais ce ne sont pas les salades de BHL même s’il en cultive un bon nombre... si odieux soit-il souvent dans la gestuelle de ses engagements critiques quand il les montre, merci sans réserve pour ses passages à l’acte secourables au soulèvement des libertés (je pense aussi à Cesare Battisti). Puisse-t-il voir autrement Gaza dans les regards de Benghazi.

P.-S.

Tripoli eyewitness : city of fear and silent protests, BBC News, Africa, 10 March 2011.

* 15 mars : Pour qui n’aurait pas encore vu que monsieur Juppé, adepte et co-hô(n)te bordelais des dîners du CRIF contre l’appel du boycott en soutien des palestiniens, où l’ancienne garde des sots qui depuis a fait long feu de l’Étranger avait clamé près de lui "Assignez et je ferai le reste", ce qui finit par entraîner une assignation exemplaire, celle abusive de Stéphane Hessel que l’on sait, pour son engagement déclaré dans le cadre du Tribunal Russel pour la Palestine, n’éprouverait pas de sympathie pour des insurgés musulmans mais plutôt de la méfiance, et qu’à tout prendre Kadhafi serait plus rassurant, en Libye, l’insurrection n’étant aux yeux du diplomate qu’un épisode dans la longue histoire de cette dictature... il est à conseiller le remarquable compte-rendu d’investigation du journal Le Monde, ce jour, très éclairant — quoique selon la précaution des demi-teintes ou de la déviation du sujet — sur la bureaucratie et l’hypocrisie ambulatoires pas du tout prêtes à reconnaître diplomatiquement le CNT quand c’était pourtant le moment, mais à requérir l’humanitaire dans une action militaire autant secourable qu’interventionniste et inquisitrice (cette mission comprenant autant d’"agents de sécurité" déclarés que de personnel humanitaire), au titre desquels contradictoirement un BHL messager put échanger en deux aller et retour la certitude d’un soutien au moins diplomatique des insurgés :
L’insolite cheminement de la mission française, par Nicolas Bourcier, envoyé spécial à Benghazi (15.03.11 | 14h16 • Mis à jour le 15.03.11 | 14h18, Afrique, Récit).
Décidément : Tibérine, Niger, Libye... cet homme enterre les chrysanthèmes avec acharnement avant qu’elles ne soient coupées, à croire que ce n’est pas par maladresse ou singulièrement répétitive. Ses déclarations à Europe 1 aujourd’hui à propos du G8, liquidant Benghazi avant la reddition consommée, sont répréhensibles voire abjects... Il devrait se passer de conclure avant terme, ce serait cela la diplomatie, la différence avec l’exécutif. Tout au contraire, loin de vouloir ouvrir un espace diplomatique à Benghazi il aurait refusé la villa (pourtant honorable) qui aurait été proposée à cet effet, ménageant son projet de retour à Tripoli — bien avant que le rapport de force de Benghazi ne se soit détérioré sur le terrain des armes : il avait déjà choisi son camp et peut-être même déjà commencé à l’aider de ce fait, contradictoirement des apparences.

Voir dans la revue l’article du 5 avril 2011 sous la même signature :
Libye : l’OTAN aide le pouvoir en discréditant et en bombardant la Résistance, mais...

Notes

[1Le logo et le logo de survol de l’article sont les icônes respectifs des comptes Twitter de SL0wZEr (qui a changé son icône pour ce noir la veille de son dernier message) et Abukhit.

[2Ce texte est en partie une réponse publiée en commentaire de l’article Libye : Juppé remanié par BHL, la France seule contre Kadhafi de Daniel Schneidermann, dans Rue89, édition du 11 mars 2011.

[3Le 14 mars la Ligue arabe se serait enfin prononcée pour une No-Fly Zone en Libye, peut-être en échange du silence politique à propos des troupes saoudiennes envoyées le même jour à Bahrain au nom de La Ligue arabe ?

[4Les renseignements américains estiment que Kadhafi l’emportera | Libye

Cyberpresse (CA)

[5] Par suite de sa déclaration critique au MIT, à propos de la maltraitance de Manning par l’armée qui le détient, en Floride, J.P. Crowley à la demande de la Maison Blanche a été contraint de démissionner de son poste de porte parole du Département d’État, le 13 mars 2011.

[6Il s’agit de Florence Hartmann, journaliste et porte-parole du Tribunal sur l’ex-Yougoslavie, jugée pour avoir révélé des documents confidentiels

qui étaient restés lettre morte, sur la Bosnie. (La revue des ressources)

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