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La casse / Casse-toi...  !...  

mercredi 12 septembre 2012, par Henri Cachau, Jean-Manuel Simoes

On se trompe quand on identifie la réalité à ce que nous croyons voir, et heureux sont les photographes nous permettant, a posteriori, la réajuster, quitte à douter de celle antérieurement déclarée  : ‘vue et approuvée  !’... J’avais été averti, lorsque mon oncle –qui se disait parisien alors que banlieusard –, me dit  : « Vois-tu, vous avez la mer, la forêt, l’espace, un privilège de landais  ! Alors que nous vivons dans des barres –j’ai du me faire expliquer leur signification – nous bouchant et l’horizon et un éventuel avenir  !  »...

L’oncle et les années envolés, il m’aura fallu –mentir serait de ne m’être pas tenu au courant des évènements de Villiers-le-Bel – l’approche du travail mené par J. Manuel Simoes, pour reprendre conscience d’une réalité relevant d’un camaïeu de gris, d’où surgissent des lueurs correspondant à ces foyers dont seules les paraboles paraissent communiquer avec l’extérieur, auprès desquels, impénitent guetteur, il aura vu s’y déplacer d’ultimes survivants s’y échangeant des ‘rails de coke’ en guise de rêve. Le sombre de leur peau assurant ce point nodal à partir duquel, sur des arrière-plans de barres, de casse à ciel ouvert, ces obsédés de l’imposture désespèrent d’une reconnaissance venant pallier leur déshérence  ; les politiques ont dénaturé leurs espérances, notre ancien président se risquant à un cynique : « Casse-toi  !  », considéré comme une insulte  !... Tournez manèges, ils requièrent un tout autre terrain de jeu... Le piège s’est refermé, notre monde est celui de l’image, du simulacre, résulte de leur usage artificiel, néanmoins et c’est heureux, J. Manuel Simoes, par son édifiante série, nous requiert d’en dévier le tir, ainsi éviter la perversion d’un sens réel, qu’il nous autorise à redonner...

Henri Cachau

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CHIENS DE LA CASSE

C’est le nom que se donnent entre-eux les jeunes des quartiers, ces citées mal famées situées à la périphérie des villes.

Clichy sous Bois le 27 octobre 2005, Zyed 14 ans et Bouna 16 ans, meurent électrocutés dans un transformateur EDF en voulant échapper à une patrouille de police.
Villiers le Bel à quelques kilomètres de là, le 25 novembre 2007 Larami 15 ans et Moushin 16 ans meurent dans un accident avec une voiture de police.
Des faits différents, mais de nombreuses similarités quant aux victimes, aux lieux et aux conséquences.

L’impression générale, donc extérieure, est un profond sentiment de désespoir parmi cette « population-génération ». On connaît les conséquences, quelles peuvent-en être les causes ?
Sur fond de crise nationale d’abord économique, puis financière pour finalement redevenir économique, mais mondiale cette fois, le quotidien ne change pas beaucoup dans les quartiers. C’est là que le « Sheitan » a « pissé », et ici la finance ne passe jamais. L’économie elle, est partie depuis longtemps.
Le quotidien est fait de peu de moyens. Faiblesse des infrastructures publiques, faillites successives des politiques de la ville, sociale, d’immigration. C’est là que la population française est la plus jeune, la plus dynamique, la moins encadrée, la moins formée.
Y aller c’est voir des murs gris, des sols peu nettoyés, des moyens d’accès aléatoires. Un monde différent fait d’un mélange d’énergie, de combines, de violence. L’accueil peut sembler froid, mais ce sont seulement les codes qui sont différents. Passage initiatique nécessaire pour avancer, car ici l’appareil même simplement photographique n’est pas bienvenu.
Pas d’espoir amène fatalement au désespoir.

Jean-Manuel Simoes

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