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LE LIVRE DE CELUI QUI PLEURE
« Ce n’est pas ton mensonge qui me bouleverse
mais de ne plus te croire. »
Friedrich Nietzsche
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1.
J’échange des mots contre des mots.
Je profite de ces quelques signes
pour te parler
autrement.
Ils révéleront quelque chose de ma pensée
même si je ne sais pas m’exprimer.
2.
La difficulté d’être en vie affole l’esprit.
Être uniquement porté par le regard des autres — et voici celle ou celui qui ne sait pas, par lui-même
trouver sa nourriture.
La difficulté d’être en vie, pourtant, est une chance.
3.
Être au plus proche de la sève de chaque jour.
J’ai vu le monde sous une pierre.
J’ai entendu un chant.
Attendre, observer.
Écouter
et
jouir.
La discipline — l’exigence la plus haute.
C’est à dire être
pleinement
à l’endroit du jeu.
Est-ce cela rejoindre la conscience de l’espace ?
4.
Il existe plusieurs chemins pour ne pas se trahir soi-même.
Face au mépris de celles et ceux qui, devant le vrai, ne ressentent que du danger, que faire ?
L’attaque plutôt que l’esquive — avec ce risque de tout perdre (tout et l’entier des efforts précédents).
Et revoici le piège !
Non — considérer l’adversaire.
Pour le oui.
5.
En vieillissant, l’attrait du gain, parfois, prends le dessus.
Les efforts pour comprendre et s’apaiser semblent vains.
Quelque chose — une force — se retourne
va et vient, disparaît
revient
affublée d’un bien étrange visage.
Serait-ce l’une des stratégies paradoxales du moi ?
6.
N’est-il pas magnifique ce vent blanc sur les crêtes…
Il donne au visage le froid nécessaire.
Malgré toutes ces relations souillées.
7.
Les mots servent aussi à notre équilibre.
Les mots sont notre eau.
Les mots ?
Nos pensées — hors de la bouche.
8.
L’ombre accompagne chaque pas.
L’ombre (une traîne)
cherche à nous influencer.
Amie ?
Ennemie ?
9.
Une fois l’obstacle écarté naît la claire lumière.
10.
L’onde caresse la grève.
Du sable, de l’eau
et
du sel.
Quelle est cette vie
si riche
qui s’abreuve ici ?
&
11.
Chaque jour grandit l’idée du monde.
Proche des falaises
un peu de nous s’effrite
et disparaît.
Dans la forêt, cet immense parterre d’herbes sauvages.
L’aurore — un grand mouvement circulaire.
La Nature s’allie à notre nature
et l’équilibre
naturel
qui naît de cet échange
s’appelle la vie.
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Envoi
En hiver, il neige
en été, le sol reste sec.
Lorsque certaines valeurs s’inversent
la tempête s’installe.
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