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17 avril 2010, par Rodolphe Christin
Comme prévu, le six juin arriva le lendemain du cinq juin. Les jours précédents avaient été suffisamment sombres pour que ce maudit anniversaire ne soit ni un jour de joie, ni un jour de gloire.
Dehors le ciel était gris, traversé de quelques nuages noirs boursouflés par les excès, venus de l’est et lourds d’une pluie qui tomberait plus tard. L’intérieur de la cabane était obscur. Les (…)
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7 avril 2022, par Rodolphe Christin
S’en aller avec Kerouac, et risquer l’abordage d’horizons imprévus sur une vieille terre d’Amérique bousculée dans ses repères car traversée comme jamais. Vue, vécue, elle tremble, vacille, dépasse les bornes, dérangée par le rythme des voyages intérieurs, extérieurs. L’horizon qui appelle se rapproche ensuite, prend consistance grâce au voyage, devient palpable pour l’expérience avide de le (…)
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30 mars 2022, par Rodolphe Christin
Où l’on propose au lecteur de suivre une ligne de vie amoureuse des forêts, des broussailles et des rivières. Henry David Thoreau (1817-1862) montre le chemin des bois, pensant trouver dans ces marges de quoi changer la vie. Chercheur atypique, il se met à l’écoute de la polyphonie du monde, voit dans le vol du pivert et le coassement de la grenouille la source d’une possible régénération de (…)
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13 mars 2010, par Rodolphe Christin
Simone Dumenclin, il faut le dire, se félicitait de n’avoir pas demandé le divorce et d’avoir conservé son statut. Divorcer, elle y avait déjà songé à plusieurs reprises, mais ne l’avait jamais avoué à quiconque. Elle était donc, d’une certaine façon, bénéficiaire par alliance des chaudières et des bois Dumenclin s’il arrivait quelque chose à son mari. Avec le temps, les qualités de celui-ci (…)
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16 février 2004, par Rodolphe Christin
Un écureuil
harcelé par trois pies
Deux bottes
aux semelles de terre,
un manteau de pluie
Nos abris dans les arbres
le ciel, la terre
tous les bruits de la vie
Dernières lueurs. La nuit tombante emplit la forêt de signes furtifs. Assis sur une pierre couverte de mousse, je me souviens du mystère que l’enfant éprouve à l’orée du bois. De cette légère crainte, excitante (…)
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1er février 2007, par Rodolphe Christin
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L’étrangeté créatrice
Les écrivains content le monde et essaient, à leur manière, armés de leur sensibilité, de nous l’exposer dans son épaisseur, avec finesse quelquefois. Peut-être est-ce le propre de la littérature que de cheminer entre le singulier et l’universel ? Je veux parler de la singularité de l’auteur, de son pouvoir de mise en scène des thèmes qu’il s’approprie la plume à (…)
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6 septembre 2009, par Rodolphe Christin
Tout commence par le paradoxe de l’étendue désertique qui sans toi, qui que tu sois, ne parlerait jamais à personne car le désert est par endroits la matière première de sa formulation en signes de quoi ? - en signes de vie comme la brindille poussée de travers sur le sable en dessins pentus et obliques
Un itinéraire, le pas, le verbe, l’écriture et l’empreinte, traces, on suit sur (…)
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10 avril 2010, par Rodolphe Christin
Simone Dumenclin vivait à proximité de son calendrier. La première chose qu’elle faisait en se levant, c’était d’aller vérifier la date du jour. Elle l’auscultait avec nervosité, y revenait même plusieurs fois dans la journée, songeuse. La date du 13 juin figurait cerclée de rouge. Il était troublant de songer que cette date fatidique pouvait passer, aux yeux d’un étranger qui aurait aperçu la (…)
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1er août 2005, par Rodolphe Christin
1.
Il nous fallait retourner dans le nord de la Finlande. Quatre journées sur ce lac nous avaient mis l’eau à la bouche sans apaiser notre faim. Inarijärvi est si vaste que nos premiers kilomètres nous avaient laissé espérer tout l’espace que nous avions encore à découvrir.
Nous désirions en faire le tour pour explorer ses îles lointaines, et voir de nos yeux ce qui se passait en de tels (…)
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1er mai 2010, par Rodolphe Christin
Hector se faisait beau et prenait ses plus belles manières. L’eau courante à l’extérieur permettait de faire une toilette quotidienne, il se félicitait donc d’avoir lavé ses vêtements la veille. N’ayant pas eu le temps de faire sa valise, il devait veiller à la bonne tenue du peu qu’il avait. Il se demandait parfois s’il ne commençait pas à apprécier sa nouvelle existence, qu’il jugeait (…)