Chers lecteurs, nous vous devons une explication pour le retrait du corps principal de cet article.
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Ce que nous faisons sans délai. Il faut dire que c’est la première fois qu’un tel malentendu se présente.
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Pour mémoire : [...]
vendredi 22 novembre 2013, par
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PRÉSENTATION
(ou aller directement lire l’article) :
Au moment où la guerre élargie à la question de l’Iran menace le Liban, après le double attentat suicide qui a frappé l’ambassade d’Iran et les immeubles avoisinants, à Beyrouth, [... ] sans apporter davantage de précisions sur cette guerre, à la fois civile et géostratégique, où sous couvert du combat ciblé contre le pouvoir en place le massacre des alaouites a commencé.
Il est dans notre rôle éditorial, comme nous n’intervenons pas sur le terrain, de recenser par ailleurs des informations pour mémoire du conflit en cours, afin de situer le contexte actuel de ces études (en un an les choses ont beaucoup changé).
La communauté alaouite ne constitue pas une ethnie dans la mesure où elle n’a pas d’exclusive de sang. Le Président Bachar al-Assad lui-même est l’époux d’une sunnite. La religion est l’objet d’une initiation individuelle plutôt que d’une prescription collective. En effet, si un non alaouite ne peut devenir initié, par contre tous les alouites ne sont pas initiés sinon à leur demande ou étant considérés comme dignes de le devenir. Si aux Xe et au XIe siècles on pouvait devenir alaouite, en commençant par se convertir à l’Islam, il semblerait qu’aujourd’hui cela ne se pratique plus, « quoiqu’il arrive » [1].
Les alouites les plus nombreux vivant dans un pays du Proche Orient se trouveraient en Turquie, ce qui n’est pas perçu comme un fait significatif par rapport à la guerre voisine qui pourtant implique le gouvernement turc, peut-être dû à un consensus paradoxal du Printemps turc où l’opposition kurde, unie au mouvement pluriel écolo-démocratique contre la normalisation autoritaire de l’État et l’islamisation des lois, trouve néanmoins son opportunité nationaliste dans la guerre en Syrie... En tout état de cause la Turquie comprend un autre groupe hétérodoxe de l’Islam, les alevis, en nombre formant la deuxième religion de la Turquie, souvent confondus avec les alouites (bien qu’ils s’en distinguent historiquement et docrinalement).
Les alaouites sont présents en moins grand nombre au Liban (3% de la population).
Quant à la Syrie, dont le nord est convenu situer le berceau de cette communauté, les adeptes parmi la mosaïque des communautés syrienne [2] n’y représentaient que 10% de la population avant le stade de destruction actuel.
L’État syrien est cité sans explication ni rappel comme une dictature abusive d’une minorité sur les autres à propos de son Président Bachar al-Assad. Alouite initié et successeur par procuration de son père, le dictateur Hafez al-Assad qui lui a conféré sa constitution et sa (mauvaise) réputation, Bachar al-Assad a néanmoins été reconnu par referendum à deux reprises, et a tenté une démocratisation politique et économique, voire une libéralisation, quoique difficiles à réaliser vu le poids de ses partisans et celui de ses opposants, et l’embargo américain. Mais les communautés ethniques, religieuses, ou confessionnelles, vivaient en paix nationale égalitaire dans le respect et la protection de leurs droits respectifs et réciproques, en Syrie laïque parlementaire, constitutionnelle et sans parti unique à proprement parler, mais le Baas y fédérait les différentes tendances [3]. S’il y avait une censure et une répression incontestables elles n’étaient pas d’ordre religieux ni ethnique (le Président libéra les ennemis du régime après la première répression des manifestations, mais l’objet au titre d’une majorité sunnite étant devenu sous l’ingérence étrangère la chute du Président alaouite et l’abolition de l’État laïque, cela n’a rien changé).
On parle d’un régime alaouite, mais ces termes sont inappropriés. Hormis la garde rapprochée présidentielle et un corps d’élite de l’armée dirigée par un frère du Président, comme autrefois le propre frère de Hafez al-Assad, il serait difficile de désigner l’État gouverné par Bachar al-Assad comme un État alaouite, car le pouvoir des Assad est d’abord installé sur le parti Baas (ou Ba’ath) [4], subsistant du parti panarabe laïque (pluri-confessionnel) fondateur du socialisme arabe, au siècle dernier, dont Hafez-al-Assad fut un militant et un réformateur notoire, qui n’hésita pas à effectuer des purges pour assurer son propre pouvoir. Dû à la laïcité parmi une population dont certaine revendique le nationalisme religieux, et au socialisme, ces partis évoluèrent souvent en partis uniques de diverses dictatures autonomes, solidaires entre elles, qui furent respectivement aidées par le camp collectiviste des partenaires de la guerre froide, parfois diplomatiquement par les États des anciens protectorats, et enfin par les grandes puissances d’abord contre les dictatures régionales de la charia, puis en partie avec elles contre les intérêts régionaux, pour l’appropriation des ressources dans le cadre de la mondialisation.
Ainsi, il n’est pas surprenant de découvrir qu’en Syrie actuelle le dirigeant de l’armée et le chef des services secrets soient des sunnites, et que le gouvernement et l’État se partagent avec les membres d’autres communautés.
L’accusation en nom d’ « alaouite » exprime un racisme vengeur qui prend une communauté en otage sous une menace meurtrière, (en partie passée aux actes durant la guerre en cours), et la constitue d’autant plus en victime que deux Présidents successifs en aient fait partie depuis 1970 (et pour la première fois dans l’histoire de la Syrie), sans que leur communauté dans son ensemble n’ait émergé en caste dominante ni en classe notoirement enrichie, (si ce n’était sa sécurité un moment assurée après des persécutions au long des temps) [5]. Il est significatif que les opposants n’évoquent pas de corruption, contrairement à la dénonciation de l’environnement corrompu de Moubarak en Égypte ou de Ben Ali en Tunisie, dictatures passées dans le camp libéral occidental avant d’être déchues, alors que le régime syrien demeure dans une tradition socialiste du Baas nassérien soutenu par les russes.
De plus, la communauté alaouite elle-même compte des opposants révolutionnaires au système constitutionnel des Assad [6]. Pour autant, dès le début de 2012, le mot d’ordre des manifestations contre Bachar-al-Assad en Syrie se chantait : « Les chrétiens au Liban, les alaouites au cimetière ». La prédiction est donc en partie réalisée aujourd’hui.
Les chrétiens de plusieurs églises ne participent pas plus que les musulmans sunnites au partage du pouvoir syrien sinon à titre égal (et plutôt moins). Mais l’hétérodoxie alaouite a entre autre ceci de commun avec les chrétiens qui les fait rejeter par l’intégrisme musulman dans un raccourci du porc aux croisades, que le vin n’y soit pas honni et davantage car le protocole de la consommation rituelle du vin fait partie de la cérémonie de la fête des Lumières, célébration alaouite annuelle. D’autre part, le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Proche Orient, le camp de Yarmouk, développé en quartier de ville avec ses hôpitaux, ses écoles, ses collèges, ses campus universitaires et toute une infra-sctructure urbaine, dans la périphérie de Damas, était organisé sous l’égide du FPLP-CG — organisation palestinienne chrétienne orthodoxe.
Ce n’est pas seulement la fuite massive des populations chrétiennes de Syrie vers les pays voisins, la Russie et plus largement l’Asie et l’Australie, ou vers l’Europe et l’Amérique, au point que les divers Patriarches d’Orient aient demandé audience au Pape pour une stratégie de coexistence des populations chrétiennes au Proche Orient [7]. Car la population pluri-confessionnelle (y compris les sunnites pratiquants susceptibles d’être représentés par l’opposition) fuit aussi la guerre [8], d’où le nombre de plusieurs millions de réfugiés [9]. Ce sont aussi le sort des soldats ou des résistants alouites prisonniers entre les mains de l’opposition intégriste et les massacres génocidaires dans les villages alouites de la région montagneuse autour du port de Lattaquié, au mois d’août 2013 [10], tels les massacres dans les villages arméniens de Turquie par les Jeunes-turcs, au début du siècle dernier. L. D.
– Citation [ ... ] : Des Alaouites 4. 16 décembre.
– Citation [ ... ] : Des Alaouites 3. 11 décembre.
– Citation [...] : Des Alaouites 2. 22 novembre.
– Citation [...] : Des Alaouites 1.- 11 novembre.
[...]
Maison antropologie et ethnologie
http://www.mae.u-paris10.fr/la-mae/
Voir de Sabrina Mervin, L’étrange destin des alaouites syriens (Le Monde diplomatique, janv. 2013).
Ndlr : La source du logo est l’intéressant site de philatélie La semeuse "25 centimes bleu". Pour mémoire des mandats que la Société des Nations donna à la France pour la Syrie (1920-1946) et le Liban (1922-1943), ainsi qu au Royaume-Uni pour la Palestine (1920-1947) et la Mésopotamie (1921-1932), sous couvert d’organiser ces régions vers leurs indépendances nationales respectives, après qu’elles aient été occupées par les Ottomans. Bien entendu, il ne figure pas ici au titre d’un regret ni d’une apologie quelconques de la réalisation coloniale de ces mandats, ni davantage du colonialisme en général.
On peut lire dans le site « La semeuse "25 centimes bleu" » :
Émission d’octobre 1923
En octobre 1923, le mandat confié à la France et la naissance du Grand Liban menèrent à la suppression de toute idée d’occupation : on remplaça donc les timbres surchargés OMF par des timbres spécifiques par Etat à partir du 1er janvier 1924. Enfin, le 1er juillet 1924, la surcharge devint bilingue.
Cette émission a été surchargée à plat à l’imprimerie des Pères Capucins à Beyrouth sur des feuilles de 150 timbres avec millésimes sur quatre lignes en français à l’encre noire.
Il existe deux types, dus à l’utilisation de deux galvanos différents : l’un (type 1) montre un écart entre Grand et Liban de 1 millimètre, l’autre (type 2) de 2 millimètres.
(Celui que nous avons choisi est du type 2)
[1] D’après un spécialiste que je n’ai pas le droit de nommer ici.
[2] Outre la minorité alaouite qui comprendrait deux communautés, [ ... ] on compte des chrétiens, des druzes, et des ismaéliens pour les groupes religieux, ou Kurdes, Arméniens, Assyriens, pour les groupes ethniques.
[3] Syrie : Politique (fr.wikipedia).
[4] L’événement sanglant qui a sali la dictature de Hafez al-Assad fut la répression militaire de l’insurrection armée de Hama — organisée par les Frères musulmans contre le pouvoir laïque, en 1982, après une tentative d’assassinat du dirigeant syrien. Le parti Baas se battant au corps à corps et comptant lui-même de nombreux morts, fut relayé par l’armée qui bombarda les émeutiers. En 2011, c’est encore à Hama que démarra « la révolution » contre Bachar al-Assad, relayée par les manifestations du mouvement démocratique — rapidement absorbé par le nationalisme islamique et la revendication nationaliste des kurdes, — puis radicalisée dans une guerre d’ingérence armant les takfiristes (et autre Islamisme intégriste) pour destituer Bachar al-Assad. D’une opposition militarisée à la la guerre civile, l’intervention des puissances étrangères à fait de ce conflit interne une guerre géopolitique, sur les grandes intérêts en jeu dans la région.
[5] L’envoyé spécial du reportage télévisuel de France Info TV sur le quartier alaouite de Damas, publié sur internet le 9 septembre 2013, rapporte que la communauté alaouite indépendamment de son soutien au régime est restée pauvre (et elle sait qu’en cas de chute du régime elle sera la victime désignée). La pauvreté fait partie des vertus de cette religion de la connaissance, en quelque sorte une de la sagesse.
[6] C’est le cas de Bahar Kimyongür, alaouite d’une famille originaire de Turquie réfugiée en Belgique dont il tient sa nationalité, engagé dans des actions caritatives en Palestine, et en Syrie, dans le mouvement démocratique pacifique contre Assad ; il s’est exprimé à plusieurs reprises pour distinguer entre le pouvoir d’Assad et les alaouites, puis il a informé sur le tour pervers pris par les combattants de l’opposition religieuse nationaliste et ses immigrés guerriers, enfin sur le rôle logistique de la Turquie dans le soutien à la radicalisation intégriste de la guerre favorisant le racisme meurtrier. Forcément mal protégé, puisqu’il est à la fois contre le régime de Assad et contre l’armée syrienne libre dont il dénonce les exactions, il vient d’être arrêté en Italie à la demande du gouvernement turc qui tente de le faire extrader.
[7] Les patriarches d’Orient dans la tourmente réunis au Vatican, L’Orient LE JOUR, 20 novembre 2013.
[8] Sur le nombre des morts et leur répartition voir le rapport de l’OSDH au premier septembre 2013, commenté dans Le Grand Soir ; dans les rangs loyalistes apparaît un nombre de morts supérieur de plus du double à ceux des rangs de l’opposition. Ainsi peut-on interpréter le renouvellement des effectifs de l’armée syrienne par le recours intégré au Hezbollah libanais particulièrement organisé, et dit-on, par un apport de volontaires iraniens. Mais aussi convient-il de rappeler qu’au début du conflit en Syrie, après le contexte des divisions nationales au sujet de l’enquête internationale sur l’assassinat de Rafiq Hariri, en 2011, où l’Arabie saoudite s’était alors désolidarisée de la médiation de la Ligue arabe, disant vouloir éviter une sécession qui aurait scellé la fin du Liban « en tant qu’Etat où coexistent pacifiquement différentes communautés, religions et parties » (Le Monde du 19 janvier 2011), avait au contraire repris à son compte, en 2012, dans la foulée de la reconnaissance du Comité national syrien par la Ligue comme représentant officiel de la Syrie, l’idée de sécuriser le Liban, soulevé par la crise syrienne, par une partition en trois régions autonomes fédérées, en créant notamment un califat au nord (Tripoli), une démocratie chrétienne au centre, et une région chiite au sud. Cela expliquant pourquoi le Hezbollah ne fut pas unanimement contredit hors ses rangs au Liban lorsqu’il déclara soutenir militairement la Syrie contre les puissances environnantes. La pression des attentats suicide aujourd’hui libère d’autres positions. Ces positions nouvellement exprimées avec une voix de plus en plus forte contre le Hezbollah auparavant considéré comme un parti national libanais héroïque, dû à son engagement par la signature du pacte d’Entente Mutuelle Entre le Hezbollah et le Courant Patriotique Libre — chrétien — depuis février 2006, et à ses exploits militaires pour résister à une nouvelle invasion israélienne du Liban, la même année, sont maintenant renforcées par un soutien partisan solidaire de l’OPEP sous l’égide des saoudiens, qui impose une main mise sur les choix d’exploitation du pétrole et du gaz offshore annoncée possible dans les eaux territoriales libanaises. La communauté chiite fédérée par le Hezbollah représente environ 27% de la population libanaise dans son ensemble, et se répartit sur 10% du territoire au sud, plus une implantation dans la plaine de la Bekaa — où déferle le plus grand nombre de réfugiés syriens, — et à Baalbek.
[9] Plus de 2 millions de réfugiés en septembre 2013 selon l’ONU (France24), plus de 3 millions au mois de novembre, parmi lesquels un million au Liban, petit territoire pour une population libanaise globale d’environ 4 millions d’habitants (L’Orient LE JOUR).
[10] Human Rights Watch (pdf).