La Revue des Ressources
Accueil > Création > Poésie > Entre micro- &t méga ...

Entre micro- &t méga ... 

lundi 18 avril 2005, par Oreste Scalzone

Oreste Scalzone, intellectuel italien a entamé une grève de la faim le 7 avril 2005, en solidarité avec la mobilisation pour une mesure d’amnistie en faveur des détenus dans les prisons italiennes ; il a été hospitalisé suite à un malaise dû à une sévère chute de tension qui persiste. Il entend poursuivre son action. Oreste Scalzone, fondateur de Pouvoir ouvrier avec Negri, et premier des réfugiés politiques italiens après une incarcération qui lui coûta d’atteindre les limites de sa santé, personnalité culturelle et politique reconnue, aujourd’hui résidant officiellement en France, se sent redevable de ses amis emprisonnés.

Les médecins prendront des décisions en fonction de son état de santé. Nous publions par avance un texte qu’Oreste nous a envoyé.

...Espoirs, malgré tout (enfin, malgré beaucoup ...), ...promesses/résolutions [auto-promesses... “de marin[e]” ?], angoisses, peurs, regrets, manques, cris et chuchotements, hurlements raisonnements... les mots, paroles diverses/égales, con-/dis-sonances, seraient toujours trop/pas assez : mieux vaut (semel in anno..., “une fois n’est pas coutume”...), se dire, "Je n’ai pas des mots".

Ou alors dire les plus frustes, c’est vrai ; mais alors aussi respirer, sourire, "qu’est que vous faites, Madame, il fait si chaud.. ;", "Vive les révolutions !", "ça va ?", "on fait aller..." sont galvaudés, manger aussi l’est, et naître, [en] mourir, se révolter et non, sens&nonsense, Que faire ?, qu’est qu’on fait ?... un panettone ou non, alors, est galvaudé, par l’usage le ré-usage, ou non.

"L’”homme” est old fashion", dixit un type sympathique (mais... ne commençons pas avec les exergues... type "Un homme libre, quand il est battu, ne jette la faute sur personne", ou "je préfère être méprisé, que craint", mais aussi des milliers encore).

Comme on use le dire, pour ainsi dire le malgré... sinon “tout”, beaucoup, "Bonne année !", et faisons - pourquoi pas ? - Le jeu du 10 août, la nuit de San Lorenzo et les étoiles filantes, même si le ciel est "couvert” : jeu d’exprimer des désirs, de croire pour un moment qu’ils se réaliseront.
Le maximum de la singularité, et de la comunanza, ensemble dans cette persistance résistante, vitalité désespérée, forme de puissance.

Chacun pense “aux siens” [le masculin est ici emprunté comme “général-abstrait” ...] : dans la sphère de proximité de territoires existentiels, à un certain nombre de nous autres [nosotros, nojaltri...] viennent à l’esprit - comme “prochain singulier que nous avons comme tel en commun”, Paolo, et Cesare, et les autres femmes et hommes qui ont été menacés et du même destin... [On [re]part d’eux, d’elles : et cela non pas par localisme, familialisme, prétention corporatiste, forme de [co]égocentrisme, vouloir nous appliquer un “poids” spéciale ... il s’agit d’un point pour nous ... comment dirais-je... aigu qui est le nôtre, qui nous est proche... chacun le sien, un point de départ, pour élargir, s’ouvrir, pas pour s’y retrancher/rétrécir...

___________________________________________________
entre micro- &t méga ...)

... speranze, malgrado tutto (malgrado... molto , in ogni caso)... promesse/auto-promesse [“da marinaî/e/...” ?], angosce, paure, regrets, manques, sussurri grida urli ragionamenti... Le parole, diverse &d eguali, con-/dis-sonanti, sarebbero tropp’&sempre troppo poche : meglio - semel in anno - dire, dirsi, “non ho parole”.
O dire le più logore, è vero ; ma anche respirare, sorridere, "...che fa, signora, è un caldo...", "viva le rivoluzioni !", " come va ?", " ça va... on fait aller...", sono logore, anche mangiare nascere morir[n]e, ribellarsi e no, sensononsenso, "Che si fa ?", “che fâmo ?"...? anche un panettone o no è galvaudé, se si vuole, dall’uso e riuso...
“l’uomo è...antiquato”, dice uno simpatico (ma non cominciamo con les exergues... tipo "...un uomo libero, quand’è sconfitto, non dà la colpa a nessuno", o "meglio essere disprezzato, che temuto ", e qualch’altro migliaio...).
Come suol dirsi, per così dire e malgrado tutto, buon anno, e...facciamo - perché no ? - il gioco della notte di San Lorenzo e delle stelle filanti, anche se a cielo coperto : gioco di esprimere dei desiderî, e di credere per un attimo che si avvereranno : il massimo della singolarità, ‘in comune’ - singolarià/comunanza, in questa persistenza resistente, ‘disperata vitalità’, forma di potenza.
[Ognuno pensa ai “suoi” - nella sfera prossima dei territorî esistenziali, a un po’ di nojaltri vengono alla mente, come “prossimo” singolare ‘che abbiamo in comune’, Paolo, e Cesare, e le altre e gli altri minacciatei e di stessi destini ... Partiamo da loro, e non è “localismo, familismo...”, pretesa “corporativa”, “co-egocentristica”, voler applicarci un maggior peso... è un punto vivido vicino (ognun’il suo), un punto di partenza, per aprirsi, non per rinserrarvisi....]

Oreste (& C., chi ha voglia d’associar[vi]si)

Paris, 2005

P.-S.

Né en 1947, à Terni, ville ouvrière, fief de la métallurgie italienne. Suite aux grandes émeutes qui secouent l’Italie en 1960, milite aux jeunesses communistes. Quitte les jeunesses communistes au milieu des années soixante, sur la ligne de fuite d’une contestation du mouvement ouvrier institutionnel. Pendant trois ans, "chien sans collier". Etudiant en philosophie, théâtre politique, piquet de grève, manifestations, occupation de l’université de Rome.

En 1968, se trouve propulsé sur le devant de la scène en devenant l’un des leaders du mouvement étudiant.

En 1969, fonde avec Franco Piperno et Toni Negri, le groupe politique Potere Operaio.

En 1977 Oreste devient, de fait, le leader de l’ensemble des groupes politiques rangés sous la bannière de l’Autonomie. De nouveaux mouvements de révolte éclatent un peu partout en Italie, conjugués avec une vague d’occupation de toutes les universités ; un incendie qui s’annonce plus violent et plus désespéré qu’en 1968.

Le 7 avril 1979, la police procède à 23 arrestations dont celles de Negri et Scalzone : c’est le tournant des grandes rafles, des inculpations de responsabilités collectives et morales, des délits de proximité. Le mandat d’arrêt parle d’une direction, occulte et centralisée de toute la subversion. Les inculpés du 7 avril sont accusés d’avoir chapeauté des groupes armés en plus de la mouvance de l’autonomie.

Oreste, accusé de tentative d’insurrection armée contre l’Etat, sera condamné en 1988 pour constitution d’association subversive et de bande armée, à 9 ans de prison. Tombe très malade au cours de sa détention au point de devoir être hospitalisé. A la suite d’une campagne publique (recueil de signatures etc...) il bénéficie d’une liberté provisoire pour raison de santé : il en profite pour fuir l’Italie.

S’installe en France en 1981.

© la revue des ressources : Sauf mention particulière | SPIP | Contact | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 | La Revue des Ressources sur facebook & twitter