Les liens de la famille Boël montrent comment le lobbying énergétique de Verhofstadt a déclenché le changement de régime en Ukraine.
Guy Verhofstadt, l’eurodéputé senior qui a fustigé Alexis Tsipras à Bruxelles la semaine dernière, est au tableau des membres de deux sociétés à l’ouvrage d’emporter la privatisation de l’énergie en Grèce... et il est payé 190.000 € par an par le milliardaire Nicolas Boël pour faire pression à cette fin. Il a également été un des va-t-en-guerre anti-Poutine sur la question de l’Ukraine, où la dynastie Boël a joué sur le changement de régime comme moyen de gagner de précieux contrats de fracking.
Beaucoup d’entre vous ont sans doute vu ce Youtube au vitriol par l’eurodéputé belge Guy Verhofstadt visant Tsipras :
C’est un type assez désagréable et sarcastiquement vindicatif qui veut plus que tout autre le changement de régime en Grèce. Mais le mélange d’acrimonie et d’incitation fielleuses de Verhofstadt tient à l’écart un élément plutôt important : une déclaration de sa grandiloquence corrompue qu’il ait un intérêt financier personnel à chasser Syriza de sa mission publique.
Vous voyez, le sieur Veryhighstink [4] est membre du conseil d’une compagnie d’énergie appelée Sofina. Sofina est cotée en bourse à Bruxelles — ainsi très pratique pour Guy — et oui, en effet, il est listé par Bloomberg ici :
Si le programme de privatisation grec exigé par Verhofshit [5] et consorts avance, quand le ciel des parts monte en flèche avec la hausse des bénéfices par action, alors les actionnaires de Sofina s’apprêtent à faire beaucoup d’argent. Le 24 février dernier, le battant Guy s’est disputé fortement pour que la priorité soit donnée à la privatisation de l’énergie grecque. Tsipras et Varoufakis ont spécifiquement bloqué un tel mouvement. Maintenant cependant, GDF Suez, le partenaire ès crimes de Sofina, est grand favori pour gagner ce contrat de privatisation.
Savoir que le sieur Veryfat soit très proche du milliardaire patriarche Nicolas Boël, qui détient 53,8% de Sofina, est une chose amusante.
Ne tournons pas autour du pot ici, Guy Verhofstadt est payé 130.000 € par an pour faire pression en faveur de Nicolas Boël.
Il y a pire, je le crains. Verhypocradt [6] est aussi à bord de la compagnie maritime belge Exmar, qui se spécialise dans l’exploitation et le transport du gaz ; cela aussi prend position pour faire fortune de la vente à prix sacrifiés des découvertes de gaz au fond des mers de la Grèce.
Et dégonflez-moi comme une baudruche belge si je mens, Guy Verhofstadt est payé 60.000 € par an pour faire pression pour Exmar.
Je pense que nous devrions demander à la présidence du Parlement européen, et au collègue à la grande gueule anti-Tsipras Martin Schulz, pourquoi avant la prise de position contre Alexis Tsipras — Premier Ministre indéniable d’un État souverain de l’UE, — il n’a pas déclaré ces conflits d’intérêt évidents de son copain Verhofstadt. Et aussi que fera-t-il de ces révélations ?
Et tandis que Martin Shutzstaffel [7] réfléchit à la meilleure façon de tortiller sa stratégie sur cette question, il pourrait aussi prendre soin de se pencher sur certains autres dadas en matière de chocolat belge... et sur la confluence remarquable qu’ils ont ensemble dans des intérêts commerciaux.
Par exemple, le sieur Verhofstadt est l’avocat passionné d’accélérer l’intégration de l’Ukraine dans l’UE. C’est parce que la famille Boël est déterminée à saisir une tranche du grand potentiel de la fracturation du schiste argileux de l’Ukraine : et là encore, ils le payent pour leur rendre les choses plus faciles. L’UE a été heureuse de traiter avec des politiciens corrompus et des truands en Ukraine à cette fin, parce que Verhofstadt a soutenu que les besoins justifiaient les moyens.
À ces fins, Verhofstadt a voyagé jusqu’à la place Maïdan à Kiev et s’est adressé aux protestataires antigouvernementaux ci en février 2014, faisant une série des déclarations incendiaires qui ont valu des réprimandes de leaders de l’UKIP [8]. Des tireurs isolés de la police ukrainienne ont tiré sur des protestataires avant que le Président d’alors, Viktor Yanukovich, soutenu par la Russie, ne s’enfuie de Kiev plus tard dans le même mois.
Comme la crise en Ukraine s’intensifiait, la Russie annexa la Crimée. Étonnamment, Verhofstadt finit par être un catalyseur dans la création de la pire impasse de la superpuissance depuis la Guerre froide.
Ses maîtres avaient besoin d’un changement de régime, aussi le toujours diligent Guy les a-t-il aidés à l’obtenir. Après la création d’une guerre civile où auparavant il y avait une crise, en mai 2014, M. Verhofstadt a écrit dans une colonne du Guardian ce qui suit :
« Tout d’abord, la communauté internationale ne peut pas permettre qu’une incursion militaire du genre de celle entreprise par la Russie dans un État souverain soit récompensée. Tout résultat doit impliquer que les forces russes au niveau du pré-conflit se retirent (...) le régime du Kremlin peut se montrer moins enclin à considérer les points de vue des électeurs que les démocraties occidentales, mais il n’est pas sourd à la pression économique, en particulier compte tenu du glissement dans l’échange des taux du rouble face au dollar et la perte potentielle de l’investissement direct à l’étranger, que les investisseurs réclament pour protéger ou vendre la base de leurs actifs russes (...). La Russie va céder à la pression économique ».
Il avait tort sur tous les points, mais ici l’essentiel à noter est que cela ait correspondu à ce que ses payeurs réclamaient : rien de moins ni de plus que condenser leurs espoirs d’obtenir les contrats du gaz de schiste.
Tel est l’hypocrite qui au Parlement européen a eu l’audace d’accuser Alexis Tsipras de ne pas être un démocrate.
Tel est le lobbyiste sournois maintenant révélé comme une créature poussant les besoins corpo-cratiques des fascistes néolibéraux... au détriment de la paix en Ukraine et de la reprise en Grèce.
Ainsi va la gargouille auto-promotionnelle du Président du Parlement européen auquel on devrait maintenant demander — s’il ne peut pas s’expliquer de manière satisfaisante — de démissionner.
** Chapeau bas au slogger Dan, ce bourreau de travail [9], qui m’a tiré dans la bonne direction à propos de cet abus de fonction scandaleux.
Remerciements — Courtesy © The Slog. Source : « EXCLUSIVE : HOW BELGIAN ANTI-GREECE HAWK VERHOFSTADT HID HIS FINANCIAL INTEREST IN GREEK ENERGY PRIVATISATIONS », 17 juillet 2015.