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Inglorious Basterds theories 

Où voit l’oreille "l’oeil écoute" et c’est dit à la main — au titre éponyme et sur le film Inglorious Basterds (2009), de Quentin Tarantino. (Ndlr)

lundi 22 février 2010, par David Christoffel

Inglorious Basterds théories

La ligne mélodique est contenue dans des intervalles pas très amples et les couleurs harmoniques ne se privent pas d’avoir des caractères trempées, d’autant qu’elles restent limitées. C’est-à-dire que le drame n’a pas besoin d’aller plus loin. Tandis que l’horreur peut être plus que totale que le cinéma ne permet d’imaginer.

La musique de Morricone n’est pas du genre à en dire long. On peut même dire qu’elle ne donne pas dans la langue de bois. Ce qu’elle envoie, elle l’envoie. C’est un exemple de pondération.

La nocivité comparée du rat et de l’écureuil est menée avec un socratisme occupationnel
tandis que la terreur de Shoshana ne peut prêter à agoratisme.

Il y a un nombre de référents, on se perdrait à faire le dénombrement.
Il y a un tel nombre, on devrait pas dire que c’est un cinéma parodique.

L’usage du bilinguisme dans l’interrogatoire peut ajouter à sa convivialité autant que renforcer un climat de tension qui n’est pas contradictoire avec une certaine grâce.

Il y a donc une dimension parodique telle, qu’il ne peut y avoir de plain-chant.
Il y a la question du gros plan en rapport avec le fait que ça chante à côté.

La méfiance de l’interlocuteur pèse comme un devoir de duplicité : en 1941, la rumeur peut s’utiliser comme valeur-refuge, le sentiment de justice y compris.

La vengeance comme question de cadrage, ce n’est pas pour rire.
Le choix de la période historique, c’est le choix qui typiquement ne peut pas se faire à la légère.
Quand on commence à ne plus vouloir rire, on n’est pas loin de se venger, on est juste à côté.
Un choix qu’aurait pas dû se faire à la légère, c’est toujours délicat de parler comme ça. Ferait mieux de faire du grand art.

La détermination du bâtard n’a besoin d’aucune équivoque, elle se déploie de sa force de certitude et peut quand même passer par des marchés pour stigmatiser quantitativement sa puissance.

Le scalp comme unité de mesure versus le verre de lait comme gage de coopération.

L’état narratif du monde va en prendre un coup : le franc-parler ne sait pas son camp quand l’intelligence militaire doit prendre toute la place.

Incrustation. Documentaille ou badgerie : la bio du Hugo Stiglitz justifie la guitare électrique et réciproquement.


(L’imagination n’est pas un domaine sans rigueur. C’est pourquoi ce n’est pas une excuse pour la traiter sévèrement.)

De même, la loyauté de l’allemand est formidablement disjonctée par les cuivres de l’entrée de l’ours juif. « Voir l’ours juif buter un nazi, c’est presque aussi chouette que d’aller au cinéma. » : la puissance du démocratisme américain, c’est la puissance du cinéma.


La contre-plongée sur Brad Pitt qui vient de ferrer le front du soldat allemand : une question de grand art.
La plongée sur le soldat allemand cinéphile, la chute des lettres : désalphabétisation du patrimoine cinématographique : le respect des grands réalisateurs pour terreau de consensus.
Opération kino : reprise en main narrative de la vengeance : le moment où la guerre est entre Hollywood et le cinéma de Goebbels, les uniformes deviennent des costumes.

La BO devient chantée quand Shoshana se maquille, s’équipe d’une arme, tourne.

Le cinéma comme un lieu d’holocauste (On se chauffe de ces Histoire(s) du cinéma) : par Godard, c’est Hollywood qui chambre.
Quand l’impensable est arrivé, le cinéma a pu commencer.
C’est un plan cinématographique, buter du nazi est une bonne affaire
et pour la composition, la sucrerie d’abord une texture pas si éloignée de la coiffe.

Les répliques incisives et espacées, il va falloir un mort !

Le personnage le plus redoutable ne sera pas forcément celui qui finira vivant.

La puissance de la cruauté, pas un pour ne pas goûter l’ampleur du scénario.

La duplicité de l’ennemi est moins belle alors qu’il est pire qu’un ennemi.

La gloire du héros risque toujours de lui glisser des mains.

C’est incroyable ce qu’ils ont tous encore du temps pour quelques travaux manuels.

Il faut des situations quasiment rocambolesques pour très bien gérer son stress.

L’horreur absolue n’empêche pas le burlesque, on préfère donc parler de rocambolesque.

Le pire, c’est que le cliché, maintenant, c’est ça le rythme.

Les mésaventures du projectionniste peuvent comme ça toucher les grands drames de l’histoire.

Avec du sang et du feu, le tragique est tout de suite beaucoup plus drôle.

La beauté du personnage a rapport à son panache à assumer ses fonctions.
L’élégance du joueur a lieu à partir du flingueur qu’il est dessous la table.
La raison de la castagne est nécessaire avec le rythme de l’action.
La finalité du combat est condition d’y revenir ou comme contre-chant névralgique.

La vue peut plonger et nage mieux quand se demande par quel coin le nazi viendra.
Pour dire que le cinéma n’a rien à voir avec l’extermination, il faudrait un monde sans transfert d’information.
Pour communiquer avec derrière l’écran, le plus simple est de s’incruster soi-même dans le film.
La victime peut se venger et meurt mieux quand se retourne le domaine de la trahison.

Le programme de la semaine ne peut pas être un indice :
Le patrimoine cinématographique français risque toujours de faire la preuve d’un démocratisme SS.
La dissimulation confessionnelle peut n’avoir pas de motif de résistance.
La superposition des humiliations peut encore la passion des grands soirs.

La contemplation peut avoir des objets de fixation d’une variété toxique.
L’ensemble des paramètres qu’il faut prendre en charge n’est jamais si bien calibré qu’avec efficacité fumeuse.
Il doit y avoir un retentissement étouffoir qui, par définition, reste intégral et discutable.
On peut toujours discuter si l’étouffoir a des relais juridiques identifiables. Et on ne peut pas l’intégrer ontologiquement.

On est mal placé pour en vouloir à celui qui va se faire un nazi.
À une certaine vitesse, un champ magnétique est une champ électrique.
Pendant l’accélération, l’américain est mieux confus qu’un italien toujours en train d’arriver.


Le 20è siècle aura permis de faire beaucoup d’exportations avec des formalismes.
L’intelligence de l’héroïne, à supposer la surlisibilité de l’action, est à ne pas se venger de son intelligence.
Il n’y a pas intrication des enjeux (beaucoup plus que réciprocité ronde). Il y a des états intriqués factorisables par enjeux (voire un nouvel ordre de rondeur).
On peut mesurer deux fois de suite l’ingratitude du nazi et obtenir des résultats variés.

Si l’axiomatique tarantinesque ne peut pas tout, c’est parce que sa pratique peut en plus aller en-deça.
Faut pas vouloir que la mariée soit trop belle et très heureuse.
Le bruit permanent est peut-être très important.
La date exacte est peut-être très anecdotique.

Le traumatisme est exemplaire de volontarisme. C’est une donnée hautement dramatique.
L’événement inoubliable appelle une vengeance qui s’adresse indistinctement à la perception et à la mémoire.
Du nazisme comme indistinction entre perception et mémoire, alignement de l’expérience et du stockage.
Horrible qui n’ôte rien à brillantissime versus le mal des fleurs.

P.-S.

Notes (Ndlr)
Inglorious Basterds, Quentin Tarantino ; l’article dans fr.wikipedia.
— Inglorious Basterds, Quentin Tarantino, l’article dans en.wikipedia.
— Quentin Tarantino, l’article dans fr.wikipedia.
— Inglorious Basterds (2009) in International Movie Data Base (imdb).
— Inglorious Basterds (2009), Bande Originale du film, éd. WB, CD (dans la librairie amazon).
— The Inglorious Bastards (in en.wikipedia), titre américain du film italien de guerre, "spaghetti", Quel maledetto treno blindato (1978), Enzo G. Castellari (scénario par Sandro Continenza, Sergio Grieco, Franco Marotta, Romano Migliorini, Laura Toscano) ; oeuvre dont celle de Tarantino se déclare un remake, à commencer par le titre Inglorious Basterds, face au titre de la version américaine sous lequel le film de Enzo G. Castellari s’est fait connaître : Inglorious Bastards. On remarque la politesse et le respect artistiques, tout "tarantiniens", de l’altération du "a" phonétique de "Bastards" orthographié en "e" dans "Basterds", parce qu’elle évite de faire disparaître des indexations professionnelles informatiques du cinéma, par titres, et sur le Web, le film de 1978.

Enzo Castellari et Quentin Tarantino
Photo extraite du reportage de Joe D.dans le site "Film Forno", sur la cérémonie d’anniversaire des 70 ans du réalisateur, le 29 juillet 2008, à l’Institut culturel Italien, Los Angeles (CA, The USA).



— Enzo G. Castellari, in imdb.
— Le Trailer de Inglorious Bastards discuté par les deux réalisateurs en 2008 :



— Inglorious Basterds, le film de Quentin Tarantino, DVD (boutique amazon.fr).
— Inglorious Bastards, une poignée de salopards, le film de Enzo G. Castellari, DVD (boutique amazon.fr).
— La designer Debra Berger comme actrice dans le film de Enzo G. Castellari, Quel maledetto treno blindato (1978) — Inglorious Bastards :

Debra Berger dans le rôle de Nicole, Inglorious Bastards (1978)
Photogramme extrait de l’article éponyme in electric sheep, a deviant view of cinema (UK). Photo source imdb.
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