A la tentation réaliste de la fin du 19e siècle, l’Irlandais James Joyce répond par une plongée abyssale au coeur de la subjectivité humaine. Il observe la psyché, scrute avec précision ses inflexions, ses contradictions, en étudie les carences et les troubles. L’espace narratif, bâti sur une prose foisonnante, ne se donne pas d’emblée. Il faut le conquérir, prendre la peine de suivre les "courants de conscience" (stream of consciousness) de ces figures, comme autant de miroirs dressés devant nous. En ce sens l’auteur d’Ulysse (1922) ou de Finnegans Wake(1939) n’est pas si éloigné de Proust. Dublin ou Combray, la distance géographique ne saurait masquer la proximité des plumes.