Le Jardin de Pamplemousses se trouve à 11 kms au nord-est de Port-Louis. Dans Paul et Virginie, c’est le « Quartier de Pamplemousses ». A l’origine, c’était une demeure nommée « Mon Plaisir » et un potager créé par Mahé de la Bourdonnais, qui étaient devenus la résidence officielle des Gouverneurs. Poivre lui donna encore plus d’ampleur. Ce Jardin s’étend sur 26ha et c’est un vrai conservatoire des plantes tropicales, même des plus rares. On y trouve 80 variétés de palmiers par exemple : le palmier-bambou ou palmier-multipliant, le palmier-bouteille (qui tire son nom de la forme de son tronc), le palmier patte d’éléphant (idem), le palmier-crocodile (appelé palmier-lacoste à Maurice), le palmier-oursin, le palmier-latanier (toujours un mâle et une femelle face à face !), le palmier-splendide, le palmier-salade de millionnaire, l’arbre du voyageur, les talipots, les palmiers royaux.
Baudelaire l’a visité en 1841, Conrad en 1888, JMG Le Clezio et un grand nombre de chefs d’Etat, de reines ou de Premiers ministres : la Duchesse de Cornouailles (1901), Queen Elizabeth (1927), Princess Margaret, Indira Gandhi, Mitterrand (1990), Nelson Mandela (1998), Ravalomanana (2005) etc. Chacun d’eux est associé à un arbre.
Le mot poivre vient du latin piper (qui vient du grec peperi). Sourions : le botaniste le plus féru d’épices, le plus passionné pour développer la culture des muscadiers, girofliers, canneliers et poivriers s’appela Pierre Poivre (1719-1786). C’est lui qui a créé l’un des plus beaux jardins botaniques qui soient au monde, le "Parc des Pamplemousses", "sorte de vivant poème à la gloire des épices, des fleurs et des fruits tropicaux". Intendant de l’Ile de France à partir de 1767, ce naturaliste manchot (à cause d’un boulet de canon anglais) introduisit un grand nombre de plantes nouvelles dans les Mascareignes et en France. « A l’Isle de France, le botaniste avait introduit le laurier des Antilles, le cannelier, le cocotier, le manguier, le sagoutier, le chou caraïbe, l’arbre à pain et la canne à sucre de Java. Dans le numéro 4 des Cahiers de la Compagnie des Indes, Sonia Ribes précise même que Poivre introduit à Bourbon "le letchi, l’anis étoilé et le longani de Chine, le mangoustan et l’arbre à pain des Philippines, l’avocatier du Brésil, l’évi ou fruit de Cythère de Tahiti ou encore le ravensara de Madagascar".
Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814), qui aura les honneurs d’un colloque à Saint-Denis fin novembre, n’était pas seulement écrivain et ingénieur des Ponts et Chaussées, il était aussi botaniste et fut Intendant du Jardin des Plantes de Paris en remplacement de Buffon.
Son roman Paul et Virginie et ses Etudes de la Nature (1784) sont très lus à l’île Maurice.
L’avenue Paul-et-Virginie au Jardin des Pamplemousses, bordée de genèvriers, de noyers de l’Inde et de palmiers-bambous, se termine par deux grands sièges en roche copiés par Pierre Poivre d’un modèle indien et un piédestal pour une statue de Flora. C’est là, dit la légende, que sont enterrés les tourtereaux imaginés par Bernardin de Saint-Pierre.