J’ai rencontré Michel Pérelle en mars 1993. Je revenais d’une lecture de poèmes, lorsqu’un homme d’une cinquantaine d’années m’a abordé pour me parler du livre que j’avais dans mes mains, un livre d’Henri Michaux.
A partir de ce jour-là , et jusqu’en mars 1996, nous nous sommes vus et nous avons travaillé ensemble à la construction de la revue "Points de fuite".
Plus jeune Michel a été journaliste, syndicaliste, maoïste : "j’avais 20 ans en mai 68 et j’étais puceau". Il a été publié en revue, "Action poétique", "Points de fuite". Il a écrit un recueil de poèmes, "L’Enjambée bleue", manié et remanié, de multiples poèmes manuscrits et il songeait, peu avant sa mort à un nouveau recueil, "La vie blanche". Dans la préface qu’il préparait, il écrit :
à nos sens conjugués de la vie
où ne serait-ce encore
que par une écriture postmoderne
sans ponctuation toujours, mais
sans titre et sans citation cette fois
sans déjà disposer sur la page
qui n’a de blanche que le nom
l’amour.
"Ce qui me désole, m’écrivait-il, ce n’est pas que le public s’en fout de la poésie, c’est que les poètes (la plupart) s’en contre-balancent. Est-ce leur inculture qui les obligent à être si cons (si méchants dirait Francis Jammes) ou leur orgueil ? Sans doute les deux."
Michel s’interrogeait aussi sur son oeuvre doutait : "Quelqu’un m’a dit qu’il y a du "haïku" dans mon écriture, ce que le lecteur appelle "fugace", "trop périssable dans votre manière d’aborder les thèmes" ; en fait je n’ai qu’un thème : l’amour, la femme".
Le 15 mars 1996, j’ai reçu un coup de téléphone. Une voix inconnue m’annonçait sa mort. Je n’ai su que plus tard qu’il s’agissait d’un accident délibéré.
C’était il y a 16 ans déjà. Son oeuvre L’Enjambée bleue a été publiée par les éditions Points de Fuite et sera réimprimée par les Editions des ressources.
Voici la présentation facsimilée du livre qu’il voulait faire, et les tapuscrits des premiers poèmes qu’il avait écrit.