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14 avril 2008, par Octave Mirbeau (1848 - 1917)
J’ai eu, un de ces soirs derniers, une bonne fortune rare, assez rare pour que je sois tenté d’en fixer le souvenir... J’ai rencontré un homme d’esprit libre et juste, qui se garde, dans ses jugements sur les choses et sur les gens, de toutes exagérations, dans un sens ou dans l’autre, et qui n’a réellement qu’une passion dans la vie : le bien public... Il se nomme W. G.... et, bien qu’il ait (…)
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16 septembre 2011, par Octave Mirbeau (1848 - 1917)
Et je songe, avec une joie sadique et une très nationale fierté, que, dans quelques jours, sera ouverte la période électorale. On peut même affirmer qu’elle l’est déjà, qu’elle l’a toujours été, et qu’étant donnés nos mœurs parlementaires et nos goûts politiques, qui sont de nous mépriser les uns les autres, cela ne changera rien à nos habitudes et à nos plaisirs. Mais ce qu’il est impossible (…)
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3 mars 2008, par Octave Mirbeau (1848 - 1917)
En lisant Le Portrait de Dorian Gray, je n’ai jamais aussi vivement senti l’horreur des répressions sociales, « cette dangereuse folie de punir » qu’ont les hommes. Le Portrait de Dorian Gray est ce dernier livre d’Oscar Wilde que d’avisés et fidèles traducteurs viennent d’offrir à notre curiosité, dirai-je à notre joie ? Et, maintenant que je l’ai lu, ce livre, je ne puis penser, sans un (…)
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30 avril 2010, par Octave Mirbeau (1848 - 1917)
On parlait dernièrement, dans une élégante réunion d’hommes de lettres, de Léon Bloy et de son nouveau livre : La Femme pauvre, autour duquel la lâcheté des uns, la rancune des autres et l’incompréhension du plus grand nombre établissent une vaste zone de solitude et de silence, comme autour de la maison où meurt un pestiféré. Il n’y avait à cette réunion que de fort célèbres personnages, (…)
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21 mai 2009, par Octave Mirbeau (1848 - 1917)
– Pourquoi ne m’avez-vous pas encore parlé de notre chère Annie ?… Ne lui avez-vous pas appris mon arrivée ici ?… Est-ce qu’elle ne viendra pas aujourd’hui ?… Est-ce qu’elle est toujours belle ?
– Comment ?… Vous ne savez pas ?… Mais Annie est morte, cher petit cœur…
– Morte ! m’écriai-je… Ce n’est pas possible… Vous voulez me taquiner…
Je regardai Clara. Divinement calme et jolie, (…)
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8 mars 2013, par Octave Mirbeau (1848 - 1917)
M. Auguste Strindberg fut, il faut bien l’avouer, une assez fâcheuse invention ; fâcheuse pour lui et pour nous. On croyait avoir mis la main sur un autre Ibsen. Hélas ! les Ibsen sont rares ; ils ne courent pas les rues, même en Norvège. On dut vite reconnaître que l’on s’était trompé. Comme dramaturge, M. Strindberg ne dépasse pas l’honnête moyenne de nos habituels fournisseurs de théâtre ; (…)
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24 mars 2008, par Octave Mirbeau (1848 - 1917)
C’était un vieux homme, un peu voûté, très doux, très silencieux, très propre, et qui, jamais, n’avait pensé à rien.
Sa vie était réglée mieux qu’une horloge, car il arrive que les horloges, quelquefois, s’arrêtent et se détraquent. Lui, jamais ne s’arrêtait, ni ne se détraquait. Jamais il n’avait connu la hâte d’une avance, l’émoi d’un retard, la fantaisie d’une sonnerie folle, dans son (…)
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19 mai 2008, par Octave Mirbeau (1848 - 1917)
J’ai fait la connaissance d’un de ces nègres dahoméens, grands, minces, beaux et souples qui excitent si fort la curiosité des blancs au Trocadéro. C’est un charmant homme très doux, très gai et, de même que tous les nègres, intarissable conteur d’histoires... Malheureusement le nègre du Dahomey - du moins si j’en juge par mon ami - est symboliste, et je ne comprends rien aux histoires qu’il (…)
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27 septembre 2011, par Octave Mirbeau (1848 - 1917)
Une chose m’étonne prodigieusement, j’oserai dire qu’elle me stupéfie, c’est qu’à l’heure scientifique où j’écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses (…)
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25 octobre 2012, par Octave Mirbeau (1848 - 1917)
C’est un comble que Marie-Claire, le premier livre publié de Marguerite Audoux, qui lui assura d’emblée la gloire, fut préfacé par Octave Mirbeau pour les éditions Fasquelle, parce qu’il souhaitait le faire concourir au Prix Goncourt, alors que quelques jours avant la tenue de ce Prix l’ouvrage reçut celui de l’académie des femmes, le Prix Vie Heureuse, en 1910. Le Prix rival subtilisa (…)