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Naissance et évolution de la littérature féminine gabonaise de 1960 à nos jours 

lundi 17 septembre 2018, par Wilfried Idiatha

Des ambiguïtés surgissent souvent dans certains milieux littéraires lorsque l’on évoque l’expression « littérature féminine ». Certains voient dans cette expression une littérature écrite par les femmes et destinée majoritairement à la gent féminine. Pour d’autres, plutôt faussement critiques et quelquefois indûment sarcastiques, cette expression désigne un concept qui institutionnalise en lui-même une forme de différence avec l’écriture des hommes tout en la stigmatisant et en la considérant de facto — et à tort — comme inférieure à celle de leurs congénères masculins, parce qu’elle manquerait de logique, d’objectivité.

Mais quoi qu’il en soit, comme on le sait désormais avec Jin Siyan, « l’écriture féminine, […] genre littéraire fortement lié à la construction de l’identité,ne peut se couper de la question de sexe » [1]. Par conséquent, c’est sur ce rapport aux hommes, et à la place à laquelle elles ont été souvent confinées, que les femmes se sont donné l’obligation de prendre la plume. Ce qui a souvent d’ailleurs permis, selon les critiques et selon des écrivaines elles-mêmes de se considérer comme féministes, c’est-à-dire défendant le refus par elles de se laisser dominer en permanence par les hommes dans des sociétés souvent patriarcales, phallocrates. Ainsi, être féministe serait d’abord se poser directement dans la dialectique controversante entre les hommes et les femmes en prenant fait et cause pour ces dernières. Mais les écritures féminines ne se sont pas uniquement établies sous ce rapport. En effet, si certaines se sont évertuées à défendre les femmes, d’autres se sont simplement engagées dans une sorte de littérature populaire ; portées à parler des problèmes relatifs à l’espèce humaine de manière globale, dans une véritable délivrance jubilatoire de la parole.

Ainsi, la lutte pour les indépendances coloniales ayant longtemps précédé les littératures nationales en Afrique subsaharienne, lesquelles sont nées avec l’arrivée au pouvoir des chefs politiques autochtones, après le départ des administrateurs coloniaux, on verra apparaître dans cette période historique importante,la littérature gabonaise et plus précisément la littérature féminine emmenée par une tranche très variable de femmes écrivains toutes issues de milieux sociaux différents et ayant suivi des cursus distincts et parfois particuliers.

Aussi, tout en évoquant les différentes catégories qui composent la littérature féminine gabonaise et ses différentes actrices, il est convenable d’évoquer tout autant les différentes périodes importantes qui permettent d’identifier cette littérature, tant au niveau de sa naissance que de son évolution. Il reviendra donc d’entamer cette étude par la toute première période qui a vu naître à la fois la littérature gabonaise et la littérature féminine de ce pays d’Afrique équatoriale.

I - De 1960 à 1980 : plusieurs écrivains — une seule femme

Comme la littérature gabonaise dans son ensemble à cette époque, la littérature féminine gabonaise est minoritaire et balbutiante. Si l’on date de manière générale très difficilement la naissance de la littérature féminine africaine [2], certains historiens de la littérature gabonaise en l’occurrence, n’éprouvent pas la même difficulté, car la littérature féminine gabonaise, sans aucune ambiguïté, date du milieu des années 1960. En effet, c’est en 1966 que Josette Lima, en pionnière, est devenue la première femme écrivaine gabonaise, favorisant par sa plume l’entrée des femmes gabonaises dans le domaine de l’écriture en publiant à Dakar, son recueil intitulé sobrement Poèmes. La publication de cet ouvrage intervient un an après que Henri Walker-Deemin, premier auteur moderne gabonais, ait contribué à faire entrer la littérature gabonaise dans la « République mondiale des Lettres », pour paraphraser le titre de l’ouvrage de Danièle Casanova, avec l’édition de son recueil poétique intitulé Poèmes de France(1965).

Les années 1970 constituent une période importante car elles vont voir apparaître ceux qui feront figure de« classiques » dans la littérature gabonaise et figureront d’ailleurs dans la première anthologie de cette littérature(George Rawiri ; Joseph-Bill Mamboungou ; Magang-Ma-Mbuju Wisi, Moïse Nkoghé-Mvé, Ndouna Dépénaud) [3]. Et dans cette forêt d’écrivains, Josette Lima, comme on s’en rend compte, est la seule à y figurer. C’est que, dans presque la majeure partie des pays d’Afrique noire francophone,pour ne citer que ceux-là [4]on a, au nom des traditions mais aussi au nom de dogmes religieux,presque donner interdiction aux femmes de parler aux hommes,« la poule », dit un adage,« ne doit point chanter devant le coq ». Mais aussi parce que pour beaucoup, le corps de la femme n’est pas celui d’un corps qui pense, il est celui de la procréation, de la perpétuation du groupe, de la communauté :« c’est à travers le corps de la femme », écrit Béatrice Rangira Gallimore« que la société se perpétue. Ainsi, ce corps doit-il être façonné, contrôlé et marqué » [5]. Dans presque tout le continent noir, cet état de fait est observable partout.Cela dit, force aujourd’hui est de constater, au regard des grands noms féminins en matière littéraire qui apparaissent depuis les années 1970sur le Continent noir,que les femmes écrivains ont depuis, rattrapé leur retard et, comme les hommes, travaillent à donner une vigueur et une vivacité littéraires à l’imaginaire africain.

Aussi, il tient lieu de noter qu’en termes de lutte pour l’émancipation, les femmes gabonaises n’auront pas eu toujours la possibilité de fouler le bitume à l’instar des femmes du continent et du reste du monde, profitant ainsi parfois de façon contingente aux retombées des combats et des luttes menées ailleurs. Politisées pour la plupart, instrumentalisées surtout aussi,les femmes gabonaises seront avant tout les premiers relais des politiques propagandistes du pouvoir, reprenant en chœur les poncifs des slogans politiques du parti unique dès 1968, l’année où Albert-Bernard Bongo — qui deviendra plus tard El Hadj Omar Bongo puis El Hadj Omar Bongo Ondimba — accède à la magistrature suprême avec la création de groupes d’animation culturelle dans lesquels les femmes, chantant et dansant, vanteront d’abord et surtout les actions supposées ou réelles du pouvoir,comme l’évoque La Danse de Pilar (La Cheminante, 2018),le fabuleux roman de Charline Effah. C’est ce qu’on appelle dans un jargon local kounabélisme [6],où chaque accomplissement politique, même la moindre,est d’abord et avant tout attribué au Président,faisant de lui le bâtisseur de la nation. Par ailleurs, ce processus institutionnalise le caciquisme (lequel règne au Gabon malheureusement depuis Bongo père jusqu’à son fils) dont le système politique,n’a que pour seule ambition de contrôler l’électorat par la violence ou la contrainte en attribuant des faveurs à ceux qui leur sont les plus fidèles, quand d’autres femmes, en revanche, plus conscientes de la démarche improductive du pouvoir, pour le pays et la démocratie préféraient revendiquer plus de droits,en dépit des corollaires répressifs qui ont souvent ponctué la politique gabonaise. Mais cette conscience des femmes a souvent joué en faveur du peuple tout entier et pas seulement pour les femmes uniquement. C’est ce qui est observable d’emblée dans cette littérature féminine, que l’on parle d’Angèle Rawiri, de Charline Effah ou en encore de Nadia Origo.

II - Des années 1980 à 1990, une présence féminine et une domination dans le roman

Si Josette Lima reste pendant près de vingt ans la seule femme de référence dans la littérature gabonaise,elle sera rejointe dès les années 1980 par une autre, romancière cette fois : Angèle Ntyugwetondo Rawiri. L’entrée en littérature de la fille de George Rawiri [7]permet à la littérature gabonaise d’accéder à un nouveau palier : la naissance du roman féminin gabonais par la publication d’Elonga,qui raconte l’histoire d’Igowo, jeune métis africain et espagnol, élevé en Espagne et qui décide de retourner à Elonga, la terre de ses ancêtres africains et,qui découvre là le monde terrifiant de la sorcellerie,aussi bien que l’amour et l’amitié.

Angèle Rawiri publiera deux autres romans G’amèrakano (1983) et Fureurs de cris de femmes (1989). Cela fera d’elle, pendant longtemps, l’écrivain gabonais-non seulement féminin !-le plus important grâce à ses trois œuvres romanesques. La littérature féminine gabonaise aura alors une portée considérable grâce à elle. Ainsi, si les femmes perdront leur présence effective en poésie au profit des hommes, parce qu’elles n’oseront plus depuis Josette Lima, s’inscrire à nouveau dans le genre, elles seront en revanche,des figures de proue dans le roman. Entre 1980 et 1989, on ne cesse de citer Angèle Rawiri comme la figure littéraire la plus importante du pays, parce que quantitativement et qualitativement, elle aura défendu d’une manière considérable le roman gabonais d’une part, et l’apport féminin en la matière d’autre part.

Cependant, au cours des années 1990, on observe un apport considérable des femmes au renouvellement de l’esthétique littéraire gabonaise. En effet,la publication dePremières lectures, le récit pour enfant de Justine Mintsa en 1999 aux éditions Haho à Lomé au Togo,mais surtout d’Un seul tournant Makôsu, son premier roman, justifieront le fait que l’écriture féminine au cours de cette période ne manque pas d’innover en étant à la cime de toutes formes d’exploration littéraire et esthétique,permettant ainsi à la littérature gabonaise de se renouveler. C’est à ce titre d’ailleurs qu’Un Seul tournant Makôsu relève d’un intérêt crucial. En effet, Un Seul tournant Makôsu inaugure dans la littérature gabonaise une catégorie littéraire que l’on nomme le « journal intime ». Celui-ci est aussi bien une pratique ordinaire d’écriture et un genre littéraire à part entière et qui se définit comme un texte rédigé de façon régulière ou intermittente, présentant les actions, les réflexions ou les sentiments de l’auteur. Ses entrées (ou incipits) sont habituellement datées. Il peut être tenu de façon plus ou moins régulière au long d’une existence ou seulement sur une période particulière pour évoquer une maladie, une guerre, un deuil, un mariage ou des problèmes familiaux. En conséquence, comme pratique ordinaire, il est en général destiné à être gardé secret, temporairement ou définitivement. Comme pratique littéraire, il est souvent destiné, à plus ou moins court terme, à une publication partielle ou totale. Dans Un seul tournant Makôsu, il s’agit effectivement d’un journal ponctué d’humour et de pathétique d’une jeune femme dans une université d’un pays en voie de développement qui pourrait être le Gabon. Sous cette forme donc originale avec une certaine sensibilité, ce livre évoque les problèmes posés par les jeunes universités africaines avec en toile de fond –- de façon très réaliste ! —, une situation démocratique souvent très mal assurée, où comme dans toutes les dictatures, tout peut changer du jour au lendemain, quitte à sacrifier un peu de stabilité. Les personnages du roman, un couple d’universitaires nommés pour mettre sur pied une université tout juste naissante, sont parfois en proie à des doutes, à des réticences, malgré leur grand optimisme. C’est que dans ce pays où parfois l’unité de la nation se paie à prix d’or, surtout lorsque le tyran l’incarne mal, l’on doit chaque fois savoir se contenter, même de peu et surtout savoir par la suite « aller de l’avant », après coup. D’ailleurs, ’Ma ke ôsu’ (« Makôsu ») ne signifie-t-il pas ’je vais de l’avant’ en fang, la langue maternelle de Justine Mintsa ? En réalité,l’ouvrage est une autofiction qui raconte simplement l’expérience de l’auteure qui, des années auparavant, avait été mutée à Franceville (autrement appelé ’Masuku’) pour y exercer son métier d’enseignante d’anglais avec son mari, fraîchement nommé Recteur. Le titre de l’ouvrage de Mintsa n’est en réalité qu’un prétexte pour parler de cette période de leur carrière : l’université dans laquelle exercent les personnages principaux n’est rien d’autre que l’Université des Sciences et Techniques de Masuku dont l’acronyme est USTM (Un seul tournant Makôsu).

Ainsi, si l’on note l’entrée en perspective d’un des genres importants de l’autobiographie,dont le journal est ici l’élément le plus emblématique, on gagnera aussi à noter l’entrée de Bessora en littérature avec son premier roman 53 cm en 1999.L’ouvrage, dont le récit est constitué de successions d’événements burlesques, est une parodie de roman d’apprentissage relatant en toile de fond le racisme bureaucratique que vit Zara Sem Andock,jeune femme suisso-gabonaise (comme l’auteure !) en reprise d’études à Paris. Celle-ci, avec sa fille Marie-Crevette, découvre la dure loi qui s’impose autour de laCat’ de séjou’,ultime sésame d’une vie apaisée en France et pour l’obtention de laquelle l’héroïne, à l’instar de nombreux étrangers dans l’Hexagone est prête à tout,quitte à renier ses propres valeurs.

La particularité des ouvrages de Bessora, à la fois Suissesse et Gabonaise, fille d’un ancien haut fonctionnaire du pays,est qu’elle inaugure, dans la littérature gabonaise, depuis l’avènement de la notion de la migritude chère à Jacques Chevrier. Cette littérature écrite par des écrivains africains résidant essentiellement en Europe ou en Occident de manière générale. La migritude est une sorte de prolongement de la négritude, ce mouvement littéraire et culturel d’écrivains noirs des années 1930-1940 qui, dès le départ écrivaient d’Europe pour parler à l’Afrique et parfois pour parler au nom du Continent noir. Avec la migritude, il en est tout autre. Il s’agit d’une écriture conduite par des romanciers de la diaspora africaine qui parle moins à ceux restés sur le continent qu’à ceux qui vivent en Occident et partage avec eux le sort de nombreux exilés venus chercher une vie meilleure en France, aux Etats-Unis ou ailleurs et qui, à des degrés divers s’intéressent davantage à leurs conditions sociales sur le Vieux Continent qu’à ce qui se passe en Afrique, même si de temps à autre, ils effleurent les difficultés rencontrées par leurs congénères sur le continent ; des difficultés provoquées par les politiques qui s’exercent encore dans les pays qu’ils ont géographiquement quittés,même s’ils y reviennent souvent au moyen de leur imaginaire. Ainsi, Bessora se range dans cette branche d’écrivains africains qui n’aura jamais renié ses origines africaines et gabonaises,ancrée dans une double culture, européenne et africaine,mais qui traite aussi bien de la condition des hommes et de femmes en Occident que de ce qui se passe sur le continent.

Ceci étant, si les années 1990 semblent avoir débuté que très fébrilement pour s’achever avec quelques coups de maîtres notables, notamment avec l’ouvrage de Mintsa et de Bessora, il n’en sera pas de même pour les années 2000, période au cours de laquelle la littérature féminine gabonaise comme la littérature gabonaise dans son ensemble connaît un grand faste et quelques avancées notables,même si l’ensemble reste encore fragilisé par un véritable problème de promotion, malgré une institution littéraire qui, tant bien que mal, tente avant tout de faire pérenniser une littérature dont on estime qu’elle pourrait mériter à bien des égards un intérêt plus important.

III - De 2000 à 2018, une période de grand faste et de reconnaissance littéraire

Les années 2000 correspondent à une période importante de la littérature gabonaise car elle connaît une croissance sans précédent. Si on ne peut,pour le moment, parler d’âge d’or, on ne peut moins se référer à cette période qui voit arriver de plus en plus de jeunes femmes en littérature (on peut dire qu’il s’est ajouté près d’une vingtaine d’écrivaines au cours de cette période), venant s’ajouter aux nombreux écrivains, romanciers, poètes et dramaturges masculins qui sont apparus au fil des années dans l’espace littéraire national.Ce phénomène est probablement dû au fait qu’il s’agit d’une période où la jeunesse gabonaise se sent comme dans l’obligation de s’exprimer,surtout après de longues ères de bâillonnement littéraire, de censures, de répressions.Écrire devient alors pour elle une véritable aventure cathartique,de vaincre les peurs, de raconter les angoisses face à un monde en mutation, de dire ses troubles face à un pouvoir politique qui n’a guère discontinué, cinquante ans durant de s’exercer sous la chape d’un seul homme,d’un seul parti,d’une seule et même famille. Mais écrire c’est aussi pour cette génération, lemédiumle plus utile et le plus nécessaire de porter par le biais de l’imaginaire leurs idées dans le but d’exister dans cette littérature-monde où, de plus en plus, l’on explore les imaginaires pour tenter de réinventer l’espace-monde.

Ainsi,Justine Mintsa publie Histoire d’Awu dans la collection« Continents noirs » de Gallimard(2000). Cet ouvrage évoque la situation d’Awudabiram, personnage éponyme,une femme moderne, attachée malgré tout aux valeurs traditionnelles. Awu est l’archétype de la femme traditionnelle et du rôle qui lui a souvent été assigné au sein du foyer : être « un coup de main sage à l’intérieur de la maison » [8], attachée à répondre scrupuleusement à ses obligations conjugales et familiales. Elle est une sorte de ’couteau-suisse’, à la fois « consciente de partager l’espace social avec [son époux], de parler le même langage que le sien » [9], tout en essayant de garder la place d’aide, d’épouse et de mère que la société et la tradition lui ont assignée auprès de son mari.

On observe ainsi que cet ouvrage, loin d’être féministe –- Mintsa elle-même ne croyant guère à cette notion de « féminisme littéraire »—, met en évidence une femme se battant d’abord et avant tout pour la pérennisation de la tradition, tout en pointant l’incompétence du service public qui sous-tend une critique sociale de l’administration publique.

Aussi, cette période faste des années 2000verra aussi la présence d’écrivaines dont on peut citer pêle-mêle : Peggy-Lucie Auleley (Les Larmes du Soleil,2014 ; L’Héritière du Jaspe,2014 ; Soleils étranglés,{}2015 ) ; Sylvie Ntsame (La Fille du Komo, 2004 ; Malédiction, 2005 ; Mon amante, la femme de mon père2007 ; Femme libérée battue, 2010, etc.) ; Chantal Magalie Mbazoo-Kassa (Sidonie,2001 ; Fam !,2003) ;Charline Effah (Percées et chimères, 2011 ; N’Être, 2016 et La Danse de Pilar, 2018 ) Edna Merey-Apinda- Ce soir, je fermerai la porte (2007) ; Ce reflet dans le miroir (2014), La Nuit sera longue(2014), Le Plus beau des noms (2015), Des contes pour la lune{}(2010), Aventures d’Imya, petite fille du Gabon,(2004)- des œuvres littéraires toutes venues enrichir considérablement la littérature gabonaise, féminine en particulier.

Mais cet enrichissement est venu aussi de la littérature érotique dont l’intérêt a de plus en plus pris d’importance chez certaines écrivaines ces dernières années. La société gabonaise, comme la société africaine dans son ensemble, s’est souvent considérée comme prude, réservée par rapport aux questions sexuelles, malgré un regain d’intérêt pour la sexualité.La littérature elle-même a souvent fait taire cet intérêt pour la sexualité dans les sociétés africaines. Cependant, depuis les années 1970 et les écrits de Sony Labou Tansi et de tant d’autres, on ne se lasse pas d’évoquer le « bas corporel et humain ». Et les femmes ne sont pas en reste dans cette effervescence du dire corporel. Calixte Beyala par exemple ne rechigne pas dans ses romans, à l’instar de Femme nue,femme noire(2003) à nous présenter des personnages aux mœurs débridées, emportés dans une spirale de débauche et de sensualité ; Bessora, pour sa part, ne manque pas non plus de relater, comme sa consœur camerounaise, les faits sexuels de ses personnages. La parole s’étant totalement libérée dans cette littérature écrite par les femmes, on ne serait donc guère étonné du caractère totalement érotique des ouvrages de Lilly Rose Agnouret — La Chaleur de cette nuit (2015) ; Ce doux, doux, vertige, 2015 ; La Leçon interdite ;(2017)—qui fait en quelque sorte figure de précurseur dans le genre au sein de la littérature gabonaise. On peut dire ici que cette littérature, à n’en point douter, vient de la littérature rose et de l’influence des romans de gare de la collection Harlequin, prisés par certaines jeunes lectrices gabonaises dans les années 1980 (et au-delà) au Gabon à cause du caractère émouvant et rocambolesque des situations amoureuses souvent proches des séries américaines diffusées par les chaînes de télévision nationale.

Quoi qu’il en soit, l’intérêt pour cette littérature ne relève pas d’une sorte d’émancipation sexuelle car il n’y a aucune revendication politique, au nom de la libération de la femme par exemple. Il n’y a pas non plus de débauches extravagantes ni de dépravations.Il s’agit tout juste de purs badinages romantiques où l’érotisme s’il n’est jamais absent ne montre pas non plus de réelles déviations d’individus dévergondés. L’érotisme reste ici policé et nuancé quoiqu’il aborde la sexualité dans un pur jeu sensuel et amoureux, sans réellement poser de regards moralisateurs sur la société. Lilly Rose Agnouret met en scène des personnages féminins qui veulent vivre différemment leurs histoires d’amour. Ainsi, c’est toujours une image idéalisée de couples africains qui se rencontrent, s’aiment, se déchirent, apprennent à composer avec leur environnement, entre modernisme et réalités africaines,à l’image précisément de textes de la série Harlequin, où les rapports sensuels faits de fantasmes et de fantaisies,servent d’abord à transcrire une réalité fantasmagorique et rêvée sur l’amour et dont la fonction reste bien entendu d’entraîner le lecteur dans une pure évasion sensuelle.Ainsi, Lilly Rose Agnouret, en exploitant des personnages archetypés, standardisés, inconstants entend trouver chez les lecteurs, femmes et hommes, quelques lieux communs sur le caractère louvoyant de certains hommes et le caractère poussif et désordonné de certaines femmes.

Aussi, ces romans à l’eau de rose, comme on s’en doute bien,créent un décalage avec la réalité historique marquée par la dictature, la corruption et toute une catégorie de faits rédhibitoires. Mais opposés sans doute à l’idée de toujours revendiquer ou s’engager pour une cause, ces romans roses ne veulent rien d’autre qu’intéresser et toucher les lecteurs friands de cette sorte de littérature faite avant tout de récits romantiques, peu importe si certains la placent dans quelques mièvreries auxquelles on rattache souvent à tort la littérature féminine, d’autant plus qu’ils servent d’exutoire à des lecteurs-principalement des lectrices ! — en quête d’évasion.Produite dans un contexte sociologique et politique où les femmes ont souvent été brimées voire bridées, il fallait sans doute une telle littérature qui puisse se permettre, en conséquence,de refuser de se résoudre à tout conformisme social. Ce qui peut laisser entendre que, contrairement à ce que l’on aurait pu croire jusque-là, les écrivaines africaines en général et gabonaises en particulier ne sont pas toujours restées figées dans le respect aux traditions ancestrales ou à une forme d’engagement littéraire, donnant une portée sociale à leurs œuvres.

Ainsi, allant toujours dans le sens de l’évolution de la littérature féminine gabonaise,l’un des apports les plus remarquables viendra de l’institution littéraire et de la reconnaissance littéraire qu’elle offrira à la littérature gabonaise dans son ensemble et à la littérature féminine gabonaise en particulier. En effet, Bessora obtiendra en 2007 le fameux « Grand Prix littéraire d’Afrique noire » avec son roman Cueillez-moi, jolis messieurs… (2007). Cela, après avoir obtenu en 2001 le Prix Fénéon avec Les Tâches d’encre (2000),son deuxième roman.Jusque-là, aucun écrivain gabonais n’avait obtenu ce « Goncourt africain » depuis le début des couronnements en 1961. Il aura fallu à la littérature gabonaise, grâce à l’apport d’une femme,quarante-six ans avant de devoir accueillir ce prix et inscrire ainsi le nom du Gabon au palmarès [10]de toutes les nations lauréates,parmi les grandes figures littéraires du continent noir dont on compte les Léopold Sédar Senghor, Henri Lopès, Alain Mabanckou ou encore Thierno Monénembo.

Cependant,l’autre fait marquant de cette période reste l’arrivée en poésie de Lucie Mba, fille du président Léon Mba, père de l’indépendance gabonaise,trente-six ans après Josette Lima,elle publie deux recueils :Patrimoinechez La Maison Gabonaise du Livre (2000) et Patrimoine II chez L’Harmattan (2006). Même si d’autres poétesses gabonaises vont apparaître également au cours de cette période, l’arrivée de Lucie Mba en littérature et surtout dans la poésie sera à juste titre saluée par la critique littéraire gabonaise. Chantal-Magalie Mbazoo-Kassa, universitaire et romancière et éditrice (propriétaire de la Maison Gabonaise du Livre) va démontrer de la manière la plus remarquable, l’entrée de Lucie Mba dans le monde de l’écriture :

Encore une fois, une nouvelle plume féminine vient d’intégrer et de renforcer la corporation des écrivains. Il s’agit précisément de Lucie Mba. Patrimoine est le titre de son recueil, riche d’une trentaine de poèmes […] La poésie gabonaise est née et se confirme avec Lucie Mba. Poésie jeune, elle concourt à la mise à mort d’une longue période de silence féminin, notamment dans ce domaine [11].

La poésie mbaienne est une poésie qui, avec un réalisme balzacien « photographie la misère urbaine (librevilloise) tout en portant un regard critique sur l’histoire, la politique et la culture de son pays. » [12]A ce jour, on ne saurait trop expliquer avec justesse la longue absence des femmes dans la poésie, alors que celle-ci était jusque-là le genre majeur de la littérature gabonaise (la majorité des écrivains gabonais ont d’abord commencé à écrire des poèmes avant de se tourner vers d’autres genres). Certains critiques littéraires gabonais ont tenté de répondre plus ou moins à cette question, en énonçant que c’est en désespoir de cause que plusieurs auteurs gabonais auraient eu tendance à délaisser la poésie, majoritairement à cause d’un manque de lectorat plus large. De plus, ce genre ne ferait plus recette, parce qu’il « ne se vend pas » et, pis, « ne se publie pas, sauf à compte d’auteur » [13]. Cela dit, il reste tout de même à savoir davantage si c’est réellement pour ces raisons que les écrivaines gabonaises ne se seraient que très peu investies dans le domaine poétique.Mais, qu’à cela ne tienne, les poétesses qui ont tenté l’exploration du genre depuis Lucie Mba ont montré une réelle envie de s’imposer dans cette catégorie littéraire dont on pense très souvent, à tort ou à raison, qu’elle est inaccessible à la compréhension, à cause de son double langage et ses innombrables ambiguïtés de sens.Toutefois, parmi ces poétesses, on peut citer Pulchérie Abeme Nkoghé, auteure de deux recueils : La vie est un bouquet de fleurs(2004) et Le Chant des blessures(2007)dont les thèmes tournent autour de la condition humaine dans laquelle elle entrevoit la vie comme un possible dépassement de soi.En ce sens, on peut également citer Prisca Otouma qui publie,elle aussi,deux recueils : A corps perdu, accord confus(2004) et Un instant d’Améridées (2012). Dans ces deux œuvres,la poétesse revient sur la notion de l’existence. Sa poésie est ainsi une recherche permanente sur les « réalités éternelles » ; le sens de la vie est ainsi l’épicentre de son questionnement et de sa quête scripturaire :« qu’est-ce que vivre ?  »,«  qu’est-ce que la vie ? » seraient donc au cœur de son besoin d’écriture. Cependant, ses interrogations ne sont guère naïves. Elles procèdent sans doute d’une forme detraumainitial lié à proprement parler à la douleur de l’être ou simplement à la douleur d’être. La notion d’existence, éminemment philosophique, gagne cette écriture qui se questionne et qui, en même temps questionne l’individu dans son rapport au monde. On semble sans risque de se tromper, avoir affaire ici à une forme d’exploitation du Dasein heideggerien dans lequel, l’être, en conscience, se confronte à la possibilité constante de sa disparition, de sa mort et vit en relation étroite malgré tout avec ses semblables. Ainsi, une telle thématique laisse supposer que tout écrivain, homme ou femme, peut vraisemblablement exploiter un sujet aussi important sans que l’on ne confine toujours l’écrivain aux fondamentaux de son genre, comme on est souvent tenté de le faire chez les écrivaines femmes, cloisonnées parfois à leur détermination biologique.

Dans la même veine des poétesses gabonaises de cette dernière période,on cite également Nadia Origo, auteur d’un des tout derniers recueils poétiques : Sanglotites équatoriales(2014), mais aussi de nombreux romans (Le Bal des débutants(2012),La Valse des initiés(2014) et de plusieurs essais dontJ’ai résolu de…(2008). En publiant Sanglotites équatoriales, dans lequel on peut tirer une théorisation de l’écriture poétique, c’est le thème de l’étroitesse de notre univers et son incapabilité à satisfaire nos attentes quand, pourtant, il est en possibilité de nous satisfaire,que pointe Nadia Origo. D’où l’usage d’un vocable nouveau, la ’sanglotite’, derrière lequel on voit une déshumanisation de notre monde qui nous rappelle le sanglot, ce soupir redoublé, ce spasme qui, contracté par la douleur, laisse échapper des sons entrecoupés que Paul Verlaine avait, au 19è siècle, éternisé dans le réseau lexical de la monotonie et de la blessure(« les sanglots longs de l’automne… »). Sanglotites équatorialesreste pour ainsi dire un recueil qui, s’appuyant sur le topos du lyrisme, semble non seulement exprimer les sentiments personnels et intimes de la poétesse et toutes sortes d’angoisses liées à la condition humaine, mais également renouveler le romantisme noir dont le prisme tourne autour du malaise permanent où le tempus fugit et le carpe diem servent d’exutoire. Ces éléments se retrouvent dans le recueil de Nadia Origochez qui, l’écriture poétique, comme souvent,doit susciter chez le lecteur une émotion violente et douloureuse grâce notamment aussi à un vocabulaire du sanglot renforcé en cela par l’évocation d’images fortes que véhicule souvent la puissance de la métaphore et de la comparaison, ainsi que des hyperboles. Cela dans le but d’énoncer avec une certaine acération, les tares du pouvoir absolu ainsi que les travers indigestes des sociétés africaines tropicales, réactualisant ainsi l’idée que la loi de la conscience, défendue dans son recueil, peut aussi être opposé aux pouvoirs ubuesques qui, défiant les règles sacro-saintes de la démocratie, règnent en maîtres absolus sous l’équateur africain, réifiant par leurs agissements,toutes les formes de libertés individuelles auxquelles aspirent avec ardeur leurs nombreux concitoyens.

Au-delà de la poésie, il y a également le théâtre où là, malheureusement, on ne compte pas,quantitativement,de femmes en grand nombre. On peut tout de même citer Nadège Noël Ango Obiang dont l’ouvrage intitulé Le Testament de mes pères(2003)est un texte hybride car il est à la fois composé de théâtre et de nouvelles. Ango Obiang est probablement une dramaturge en devenir, d’autant que l’une de ses pièces intituléesLa Dépressiona été représentée par une troupe de lycéens originaires de Serbie à Saint-Malo.

La faible représentation des femmes gabonaises dans le théâtre reste pour l’heure sans aucune explication. Il faut dire que depuis la parution du premier texte dramaturgique gabonais au début des années 1980 grâce à Vincent-de-Paul Nyonda(Un albinos à la M’passa,L’Harmattan, 1981), grand homme local de théâtre et premier ministre des Affaires culturelles du pays, le genre théâtral produit par les Gabonais reste encore embryonnaire : l’art dramaturgique reste le réel parent pauvre de cette littérature qui n’aura attiré que très peu d’individus et ce, en dépit d’un nombre relativement important de troupes théâtrales. En fait, les troupes de théâtre se sont davantage consacrées à la représentation qu’à l’écriture de pièces en tant que telle. La dernière pièce gabonaise reste encore Péronnelle,la comédie en trois actes de Ludovic Emane Obiang (2004), même si l’on note bien avant lui,La Folle du gouverneur, l’excellente pièce de Laurent Owondo (1990).

Toutefois, si le Gabon accuse ce retard, c’est d’abord parce que les politiques culturelles allant dans le sens de faire éclore ce genre ont été majoritairement affaiblies par le peu d’intérêt porté au théâtre depuis Vincent-de-Paul Nyonda. Il n’existe à ce jour, aucune salle de spectacles digne d’accueillir les acteurs et leur public. L’unique salle véritable du pays reste encore celle du Centre culturel français de Libreville, laquelle d’ailleurs n’est pas toujours disponible au regard de nombreuses activités qu’elle doit pouvoir supporter chaque semaine.

Cependant, l’on retient que la majeure partie des dramaturges gabonais sont essentiellement des hommes. En conséquence, l’écriture de la pièce de Nadège Noël Ango Obiang peut être considérée comme une œuvre bienvenue dans ce microcosme littéraire gabonais où les femmes ont toujours été absentes et dont cette pièce reste un apport important qui réduit la minceur de la contribution féminine dans la dramaturgie gabonaise. Certes, la quantité ne sera jamais aussi honorable que la qualité, mais l’apport des femmes dramaturges dans la littérature est aussi important, même s’il ne s’agit pas ici de faire une sorte de guerres de sexe (car le sexe ne constitue pas, en réalité, un critère d’autant plus que le fond et la forme dans cette littérature se situent davantage au-delà de cette rhétorique autour de ce clivage des genres) dans ce qui doit être fait en faveur de la littérature gabonaise. D’ailleurs, il semble que de nombreuses africaines ne se soient pas beaucoup intéressées à ce genre. Comme si le théâtre était d’abord affaire d’hommes,une préoccupation masculine. On ne retrouve ainsi les femmes que sur scène, en représentation et très peu en dramaturges. Et malheureusement, les femmes gabonaises n’échappent pas à cette particularité.

Conclusion

En conclusion, il tient lieu de retenir que la littérature féminine gabonaise est née au milieu des années 1960, d’abord par la poésie à travers Josette Lima. Et que depuis, celle-ci a évolué au cours de différentes périodes qui ont ponctué cette évolution. C’est ainsi que dès les années 1980, Angèle Rawiri est devenue la première des romancières, régnant triomphalement sur ce plan pendant plus d’une dizaine d’années, jusqu’à ce que n’arrivent dans les années 2000 un nombre croissant de jeunes femmes (Bessora, Charline Effah, etc.) qui feront œuvre d’écrire, tout en essayant d’exprimer avec un style particulier et des thématiques variées les réalités qu’elles observent. Apportant à l’imaginaire gabonaise un regard souvent neuf à une littérature qui, il est vrai, doit encore chercher à progresser.

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(consulté le 1erjuillet2018).

P.-S.

en logo Charline Effah.

Notes

[1Jin Siyan : « La littérature féminine dans la Chine d’aujourd’hui, inPerspectives chinoises, n°74, 2002, p.44 ; doi :<https://doi.org/10.3406/perch.2002.2008> (consulté le 24 juillet 2018).

[2Lire à cet effet l’article de Marina Ondo, « L’écriture féminine dans le roman francophone d’Afrique noire » in˂http://www.larevuedesressources.org/l-ecriture-feminine-dans-le-roman-francophone-d-afrique-noire,1366.html?debut_lesart=5#pagination_lesart˃(consulté le 15 septembre 2017).

[3Ministère de l’Education nationale,Anthologie de la littérature gabonaise, 357 pages, 1976.

[4La littérature féminine des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou encore le Congo Brazzaville n’est apparue qu’entre les années 1970 et 1980.

[5Gallimore Rangira Béatrice, « De l’aliénation à la réappropriation du corps chez les romancières de l’Afrique noire francophone », « Nouvelles écritures féminines 1. La parole aux femmes » dans Notre Librairie, n°117, avril-juin 1994, p.55.

[6Le kounabelisme est un mot inspiré du groupe d’animation culturel « Kounabéli », groupe-phare des années 1970-1980 de la province du Haut-Ogooué, dirigé entre autres par l’ex-Première dame, Josephine Kama-Bongo connue aussi sous son pseudonyme d’artiste Patience Dabany. Le kounabélisme, le terme qui en est issu, désigne cette tendance par ces groupes d’animation (il y en avait au moins une dans chaque province !) ou chez certains affidés du pouvoir, d’attribuer mécaniquement et de façon démagogique, toutes les réalisations infra-structurelles voire simplement politiques au Président de la République seul, dans une pure démarche propagandiste de communication politique afin de s’attirer les faveurs du pouvoir. Il s’agit en fait du processus dévolu, comme dans de nombreux systèmes dictatoriaux, à l’évergétisme qui consiste, pour le pouvoir, à faire profiter de la collectivité de richesses du pays par la distraction (organisation de spectacles ou de groupes d’animation de femmes), par des bienfaits (distribution d’argent, de bourses ou de cadeaux) et le ravitaillement (distribution de denrées alimentaires de première nécessité) de la population dans le but de simplement garder le pouvoir en faussant généralement les élections comme cela s’est souvent vu dans les élections au Gabon.

[7G. Rawiri a été pendant longtemps l’une des grandes et importantes figures politiques du Gabon jusqu’à sa mort en 2005. Père de la romancière Angèle Ntyugwetondo Rawiri, il était également poète (Chants du Gabon, 1975).

[8Jin Sayan, op. cit., p. 47.

[9Idem, p. 47.

[10À ce jour, le Gabon compte trois lauréats car après Bessora en 2007, Jean Divassa Nyama et Augustin Emane obtiendront le prix respectivement en 2008 et en 2013.

[11Mbazoo-Kassa, M. : « En hommage à la femme… », Patrimoine, 2000, p. 5 et 7.

[12Mouango, Pascaline : « Lire les femmes écrivains et les littératures africaines », Amina, février 2003, n° 394, p. VI.

[13Moutsinga, Bellarmin, Les Orthographes de l’oralité, L’Harmattan, 2008, p. 28.

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