*
ondoyante imperceptiblement
au cri du soleil fixe
longue courbe pâle
aspire expire l’intemporel
promesse bleue
au plan de nature verte
vibrante offerte
adorable
*
calme remarquable
surtout ne pas aller
au bord de la mer
travailler
oui c’est ça travailler
comme ça
à blanc
dans la vacance
*
quelle puissance romantique
on a les yeux mouillés
de tendres émotions
dit blanche à califourchon
sur les colonnes de buren
sur son corps me mouler
béat bébé fleur bleue
*
anouk me ravissait
rien que pour effleurer ses lèvres
je vendais des glaces multicolores
rien que pour la voir nue
j’achetais une lunette astronomique
rien que pour entendre sa voix
je me cachais dans le manteau de sa cheminée
et rien que pour incendier son coeur
j’attisais le bleu des flammes
*
suada s’épile au caramel
être poilu n’est pas un vrai problème
s’épiler n’est pas nouveau non plus
marmonnai-je dans ma barbe
*
j’aurais voulu connaître
les secrets des jeunes filles
le soir dans les dancings
des barrières de paris
mais je n’ai connu qu’elle
mon improbable amour
au bar bleu de venise
elle avait juste quinze ans
ce serait prodige étonnant
le jour fraîchit le jour s’éteint
qu’elle ressente cette nuit
cette nuit étoilée
ma tête lourde sur ses seins
*
le dos-bleu au monocle
demanda à la postière nubile
une chaise pour s’asseoir
la demoiselle des postes
rêvait d’un perfecto
d’une cadillac rose
de santiags en croco
alors en ni une ni deux
décidée à faire contre bonne fortune
un haut-le-coeur
elle saisit les cactus
et les aima
la néva recommencée
plus de dents petite mère
*
bonne anna
n’est bonne sans thé
je suis ébouillanté
dans son samovar d’or
elle m’offre un collier d’ambre
virevolte et s’évanouit
dans un miroir bleu nuit
*
dix minutes dix minutes
je l’ai follement aimée
c’était l’été elle avait dix-huit ans
vêtue à peine d’une robe à pois grisette
elle se roulait dans un carré d’herbes bleues
je la prends par la taille elle éclate de rire
aussitôt je m’installe à l’arrière de son vélosolex
nous avons remonté la rue gay-lussac
descendu en trombe le boulevard saint-michel
depuis si je vous dis
qu’alors que je ne l’aime plus
je l’aime encore
tant qu’aultre n’est fors elle a mes yeux belle
me croirez-vous sur parole
*
un jour elle m’a dit
j’ai envie de t’étrangler
un autre jour
elle m’appelle mon bijou
pourtant il me semble
que je suis toujours aussi délicat
retire ta culotte bleue
que je vois ta touffe
avant de m’endormir
aurais-je dit sans le vouloir
*
chevelure châtain mouillée et collée
je porte d’épaisses lunettes de soleil
imitation écaille de tortue
mes lèvres roses enserrent un gros cigare
succédané de havane
sur une table blanche on voit un grand verre
d’ersatz de jus d’orange
la mer est bleu kodak
j’ai dix-sept ans
la photo est floue
*
si les vives rondeurs
comme une adolescente
échappent à ses charnières
comme à ses panneaux blancs
ô qu’elle lui laisse au moins
porter ses vêtements
jouer avec ses rêves
la protéger du vent
et si une nuit étoilée
elle daigne le déplier
il s’illuminera
de mille et une étoiles
*
les sapins ruissellent de lumière noire
la bière coule à flots
aussi à la blancheur de l’aube
les mains rougies des pépiniéristes
un monde proche continue
d’une présence muette éteinte
pourquoi tu pleures chloé
dis pourquoi tu pleures
puisque le ciel est bleu
*
glissant des draps bleus
avant le lever du soleil
claudie s’en va cueillir
des fleurs de molène
quand je me réveille
sa culotte sèche
sur le poêle en faïence
le chien fume
il y a une tasse de bouillon-blanc
sur la table de nuit
*
je me cogne contre sa porte
et elle se tient dos à la montagne
sans être à elle adossée
le bleu au front
viens parle anglais
dis moi je t’aime
comme à un inconnu
qui aurait de l’encre sur les doigts
*
ardente coïmbraise
vive comme une voile
elle aime les carreaux de faïence
les échelles des bibliothèques
les reliures dorées au fer
quand la chèvre bêla
brûle mes rubans bleus
murmura fernanda
gravement fermant les yeux
*
elle était pipière à Soho
de bruyère ou d’écume à coeur
le point rouge de son fourneau
aussi vaillant qu’un remorqueur
en volutes bleues culottées
on se pressait dans son réduit
pour voir à la gouge creuser
tailler des pipes virginy
blague à tabac et pipe en terre
si ces vers sont de poésie
mieux ferais-je rouler du gris
en fumer quitter l’engleterre
*
des bleuets des lis des coquelicots
peints sur un clavecin de salon
tu as bu ce sont des anges
me dit carlotta
le château est vide
l’aube va bien paraître pourtant
le coq chanter
s’ouvrir les fleurs
*
je ne tiens pas debout sur mes jambes
tu as les cuisses dures comme du béton
ton sexe est puissant comme un étau
le mien haut bas fragile
tu ris de ma faiblesse
tu dis je ne veux pas d’homme dans ma vie
vois monstre adoré si je suis un homme
si délicat si tremblant tout juste une feuille
ne peux-tu glisser dans un livre
dont tes doigts enchantés
auraient tourné les pages
et me laisser bleuir
comme du papier de tournesol
*
le lit de lam
grince sous le lai de lou
grincent les girouettes
et les portes bleues des prisons
le lit de lam
grince sous le lai de lou
crissent les dentelles des mulâtresses
et l’on entend à peine les tambours
*
ondoyante imperceptiblement
aux cris du soleil fixe
posée obligatoire
de la civilisation
marque frémissante
au plan de nature froide
longue courbe pâle
aspire expire l’intemporel
éclatante bleue
au déclic objectif
vivante offerte
adorable
*
superbe mésange
postée dans le sorbier
effrayée d’un chat bleu
admirable sur l’asphalte
ignorante du geai
dévorant sa couvée
un diamant de rosée
irise sa tête noire
*
sourd à l’averse
qui inonde les cendres du renne
insensible au danger de la forêt
son idée étant que la planche
soit de longueur égale
à la grossière toile bleue
qui lui servira de linceul
alors bercé par les filles de mana
il attendra le traîneau du grand vieillard
si douce est la main
qui ferme la bouche
si douche est la flèche qui tue
comme le frôlement du soleil
*
étourdie de théâtre
revenant à cheval
cri de joie
dans le bleu d’une flache
claire aux mains si fines
a trouvé un diamant
qui brille de l’éclat
des amours enfantines
*
cette voix d’outre-tombe
uniforme des distances
c’est l’aube
éternelle ouverte
où tu transparais sans âge
étrange désirable
je te bois comme un miel
qui prolonge ma vie
je hoquette je bleuis
je veux te faire l’amour
*
vite un saut périlleux dans le chaud labyrinthe
de son vaste atelier jardin de ses désirs
soleil à la croisée enivrantes odeurs
une femme se devine un oiseau bleu s’envole
fadia dans les embruns les appels de la mertoit pour toi
l’hirondelle
*
la montagne bleuit à son faîte
charlotte se réveille
se frotte le dos
se lève les lèvres
descend la vallée
viens dis moi je t’aime
comme à un inconnu
qui aurait de l’encre sur les doigts
*
imela boudeuse
s’assoit sur le capot
d’une automobile criblée de balles
elle pose très bien
elle pense que la vraie vie est ailleurs
elle a dix-sept ans
dans sa commode
des blue-jeans des t-shirts
sur son balcon
des carottes des tomates
*
les philosophes
parlent du consensus
de jeux de langage
d’art de l’entente
mais mon amour est mort
d’errer dans la lumière
au fil des poèmes
épuisé dans le bleu
*
la pensée s’agenouille
la pensée se relève
la pensée est pensée
et l’amour est la mort
la pensée et l’amour
la tortue éphémère
la libellule lente
l’espace et l’infini
*
homme terrible
vérité de la corne
habit de sueur
sang de lumière
quand il meurt
dans le silence de l’hôpital
la lune est bleue
aux deux pointes semblables
*
toi et moi l’avons toujours su
dans le dépli du bleu
la poésie est admissible
il nous plait de confondre
toutes les couleurs en une
on aurait pu l’appeler rire pleur
ou feuille ou rouge ou fleur
tout autre nom de couleur que l’on aurait reconnu
*
dans l’enjambée poétique
insistance de bleu
les mots s’effacent
la couleur reste
les nuances s’éprennent
du silence du dire
il est temps de se recueillir