- Concert des Rolling Stones.1968
On discute beaucoup de littérature rock, ces derniers temps, dans les milieux académiques. Et moins pour défendre ou répudier l’existence d’une telle écriture que pour en cerner de manière plus précise les contours inconstants : depuis les chroniques journalistiques qui parlent effectivement de rock sans en avoir toujours l’élan, jusqu’aux textes indéniablement littéraires qui en revendiquent l’esprit sans en trouver la lettre tout le temps.
Je ne sais, pour ma part, s’il y a lieu de parler d’une telle littérature tant l’histoire du rock’n’roll se confond avec la difficulté (irréductible ?) de trouver une place qui lui soit propre, un écho qui lui corresponde. J’aimerais toutefois tenter une expérience : ramener le langage sur les scènes où cette musique se fait entendre, autrement dit : collecter une série de photos de concert (des clichés historiques, c’est encore mieux) ; pourquoi pas, éventuellement, faire jouer quelques disques en les regardant ; et recouvrir ces images du jaillissement verbal qui voudra bien s’y produire.
De ce protocole simple − décrire des scènes de concert − j’espère plusieurs choses : saisir ce qui dans cette musique singulière doit tout à l’espace dans laquelle elle se joue ; lever tout un lexique capable de décrire, du moins de faire saillir, les principaux repères de ce lieu ; trouver un langage qui puisse dire cette musique sans tomber dans l’impressionnisme échevelé du reporter rock ou l’abstractionnisme haut perché du musicologue.
J’aimerais donc partager les résultats de cette expérience (en présentant bien entendu à chaque fois l’image et en indiquant, le cas échéant, les titres entendus), même et surtout jusque dans les jets qui auront tourné court. Livrer tout, à chaque fois, tel quel, sans rogner les accidents les plus insignifiants. Nommer cela des Larsens.
Tout cet été, donc, et toutes les semaines à partir du lundi 15 juin, vous pourrez écouter, entre les lignes d’une image, le boucan électrique du rock’n’roll.