Tetsu Saïtoh, contrebassiste, compositeur, meurt à Tokyo au printemps 2019.
Nous nous étions rencontré en 1994 dans l’ensemble FIFTH Season du contrebassiste américain Barre Phillips.
À partir de ce moment, nous fûmes des compagnons de route.
Aller-retour entre l’Europe et le Japon et ce, en duo comme au travers de multiples collaborations artistiques.
Quelques mois après la disparition de mon ami, en marchant dans la montagne derrière mon village, une pierre m’interpelle.
J’y reviens jusqu’au jour où j’écris sur sa surface le prénom Tetsu.
Une pierre au bord d’un sentier.
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…à la mémoire de Tetsu Saïtoh
Entre les strates figées du temps de l’attente, se bousculent des bribes d’un vécu en béquilles.
L’ancre en dérive sur le fond absent.
Algues brassées par un courant confus,
fibres d’éther qui s’éloignent sans avoir traversé quelques réels.
Rumeurs audibles qui se perdent sans retour.
Quelque chose, sûrement, devra exister après cette errance.
Perdre ce temps là fait de tâches disloquées.
Cela est-il être seul ?
Une respiration, vacuité difforme.
Tempête dépourvue de toute force.
Nuée de vapeur sablonneuse.
Une hasardeuse appréciation du temps nous fait retourner vers l’immobile.
Vivre avec l’impossibilité de l’arrêt.
Tout est question de l’endroit,
de la longueur du souffle.
Dignes assignations congelées
une énergie coupante
Pensées en volière où s’acharnent les messages.
L’œil
sans main
ignore l’apparence froide des surfaces.
Son négatif
ouvre à un cosmos sans contour
Invisible
Compagnon qu’aucun toucher ne révèle,
réintégrant l’ensemble
mains vidées
brusque
à la lumière
La présence se soustrait
Ainsi nommée
neige
balise l’évidence
Réel rétinien
infiltre la topographie
Linéament ombreux
Vu ciel
tant de ciels
reconnaissant celui-ci
par tous les autres
en le nommant, le retient
Perception hachée de signaux constants
de lisières
bois et pierres
traversées
retour
rivières rangées dans la matière de l’oubli
De quels passés l’air que j’embrasse ?
Échos multiples à mes transformations distorsions
jardins
friches
lumières d’artifice.
Glisser sur la rampe
se ramasser l’espace
Non au-delà
Celui qui ignore l’éther,
chaque grain de matière,
se regarde soi.
Le soi
du regard
d’un soir,
d’ici emporté vers
Râle signifiant ?
Se rire.
L’ignorance connaît.
Ignorer ne s’agglutine.
Jamais après l’étoile,
le vent
La forge d’allégresse tisse l’inexistant, le libre.
Exister est un élan et non des ciels de traine.
Le regard s’ouvre au devant
l’arrière est un calcul.
J’ai sauté dans l’oubli de l’instant.
Ce maintenant
qui ne s’échappe au dire si celui-ci formule sa disparition.
Bulles-menaces s’estompent.
Vent au dehors.
Piétinent le cœur mâché par ces vides enveloppes.
Cordes tirent la gorge
fermentation passée,
acides larmes séchées des os anciens.
Terreau certain de fraîches fleurs.
Vent double
vers une tension bleue qui éloigne toute crainte
dépolie le miroir.
Plus d’air, encore plus pour
soutenir le passage.
L’ombre cueille le présent
avide de sa moisson.
Un souffle dissout le cristal de ses ans.
Sous la plante,
le noyau affermit le chaos.
Remarche le sentier
un autre
Pendule marque maintenant
désosse la croyance
Sur le champs
un monde se germe
rien du poids
Image-temps
Un cri
passage du vent
Détournement
moi-l’idée
Ces étrangers dénudent les solides de la présence.
Tout
Le corps se donne aux sons
Rien habiles
Adrets, ubacs
Soleil sans nom
Cercles relevés,
les mains soutiennent le fil
plongeant,
montant.
Supposons certitudes ?
De l’un à l’autre
rumeurs.
Moi-celui-insistant
Éclats de bruits plus avant
à leurs tours,
rumeurs à animer.
Un bourdon
chavire le centre
compact,
dans la force du vent,
celui
sans bruit
sonde ses surfaces,
creuse l’amer,
du reste
sans lieu,
visage s’effiloche
retourne au minuscule,
présent continu,
en variable,
fondre.
L’ombre propose un chemin au guerrier
à l’angle du ciel.
Pieu du passé
attachements
meules affaissées.
Éboulis dans l’œil,
parois vaincues
aux vents passagers.
Soudain,
se calme,
dit l’envers
Entrelacs hachent
l’ordre lumineux
Don
de sa transformation plantée
aux sols des vivants.
Plis muets
dépouillés,
veilleur de vent
Affût
plonger sous un chaos
dénouer
Prairie
que l’œil aspire
tendu
un mobile de sons
coques vides
miniatures germées
en éclats
Seul reste la trace de l’affût
Jamais le passage.
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Eux qui ; l’absence
le silence
traversent
dérivent au vif de pas
sans mesure
Tumulte codé de l’esquisse
terriers vides
balises
d’une main trop rapide
Voix invisible engluant les parois,
rotonde du dire collé
Rumeurs parallèles
antennes de bois mort que les ombres animent.
En dessous le temps et les distances ont leurs propres mesures.
Signes entremêlés
m’inventent la distance
Battements striés
délignent l’horizon
Ma raison quitte sa branche
se dilue dans un creux.
☐
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