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Punk

À l’origine aux États-Unis, le mot punk décrit la musique basée sur des guitares électriques des groupes « Garage » des 60’s tels The Sonics, The Seeds, 13th Floor Elevators et des groupes de Détroit, The Stooges et MC5. Ce qui est maintenant appelé 60’s punk ou protopunk pour éviter une confusion. Le mot punk aurait été utilisé la première fois par Lester Bangs (critique rock) pour qualifier la musique des motors city five (MC5).
Les influences du punk-rock sont aussi des groupes de glam rock tels que The New York Dolls, mais aussi les groupes de rock britannique comme The Who, The Kinks première manière et les artistes de l’avant-garde new wave new-yorkaise (Patti Smith, Suicide, Television) et The Heartbreakers avec Johnny Thunders et Jerry Nolan. On constate un fort désir de retourner à la spontanéité et la simplicité du rock primitif et un rejet de ce que les punks ont perçu comme prétentieux, mercantile et pompeux dans l’arena rock (en) des années 1970, engendrant les formes grandiloquentes du heavy metal et du rock progressif. Par contraste, le punk a délibérément renforcé la simplicité de ses mélodies, refusant toute démonstration ostentatoire de virtuosité et engageant n’importe qui à former son propre groupe dans sa cave ou son garage. Les paroles ont apporté une nouvelle radicalité d’expression dans les sujets politiques et sociaux, traitant souvent de l’ennui urbain et du chômage. Les thèmes sexuels étaient abordés de façon crue et ne se limitaient plus à l’amour sublimé qui était chanté ailleurs ou aux métaphores suggestives (et souvent transparentes, d’ailleurs) qui avaient cours dans le Rock (puis la Pop) et qui avaient suscité à l’origine de vives polémiques.

Excepté le mouvement Grunge plus tardif survenant à la fin des années 80 aux Etats Unis avec un groupe événementiel comme Nirvana (1987), si les américains inventent le concept musical Punk ils ne caractériseront pas le mouvement qui enterrera les années Pop des sixties dans les seventies, et qui en Europe deviendra une avant garde à part entière, c’est à dire en toutes disciplines des arts décoratifs, de la littérature, du mode de vie, et de la musique. Le mouvement Punk au Royaume Uni, une fois de plus dans l’histoire de la musique populaire, fit l’événement, avec l’engagement politique de groupes radicaux portés par la jeunesse contre l’Establishment en pleine généralisation de la pauvreté populaire, ou encore contre la guerre en Irlande. Soulevés par l’anarchisme révolutionnaire dans la société pré-Thatchérienne et Thatchérienne, ce sont surtout, sans idéologie mais à l’acte même, deux groupes en théorie et en pratique socialement offensifs, et parmi eux celui qui installa le mouvement Punk en Angleterre, avec la rigueur musicale de son rock acoustique, aux paroles violentes et aux affects extrêmes, et ses grimaces en scène (qui annoncent les futrures guitares détruites à chaque concert de Kurt Cobain), les Sex Pistols, Lead Vocals : Johnny Rotten (qui choisira de quitter le groupe en 1978, après leur tournée américaine mouvementée). Avec des thèmes comme la reprise de "God save the Queen" en pleine violence de la crise économique, et surtout "Anarchy in the UK" (1976) qui fera la face A d’un Single chez EMI, avec "I Wanna Be Me" sur la face B (c’est tout dire du Manifeste, qui sera repris dix ans plus tard par le groupe de Metal Megadeth) les Sex Pistols demeurent un groupe historique, juste avant l’indifférence générale. L’autre groupe chanta sous la même bannière, avec un engagement social plus précis de son leader (Lead vocals and Rhythm Guitar : Joe Strummer) qui finit par trouver que les Sex Pistols anticipèrent les Boys Band, The Clash et son album "London Calling" (1977). Sans oublier la sensibilité du Rock New Wave quiinspira tant les Etats-Unis mais qui fut avancé pour intituler un label dès le début des années 70, par le manager des Sex Pistols Malcolm McLaren, référant à la Nouvelle vague du cinéma français dans les années 60, pour désigner une inspiration diversifiée du Rock par la musique expérimentale ou le Disco ou d’autres sources, avec des auteurs ou des groupes britanniques également considérés comme Punk tels Ian Dury, Elvis Costello, Les Ramones, ou encore The Stranglers. C’est seulement en 1992 que paraît un ouvrage sur le mouvement censé être dissous en 1977 mais déterré aussitôt : The Philosophy of Punk, Craig O’Hara, AK Press, Edimbourg (réédité en 2004).

En France, dès 1977 Patrick Eudeline publie L’Aventure punk au Sagittaire. C’est ici dans la foulée du Royaume Uni une floraison de groupes indépendants plutôt New Wave que Rockabilly ou Hard Rock tel le duo "Mathématiques modernes" avec la chanteuse égérie Edwige Braun-Belmore et Claude Arto (synthétiseur), et surtout Les "Stinky Toys" qui participèrent au festival Punk des 100 groupes à Londres en 1976 (Elli Medeiros : Vocals, Denis Quilliard, alias Jacno : Rhythm Guitar and Producer, Bruno Carone : Lead Guitar, Albin Dériat : Bass Guita, Hervé Zénouda : Drums), postmodernes et internationaux dans leur inspiration sous l’influence des textes d’Elli, récemment émigrée d’Argentine. Il restera peu d’artistes mémorables persistant dans le Rock après ces années, sinon une personnalité diversifiée comme Elli Medeiros après le duo Elli et Jacno, ou Alain Daho (jeune amateur des Stinky Toys) advenant dans la variété, ou enfin Patrick Eudeline de "Asphalt Jungle", le plus intellectuel de tous, devenu principalement journaliste et directeur d’édition, auteur de l’album éponyme "Mauvaise Etoile" (2006) selon la chanson composée sur un texte de Virginie Despentes, qui participe aussi à des pièces de théâtre comme acteur.

Ce qui distingue davantage la France après ces années ne vient pas de la musique mais du graphisme. Si en Angleterre Vivienne Westwood restera la plus grande styliste émergente du Punk, après avoir habillé les stars décalées de Londres et elle-même, puis advenant avec le mouvement Queer, c’est surtout l’existence française de la seule avant garde graphique notoirement représentative du mouvement, qui se donna lieu principalement dans la triangulation Londres à Paris et à New York, avec le groupe Bazooka "résistance graphique" (1974-1978) appliqué aux media, fondé par Christian Chapiron (Kiki Picasso), Jean Louis Dupré (Loulou Picasso) et Olivia Clavel (Electric Clito) et rejoints par Lulu Larsen, Bernard Vidal (Bananar) et Jean Rouzaud, puis sporadiquement par Philippe Bailly (Ti5 Dur) et Dominique Fury (Fury)). Aujourd’hui référencé dans les catalogues du marché des arts graphiques, le groupe inaugura ses actes au Journal Libération et publia "Un regard moderne", dont l’iconographie événementielle eut une retombée tendancielle de la mode qui sera adaptée notamment pour Agnès B. qui les soutenait. Les trois fondateurs demeurent respectivement des artistes exposés, aux oeuvres toujours surprenantes, singulières, et recherchées, peintures, littérature, et livres d’art, toujours provenant d’un geste activiste à sa façon. Plusieurs magazines expérimentaux ont eu lieu sur Internet, relayés par des associations et des ateliers pédagogiques.

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