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16 février 2011, par Mariana Naydova,
Sanja Knezevic
Regarde-moi, maman ! Je danse ! Ne sois pas méchante ! Le travail n’est pas un lièvre. Je vais, je vais aller ! Là-bas, devant l’hôpital, les gens arrêtent de me voir et me donnent de l’argent. Je pense que ce n’est pas comme la mendicité dans les grands magasins. Mendier dans l’hôpital me plaît. Voilà ce que j’aime. Sinon, les gens ne me regardent pas dans les yeux, en me jetant une pièce de monnaie. (...)
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22 décembre 2011, par Mariana Naydova
La conversation s’éteint. Fernand se délasse dans sa chaise. Marie caresse avec son doigt le bord du verre. Le verre est grand, on peut le tenir avec les deux mains. Dans le crépuscule le vin ressemble à du sang.
— J’avais trente ans, quand j’ai perdu mon bébé. Tu sais, Marc, Pierre ne voulait pas d’enfants, c’est comme si le bébé l’avait appris, puis il est sorti de moi. Depuis, je suis toujours (...)
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8 décembre 2011, par Mariana Naydova
Un longue guerre a été déclarée. La distribution des forces était inégale. Lilith avait enfin trouvé son maître, bien qu’Eve persiste à la regarder de façon ironique. J’ai pensé qu’il fallait me détendre un peu sur le sable de mes pensées. La douleur en moi peut entraîner une fuite à travers ma peau et en charger chaque grain de sable sous mon corps. Si Mars pouvait s’allonger à côté de moi pour ressentir le (...)
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7 février 2011, par Mariana Naydova
PERSONNAGES
ELLE
LUI
LA GRAND - MERE
OKSANA
La scène est plongée dans le noir. C’est la nuit. On entend le bruit d’une clé qui cherche le trou de la serrure. Une voix féminine marmonne. Quelque chose tombe.
ELLE : Où est la serrure ? Zut ! Je ne vois rien ! - La porte s’ouvre enfin. Elle actionne l’interrupteur, la scène s’éclaire. Lumière jaune du couloir d’un petit appartement. L’espace (...)
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29 décembre 2011, par Mariana Naydova
Il semble que Dieu s’est souvenu de moi. Pour quelle autre raison aurais-je reçu ce message au-delà de l’oubli ? Mars m’avait écrit cette nuit et sa lettre clignotait sur l’écran et la peur m’attrapa comme le jour d’avant mon départ pour Paris. Eve me regardait d’un air boudeur à l’époque, et me faisait la lippe. Elle trouvait mon agitation bête et m’avait dit que j’allais perdre mon temps pour rien, car (...)
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22 mai 2012, par Mariana Naydova
Yana-a-a !
C’est mon père qui me cherche. Le dîner est prêt. De la grange des voisins, où je me cache, je fixe la fenêtre de la cuisine, éclairée comme un œil jaune. Maman met la table. Je la vois qui va qui vient, sans fin, nerveusement, ses gestes l’effacent. La chambre paraît vide, nue. Etrangère. Pauvre aussi… Que de mots qui sonnent creux encore ! Je veux leur donner mon propre sens, les imbiber de (...)
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3 novembre 2011, par Mariana Naydova
Je suis Eva. Je ne suis qu’une référence banale de la Bible. Je détestais depuis toujours mon stupide prénom. Non pas que je ne le haïsse plus, mais sur le chat, et surtout sur les sites des amoureux, il travaille pour moi sur commande. Là, il est plein de malheureux qui veulent découvrir la sérénité, et ils s’accrochent à mon prénom avec l’espoir des noyés. C’est comme si j’étais leur mère, Eve. Les (...)
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24 novembre 2011, par Mariana Naydova
Lilith, quelle lettre ! J’ai beaucoup aimé cette analyse que vous faites des désirs masculins. Elle paraît très pertinente. Je n’ai jamais lu cette histoire de Lilith dans la Bible, mais où avez-vous donc lu tout cela ? Si je devine bien votre personnalité, vous seriez plus Lilith qu’Eve, n’est-ce pas ? Quant à moi, les Lilith m’attirent davantage, mais me terrorisent, donc je me sens plus en sécurité (...)
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3 mai 2011, par Mariana Naydova,
Vincent Boisot
Tiens-le bien, mon garçon. Oui, ce sera le manche. Il est beau, je sais ! Est-ce qu’on ne dirait pas la proue d’un navire ? Mais où aurais-tu pu voir la proue d’un navire ? Ah ! oui ! Dans ce film qui montre Ulysse attaché au mât du bateau. Tu te demandes pourquoi Ulysse était attaché de cette façon ? Est-ce que tu ne l’as pas compris ? C’était à cause du chant des sirènes. Leurs voix sont (...)
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22 mars 2011, par Gaëlle Girbes,
Mariana Naydova
Quelle chance de te croiser, ma petite ! Comme tu me rappelles Anca ! Je vais t’appeler comme ça ! Je connaissais une femme qui s’appelait Anca. Il n’y a pas d’autres comme toi. Maman te dit cela chaque jour, non ? Si maman le dit, cela doit être vrai. Penche-toi un peu ! C’est bien ! Et plus de sourires ! Maman, dis- tu, elle n’est pas à la maison ? Elle est avec le bébé à l’hôpital. Et papa ? C’est (...)