Née en 1977, Karine Macarez vit actuellement à Londres. Historienne de formation, elle est l’auteure de "Shoah en Sarthe", un ouvrage publié aux éditions Cheminements en 2006
Tous les ans, à la période de Noël, Martine avait son coup de blues, comme elle disait. Alors, pour combattre la mélancolie, seule dans sa caravane, elle s’achetait une bouteille de gin et ressortait ses vieux albums photos jaunis par la cigarette. Dix années de tabagisme avaient réussi à tout dévorer, du papier peint aux meubles, en passant par les rideaux et le plafond, qui s’était recouvert (…)
Lorsque Totof est venu au monde, il y a eu un très gros orage. Pépé pense que ça a sûrement fait disjoncter un appareil à la maternité, et que c’est pour ça que Totof est pas comme les autres. Mémé a une autre théorie : elle dit que maman a pas bien mangé comme il fallait quand elle était enceinte.
Moi, j’avais que quatre ans quand il est arrivé et lorsque j’ai vu sa grosse tête émerger des (…)
A soixante-seize ans, Odette Lebon était passée maître dans l’art de faire tourner son entourage en bourrique.
Si son fragile gosier se déshydratait, on se précipitait pour lui apporter un verre d’eau ; si un objet lui échappait malencontreusement, quatre paires de mains tâtonnaient sous le canapé pour le récupérer immédiatement. On n’hésitait pas non plus à se rechausser de bonne grâce (…)
Le 21 décembre,
« Mon petit papa Noël,
Je te remercie pour le camion rouge de l’année dernière. Il était très beau. Cette année, je voudrais te commander une nouvelle petite soeur car celle que j’ai est vraiment trop chiante. Tu peux la mettre à la poubelle si tu veux car j’en veux plus. Si tu peux changer mes parents aussi, je serais très content surtout mon père qui gueule tout le (…)