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13 mars 2010, par Rodolphe Christin
Simone Dumenclin, il faut le dire, se félicitait de n’avoir pas demandé le divorce et d’avoir conservé son statut. Divorcer, elle y avait déjà songé à plusieurs reprises, mais ne l’avait jamais avoué à quiconque. Elle était donc, d’une certaine façon, bénéficiaire par alliance des chaudières et des bois Dumenclin s’il arrivait quelque chose à son mari. Avec le temps, les qualités de celui-ci (…)
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1er février 2007, par Rodolphe Christin
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L’étrangeté créatrice
Les écrivains content le monde et essaient, à leur manière, armés de leur sensibilité, de nous l’exposer dans son épaisseur, avec finesse quelquefois. Peut-être est-ce le propre de la littérature que de cheminer entre le singulier et l’universel ? Je veux parler de la singularité de l’auteur, de son pouvoir de mise en scène des thèmes qu’il s’approprie la plume à (…)
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9 janvier 2010, par Rodolphe Christin
Un.
Mathilde ferma la porte à clefs. Dehors le vent soufflait dru et l’on imaginait l’océan gronder. Gronder si fort que le bruit montait jusqu’ici. Je n’aimerais pas être un marin au large cette nuit, dit-elle. Il faut penser à eux.
Il imaginait l’anxiété dans sa voix, neutre pourtant. Il imaginait le passé qui pointait dans les mots. Il imaginait la tristesse, ensuite la solitude. (…)
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30 janvier 2010, par Rodolphe Christin
Quatre.
Le soleil avait dissipé la nuit.
La nuit avait eu raison de la bousculade météorologique d’hier soir.
Le calme était revenu.
Pas un souffle de vent, l’air semblait rafraîchi et lavé.
J’ai rendez-vous à dix heures, l’informa-t-elle. Je n’ai qu’une heure devant moi. Je vous embrasserais bien sur les lèvres, mais ce qui s’ensuivrait nous prendrait trop de temps. Il esquissa (…)
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6 février 2010, par Rodolphe Christin
Cinq.
Dans son boudoir de la rue des amis, Clara n’était jamais en retard. Un rendez-vous est un rendez-vous. Courtoisie et professionnalisme l’obligeaient à un minimum de rigueur. C’était un principe auquel elle ne dérogeait jamais. En outre, son client Monsieur Dumenclin n’aimait guère attendre, comme tous les gens importants, ou plutôt : qui se sentaient importants. Personne n’est (…)
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13 février 2010, par Rodolphe Christin
Six.
Hector Dumenclin sortait tout juste de son plaisir. Il se sentait étrillé comme un cheval de course. Mais il n’était pas du genre à rester sur cette impression lascive, son affaire à lui c’était le travail. Pas le travail pour le plaisir, non : to earn money. Faire du fric, voilà l’important !
Comme il sortait de son plaisir, et que ce plaisir se transformait petit à petit en (…)
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6 septembre 2009, par Rodolphe Christin
Sans que cela soit volontaire, des souvenirs remontent à la surface alors que personne n’est allé les chercher. Chacun porte en lui des fonds gigantesques dont il ne soupçonne pas l’importance, il suffit alors d’une image ou d’un parfum, d’une expression fugace sur un visage pour que viennent s’y associer, avec plus ou moins de bonheur, les lambeaux d’un passé qui jusque là demeurait (…)
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27 février 2010, par Rodolphe Christin
Huit. Hector, tu vas me faire plaisir. Tu vas nous suivre sans râler, d’accord ? Sois gentil s’il te plaît.
La voix de Clara était claire, sereine, rassurante. Une voix pareille ne pouvait pas faire de mal, pensa l’homme d’affaires.
Kévin se tenait à distance, assis sur le bord de la table. Il n’avait pas quitté sa veste. Il observait la situation, très attentif. Parfaitement calme, (…)
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20 mars 2010, par Rodolphe Christin
Chérie,
Un terrible imprévu est survenu. Me voici pris en otage et mes ravisseurs exigent contre ma libération une rançon de 300 000 euros en petites coupures. S’ils n’ont pas réceptionné l’argent dans quinze jours, soit le 13 juin à 4h00 du matin, ils m’élimineront. Ces gens sont sans scrupules et vénaux comme personne, ils n’hésiteront pas une seconde.
Pour l’argent, le protocole est (…)
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23 janvier 2010, par Rodolphe Christin
Trois.
Pour certains Mathilde s’appelait Clara. Pour d’autres Mathilde convenait mieux. Clara était cette femme remarquable et sexy sur laquelle les hommes se retournaient. Elle jouait de l’atout de sa beauté ; depuis qu’elle était veuve elle n’hésitait plus à la mettre en valeur. Son vrai nom était Mathilde, il couronnait sa personnalité mais celui-ci ne lui rapportait rien. Mathilde était (…)