- 20 septembre 2010, par Roland Pradalier
J’en étais venu à croire au bonheur et j’appelai printemps de ma vie, les mois qui venaient de s’écouler. Mon ego planté dans la bonne terre d’une carrière qui décollait enfin, avait désormais la taille d’une montgolfière. Il pleuvait sur moi et en abondance, des bienfaits. J’étais arrosé de satisfactions. Ma santé était parfaite, aux dires du docteur Sheba, mon compte en banque arrivait à la (…)
- 16 septembre 2010, par Sebastien Ayreault
UN ARC ET DES FLECHES
J’ai acheté mon premier paquet de clopes à 11 ans, un paquet de Marlboro Rouge. Pour ça, j’avais dû piquer une pièce de dix balles dans le porte- monnaie de ma mère. Je me souviens bien du gars qui me l’a vendu : il s’appelait Eugène.
Outre qu’il avait constamment la gueule dans le brouillard à cause de sa gitane maïs qui ne quittait jamais ses lèvres et que ses (…)
- 19 août 2010, par Yamilé Haraoui-Ghebalou
Les choses n’avaient plus besoin d’elle.
Elle pouvait enfin s’enfuir, écouter un autre chant que celui de cet enfermement envahissant et feutré qui cernait sa vie. Elle avait cru pouvoir renoncer, fermer les yeux, jouir du bonheur des autres et le confondre avec le sien.
Mais le mal s’était déclaré à nouveau un matin, dans le silence ravagé et nu de la maison, au milieu des choses, (…)
- 14 août 2010, par Georges Moréas
Une réponse en nouvelle sur le faux-débat de l’identité nationale, dans une métaphore du voyage grâce au véhicule qu’au terme de l’histoire, pas toujours drôle, le narrateur se réjouira tout compte fait d’avoir acquis, même s’il n’est pas conforme aux normes... le bagage de la vie (écrire aussi). La personnalité à la place de l’identité (qui la détruit). Être-là. Une éducation sociale, le (…)
- 1er août 2010, par Roland Pradalier
Admettons que n’ayant rien à dire, j’écrive comme on a soif, par besoin autant que par envie, pour étancher une très ancienne incontinence, ma passion. Admettons et buvons cette littérature au robinet. Sous pression, froide et légèrement toxique.
Je n’ai pas dès le commencement été amateur de bière, je veux dire à 16 ans quand je me suis efforcé d’en boire et que son amertume me faisait (…)
- 2 juillet 2010, par Pierre-Emmanuel Marais
"Un souvenir... Non. Pourquoi cette question ?
- Vous parliez de l’été, d’un été.
Klervi penche la tête. Elle sent un léger souffle sur sa nuque. Elle s’est laissée distraire un instant. Elle fixe Maria Alves et se demande ce que veut cette jeune journaliste, le sens de cette interview, de ce rendez-vous qu’elle lui a donné.
Maria reprend. Ses longs cheveux noirs s’enroulent autour (…)
- 1er juillet 2010, par Fabrice Marzuolo
Encore un bébé oublié dans une voiture sur un parking. Le stress, l’appel de l’entreprise, arriver avant l’heure, partir après l’heure. La performance, le profit ou tout simplement la peur de perdre son gagne-pain… Il y a une logique dans une telle société : on met moins de temps à refaire un bébé qu’à retrouver du boulot…
Admiratif, je regardais les corbeaux se poser sur les corniches de (…)
- 11 juin 2010, par Arnaud Huber
C’est l’une de ces journées caniculaires où votre épiderme et vos vêtements fusionnent comme un fœtus et son élément aqueux. Je ne dis pas ça par hasard. Aussi loin qu’il m’en souvienne, ma mère et moi n’avions jamais fusionné de la sorte ailleurs que dans son ventre.
Je me tiens à côté de son corps lourd et endormi, dans une chambre d’hôpital. Les gouttes de sa perfusion sont le seul (…)
- 9 mai 2010, par Satan
Jadis, ma vie était une succession de dimanches, plus ennuyeux les uns que les autres, à chanter les louanges de Celui qu’on nomme parfois Dieu, mais qui possède évidemment autant d’hétéronymes que moi. Bien sûr, il m’arrivait de me bagarrer avec ce vieux frère d’Horus. Je me déguisais en porc ; il me castrait, je lui crevais un œil : nos corps indiscernables s’évanouissaient dans le lit du (…)
- 5 mai 2010, par Nicolas Boldych
Un jour le gouvernement du pays ordonna aux citoyens de se rassembler sur les places de ses villes car il avait une chose importante à annoncer. Tous les gens arrivèrent en marchant sur leurs deux jambes, mis à part quelques unijambistes qui avaient été privés de leur membre lors d’un accident, d’une guerre, ou du fait d’une grave maladie. Devant les foules ainsi amassées et avides de (…)