1. BOSNIE - BOSNA - Nom du pays dont les frontières sont les rivières la Sava au Nord et la Drina à l’Est, le Mont Velebit à l’Ouest, et la Mer Adriatique au Sud. La Bosnie tire son nom de la rivière Bosna, Bosante dans l’antiquité lorsque le pays fit partie de l’Empire Romain. Le pays est cité pour la première fois dans l’oeuvre de l’empereur byzantin Constantin Porphyrogénète De Administrando Imperio, au 10ème siècle, au même moment et au même titre que les anciennes Croatie et Serbie. On évoque souvent que deux tribus slaves, croate et serbe, s’installent en Bosnie vers le 7ème siècle, date de la slavisation de la région. Certains historiens ex-yougoslaves mentionnent aussi le tribu "Bosna" installée au centre du pays d’où, selon eux, le nom de la Bosnie. Après l’occupation autrichienne, le nom du pays change et est désormais la Bosnie-Herzégovine.
2. HERZEGOVINE - Le nom de la région au Sud de la Bosnie, ancien HUM ou ZAHUMLJE qui tire son nom du mot "herceg" (herzeg), duc, ce qui fut le titre d’un riche bosniaque, propriétaire de Hum, Stjepan Vukcic Kosaca. Le nom du pays d’herzeg (l’Herzégovine) est cité pour la première fois dans les documents en 1453.
3. BOSNIAQUE - BOSNJAK (prononcé Bochniak), ou BOSNJANIN (prononcé Bochnianin) - mot utilisé pour tous les habitants de la Bosnie, nonobstant leur religion, jusqu’à l’occupation autrichienne (1878). A partir de cette date, on commence de plus en plus souvent à employer les mots musulmans (Musulmans), Serbes (orthodoxes) et Croates (catholiques). Ce mot est en quelque sorte remplacé plus tard par le "Bosanac" (en français : "Bosniaque" également) qui surtout à l’époque yougoslave signifie une appartenance géographique. A partir de 1992 et de l’agression serbe, ce mot est de plus en plus utilisé dans le sens de nation/nationalité bosniaque par tous ceux qui sont contre l’hégémonie serbe et croate.
4. BOGOMILE-BOGOMIL : adhérent du bogomilisme, "hérésie" manichéenne, d’origine persane (Manès, 3ème s.) qui s’implante fortement en Bosnie dès le 11ème siècle. Les premiers souverains bosniaques étaient aussi bogomiles, tel Kulin Ban. Le roi Tvrtko Ier reconnut le bogomilisme en tant que religion officielle. Les bogomiles (dont le nom vient d’un pope bulgare Bogomil) sont surtout connus en Bosnie sous le nom de "chrétiens bosniaques" et même de "bons Bosniaques" ("dobri Bosnjani") alors que leur église se nommait "l’Eglise bosniaque". Ils sont définis parfois comme Patareni, Katari (Cathares), ou Babuni (en Serbie).
5. CHRETIEN (BOSNIAQUE) - KRSTJANIN, adepte de l’Eglise bosniaque, Bogomil (Cf. BOGOMIL)
6. EGLISE BOSNIAQUE - appartient à la religion dualiste des Krstjani (Chrétiens bosniaques), voire Bogomiles, semblable à celle des Cathares de France (Occitanie).
7. BAN - titre des premiers souverains bosniaques.
8. BOSANTCHITSA - BOSANCICA, écriture proprement bosniaque, issue de l’ancienne écriture slave, utilisée en Bosnie jusqu’à l’occupation turque, et même pendant la période ottomane (15ème-19ème siècle) par la noblesse bosniaque.
9. STETCHAK - STECAK , stèle tombale des Bogomiles ou des Chrétiens Bosniaques.
10. NICHAN - NISAN - stèle tombale des musulmans bosniaques.
11. TVRTKO Ier - Roi de Bosnie (1377-1391). Sous le règne de ce dernier la Bosnie connaît son épanouissement. Les documents historiques prouvent qu’il est couronné à Mile, près de Visoko en Bosnie (aujourd’hui Arnautovici) et non sur la tombe de Saint Sava (Nemanjic) comme le prétendent les Serbes.
12. KOTROMANICI : dynastie bosniaque qui règne de 1254 à 1463 (occupation ottomane de la Bosnie), à laquelle appartenait le roi Tvrtko Ier.
13. LANGUE BOSNIAQUE - BOSANSKI JEZIK - nom de la langue slave locale parlée en Bosnie jusqu’en 1907, proche des langues serbe et croate ; pris pour la base de la langue "serbo-croate", standardisée dans les années soixante et toujours fortement imprégnée de mots d’origine arabe, turque ou persane ("turcisme").
14. LADINO - ancien espagnol, langue des Sépharades bosniaques.
15. ALHAMIADO - LITTERATURE DITE ALHAMIADO (vient de la prononciation espagnol du mot arabe "al adjemi"= étranger, tout ce qui est étranger), production littéraire écrite en langue slave locale nommée "bosniaque" avec des caractères arabes. Le même type de littérature existait aussi en Espagne. Certains juifs sépharades de Bosnie ont également écrit la littérature "alhamiado", en langue bosniaque avec des caractères hébreux.
16. LITTERATURE BOSNIAQUE - production littéraire locale écrite en plusieurs langues : en bosniaque, avec des caractères bosniaques (bosantchitsa), en langues dites orientales (turc, arabe ou persan), pendant l’occupation ottomane-19ème s.), ou bien en langue slave "bosniaque", avec des caractères arabes (littérature dite alhamiado), à la même époque. Dans le même temps, les Juifs de Bosnie écrivent leurs ouvrages tantôt en hébreu (textes religieux), tantôt en ladino (ancien espagnol), ou encore en langue slave, bosniaque, avec des caractères hébreux (littérature dite alhamiado). Les franciscains bosniaques écrivent cependant leurs oeuvres en latin, tandis que les orthodoxes (Serbes) continuent à recopier des livres sacrés. Ces mêmes types littéraires existent encore à l’époque autrichienne (1878-1918), alors qu’après la construction de la Yougoslavie (initialement "Le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes"), les Bosniaques écrivent exclusivement en "serbo-croate".
17. LITTERATURE DE LANGUES ORIENTALES : littérature bosniaque écrite en langues dites orientales : turque, arabe ou persane pendant l’occupation ottomane de la Bosnie (15ème-19ème siècle) ; il s’agit le plus souvent de la poésie, inspirée de la pensée soufie (mystique musulmane) composée en formes orientales, telles kaside (kasida), gazel, rubai’a (rubaija), tahmis, terci bent, terkibi bent etc.
18. ISLAM - religion monothéiste (du mot arabe "selam"- paix, et du verbe "sellama" et "aslama") qui s’implante en Bosnie après l’arrivée des Turcs Ottomans (15ème s.). C’est surtout la noblesse bosniaque, d’origine d’abord catholique puis bogomilienne qui embrassa la nouvelle religion pour garder leurs biens et leurs privilèges. Nombre de Valaques, nomades chrétiens, serbisés, se convertirent aussi à l’islam beaucoup plus tard.
19. MUSULMAN : du mot arabe "muslim", fidèle, croyant, qui professe l’islam. Nombre de Slaves de Bosnie se convertirent à l’islam juste après l’occupation turque-ottomane (15ème s.). Hormis la noblesse, de nombreux paysans chrétiens, pour la plupart des Valaques, ont également embrassé cette religion. A partir des années soixante-dix, "Musulman" ( écrit toujours avec le "M") est aussi une notion culturelle, désignant celui qui appartient à la "nationalité musulmane".
20. RAYA - classe populaire de l’Empire ottoman, pour la plupart des paysans qui, à l’époque ottomane, travaillent les terres des riches bosniaques et sont obligés de payer des taxes (haradj).
NATIONALITE MUSULMANE - nom de la nationalité donné, à la fin des années soixante, aux habitants de Bosnie dont les ancêtres s’étaient convertis à l’islam après l’occupation turque-ottomane (15ème-19ème s.), qu’il s’agisse de pratiquants ou laïcs et athées. Elle est le fruit de la lutte des intellectuels bosniaques pendant plusieurs décennies qui refusaient de se déclarer Croates ou Serbes, choix qui leur a été imposé après la constitution de la Yougoslavie (1918). On distinguera désormais les musulmans (avec le "m"), pratiquants, et les Musulmans (écrits avec le "M") désignant l’appartenance à la nationalité musulmane, ceux qui sont de culture et de traditions islamiques. Cette nationalité fut aussitôt acceptée par tous les musulmans de la Yougoslavie titiste (en Serbie, comme au Monténégro, ou encore en Macédoine).
NONDECLARE - NEOPREDJELJEN -, "sans nationalité", terme utilisé par certains Bosniaques d’origine musulmane qui refusaient de se définir comme Serbes ou Croates.
BEG - du Bey en turc : seigneur, prince, titre noble donné, à l’époque ottomane, aux fils de pachas, aux officiers supérieurs... ; utilisé en Bosnie aussi pour "monsieur", musulman ou non-musulman.
AGHA - AGA : seigneur, maître, patron, commandant en chef de l’armée turque.
PACHA-PASA , titre donné à des dignitaires civils de l’Empire ottoman, ayant l’un des grades suivants : vizir, rumeli-beylerbeyi, miri-miran, et mir-ul-umera ; également titre donné aux maréchaux et aux généraux de division et de brigade.
VIZIR - VEZIR - grand dignitaire civil de l’époque ottomane, ayant un grade équivalent à celui de maréchal ; ministre, gouverneur d’une région, de vilayet.
VILAYET-VILAJET : pays gouverné par un gouverneur général de province ; province ; territoire gouverné par un vali (époque ottomane).
VALI-VALIJA : gouverneur général d’une province (époque ottomane).
EYALET EJALET : province ; se dit surtout des anciennes provinces ottomanes avant la formation de vilayet.
PACHALIK - PASALUK - région gouvernée par un pacha ; titre de Pacha (époque ottomane).
SIPAHIS - SPAHIJA - cavalier de l’Empire ottoman, possesseur d’un fief ; classe guerrière privilégiée à l’époque ottomane ; en Bosnie, les sipahis deviennent héritiers des terres. Nombre de Valaques (serbisés) étaient également sipahis, propriétaires des fiefs , ou de villages (parfois de plusieurs villages) nommés "knezine".
KNEZ - souverain, dignitaire ; chef d’une tribu ; propriétaire (d’origine valaque, orthodoxe) de "knezina" (à l ’époque ottomane et après).
KNEZINA - fief, région, souvent un groupe de villages gouvernés, à l’époque ottomane, par des Knez (d’origine valaque, orthodoxe serbe)
OTTOMANS (TURCS) OSMANI, OSMANLIJE- nom donné à la dynastie turque issue d’une tribu établie en Anatolie au 12ème s. dont le chef fut Osman. Ensemble de possessions sur lesquelles le Sultan, qui se trouve à la tête de l’Empire ottoman, exerce son autorité. La Bosnie tombe entre les mains des Turcs ottomans en 1463, alors que la région Hum (la future Herzégovine) est conquise vingt-cinq ans plus tard.
PACHALIK DE BOSNIE- cf. Pachalik. Les Turcs fondèrent d’abord l’Eyalet, puis le Pachalik de Bosnie.
SANDJAKS - unité administrative dans l’Empire ottoman, district, subdivision d’une province gouvernée par le Sandzak-beg (sandjakbey). La Bosnie fut, à l’époque ottomane, divisée en plusieurs sandjak ; dès l’occupation du pays, les Turcs fondèrent d’abord le Sandjak de Bosnie (auquel appartenait le pays de Herzeg), puis celui de Zvornik, enfin celui d’Herzégovine. Au 17ème siècle, il y a huit sandjaks en Bosnie.
DERVICHE - pauvre, sorte de moine musulman, soufi, celui qui renonce aux biens de ce monde, qui renonce à ce monde d’ici-bas et se consacre à Dieu ; adhérent d’un ordre mystique, appartenant au soufisme.
SOUFI - du mot arabe "suf"- laine, cape en laine que les premiers soufis, derviches, portaient d’où le mot du mouvement spirituel (soufisme) ; relatif au mouvement spirituel de l’islam (soufisme ou tasavvuf)
SOUFISME - TASAVVUF - mysticisme musulman ; mouvement spirituel dans l’islam qui consiste à être à la poursuite perpétuelle et passionnelle de Dieu, de l’Amour, en renonçant à ce monde d’ici-bas, passant par le chemin nécessaire, "marchant" par la voie droite. Lors de leur rituel (zikr), réunion des "amoureux de Dieu" (Achik) , en tournant ou en se penchant de droite à gauche, et en invoquant les noms de Dieu, les mystiques musulmans (derviches, soufis) tentent à retrouver l’Absolu dans leur coeur, cherchent à s’unir avec Dieu - la Vérité, la Beauté. Il y a douze ordres principaux du soufisme, à la tête desquels se trouve le chef spirituel - cheikh. Il y avait en Bosnie, jusqu’en 1992, plusieurs ordres de derviches dont les plus nombreux étaient les Nakschibandis. On constate également l’existence des Kadiris, Rufais, Halvatis, Shazilis, Halidis, Mevlevis et quelques Bektachis. Leur rituel (le zikr) fut interdit en Bosnie entre 1943 et 1979, date de réouverture des tekkés. Malgré l’interdiction, ils pratiquèrent leurs rites clandestinement dans des maisons privées. Ils ont été poursuivis et opprimés à la fois par les autorités locales religieuses et les autorités communistes.
VALAQUES - peuple nomade, montagnard qui afflue en Bosnie des pays voisins surtout à partir du 16ème siècle ; serbisés autour de l’Eglise orthodoxe serbe, autocéphale (indépendante), une partie de Valaques se convertit à l’islam également ; avec le temps ce terme devient péjoratif en Bosnie et désignant tout mécréant, surtout serbe orthodoxe. Initialement, ce terme désigne l’habitant des Balkans que les Slaves trouvent lorsqu’ils y firent irruption. Au Moyen Age, les Valaques habitaient en Bulgarie et en Roumanie.
JUIFS (SEPHARADES et ASHKENAZES) - après leur expulsion de l’Espagne, au 16ème siècle, une partie de Juifs (sépharades) trouvent leur refuge dans les pays sous la domination turque, entre autres en Bosnie. Après l’occupation autrichienne du pays, des Ashkenazes s’installent également en Bosnie.
SERBES - peuple slave, issue d’une tribu (serbe) qui s’installe dans les Balkans vers le 7ème siècle ; de religion orthodoxe. A partir du 19ème siècle, considéré comme une nationalité.
CROATES - peuple slave, d’une tribu (croate), qui s’installe dans les pays balkaniques vers le 7ème siècle ; catholiques à partir du 9ème siècle environ ; nationalité à partir du 19ème siècle, confondu toujours avec le catholicisme et le protestantisme.
TEKKE - TEKIJA - sorte de monastère soufi (mystique) où les derviches (mystiques) ne vivent pas, mais pratiquent leur rituel nommé "zikr", une ou deux fois par semaine. L’un des plus beaux et plus anciens tekkés de Sarajevo fut celui de Sinan Aga (16ème s.) ; son cheikh le plus célèbre fut le poète bosniaque originaire de Sarajevo, Hasan Kaimi Baba (17ème s.). Semblables aux tekkés sont des hanekah et zaviya.
SEMA - mot désignant le rituel des derviches tourneurs, les Mevlevis ; le tekké mevlevi de Bembasa à Sarajevo fut détruit durant la seconde guerre mondiale.
SEMAHANE - SEMAHANA - salle dans le tekké où les derviches (soufis ; mystiques musulmans) font leur rituel (zikr).
CHEIKH - SEJH - guide spirituel des soufis - derviches (mystiques musulmans) ; celui qui dirige le rituel- zikr.
MOSQUEE - dzamija - lieu de rassemblement de musulmans servant de prière collective.
MIHRAB - sorte d’autel au fond d’une mosquée ou d’un tekké où se place l’imam (mosquée) ou le cheikh (tekké) pour diriger la prière (mosquée) ou le rituel mystique (tekké).
FRANCISCAINS- "ordo fratrum minorum", ordre de moines catholiques, fondé vers 1209 avec le but de faire la propagande catholique et de lutter contre les hérésies, surtout contre le bogomilisme ; installés en Bosnie, à partir du 13ème s..
REIS ULEMA - chef suprême religieux de tous les musulmans de Bosnie.
IMAM - prêtre musulman dont la tâche principale est de diriger la prière collective dans la mosquée ; titre donné aux grands savants et écrivains musulmans qui ont une doctrine à part.
HODJA - maître, maître d’école, professeur dans les écoles islamiques.
MEDESSE, MEDRESA - école, collège, école secondaire musulmane.
MEKTEB, MEKTEP, MEJTEF - école primaire musulmane.
ULEMA : autorités religieuses musulmanes, intelligentsia musulmane ; docteurs en théologie et en jurisprudence de la religion musulmane.
TURBE - mausolée, tombeau islamique, souvent d’un homme célèbre.
EGLISE ORTHODOXE SERBE - En 1219 Sava Nemanjic (Saint Sava) crée l’archiépiscopie serbe, mais Constantinople reconnaît l’indépendance de l’Eglise serbe seulement au 14ème s. C’est le tsar serbe Dusan qui en 1346 crée la patriarchie serbe totalement indépendante de Constantinople.
ORGANISATION CULTURELLE - Prosvjeta (serbe, époque autrichienne) ; Napredak (croate, époque autrichienne) ; Gajret (musulmane, proserbe, époque autrichienne) ; elles continuent leur activité après la constitution de la Yougoslavie (1918) ; certaines sont formées à cette époque, telles Osvit (croate), ou Sloga (serbe). Sloga (initialement "Kolo srpskih sestara" - La ronde des soeurs serbes) devint l’un des principaux clubs et la maison de culture de la jeunesse communiste de Sarajevo.
ZIKR- rituel des mystiques musulmans (soufis) dans le tekké ; invocation des noms divins.
CHARIA, SERIJAT - loi religieuse, droit islamique, loi divine, l’un des quatre postulats fondamentaux du soufisme (tarikat, chariat, hakikat, marifet).
TARIKAT- ordre mystique, du mot rabe ( passé dans le turc) : "la voie droite ; chemin de la Vérité". A la tête d’un "tarikat" (ordre) se trouve le cheikh (guide spirituel).
ILAHI, ILAHIJE- hymne, cantique, genre de poésie d’inspiration religieuse musulmane ou mystique (soufie).
SEVDALINKA - chanson traditionnelle bosniaque ; chanson d’amour passionnel.
BOSNA : premier journal bosniaque en langue turque et bosniaque, sort entre 1866 et 1878 (date de l’arrivée des Autrichiens en Bosnie).
JANISSAIRE - JANICARI- du turc "yeni ceri", nouvelle milice ; soldat turc ; à l’origine recruté par enlèvement des enfants chrétiens dans les pays sous la domination ottomane ; supprimé en 1826.
DEVSIRME - action de cueillir, de ramasser ; armée irrégulière turque formée par les enfants des sujets non musulmans de l’Empire ottoman qu’on recrutait par force ; ce mode fut abandonné sous le règne du Sultan Murat IV, vers 1637.
DJIHAD - du mot arabe "djihad" - effort, faire un effort pour être un bon musulman ; mot donné à la lutte et des conquêtes menées par certains souverains au nom d’Allah ; traduit en Occident par "guerre sainte".
SULTAN - souverain, monarque, titre donné à l’empereur turc ottoman, titre donné aussi à certains princes musulmans.
DIVAN - recueil de poésie orientale.
LYS- FLEUR DE LYS - symbole de souverains bosniaques, surtout de Tvrtko Ier (14ème siècle) ; le drapeau bosniaque portait ce symbole.
PRESSE - la presse en Bosnie commence à se développer juste avant l’arrivée des Autrichiens. Bosna fut le premier journal bosniaque, sorti entre 1866 et 1878 et imprimé à la fois en bosniaque et en turc. Un grand nombre de journaux en turc et en bosniaque, et un seul en allemand (Bosnische Post) sont publiés en Bosnie à l’époque autrichienne. Osvit et Vjesnik, journaux catholiques sortent à Mostar, alors que Bosanska vila, serbe, sort à Sarajevo à cette époque.
LA SERBIE HOMOGENE- plan connu par Stevan Moljevic en 1941 ; il s’appuie sur les idées nationalistes du ministre serbe Garasanin (19ème siècle). Le plan prévoie "la constitution d’une grande Serbie ethniquement pure, dans une grande Yougoslavie".
REVOLTES SERBES (USTANCI) - avec le déclin du pouvoir ottoman à la fin du 18ème et au début du 19ème siècle, mais aussi profitant le soulèvement des janissaires contre le Sultan, les parties rurales du Pachalik de Belgrade se révoltent contre le pouvoir turc, d’abord en 1804 (1ère insurrection serbe), puis en 1815 (2e insurrection). La libération de la ville de Belgrade, ainsi que d’autres villes du Pachalik de Belgrade se traduit surtout par la destruction de toutes les traces de la culture et civilisation ottomane, voire islamique (mosquées, tekkés, hammams, fontaines, etc), de même que par les massacres massifs des slaves convertis à l’islam. Une partie de ces derniers sont alors obligés de s’enfuir en Bosnie, d’autres d’embrasser l’orthodoxie. Milorad Ekmecic, historien serbe, professeur de l’Université de Sarajevo, devenu l’éminence grise des nationalistes serbes, a qualifié la guerre en Bosnie comme la continuité de la 1ère insurrection serbe de 1804.
REVOLTES BOSNIAQUES (contre les Turcs) - les Bosniaques se révoltèrent à plusieurs reprises contre le pouvoir turc, à commencer par la révolte des pauvres de Sarajevo au 17ème siècle. La noblesse se leva également contre les Turcs, notamment Husein Kapetan Gradascevic, dit "Zmaj od Bosne" (Dragon de Bosnie), au 19ème siècle.
DIZDAR - gardien, commandant d’une forteresse dans l’Empire ottoman. Nom de famille, de même que les "Dizdarevic".
ULEMA MEDJLIS DE SARAJEVO - autorité suprême islamique pour la Bosnie, Croatie et Slovénie.
HAIDUK - brigand de route de l’époque ottomane qui attaque les passants, et les commerçants sur les routes ; les chansons de haïduks serbes de cette époque, chanté sur le gousslé (instrument de musique à une corde) sont très populaires parmi la population orthodoxe, les haïduks étant considérés comme des héros nationaux.
ROYAUME DES SERBES DES CROATES ET DES SLOVENES - constitué d’après le traité de Versailles, en 1918. A partir de 1929, notamment après l’instauration de la dictature, le pays se nomme "Yougoslavie".
TURCISMES - mots d’origine turc, arabe ou persan, passés dans la langue slave locale (bosniaque) à l’époque ottomane, d’une manière déformée, utilisés abondamment aujourd’hui encore en Bosnie, comme en Serbie.
HANDZAR - HANDZAR DIVIZIJA : nom de la division SS de la 2nde guerre mondiale à laquelle appartenait plusieurs centaines de musulmans luttant aux côtés des Ustachis (fascistes croates)
EKAVSKI - type de parler serbe (en Serbie).
IJEKAVSKI - type de parler de langue slave (serbo-croate ou croate), surtout en Croatie et en Bosnie.
IKAVSKI- type de parler de langue slave de Sud, surtout en Bosnie ; parler de l’ancien bosniaque.
HADITH - HADIS - ensemble de traditions relatives aux actes et aux paroles du Prophète (Mahomet, Muhammad).
KADI - KADIJA - juge, juge de la loi musulmane.
BENJAMIN KALAY : ministre des finances austro-hongrois, gouverneur de Bosnie ; il essaie de créer une nationalité bosniaque pour tous les habitants de Bosnie.
JOVAN CVIJIC- nationaliste serbe (il vit entre le 19ème et le 20ème siècle), connu pour ses sentiments anti-autrichiens qu’il exprime dans ses textes, en serbe et en français. Selon lui, la "Bosnie représente le coeur du peuple serbe". Il accuse l’Autriche de vouloir enfermer la Serbie dans une souricière. Ses idées inspirent les organisations terroristes serbes, telle "Crna Ruka" (Main noire, fondée en 1903) ou "Ujedinjenje ili smrt" ("L’unité ou la mort"), ou encore "Mlada Bosna" ("Jeune Bosnie") .
NETTOYAGE ETHNIQUE- terme utilisé pour la 1ère fois en Serbie au 19ème siècle lorsque naquit l’idée de la Grande Serbie ethniquement pure (nettoyée de tous les éléments non-serbes). Ce terme est surtout utilisé par les Tchetniks lors de la 2nde guerre mondiale.
FONDAMENTALISME, FONDAMENTALISTES - mot utilisé pour le fanatisme islamique, emprunté au protestantisme.
INTEGRISME- terme emprunté au catholicisme, utilisé pour désigner le fanatisme ou le radicalisme islamique.
LA GRANDE CROATIE - créée lors de la 2nde guerre mondiale par le régime pro-nazi, ustachi, bien que cela ne fût pas le terme utilisé officiellement par les autorités croates, comme cela fut le cas pour la grande Serbie. Le pays englobait la Croatie et toute la Bosnie. (En 1939, d’après le traité conclu entre les politiciens serbes et croates (Cvetkovic et Macek), une partie de la Bosnie, notamment l’Herzégovine, faisait partie de la Croatie.)
USTACHIS - Ustase - organisation anti-serbe formée dans les années trente qui devient rapidement fasciste et pro-nazi. Leur chef était Ante Pavelic. Les Ustachis massacrèrent 7% environ de la population serbe, et la majeure partie de la population juive, de même qu’ils massacrèrent des communistes et des musulmans. C’est surtout à Jasenovac, camp de la mort tristement célèbre en ex-Yougoslavie, que les Ustachis commirent les plus graves crimes contre l’humanité.
TCHETNIKS - du mot "troupe" ; armée serbe de la 2nde guerre mondiale, loyale au roi serbe. Mais ils collaborèrent également avec les nazis, et commirent des crimes contre l’humanité ; ils massacrèrent un grand nombre de musulmans (8% environ). Leur chef fut Draza Mihailovic.
DRAZA MIHAILOVIC : Chef des Tchetniks lors de la 2nde guerre mondiale ; il lutta à la fois pour la Grande Serbie ethniquement pure, en utilisant "la purification ethnique", et contre les partisans de Tito ; collabora avec les nazis, les fascistes italiens et les Ustachis croates. Exécuté par Tito en 1946.
PATRIARCHE- titre donné au chef religieux qui se trouve à la tête de plusieurs églises orthodoxes ; du mot grec "père, ancêtre".
BIBILIOTHEQUE NATIONALE DE SARAJEVO - initialement l’Hôtel de ville, construit par les Autrichiens en 1896, devenu bibliothèque après la 2nde guerre mondiale. Pendant un certain temps, la Bibliothèque abrita également l’Académie des Sciences et des Arts de Bosnie-Herzégovine. Brûlée dans l’incendie provoqué par les bombardements serbes en 1992.
ANTE PAVELIC, chef des Ustachis, organisation fasciste croate. Avec l’aide des nazis, il forma pendant la 2nde guerre mondiale la grande Croatie, nommée NDH - Nezavisna drzava Hrvatska (Etat Croate indépendant). Considéré comme l’un des plus grands criminels de guerre en Europe. Après la guerre, il s’enfuit et trouva le refuge en Argentine.