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Quid d’Assad, de la paix ? Vous aviez dit : liberté ? 

Allouche mort Assad peut-il vivre ?
Le palanquin de la paix sur la montagne de l’état de guerre « durable »

mercredi 30 décembre 2015, par Louise Desrenards


Ce que je vais dire maintenant n’est pas une recension de l’article cité ni d’un autre sur lequel il s’exprime, mais ce que j’en déduis par rapport à la situation en Syrie à quelques jours de la fin de l’année 2015.


Il s’agit d’une analyse de Michael Hughes dans le Huffington Post du 28 décembre, « Pentagon Mutiny on Syria Dismissed by ’Liberal’ Media » (La mutinerie du Pentagone sur la Syrie évacuée des medias ’libéraux) [1], à propos de l’essai « Military to Military » (Du militaire au militaire) que Seymour M. Hersh a publié dans London Review of Books, vol 38, No1 du 7 janvier 2016 (mais déjà en ligne en cette fin de décembre) [2], sur la révolte de l’ancienne direction du Renseignement militaire américain (DIA) versus la tactique syrienne d’Obama, — et celle de la CIA à l’instar des Républicains. L’article porte sur toute l’importance à accorder à l’essai de Hersh en dépit du silence total des principaux médias des États-Unis sur l’existence notoire de son contenu. Le dévoilement de ces informations concerne pourtant les pierres d’achoppement de l’alternative entre la paix et la poursuite d’une guerre sans fin en Syrie et au-delà, un état de guerre occidental durable.

Autant dire s’il s’agit aussi de l’état d’urgence qui accable la citoyenneté française socialement divisée, accroissant les menaces ajoutées au passage à l’acte terroriste, sur fond de peur et de mort.

Trois situations contradictoires infra-américaines à l’ouvrage, tout autant pragmatiques que simultanées sur le terrain syrien, se révèlent à l’issue de la publication de Hersh, et qui en disent long sur la confusion en Syrie (quoique n’étant pas les seules ingérences pour accroître le chaos fatal). Celle d’Obama, ayant visé à déstabiliser de l’intérieur Assad, dans l’espoir d’une sédition de son entourage pour le renverser, basée sur la continuation d’un dialogue avec le Régime (analyse reprise dans RT International en français du 24 décembre [3]) destiné à être maintenu en tant que structure alternative du pouvoir afin d’empêcher un pouvoir djihadiste ; celle du Lieutenant General Michael Flynn, ancien directeur du DIA (entre 2012 et 2014), lequel confirme que son « agence a envoyé un flux constant d’alertes au gouvernement civil [c. a-d la Maison Blanche] à propos des conséquences désastreuses du projet de renverser Assad », en précisant que « les djihadistes contrôlent l’opposition » ; celle de la CIA, également mentionnée dans l’article de Hersh « Military to Military », mais connue depuis longtemps, d’approvisionner en armement provenant de Libye pour aider militairement, matériellement et financièrement, la guerre des djihadistes en Syrie — synchrone avec l’engagement des Républicains sous les actes de McCain, sénateur chef du Comité des services armés, — et dont Hersh dit : « La C.I.A. avait conspiré pendant plus d’une année avec des alliés, Royaume-Uni, Arabie Saoudite et Qatar, pour expédier en Syrie des armes à feu et des marchandises — destinées à servir au renversement d’Assad — depuis la Libye, via la Turquie. La nouvelle estimation du renseignement a distingué la Turquie comme un obstacle majeur à la politique d’Obama en Syrie. »

Contradictions de fait auxquelles il convient d’ajouter la position politique du nouveau chef du DIA, pour la déchéance de la Syrie et de l’Irak comme nations — et leur démantèlement [4] : pourrait-on considérer que ce point de vue ne discorde plus, après l’opposition du chef précédent, avec l’hypothèse de la guérilla multiple entretenue sur le tas par la CIA, ou au contraire qu’il prenne acte des désordres que la mise en œuvre pratique de la politique du CIA aurait causés, et qu’il jugerait irréparables — dans une question d’efficacité vue d’une rationalité toute militaire ?

Après les rencontres organisées le 18 décembre à Riyad, en quête d’un compromis entre leaders djihadistes du camp multiple de la guerre civile syrienne, attribués par leurs soutiens saoudiens et turcs d’être majoritairement représentatifs de l’opposition en vue des négociations de Vienne, maintenant actualisées par la feuille de route adoptée à l’unanimité le 19 décembre par le Conseil de sécurité, pour une résolution politique du conflit.

Outre des négociations opposition-régime, cette feuille de route prévoit un cessez-le-feu, un gouvernement de transition et des élections dans les 18 mois suivants. Par conséquent, à Vienne, il pourrait s’agir à la fois de fixer la date de déclaration du cesser-le-feu, d’arrêter les composantes du gouvernement de transition et ses objectifs, les modifications constitutionnelles vers une démocratie laïque pluraliste, telle qu’instruite dans les rencontres préalables d’Astana au Kazakhstan. C’est ici que les rencontres de Riyad posent un problème, car elles passent outre le protocole d’Astana 2 qui a mené à la résolution du Conseil de sécurité, et dans ce cadre transgresse la résolution elle-même. De plus elles négligent une grande partie de l’opposition qui combat (les Kurdes, par exemple) et pluraliste non violente.

Or c’est justement l’élu de Riyad et d’Ankara, attribué d’être le leader majeur de l’opposition syrienne, le Général de l’armée de l’Islam, qui dès le 25 décembre succomba en même temps que des généraux de brigades, (on dit 7 leaders sur 10 victimes en tout), dans le bombardement d’une ferme au sud de la Ghouta. Bombardement commis par on ne sait finalement quelle armée (les Syriens ou les Russes). Raciste violent notamment des Alaouites, des Sunnites et des Chrétiens pro-régime, des Chiites, et anti-Assad radical (considéré comme son principal rival), Zahrane Allouche, un Salafiste djihadiste de doctrine wahhabite emprisonné par Assad en 2009, puis libéré dans le cadre de l’amnistie pour tenter d’enrayer les raisons de la montée de la guerre civile en 2011, également haut Commandant de l’union de plusieurs brigades notamment les brigades Faylaq al-Rahmane et Ahrar al-Cham, était réuni secrètement avec des chefs des brigades unifiées afin de préparer une attaque décisive et de grande envergure, à la fois sur Damas et contre le Hezbollah massé le long de la frontière libanaise.

On peut comprendre à travers l’article de Michael Hughes, qui expose la crainte du DIA autant que celle du département d’État des États-Unis de voir les djihadistes s’emparer du pouvoir global en Syrie, que l’élimination de ces chefs n’aille pas contrecarrer le processus de paix dit de Vienne, contrairement à ce que diffuse la Presse propagandiste et anti-chiite pour le départ d’Assad et contre le Hezbollah libanais.

Mais on peut craindre aussi que le démantèlement de la Syrie comme nation (et de l’Irak) s’annonce ; on se dit que la fragmentation territoriale cadrée par la multiple répartition ethnique et tribale toujours négligera un groupe au moins, forcément, orphelin du partage du territoire — ce qui ne supprimerait pas les menaces d’affrontements inter-communautaires. À moins que ces territoires ne soient annexés par d’autres nations régionales : une hypothèse « coloniale de proximité » serait-elle derrière les suggestions du nouveau chef du renseignement au service du Pentagone, quand il avance une trop grande dispersion d’intérêts et d’antagonismes divers [5] ? S’agit-il d’une hypothèse de réconciliation des points de vue au plus haut niveau de l’État américain, ou d’une nouvelle division — et dans ce cas d’une quatrième option, pas très éloignée des actions engagées en Syrie et en Irak par la CIA ?

Évidemment, toutes les brigades atteintes en pleine tête par les bombes du 25 décembre sont adeptes d’un grand État syrien Islamique en dépit de certaines concessions ethniques finales, ont toutes commis des atrocités de masse contre les populations de leurs ennemis ethniques ou tribaux, et contre de leur ennemi national, ont enlevé et assassiné des personnalités laïques et sont les demanderesses sans compromis du départ d’Assad avant la période de transition — exigence imposée à Riyad par Zahrane Allouche lui-même avant sa mort, et relayée par les « Amis de la Syrie ». Si Assad et le régime ne refusent pas d’admettre la nécessité des amnisties, d’ailleurs leurs propres actes dans la guerre en étant également passibles donnerait l’échange en amnistiant ses adversaires. Par contre l’opposition en est encore à la vengeance et à la loi du Talion qui n’offrent pas des conditions de justice possible pour la suite. Il ne s’agit pas seulement d’Assad mais d’un volume de population syrienne plurielle qu comprend aussi des Ismaéliens répartis entre plusieurs communautés ethniques, et des Arméniens réfugiés depuis d’autres sombres années.

Forcément l’information de la rencontre secrète mortellement ciblée a été transmise par des services secrets (on annonce ceux d’Assad certainement performants, mais aussi ceux, — contradictoires avec la CIA, — des renseignements américains en direction d’Assad via les Russes, et toute leçon étant prise, cette fois en accord avec la Maison Blanche peut-être ?)

Cela apparaît comme un pari radical cadré par une politique américaine réconciliée avec elle-même par le haut. L’objet pourrait être de désinvestir les Turcs et les Saoudiens de leur revendication représentative des Syriens, en perspective de leur abus de pouvoir annoncé par l’intransigeance de leur proposition locale et régionale dans les négociations de paix, où il n’était pas prévu de discerner un camp victorieux mais de trouver un compromis de coexistence reconnu par l’ONU (sans lequel il ne pourrait y avoir ni de paix durable ni de retour des réfugiés), mais de plus une tactique en vue de leur soustraire a priori une domination coloniale ultérieure à l’issue de la guerre, assurée par les membres d’une transition et une réforme constitutionnelle complaisants. L’hypothèse américaine d’un rapport de force comprenant les Russes et les Iraniens se tient. Enfin, la disparition de plusieurs leaders syriens extrêmes tient lieu de pare-feu contre une guerre qui s’exporte en Europe et relance le processus violent en Afrique. La perspective de libération de ce front de guerre non par un camp victorieux mais par une « paix des braves » qui intègre plutôt que désintègre, éviderait de son objectif la propagande djihadiste en Europe et de son utopie sacrificielle le califat, comme bonheur supra-national de la société migrante du djihad mondial.

Forcément encore, dans les préoccupations diplomatiques occidentales, la paix sans laisser en Syrie un foyer de soutien au djihad international compte, et se présente comme si la diplomatie française au-delà de ses projets à moyen terme n’avait pas saisi le mouvement dans son ampleur, pendant qu’Assad tenait au long des années sous l’assaut des organisations du renouvellement continu du djihad, dont l’armement performant leur permettait d’accroître singulièrement leurs territoires sous occupation. Parce que seul représentant officiel de la nation syrienne Assad était aidé dans sa proximité régionale par des partenaires politiquement solides et loyaux, et une grande puissance paria qui n’avait pas l’intention de le rester.

Car la guerre civile en Syrie devint extrêmement rapidement le fait d’un djihad mercenaire en provenance du monde entier, fondé par la propagande occidentale officielle anti-Assad, pour justifier l’ingérence visant à le renverser au nom des droits de l’homme et des peuples. Faux drapeau masquant d’autres raisons depuis révélées. Libertés qui toutes auraient été négociables (la preuve étant le commencement des réformes, la mise à la retraite hors de Syrie des vieux bourreaux de Hama, et la capacité d’amnistie également applicable aux opposants durs). Or nous savons tous aujourd’hui les enjeux de la chute d’Assad dans la géo-stratégie des ressources et la géopolitique. Il n’a pas été confronté à l’intervention des corps d’armées étrangères sur le sol, du moins l’a-t-il été aux combattants libres de leurs choix et toujours renouvelés, dont le départ fut un temps favorisé, — ceux-là même qui se sentant soudain trahis par le retrait de leurs pays natifs, alors que ceux-ci avaient fermé les yeux sur les filières de leurs départs, acceptent avec enthousiasme d’y revenir pour assassiner en série et se suicider sur le tas de leurs victimes. Certains étaient partis par idéal, d’autres à l’image narcissique totalement détruite par la société française, pour trouver une condition honorable dans un engagement communautaire. Et la guerre des guerriers venus de partout et de nulle part a donné un coup de fouet à la doctrine exclusive et répressive du djihadisme wahhabite en conquête, partout dans le monde délocalisé de la déception sociale et utopique de l’Occident — qui lui offrit les plus violents combattants. Djihadistes sans répugner au colonialisme de peuplement, partout où les syriens avaient fui, ou d’occuper sous leur règle les populations restées sur place, oubliant qu’en d’autres temps ils avaient pu protester contre les colonies de peuplement et l’occupation israéliennes en Palestine.

Personne ne doute que la drogue joue un grand rôle dans la guerre du djihad, comme autrefois Guevara s’impliquant dans la guérilla africaine l’avait dénoncé dans cet autre cadre ; mais ceci n’explique pas le fond occidental déprimé qui préside à cela ni les enjeux supra-nationaux qui l’exploitent. La guerre du djihad ne résout pas les problèmes de l’Occident par l’évacuation de la vitalité de ses « moutons noirs » ou de ses « brebis galeuses » laissées sans soin ou encore de ses fous trans-exploités pour remodeler les zones convoitées, mais elle les accroît.

« Quelques heures après la disparition de leur leader, les principaux responsables du groupe ont élu un nouveau chef, Abou Hamam al-Buwaydani, un combattant de 40 ans » [6]. Ici, FranceTV Info légèrement partisan oublie simplement de préciser que Abou Hamam al-Buwaydani est un Frère Musulman, et comme les leaders sont morts, on se demande bien quels leaders l’auraient immédiatement élu pour remplacer le djihadiste salafiste Zahrane Allouche... sinon par choix impérial des puissances de l’ingérence qui les soutiennent, pensant offrir ainsi à l’Occident une vision plus modérée de la tendance diplomatique turco-arabo-saoudite.
Dans l’affaire, ne pas négliger le Qatar qui avait lancé la guerre en 2011, qui n’était pas tout à fait retiré de la scène, qui soutient les Frères Musulmans et héberge en le contrôlant Meshal, le leader du Hamas, garantie que celui-ci se maintienne opposé à son ancien soutien Assad, ainsi que les Palestiniens solidaires des Frères Musulmans sensés se reconnaître solidairement en lui sur le front syrien, depuis qu’il a fui de Damas, ville d’accueil de son exil.
Mais la question de l’unité des Palestiniens réfugiés en Syrie sous la bannière du Hamas reste ambigüe sur le terrain à cause du Hezbollah, principal partenaire militaire du Régime, pourtant resté solidaire de la résistance à Gaza, et il pourrait même jouer un rôle en mineure dans les négociations ou les informations directes pour le retrait des djihadistes sur le terrain.

Pour autant, un moment après l’opération "éradicale" des chefs de l’opposition syrienne islamique, on a pu lire dans la Presse favorable aux « Amis de la Syrie » que la mort du leader salafiste aurait entraîné un arrêt du retrait des djihadistes d’autres mouvements (EI et Front al-Nosra — la branche syrienne d’Al Qaïda) et de leurs familles (évidemment émigrées) autour d’Alep et à Alep, pour se replier plus au nord et en Turquie ou vers l’Est (vers Raqqa, ou en Irak, vers Mossul), selon ce qui avait été conclu avec la médiation des populations locales entre le Régime et ses opposants armés.

En fait, ce retrait supervisé par l’ONU, d’autant plus édifié après la résolution du Conseil de Sécurité, a repris (et n’avait peut-être même pas cessé). Ces décisions visaient d’abord à mettre fin à des situations de blocus dont souffraient aussi les populations civiles sous occupation. De même, les réfugiés syriens aux frontières libanaises sont également déplacés sous l’autorité de l’ONU vers les mêmes régions, excepté ceux qui ne sont pas hostiles au Régime sans en être partisans et qui sont accueillis près de Damas. Ce qui laisse espérer que le Hezbollah soit libéré de la garde des frontières en position syrienne où il avait été assigné par le Liban pour empêcher l’invasion du djihad — déjà en position de force à Tripoli et agitant les réfugiés dans la plaine de la Bekaa, — puisse bientôt regagner sa place habituelle, c’est-à-dire la défense de la Bekaa et la prévention d’une invasion israélienne au sud-Liban, et finalement dans un Liban restructuré par la démocratie plutôt que par les influences étrangères, se rabattre principalement sur sa présence militaire dans l’armée nationale libanaise (dont il constitue une grande partie des effectifs sinon la principale), après avoir souffert et perdu beaucoup de combattants dans la guerre syrienne.

Ensuite, que vont faire les puissances régionales flouées de leurs prétentions hégémoniques impérialistes sur la Syrie ? D’une part, quand on ne peut trouver de certitude d’une réconciliation de la politique américaine sur le cas d’Assad, et sachant d’autre part que mettre en ellipse les Russes pour réaliser l’équilibre au Moyen Orient — et aux confins de l’Europe, en comprenant la question de l’Ukraine, — soit devenu impossible : alors, Assad à terme est-il sur une kill-list convenant à la Coalition inclus les Saoudiens et les Israéliens et sur laquelle les Russes fermeraient les yeux (mais ceci annoncerait une Syrie éclatée, quand les Américains ni les Russes à leur porte ne veulent une hégémonie syrienne islamique), ou protégé, à moyen terme en tous cas, par des accords secrets russo-américains (ce qui confirmerait la tentative de maintien de la nation syrienne vers des élections assurant d’en poursuivre l’intégrité nationale) ? De toutes façons même s’il ne devait rester qu’à court terme il ne gouvernerait plus seul. La Syrie émergera-t-elle sans souveraineté, sous un contrôle international ? Ce pouvait être le sens d’un des derniers aphorismes publics de Kerry (reprenant la suggestion du nouveau dirigeant du DIA ?)... Allez savoir !

On avait pu penser que la complexité de la guerre de Syrie pût relever d’un algorithme qui en avait prévu la fin. Si ce n’était la fin, pour nous, victimes des doubles contraintes et du liberticide pour permettre à la guerre de se poursuivre : quel serait l’algorithme ?


Logo : « Syrie : Image du raid qui a tué Allouche », photo diffusée par Media de guerre de la résistance (source officielle syrienne), publiée dans Al Manar, le 26 décembre 2015.


[ Mise à jour ] Une traduction de l’article cité de Seymour Hersh a été publiée sous le titre « Échanges entre militaires » dans un blog Mediapart du 4 janvier (suivre le lien).


P.-S.

 Il est à noter que le Mouvement pour la société pluraliste fondé et co-dirigé par Randa Kassis ancienne présidente du Comité National Syrien, démissionnaire dissidente sur les questions du recours à la lutte armée et a fortiori de l’armement des djihads takfiriste et salafiste par des membres et des organisations représentés dans le CNS, n’a pas participé aux rencontres de Riyad où ceux-ci étaient en première place. Par conséquent gardant sa distance pour des raisons politiques claires, compte tenu de la domination monarchique autoritaire sous l’égide religieuse intolérante du wahhabisme, les rencontres de Riyad excluant d’autres partenaires pourtant autant concernés par l’avenir de la Syrie que ceux de sa propre obédience politique, constituaient une imposture dans un détournement par influence du cursus pluraliste qui avait été prévu, alors que Randa Kassis en tant que représentante du mouvement démocratique laïque avait participé à toutes les rencontres préalables, notamment celles d’Astana dont la dernière inspira les termes de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée à l’unanimité le 19 décembre 2015.

Voici la lettre du Comité d’Astana envoyée pour mémoire en contrepartie des Rencontres de Riyad, Comité dont la Présidente du Mouvement pour la Société pluraliste fait partie, lettre portée à la connaissance publique par ses soins dans les réseaux sociaux :

Lettre adressée à l’Envoyé Spécial de l’ONU pour la Syrie, l’Envoyé Spécial des Etats Unis pour la Syrie et Le Vice Ministre des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie.


Votre Excellence,

Le comité d’initiative d’Astana a œuvré pour trouver une solution politique en
Syrie. Étant donné la situation actuelle en Syrie, nous souhaitons attirer votre
attention sur les points suivants :

La conférence d’Astana S’est tenue dans la capitale de la République
du Kazakhstan à deux reprises en 2015 du 25 au 27 mai et du 2 au 5 octobre.

Ces deux conférences ont abouti à un accord entre opposants
nommé "Initiative d’Astana" dont le but est de faciliter l’aboutissement
du processus politique.

Avant la tenue de ces deux conférences à Astana les membres du comité de
suivi ont eu des contacts avec les Nations Unies, en particulier avec l’envoyé
spécial de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura, ainsi qu’avec certains
membres permanents du Conseil de Sécurité, en particulier la Russie et les
États Unis. Nous les avons conviés à assister à la première session qui a eu lieu à Astana. Ces deux réunions ont rassemblé 70 opposants syriens, représentants la diversité des partis de l’opposition syrienne.

L’initiative d’Astana, correspond à plusieurs points du communiqué final de la réunion à Vienne ainsi qu’à la résolution 2254 de l’ONU sur la Syrie votée à
l’unanimité par les membres du Conseil de sécurité voici quelques jours.

Nous constatons que l’Arabie saoudite n’a pas suivi les critères et les accords
convenus à Vienne par la communauté internationale lorsqu’elle a
organisé une conférence avec un groupe d’opposants syriens à Riyad
sélectionnés dans des conditions obscures. L’attitude de l’Arabie Saoudite
depuis le début du conflit et le fait que les autorités saoudiennes aient
notamment attisé les tensions entre les communautés et favorisé l’émergence de groupes de combattants extrémistes en Syrie les disqualifient pour participer au processus de négociation qui mènera à la paix en Syrie.

Par conséquent, nous saluons les efforts des pays qui ont permis d’aboutir à la résolution 2254 de l’ONU, qui est un pas positif qui contribue à mettre fin à la souffrance du peuple syrien.

Nous affirmons notre détermination sur la nécessité de la participation de tous les représentants de l’opposition syrienne "non-terroriste", sans exclusion de quiconque ni de donner une préférence à une coalition ou à un rassemblement politique en dépit d’un autre.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur, l’expression de nos sentiments
distingués.

Comité de l’Initiative d’Astana

 Pour information : Randa Kassis est citée par Olivier d’Auzon (Écrivain, juriste et consultant auprès de la Banque mondiale, auteur du livre Le grand échiquier de Poutine) dans son blog du 27 décembre 2015, « Quand l’ONU mise sur la paix en Syrie », Al Huffington Post Maghreb — francophone.

Notes

[1Michael Hughes, « Pentagon Mutiny on Syria Dismissed by ’Liberal’ Media », The World Post, The Huffington Post, 26 décembre 2015.

[2Seymour M. Hersh, « Military to Military », London Review of Books, Vol 38n Bo1, 7 janvier 2016.

[3« Les Etats-Unis auraient essayé de réaliser un coup militaire en Syrie durant des années » RT International, 24 décembre 2015.

[4Ken Dilanian, The Associated Press, « DIA chief : Iraq and Syria may not survive as states » Military Times, 10 septembre 2015.

[5Ibid. Note 4.

[6Laurent Ribadeau Dumas, « Syrie : la mort de Zahrane Allouche, un important chef de la rébellion », Geopolis, FranceTV Info, 27 décembre 2015.

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