« Tout par l’État, rien contre l’État, rien en dehors de l’État. » Mussolini, Discours devant le Parlement de la monarchie constitutionnelle italienne, le 26 mai 1927.
Comment cela a-t-il commencé ?
Sur Mussolini, novateur du genre, on peut lire : « (...) Il est d’abord membre du Parti socialiste italien (PSI) et directeur du quotidien socialiste Avanti ! à partir de 1912. Anti-interventionniste convaincu avant la Première Guerre mondiale, il change d’opinion en 1914, se déclarant favorable à l’entrée en guerre de l’Italie. Expulsé du PSI en novembre 1914, il crée son propre journal, Il Popolo d’Italia (Le peuple d’Italie) qui prend des positions nationalistes proches de celles de la petite bourgeoisie. Dans l’immédiat après-guerre, profitant du mécontentement de la « victoire mutilée », il crée le Parti national fasciste (PNF) en 1921 et se présente au pays avec un programme politique nationaliste, autoritaire, antisocialiste et antisyndical, ce qui lui vaut l’appui de la petite bourgeoisie et d’une partie des classes moyennes industrielles et agraires. (...) » [3].
L’art de la communication et de la propagande fascistes furent illustrés par les actes d’artistes et d’intellectuels parmi lesquels des adeptes du pan-européanisme, et des modernes — internationalistes, critiques ou déçus du bolchevisme, qui ne se virent pas déraper en soutenant la cause collective nationaliste, pour unir par l’esthétique le peuple au-dessus des classes sociales.
Si l’État règle tout, le syndicalisme est inutile et peut disparaître — d’abord violemment combattu, ensuite interdit.
Comme on se doit de remarquer que Mussolini fut d’abord un socialiste (et un ancien instituteur) qui paya de la prison son activisme social en Suisse, en 1903, ce n’est certes pas pour dire que tous les hommes de pouvoir socialistes seraient potentiellement mussoliniens, a fortiori les cols blancs tels que les nôtres — grâce pour les Vaillant, Jaurès, Blum, Mendès-France, — ni plus particulièrement que François Hollande pût se « transgender » en Marine le Pen, comme des caricatures récentes l’exposèrent, mais pour montrer comment, tout au contraire de l’Allemagne nazie, une partie conséquente de la gauche socialiste italienne et les écrivains, poètes, artistes et architectes futuristes ou adeptes de la modernité, (la plupart susceptibles d’être considérés en Allemagne comme des artistes dégénérés), purent suivre ou rejoindre Mussolini, confortés par les actes culturels prescrits et institués par Giuseppe Bottai et, à l’instar des classes moyennes, comment ils entrèrent dans le goulot du « faisceau » sans peur et sans reproche.
C’est Gramsci, le philosophe marxiste de la praxis, et du conseillisme ouvrier, qui repéra et désigna l’hégémonie culturelle comme un dispositif majeur de maintien de la domination de l’État dans les sociétés bourgeoises du capitalisme, hypothèse ultérieurement applicable au maintien de la domination de l’État démocratique — basé sur l’information, — par le capitalisme. Le capitalisme de l’accumulation de la propriété de la production et de ses profits, profits financiers inclus, mais encore le capitalisme délesté de la propriété, dans l’activité décuplée en temps réel par la virtualisation des produits et des changes, la transmission sans stock ni capital, et les plus-values auto-produites des primes, selon des chiffres sans rapport avec la valeur d’usage de la monnaie. L’avènement de la rente et du commerce de sa fluidité. La monnaie de la valeur d’échange inaccessible aux populations démunies de la production, dans les sociétés néo-libérales du capitalisme financier, ce sont des richesses hors des pactes d’équivalence, non partagées, et pour plus d’injustice sociale : cautionnées par l’austérité.
Gramsci, qui ne conspirait pas pour le pouvoir, livrant tous ses actes intellectuels à leur transparence activiste dans les classes révolutionnaires dont l’éducation et la formation le préoccupait, en même temps que dans ses combats parlementaires à l’égard des élus, confiant dans l’avènement logique des luttes contre toute violence, lui qui avait assisté à la bataille pour la succession de Lénine lors d’un voyage en URSS en 1924 et s’en était édifié, fut arrêté pour « conspiration » par les fascistes le 8 novembre 1926, après que le Premier Ministre Mussolini échappât à un attentat « raté » le 31 octobre à Bologne. Le Premier Ministre créa le « Tribunal spécial pour la défense de l’État » en 1927, lui attribuant la vocation de faire le procès du communisme, et c’est là que Gramsci fut jugé pour être réprimé de penser et de parler.
Gramsci fut condamné à 20 ans de réclusion, d’abord en rétention finissant par advenir en prison, après avoir co-fondé le parti communiste italien en 1921, avoir crée le quotidien L’Unità le 12 Février 1924, et été élu député de Turin en 1924 — et ayant exercé ce mandat jusqu’à son arrestation. Au terme du jugement le procureur déclara : « Nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner pendant 20 ans ». On prête à Mussolini d’avoir au préalable prescrit la sentence en ces termes : « jusqu’à ce qu’il ne puisse plus penser ». Loin de cesser de penser et d’écrire il finit cependant par tomber malade et mourut en 1937, peu de temps après avoir été libéré pour être soigné.
C’est dire si l’atteinte à la liberté de penser et de l’exprimer dans la tradition des démocraties républicaines de l’après-guerre est toujours restée entachée du crime de la dictature fasciste contre Gramsci, en Europe.
Le fascisme historique était anti-libéral dans le principe même de son nationalisme, le fascisme aujourd’hui, quand il manifeste ses lobbies corporatifs nationaux à l’assaut impérialiste du monde globalisé, c’est le fascisme inclus dans la forme libérale elle-même. La forme justifie le droit commercial qui structure la domination autoritaire du pouvoir dans le pays de sa fondation et/ou de sa richesse. Lorsque l’autorité des trusts implantés en groupes de pression — agro-alimentaire, ressources, armement, divertissement, etc. — s’empare du pouvoir de la loi et de la sécurité, nous savons déjà depuis George W. Bush que le libéral-fascisme advient en pouvoir de l’armée et nous connaissons ses courroies de sécurité (polices, justice, services secrets) sous la raison d’État contre les droits humains (à l’extérieur comme à l’intérieur de sa source).
Cela signifie que dans les démocraties constitutionnelles déchues par le libéralisme, le pouvoir élu puisse n’être que l’émergence d’une caste bureaucratique exécutive d’un pouvoir nationaliste, au service de l’autorité impérialiste internationale de ceux qu’il représente. Et ce pouvoir forcément ne doit rien à ses électeurs mais aux puissances pour la domination et l’existence durable desquelles, et par conséquent avec lesquelles, il devra gouverner. Les banques et les opérateurs financiers compris. Peu importe à un tel État qu’il soit souverain puisqu’il ne gouverne pas, mais administre et contrôle l’exécution de règles exogènes. Il lui importe par contre de manifester l’autorité, d’où le concept de "sécurité nationale" utile pour sécuriser le monde de la puissance internationale devant rester inchangé quand il paraît menacé, resurgissant soudain dans la voix de la gauche (contradictoirement d’un temps où elle avait pourtant prescrit du vocabulaire le mot "nationalisme" sauf pour stigmatiser même pas l’extrême droite mais les euro-sceptiques), et en cas d’urgence ou de « crise », de l’imposer par la force si elle n’est pas perçue. Là encore la violence contre la population s’annonce d’abord par l’ordre informé de la double contrainte : double bind.
Comme le liberal fascisme peut succéder paradoxalement au fascisme, ce qui succède à l’hégémonie culturelle, après l’esthétique, c’est la communication et la désinformation brutes des signes comme culture de masse, ce sont les outils de conviction et d’aveuglement de la population appelée à voter et à exécuter les directives. De l’information comme moyen de domination à la communication de la désinformation, s’installe, de nos jours, la fourchette de l’évidement par lequel s’effectue la domination médiatique de l’autorité post-démocratique des groupes de pression comme pouvoir d’’État, telle que Gramsci l’avait pressentie au-delà de son propre temps.
Nous sommes aux mains d’un État qui nous dirige à la fois « par la force et le consentement » (Gramsci). Quand l’état d’urgence se passe de notre consentement, et nous consentons cela, alors, quelle que soit la stratégie des candidatures et le résultat des consultations électorales, l’État devient une dictature.
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Ainsi commence le fascisme — je ne parle pas de Marine Le Pen qui n’en est que le signe évident. Je parle de l’État et de l’usage du pouvoir tels qu’ils sont en place maintenant.
Quel est le symptôme ?
A propos de l’agriculture et de l’écologie : la réapparition du concept terroriste d’« ultra-gauche » qui avait accablé la commune de Tarnac et ses protagonistes, joue à présent sur le traumatisme et la peur du terrorisme de masse qui vient de nous frapper durement, le 13 novembre à Paris, quand soudain il attribue une représentation conceptuelle de la gauche radicale à des actes terroristes meurtriers réalisés, qui n’ont rien à voir avec ce que le mot « ultra-gauche » désigne à l’entendement (en premier lieu du sens).
Ce ne sont pas des confusions sémantiques puisque des agriculteurs bio-écologistes ont été perquisitionnés, au cas où ils auraient caché des semences de ferme, suite à l’état d’urgence déclaré après les attentats, et les manifestations interdites, à l’aube de l’ouverture du forum COP21.
C’est-à-dire, dans le cas immédiat, quand le concept sécuritaire qui fabrique la menace, « dénotateur/détonateur » [4] étend idéologiquement la responsabilité ou la cause de la menace de mort, qui pèse sur la société et ses individus, à la gauche radicale critique du système, et à toute dissidence active normalement autorisée dans les démocraties, inclus les microsystèmes des dissidences pour survivre sans nuire : le fascisme est en marche, de l’utopie à la dystopie.
Cette translation sémantique intégrant un événement de la terreur passée à l’acte, consistance même de la sémiotique de la communication fasciste, c’est la naissance du bouc émissaire dans un lit d’horreurs.
Cette communication renvoie à la fois à l’avant-guerre, et à l’Italie de Gladio [5], où l’extrême droite alliée aux services secrets et à la police pratiqua des attentats de masse (Milan, Bologne) qui furent attribués aux anarchistes et aux syndicalistes radicaux alors désarmés, ouvrant la violence de la répression politique jusqu’à l’assassinat des syndicalistes, ce qui mena à l’auto-défense et à la radicalisation armée des militants. On connaît la suite.
La naissance du fascisme dernièrement, c’était quand personne n’aurait encore qualifié les Takfiristes ou les Salafistes d’« ultra-gauche », l’ultra-gauche étant déjà qualifiée de terroriste potentielle, mais d’« Islamistes ». En somme, dans le mot « Islamiste » tout pratiquant de l’Islam s’entend en potentiel de terroriste dans la société laïque. D’ailleurs on ne dit pas les Musulmans de France mais l’Islam de France, une nébuleuse objective qui ne signifie pas une religion mais un monde d’altérité. Ne dit-on pas les Chrétiens, pour englober tout le christianisme, ou les Juifs pour englober tout le Judaïsme, (des gens et pas de choses) ? Alors : pourquoi l’Islam plutôt que les Musulmans ? Quelles instances politiques parlementaires ou ténors politiques médiatisés s’en alarmèrent avec une énergie convaincue de devoir provoquer un changement de vocabulaire, pour palier à la dérive xénophobe et raciste instruite par les mots ?
Tandis qu’ils étaient occultés sous l’Islam pour désigner tous les Musulmans français on armait les Takfiristes et les Salafistes en Libye puis en Syrie ce qui rendit visibles les méfaits de « l’islamisme ». L’information en double bind, c’est aussi l’univers de la propagande urbaine chez Philip K. Dick (Ubik), chez Georges Orwell (1984). Qu’on ressorte ensuite un bon et un mauvais Islam fut un comble. Quand on délocalise une partie des concitoyens en les constituant comme un monde étranger on ne les réintègre pas sous le meilleur terme du pire.
De l’Islam à l’islamisme c’est la même translation que celle de l’ultra-gauche au terrorisme, qui divise socialement en deux mais ne globalise pas au-delà, dans un premier temps. Elle définit politiquement le dominant et le dominé, le soumis et le révolté deviendrait-il délinquant ou mystique ou délinquant mystique qualifié, ou meurtrier accompli — ce qui introduit un changement de niveau du repli auto-défensif. Cela a institué une administration de fait selon une conception des couches sociales attribuée au « civilisationnel » (concept xénophobe raciste), pour désigner des boucs émissaires de la ruine du système social et économique, et des mauvaises politique étrangères. Y a t-il des listes ? Oui il y en a, sécurité oblige et rassurons-nous elle comprennent des athées et des chrétiens « français de souche » depuis le Moyen Âge, concernant le potentiel insurrectionnel fantasmatique de l’administration. Cela correspond en partie à de simples citoyens vivants, et en partie à la réalité pluri-communautaire en partance pour le djihad muté de l’internationalisme ou du monde global (il n’y a pas de nations de l’Islam mais l’islam à l’échelle du monde), concept déviant de la représentation du monde néo-libéral à l’échelle planétaire, réalisé dans l’impact pour les droits universels contre le dictateur sanglant.
Les mutations et les transferts au travail des idéologies mènent ainsi à la question suivante : quelle différence de conception du « no future » y a-t-il entre un kamikaze et un suicidé, sinon la cause de tuer — non le refus mais le sacrifice, où la hauteur de la performance est qu’à ce niveau, dans ce cas, le martyr désigne à la fois l’assassiné et l’assassin ? Le suicidé quant à lui renonce en ne faisant que s’auto-détruire pour disparaître. Quelques chiffres de 2011 publiés par L’Observatoire national du suicide (ONS) en 2014 :
« En France, un décès sur 50 est un suicide / En 2011, 11.400 personnes se sont donné la mort en France métropolitaine. Un chiffre qui fait de la France un pays qui enregistre l’un des plus hauts taux de suicides en Europe, après la Finlande, la Belgique et la plupart des pays de l’Est. « On estime qu’une personne sera confrontée, sur une période de quarante ans, au décès par suicide d’une à trois personnes de son entourage immédiat », souligne le rapport de l’ONS. Un Français sur 20 fait une tentative de suicide au cours de sa vie. En 2011, 200.000 personnes ont été hospitalisées en raison d’une tentative de suicide (TS). Mais toutes les TS ne donnant pas lieu à une hospitalisation, les statistiques sous-évaluent l’ampleur du phénomène. (...) » [6].
Quelle gauche s’est inquiétée des signes morbides de l’accroissement du désespoir social, sinon — quoiqu’à juste titre — des suicidés du travail, avant le point de non retour de ceux qui ne partent pas sur la pointe des pieds ? Cette ignorance par spécialisation catégorielle ou corporatiste fait aussi partie des prémisses de la réponse fasciste de la « constitutionnalisation » d’une nouvelle loi d’urgence.
Un système politique qui ne recule pas devant le risque d’informer le racisme et la xénophobie, pour désinformer la ruine des structures collectives liées à la « libéralisation contrôlée », sous l’égide de l’austérité cautionnée par la perte de souveraineté budgétaire, dans les anciens pays du service public et pour en ajouter cadrés par la disparition de la production et les guerres, sous le pouvoir des groupes de pression corporatifs, des banques, et de l’autorité de leur oligarchie : c’était déjà le commencement du fascisme fut-il en partie supra-national.
Une fois la division communautariste passée à l’acte du mandat socialiste — libéralement égal à celui qui l’avait précédé — elle est de surcroît devenue politique : puisque la gauche socialiste est morte alors la gauche elle-même est morte, donc la gauche radicale (écologistes compris) n’est pas une survivance mais une anomalie, une pathologie, ou une criminalité ; son existence étant anormale — prescrite par la disparition de la gauche parlementaire — est une forme de délinquance qui la rend dangereuse, qu’il faut donc surveiller et réprimer pour « le bien de tous ». Fin de la dissidence pacifique légale, l’ère de la provocation s’inaugure ainsi. Alors tout devient possible sous vrai ou faux drapeau. Les genres révoltés se confondent en ennemi public, tandis que l’ennemi véritable, celui qui tue, s’avance inaperçu, il entre dans le hall de la confusion, sans être dérangé. Alors se lève la vigilance des groupes obscurs, comme dans le film M le maudit — le fascisme annoncé.
Le champ des citoyens respectables pour le gouvernement fait ainsi la peau de chagrin.
Quand un pouvoir accumule le bouc émissaire du racisme et de la xénophobie avec le bouc émissaire du conservatisme sécuritaire, il retrouve sa base populiste sur l’adhésion à l’exclusion et à la répression autoritaires — arbitraire aux yeux de ceux qu’il frappe et qu’il victimise et ça perquisitionne, ça garde à vue dans les virgules de merde des cellules équipées de latrines maculées : c’est déjà le fascisme — situation de la détention provisoire déjà pratiquée sous le mandat présidentiel précédent, qu’à tort on avait pu penser révolue — le stade du soupçon pour faire parler le détenu provisoire qui avait résisté au flash-ball ou aux coups des BAC, avant le fascisme.
Et les gens le savent tellement, qu’ils ne voient pas de différence notoire dans le fait d’élire le Front National. C’est d’ailleurs pourquoi le Front National monte monte monte... même si on ne vote pas pour lui — nous en tous cas — et même si les ténors crient : au secours ! »
Au secours ! C’est autrement et dans le champ pratique, dans le domaine critique du pouvoir, que les ténors de l’ancienne gauche qui prétendent défendre les pactes sociaux (disparus), devraient se mobiliser pour la vie actée, contre la résignation et les mortifications réalisées. Alors le Front National plutôt que la Gauche se rétrécirait de lui-même.
Au lieu de cela la Gauche parlementaire décida de voter l’état d’urgence, comme la droite, en dépit de ses discours médiatiques contre les discours de droite sur le sujet. Le beau discours parlementaire du chef de groupe de gauche réduit à son plus faible nombre, n’était dans ce cas qu’un cri de désespoir de l’homme politique à genoux criant grâce. L’écrasante majorité appelle davantage : la « constitutionnalisation » de l’état d’urgence, et autres mesures de « détail ». C’est du jamais vu depuis Vichy, alors que les USA, qui inaugurèrent la post-modernité de l’état d’urgence dans le monde atlantique, après les milliers de morts du 11 septembre 2001, l’édictèrent par l’acte patriote, sans toucher à la constitution. Alors, on pouvait lire la mobilisation des grands intellectuels américains exprimée sur le web dans les termes du Grand Frère : « La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force ». Information aux frontispices des façades dans 1984, à laquelle dernièrement certains ont ajouté un quatrième aphorisme : « la droite c’est la gauche »...
Chez nous, l’affichage donne, en cas d’attaque chimique : fuir et se mettre sous le canapé (trop peu surélevé du sol pour pouvoir s’y glisser et donc commencer par le soulever — que celui qui pourra ensuite s’y glisser et une fois le canapé retombé sans être écrasé, le dise) — c’est affiché dans le métro, même s’il n’y a pas de canapé dans le métro, lieu de prédilection bien connu pour les attaques chimiques.
Il ne semble pas autorisé par la constitution française qu’elle soit modifiée sans consulter directement la population enfin si, il existe une possibilité de dérogation utilisée depuis que la population n’est pas d’accord avec ce qu’on lui propose, paraît-il. En tous cas le seul vote parlementaire dans ce cas est illégal. Qu’importe ? Le parlement est complice du coup contre le devoir exécutif constitutionnel du peuple : c’est le fascisme. Ce qui avait précédé était d’imposer le Traité de Lisbonne par une adhésion simplement parlementaire, alors qu’il supposait déjà des modifications exigeant une nouvelle consultation populaire. Crainte du renouvèlement d’un refus après l’échec du premier référendum sur le sujet. Mais alors la gauche ne fit pas de tapage pour informer que les droits collectifs étaient prescrits. Et le peuple qui n’est pas dupe de l’apparition de la morale quand le sens fuit ne se contente pas d’ironiser en assumant la moralisation par sa caricature, il pense cependant : « qui ne dit mot consent ».
Le choix électoral des citoyens anti-fascistes serait donc non pas le changement de politique mais la politique de l’audimat à travers les urnes : pour contrer les bulletins de l’extrême droite il suffirait de re-élire un des partis de ceux qui amènent l’extrême-droite au pouvoir.... Ainsi, par hasard, les électeurs de la gauche dans ce cas se raréfient. Non seulement parce que la gauche s’est auto-détruite du fait de ses propres pactes d’indifférence libérale consensuelle, mais encore parce que ceux restant des électeurs de gauche ont encore un brin de lucidité, et en ont assez de commettre des gestes absurdes contre leur entendement.
Les ténors devaient bouger pour répliquer sans concession par des informations suivies et des actes de refus déterminés tant contre les concepts pervers déployés par le sécuritaire, que contre les guerres d’ingérence. Dans les pensées agitées des rationalistes à courte vue (ou à longue vue non déclarée) et les consultants et experts de messieurs le Président et le Premier Ministre, et de leur ministre de l’Intérieur et de leur ministre des Affaires Étrangères — entre autres — l’apolitique du bien c’est la politique du pire.
Tout dernièrement c’est au moment même, pour réagir aux attentats aussi horribles que ceux qui viennent de frapper en série, qu’il convenait de se déclarer non solidaire du pouvoir politique qui avait conduit à ce que de telles horreurs fussent possibles. Ou encore, quand, à la faveur de la COP21, la loi d’urgence contre la terreur se déplaça vers d’autres cibles, forgeant de se transformer elle-même en loi de la peur — de la peur à la terreur il n’y a qu’un pas — pour plagier Jung.
Ce n’est pas la veille du scrutin qu’il faut le dire, ni même qu’on n’y peut rien et que ça s’est passé malgré soi. Le fascisme est bel et bien déjà là. Le Pen n’est plus qu’une formalité. Et ce n’est pas notre bulletin biaisé qui l’empêchera.
Où j’ai hyper chaud c’est pour mes amis et camarades de l’Alsace et de la Lorraine... parce qu’il y a l’histoire en plus. Que peuvent-ils faire sous le nombre des estimations de vote et la vanité des candidatures rivales ? A voir ce soir et la semaine prochaine.
Ce qui suit n’est pas une consigne de vote mais une réflexion :
Mais on ne peut s’empêcher de se dire que le plus grave est déjà là, pas à la sortie des urnes qui n’en seront qu’un reflet même pas un miroir, et encore moins le corps qui croira s’y regarder, déjà fantomatique, enfermé, emprisonné, en attente des prochains coups annoncés, empêché de réfléchir et de l’exprimer pour se défendre, sinon pour se laisser enficher. Au moins, depuis un an, les dupes qu’on appelle les électeurs — dont je suis — ont le vote blanc compté mais non déduit des suffrages obtenus — une enveloppe vide.