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30 janvier 2010, par Rodolphe Christin
Quatre.
Le soleil avait dissipé la nuit.
La nuit avait eu raison de la bousculade météorologique d’hier soir.
Le calme était revenu.
Pas un souffle de vent, l’air semblait rafraîchi et lavé.
J’ai rendez-vous à dix heures, l’informa-t-elle. Je n’ai qu’une heure devant moi. Je vous embrasserais bien sur les lèvres, mais ce qui s’ensuivrait nous prendrait trop de temps. Il esquissa (…)
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20 janvier 2011, par Rodolphe Christin
Extrait du livre paru chez Homnisphères en 2005.
Voyager. Se dégager pour s’approcher, se défaire de soi-même pour essayer de comprendre, et connaître enfin. En quête d’univers, celui qui voyage pour sentir son rapport au monde se modifier, au contact de la grandeur de la terre et de la diversité des hommes. D’emblée l’imaginaire s’emballe tant l’affaire peut se montrer passionnante. Mais (…)
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16 janvier 2010, par Rodolphe Christin
Deux.
Son défunt mari était un jaloux. Il avait des raisons de se méfier, Mathilde en convenait. Elle avait maintes fois remarqué le phénomène, inutile de jouer les ingénues. Ce n’était pas nouveau : les hommes se retournaient sur son passage. Pas depuis toujours évidemment, depuis que des formes avaient un jour poussé dans son corsage et arrondi ses hanches.
Pas tous évidemment, (…)
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20 février 2010, par Rodolphe Christin
Sept.
La vie d’Hector Dumenclin prit un tour nouveau dès qu’il ouvrit la porte de l’appartement de Clara :
- Tiens, Kévin ! Que faites-vous là ?
- Je vous attendais, Hector.
- Comment ça vous m’attendiez ? Mais comment saviez-vous que j’étais ici ? Oh, ne vous faites pas d’idées surtout ! Je passais-là par hasard, je raccompagnais Madame qui se sentait mal, dans la rue, tout à (…)
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1er février 2007, par Rodolphe Christin
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L’étrangeté créatrice
Les écrivains content le monde et essaient, à leur manière, armés de leur sensibilité, de nous l’exposer dans son épaisseur, avec finesse quelquefois. Peut-être est-ce le propre de la littérature que de cheminer entre le singulier et l’universel ? Je veux parler de la singularité de l’auteur, de son pouvoir de mise en scène des thèmes qu’il s’approprie la plume à (…)
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21 janvier 2011, par Rodolphe Christin
FORET 0
Le feu craquait, nourri de résines gluantes. Ses doigts en portaient la trace indélébile depuis qu’il vivait dehors.
Elle se tenait accroupie près du brasier, elle aussi. Elle venait d’ajuster une perche, appuyée sur un galet emprunté à la berge, son extrémité glissée sous une autre roche servait de contrepoids. A l’autre extrémité, une bouilloire noire de suie, le cul dans les (…)
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6 septembre 2009, par Rodolphe Christin
Sans que cela soit volontaire, des souvenirs remontent à la surface alors que personne n’est allé les chercher. Chacun porte en lui des fonds gigantesques dont il ne soupçonne pas l’importance, il suffit alors d’une image ou d’un parfum, d’une expression fugace sur un visage pour que viennent s’y associer, avec plus ou moins de bonheur, les lambeaux d’un passé qui jusque là demeurait (…)
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13 février 2010, par Rodolphe Christin
Six.
Hector Dumenclin sortait tout juste de son plaisir. Il se sentait étrillé comme un cheval de course. Mais il n’était pas du genre à rester sur cette impression lascive, son affaire à lui c’était le travail. Pas le travail pour le plaisir, non : to earn money. Faire du fric, voilà l’important !
Comme il sortait de son plaisir, et que ce plaisir se transformait petit à petit en (…)
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22 janvier 2011, par Rodolphe Christin
Extrait du livre paru en 2010 aux Éditions Yago.
En Mongolie, peut-être trouverais-je quelques signes d’appartenance traces fugaces que le vent de la modernité n’aurait pas encore effacées. Vite, faire vite.
Le sens de mon voyage ? Me rendre face au monde et me fondre dans ses lointains, me recréer dans ses isolements, intégrer ce point crucial où l’intérieur et l’extérieur sont en (…)
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29 mai 2010, par Rodolphe Christin
La flamme d’une bougie luisait depuis quelques minutes à travers la fenêtre du refuge. Grazziella et Tob’ étaient réveillés. Mathilde regarda sa montre, il était trois heures trente. Elle réveilla Hector, entortillé dans son sac de couchage. Seule émergeait une partie de son crâne, lisse comme un galet rose. Les deux lascars n’étaient finalement pas si légers que ça, estima Hector avec une (…)