Elle et ses talons
Eux qui creusent
Elle qui vérifie 
si son maquillage
tient le coup
Eux qui retirent la terre
qui bientôt recouvrira
le mort
Elle 
toute petite
au milieu du cimetière
Eux comme de gros
gaillards musclés
qui font des cercles
avec leurs pioches
leurs pelles
et leurs regards
Elle qui sent bon
du parfum capiteux
du rimmel cher
tout ça qui coule
le long de sa peau
Et eux qui sentent
la terre
broient le noir
qui n’appartiendra bientôt
plus qu’au mort
Elle qui élance son ombre
au-dessus du trou
une tache noire 
de fille coquette
pour masquer 
les petites mottes
qu’eux sortent d’en bas
Elle qui ne leur laisse
aucune place en haut
parmi ses larmes de parfum
et eux qui se réunissent souvent
au fond
pour creuser des trous
et enfouir les hommes
qui ont aimé 
les femmes comme elle

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