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22 janvier, par Régis Poulet
« Il est difficile de vivre et de mourir en beauté, mais il est tout aussi difficile tant de vivre que de mourir de façon profondément horrible. C’est là l’humaine condition », constate Mishima Yukio dans son commentaire du Hagakure (1967). Cette association de la mort, de la beauté et de l’horreur, trois ans avant son seppuku, n’est pas rare dans son œuvre. Dès ses quatre ans, rappelle-t-il dans Kamen (...)
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5 août 2021, par Régis Poulet
« La géopoétique, rappelait Kenneth White en 2011, est à la fois l’étude de l’organisation inhérente à l’univers, la formation d’un monde humain et l’expression de cette formation. » En prenant les éléments à la racine, on peut considérer que cette question s’est posée dès l’origine de notre espèce. Disons que l’hominisation a rencontré ce triple aspect du fait d’exister en tant qu’humain, progressivement, mais (...)
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6 juillet 2010, par Régis Poulet
En ce début de XXIe siècle, nos oreilles sont rebattues de mises en garde, de propos alarmistes relatifs au danger que l’Asie ferait courir à l’Occident dans les domaines économiques, sociaux voire culturels. Cela fait plus d’un siècle que le Péril jaune est brandi régulièrement. Examinons-en l’origine, les caractéristiques et tentons de comprendre ce qu’il révèle des représentations occidentales.
Une (...)
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10 août 2022, par Régis Poulet,
Victor Segalen
Préface
De Victor Segalen à Claude Lévi-Strauss et Paul Virilio, un bon siècle de cassandres ont dénoncé avec raison le danger de l’uniformisation planétaire. Claude Lévi-Strauss, dans Tristes tropiques (1955), déplorait les ravages de l’idéologie politico-économique du Même, et concluait à l’inanité des voyages. Paul Virilio mit en garde contre la réduplication du monde.
Nous savons où nous en sommes. (...)
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20 avril 2010, par Régis Poulet
Avec Werner Herzog et Rainer Fassbinder, Werner Schroeter fut l’artiste clef du nouveau cinéma allemand des années 70. Son décès à 65 ans, la semaine dernière, est l’occasion de rendre hommage à ce réalisateur et metteur en scène de théâtre et d’opéra.
Son travail cinématographique s’est à plusieurs reprises appuyé sur la littérature. En toute subjectivité, nous retiendrons surtout, à dix-huit ans (...)
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12 novembre 2023, par Régis Poulet
Lire un waybook de Kenneth White est une expérience singulière.
Ni littérature de voyage, ni récit d’exploits, encore moins tourisme cultivé, il s’agit d’« un autre ordre d’écrits, celui des voyageurs de l’esprit, des pèlerins du vide », un livre qui cherche à « découvrir des chemins de culture occultés par l’histoire, des pistes de pensée (un lieu, un moment, peut être l’occasion, non d’une vague réflexion, (...)
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23 mars 2015, par Régis Poulet
Si la modernité a été portée par l’Histoire, par quoi la postmodernité l’est-elle — qui a pu être définie comme l’ère de la fin des grands récits : Histoire, religions, mythe du Progrès ?
Il y a plus d’un siècle, Friedrich Nietzsche avançait au bord de l’abîme temporel de l’éternel retour et y sombrait.
La dimension spatiale — ou topologique — de la pensée l’emporta tout de même sur la dimension temporelle (...)
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16 juillet 2007, par Régis Poulet
« Mes frères, restez fidèles à la terre, avec toute la puissance de votre vertu ! Que votre amour qui donne et votre connaissance servent le sens de la terre. Je vous en prie et vous en conjure. [...]
Ramenez, comme moi, la vertu égarée sur la terre - oui, ramenez-la vers le corps et vers la vie ; afin qu’elle donne un sens à la terre, un sens humain ! »
Parmi ceux qui semblent avoir (...)
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29 avril 2017, par Régis Poulet
A la manifestation des forces hétérogènes dans le champ politique sous la forme fasciste, c’est-à-dire au constat de l’insuffisance de l’homogène pour l’homme, donc de la nécessité de l’incommensurable, de l’hétérogène, nous pourrions envisager d’associer les forces affectives (hétérogènes) aux forces de cohésion (homogènes) à une échelle qui serait à la fois locale et universelle et qui subvertirait notamment (...)
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27 septembre 2023, par Régis Poulet
Kenneth White n’est plus.
Dès sa disparition, ses amis ont senti, au lieu d’une présence irradiante, une absence irradiante.
Celle-ci puise dans la mémoire de moments jamais banals partagés avec lui, souvent mêlés d’une joie profonde et légère, souvent empreints d’une générosité simple, des moments toujours marqués par une intelligence vive et lumineuse.
Toute cette énergie, cette claritas, est (...)