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Où étais-je du temps où la terre était plate 

Six poèmes inédits de Stéphane Casenobe

lundi 22 avril 2024, par Stéphane Casenobe

Dieu ne prescrit pas de médicaments sur ordonnance !

Il n’y a nul retour possible en poésie moderne
Aucun échappatoire
Aucun accès non plus
L’obscur ne m’a pas menti…
Il est tard pour rentrer au bercail ce soir
J’écris bien au-delà de mes mots
Au-dessus de mes forces
Par ici toute littérature est absente
Égarée en chemin
Je me réveille au bord du siècle à venir
Je ne m’habite plus
Les mouches se modernisent elles aussi !
Pourquoi pas moi ?
Les sciences du mal me rongent de l’intérieur
Les techniques carnavalesques m’absorbent littéralement
Je peux mieux faire
Je peux m’améliorer…
Millions de prophéties pour autant d’habitants
Sans en retrancher un…

Quelle est cette aile noire qui me masque la vue ?

Je sais de mémoire l’horaire des retours au bercail
Personne ne sait rien de moi ni de mes mots
Il n’y a rien à savoir de mon histoire
Je suis un piéton c’est tout
Rien d’autre
En vérité on ne se connait pas !
Qu’est-ce qu’on y gagnerait au fond ?
Dans ma chienne de vie je vais jusqu’au bout
Oui
Je renaîtrai vierge ou je ne renaîtrai pas
Je crains la vie plus que la sainte mort…
Je vis très en-deçà du seuil de poésie
De pauvreté aussi
Je prépare la voie à des anges experts en poésie moderne !
Une arme littéraire ne serait pas de trop
Car j’ai trompé mon propre système immunitaire
Ici c’est l’évidence ?

D’un Rimbaud relatif à un autre absolu !

Il me faut m’incarner en urgence
J’attends çà je sais faire
Où donc est passé le message qui n’est qu’illusion et néant ?
L’œuvre est close
Je passe des portes et des portes…
Je m’ouvre à la lumière fossile
J’écris jusqu’à brûler les anges de l’intérieur
L’exacte blancheur où l’esprit respire encore !
D’un signe laissé par ce qui passe en soi
Par soi
Avec les ténèbres pour boussole !
Usage du temps qu’il me reste
Je crois au ciel chrétien entre des murs silencieux
Car l’énergie de la prière est la plus pure
Dieu ne fait jamais deux fois la même erreur !
C’est sans appel
Je veux dire c’est sans retour
Oui
L’heure passe…

Piéton sans voyageur

Et je me fous du choix des mots que j’utilise
Que j’emploie
Sans avoir à me dissimuler
Oui
J’écris sans avoir à me dissimuler des autres poètes
Je mesure le temps perdu à écrire…
Je n’ai jamais été si blessé de ma vie !
Car c’est l’heure mauvaise !
Je prends la menace au sérieux
Qui me menace ?
Le lecteur prédateur me menace
Je suis une proie facile
Désignée
Deux grands êtres se parlent au-dessus de moi
A travers moi
Qui sont-ils ?
Ni proie ni prédateur…
Alors quoi ?
Alors qui ?
Ceux qui écrivent pour de mauvaises raisons
Pour de mauvais alphabets
Usées sont mes énergies
Comme passer ou espacer

Et je remercie ceux qui me rendent le chemin difficile

Et pourquoi le bon dieu nous-a-t-il fait égaux ?
Je ne dirai plus mes prières en public
J’agonise
Le goudron est encore chaud dans mes poumons…
Car c’est l’enfer mon prochain gîte !
C’est l’écriture intérieure qui me guide
Les temps nouveaux menacent et mes mains se joignent
A permettre un geste un seul…
Oui
Je bouleverse les cycles naturels des mots d’emprunts
D’ici
Le jour peut se lever je ne crains plus rien !
Le jour vient après les mots je crois ?
J’écris très au-dessus des yeux
Vers quel inaccessible ?
Mon erreur d’écrire est totale !
Je m’égare magnétiquement
Je rattrape néanmoins les comètes tout en salopant la planète !

Je passe de la brûlure à la lumière et réciproquement

Et j’hésite encore à vieillir
Saloperie de la bonne conscience !
Aller plus au sud que l’on peut…
Je me succède sans renaître
Y suis-je enfin ?
Car je n’ai plus que la prière pour écrire
Les mots sont une maladie dont on ne revient pas indemne
Le poète fait-il partie du plan ?
Celui qui s’incarcère en moi est emmuré et celui qui s’incarne l’est tout autant
Car je porte les mots des autres
Tant de messes inutiles et de spectacles gâchés…
Moi qui ne comprends rien à presque tout !
Mais nul n’a la phrase entière
Il n’y a pas d’heure quand on est un enfant !
Pour que les oiseaux migrent vers la chance
Pour quelques larmes collectives ?

P.-S.

Je suis né en 1973 à Saint-Ouen. Je me consacre au théâtre à 19 ans. Je participe à plusieurs projets nationaux
et tournées. Parallèlement à cela je publie dans plus d’une centaine de revues et anthologies et neuf ouvrages à
compte d’éditeur dont le dernier à venir « Seuls les enfants vont plus vite que la lumière ! » aux Editions
Luna Rossa. J’anime mensuellement la section poésie du comité de lecteur de la Médiathèque Persépolis à
Saint-Ouen.

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