Provoquer des guerres : est-ce en cela que la politique étrangère américaine consiste ? ↑
Les dirigeants de la politique étrangère de l’Amérique sont-ils fous ? C’est une question sérieuse. Considérons les 300 formateurs militaires de la 173e brigade aéroportée dépêchés en Ukraine occidentale, pays impliqué dans un match de joutes contentieuses avec la Russie de Vladimir Poutine. Ou considérons cette semaine le déploiement des porte-avions de combat au large des côtes du Yémen, officiellement pour interdire les expéditions d’armes en provenance de l’Iran, expéditions qui de fait n’existent pas encore.
Ces mouvements ont des répercussions possibles plus graves que les démonstrations habituelles stupides faites par notre gouvernement. Ils peuvent conduire à la vraie guerre avec la Russie et l’Iran. Regardez le titre d’aujourd’hui dans le New York Times : « Poutine accroît ses forces à proximité de l’Ukraine. » Poutine peut être provoqué à envahir l’Ukraine quand l’ingérence américaine est si flagrante (il sait aussi que l’OTAN est principalement un tigre édenté quand il s’agit de la guerre en Ukraine). Alors que la Maison des Saoud s’engage directement les Iraniens peuvent revenir sur l’accord du nucléaire et fournir un important soutien militaire aux Houthis. Dans les deux situations, il est facile de prédire ce qu’Obama fera. Tout ce que John McCain et les néo-conservateurs veulent qu’il fasse. Larguer des bombes.
C’est un cas clair de portée mondiale — de la bêtise du pouvoir mondial et de l’administration globale. Vous penseriez que les bourdes de la corruption massive endémique dans les guerres interminables en Irak et en Afghanistan nous aient enseigné quelque chose, pourtant les États-Unis persistent à s’impliquer dans les conflits régionaux sensibles qui pourraient facilement dérouler une spirale hors de contrôle.
Et quand les États-Unis choisissent de s’impliquer, ce n’est pas avec la diplomatie. Il s’agit de la puissance militaire. Cependant, autant que l’Amérique prétende aimer son armée, son pouvoir est un instrument contondant (et mortel). Il exacerbe les tensions plutôt qu’il ne les atténue. L’ingérence militaire américaine en Ukraine et au Yémen promet davantage de conflits, pas moins.
Peut-être que tel est le projet. Considérons la réalité du budget militaire de l’Amérique constamment en plein essor. Comme le fait remarquer Dan Froomkin, ce budget dépasse encore les budgets de défense combinés des sept pays les plus dépensiers après lui (quatre de ces pays — l’Arabie saoudite, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne — sont des alliés des USA, la Chine et la Russie étant les seuls rivaux sur la liste dépensent beaucoup moins que les États-Unis). Comme les États-Unis continuent à dépenser les yeux de la tête pour leur merveilleuse petite armée, elle demeure l’option à tout va pour la « diplomatie » dans le monde entier.
Qu’il s’agisse de l’administration démocrate ou républicaine, d’Obama ou de Bush, la seule constante est la guerre mondiale. Les États-Unis sont déjà en train de mener une guerre illégale « de faible intensité » avec des drones et des opérations spéciales à travers le monde. (Il est intéressant de remarquer que « faible intensité » ne se ressent pas faiblement lorsque des missiles Hellfire pleuvent sur votre quartier ou lorsque les Forces spéciales font un raid dans votre village et vous chassent au loin ainsi que vos voisins). Alors pourquoi dans la coupe déjà pleine de la guerre ne pas en rajouter une dose en se mêlant de l’Ukraine ? Malheureusement, la partie que les États-Unis semblent favoriser le plus a sa quote-part de francs fascistes. Mais ils sont « nos » fascistes, alors qui se soucie qu’ils votent pour honorer les collaborateurs ou les auteurs de l’Holocauste nazis ?
De façon prévisible, la Russie, est contrariée par l’ingérence américaine. Elle perçoit cela comme la poursuite de la tentative américaine d’encercler la Russie et de lui couper ses accès à la Méditerranée en la privant des bases de sa Flotte sur la mer Noire en Crimée. De mal en pis, la population essentiellement russe de l’Ukraine orientale sera marginalisée par le régime putschiste que les États-Unis aident à installer. Eh bien, il n’y a rien comme une nouvelle guerre froide avec la Russie pour pousser les dépenses de « défense » à des niveaux encore plus élevés.
Si les États-Unis ne parviennent pas à réveiller de son sommeil l’ours soviétique alors tentons peut-être de provoquer une guerre avec l’Iran ? Donc nous allons continuer à envoyer des milliards de dollars d’armes aux Saoudiens afin qu’ils puissent poursuivre de bombarder et dominer les factions chiites au Yémen. Pour le plaisir, envoyons une force d’intervention aéronavale afin de montrer comme nous sommes sérieux à propos de « la paix ». (Espérons que l’US Navy ne gaffe pas en abattant un avion commercial iranien comme elle le fit en 1988, tuant les membres d’équipage et 290 passagers innocents).
La provocation, c’est quand les dirigeants américains déploient l’armée pour se mêler de l’Ukraine, du Yémen, et d’autres endroits à travers le globe. Cependant, des hommes comme Bush et Obama continuent de vendre l’armée non pas en provocateurs mais en portefaix de la paix. Ils en arrivent à apporter des fusils d’assaut et l’usage des missiles Hellfire au lieu des porte-documents et des stylos.
Le plus triste est que les choses ne vont qu’empirer. Nous avons vu comment le Président lauréat du Nobel de la paix de l’Amérique s’est transformé en son assassin en chef, approuvant les « frappes » pour étouffer partout les malfaisants. Maintenant, regardez qui arrive pour le remplacer en 2016 : Hillary l’attaquante Hun [2] du côté démocratique, et tous les petits faucons républicains va-t-en-guerre réclamant [3] à la droite d’Hillary.
Si vous avez de l’argent et lisez ceci, nous vous conseillons d’investir dans des fonds de « défense ». Avec toutes ces provocations à l’ouvrage, le personnel de contraryperspective.com est optimiste en matière de la prospective du plus d’armes — et du plus de guerre.
Source The Contrary Perspective, « Provoking Wars : Is that what U.S. Foreign Policy Is About ? » (23 avril 2015). Remerciement à Tom Dispatch qui a signalé cet article. Traduction par Louise Desrenards.