Sourire au départ
Le danger fut plus frais que cette voix
plus blessé que le rouge des toits
Rhume du monde qui éclate en sanglots
c’est l’ouverture vraiment ouverte
le cataclysme ironique de l’amour
La dépêche tremble à la lisière de ton nom
Chansons
rêves
Le courrier parviendra-t-il à cette vipère céleste
cette vieille soeur qui file
tourne et recommence
permet toujours et encore
l’évanouissement du prochain ?
Oui ! dit-elle de ses yeux qui ondulent
(tandis que le monde
a le bruit sec des bateaux)
Deux coups
Poèmes à frotter contre quelque colère pour la voir s’enflammer puis disparaître avec eux.
1.0
enivrée d’outrances pour que je lui paraisse plus sot
ainsi s’achemine mon amour deux fois rétréci dans
son linge de vierge confondue
Deux fois par mois l’avenir revient en dépêches sales
d’un deuil affranchi
Vieux frère, ô récolte
Raccourci anxieux, je la frappe "sans colère et sans haine"
rien de plus
Un fait objectif
une souffrance
1.1
Je veux t’épouser sans haine sans vouloir et sans pourquoi
Juste cet acte morbide et
retiens ton souffle dans l’épaisseur de mon souffle
si tu le peux tu verras arrières de muses décalées aux miroirs d’argent frétillants de désirs et de preuves accordées par la noble terre de seigneurs récemment venus
(Juste un mot)
pour venir
là où demeurent
là où secrètent les reliquats
des anciens
maîtres
Ô Nostalgie
Le Lierre
Pas de temps pour ne pas te voir
nue
aimante
désolidarisant le sol de sa souche amoureuse
Renvoyant dans le ciel
(nocturne)
des mots de jouissance plus puissants
plus libres
que chaque univers
sommeillant sous ma peau
Ivresse de clarté et de songes
à quand la récolte du lierre
Cette plante illusoire entre nous
glisse l’éternité et le temps
le souvenir et la grâce
la volonté et l’amour
Unie à ton présent
elle se lie à mon songe
Ainsi vais-je
invincible et douloureux
dans les ruelles de Paris
tandis qu’un secret à venir à nouveau
tombe
dans la matrice de ton être
Archipel de songes : je ne suis plus qu’un reflet de toi
Soupirail d’une cathédrale morte
ouverture béante vers la brume de ton corps
Ainsi le lierre
plante fabuleuse
libère mes envies
loue mes désirs
renie mon présent
Il s’accorde avec le passé impatient
de se retrouver encore
Ivresse de clarté et de songes
à quand la récolte du lierre ?
Fantôme
L’arbre au parfum de prairies, près du sentier humide où se diffuse la sensuelle. C’est une brume transparente et indistincte qui te lie à l’arbre, dont la base seulement semble étouffer le sol frémissant. Que le silence transperce cette image et c’est encore la brume d’elle à toi qui se diffuse dans l’épaisseur du temps. Le sacré est vert comme cette montagne, et la beauté cet appel dense de la faune et des oiseaux éternels. Puisque le matin se livre, grande gourde confuse, pleine de lumière et de scintillements, au lac se lie l’ombre de l’arbre. Et les regards ont la majesté des branches qui s’y déposent. Ce fut un mystère de n’y plus penser, un drame ouvert d’un chant de mille voix. Tour inconnue où le monde vit en secret, cette tache d’ombre est comme le gardien du puits où l’enfance jette des fleurs d’olivier. Maintenant que tu laisses advenir cette mélodie syncopée, mais combien fleurie de cailloux et enchantée d’espérance légère, je viens, je vais, là où ce souvenir traverse la brume mélangeant ton corps à l’odeur humide de l’arbre, là où les prairies se rassemblent autour du mont et des ruines noires.
Le jour se lève en mesure tandis que la lumière des années se cache.
Poème des deux étés
Quand le temps soudain
aux vitres du sommeil
s’éveille à la cadence fragile
des lumières de l’été
la senteur des fruits soudain
brille dans la blancheur
Qui n’a pu rêver
empêché par la route des étoiles
l’automne dans l’été
et la richesse lumineuse du soir
unie aux fruits secrets des arbres
Les soirs d’été
la voix de l’enfant
comme un souffle de thym
promène nos regards
du ruisseau à la branche
libère de ses jeux frais
l’odeur chaude des ombres
Poèmes des deux étés
l’étoile jaillit entre ces deux mondes
la peau libre et sucrée de l’amante
se double de l’odeur musquée des bois
Une dernière fois
les couleurs montent puis retombent
La terrasse transparente
berce l’éveil languissant des coeurs
La nuit tombe
Et la journée lointaine
solitaire
aboie à la cime du monde