— I —
En contrebas des collines de palagonite, je m’effondre. Le sol est sec et dur. A quelques dizaines de kilomètres du cercle polaire, le soleil darde néanmoins. Dans ce corps en déshérence, les implosions liquident ce qui reste de la structure des eaux, la masse organique meurt ses organes.
Avec le temps s’étale un excrétat jaunâtre, résidu souffreteux d’une culture malade.
— II —
Le suint des cieux lessive les sols, entraîne les cendres organiques dans les fissures.
C’en est fini : la peur s’en va.
Le flanc s’est enfui sur
son envers, aspiré par ses matières
fécales en sa propre fosse à l’air
libre, à l’air venté sous l’œil solaire,
et se perd
dans les diaclases en collation
pour la terre
qui lance ses vapeurs
à la rencontre des percolations.
L’eau mère épouse l’hydre
aux gênes sulfureux et précipite
la naissance du vitriol
« Visita Interiora Terrae Rectificandoque Invenies Occultum Lapidem »
il ronge le sein du sol et dissout les frontières
abolit l’érogène en une mare acide
— III —
de tombe, le sol est avalé
par sa gravidité,
dissolvant la matière en une boue soumise
aux éructations de la vie volcanique
– vomissures sulfurées –
où se tient l’âtre.
L’œuvre se fait, lente, au noir…
— IV —
des sucs sans chairs
s’abandonnent
à la brûlure étonnante d’un sourire,
les gaz mortels sont des éthers
pour l’hôte qui sait les déserts
où s’abrite la pierre occulte
la boue balbutie ses borborygmes
s’embouche
et lie ses méandres
au méat du soleil
perçant des lèvres du ciel
— V —
l’univers accole ses sphincters
en cet endroit
la glèbe de l’astre solaire s’enfle
hurle avec
la voix de lumière noire
de l’en-sphère
— VI —
comme un malade
en rémission
la boulimique d’espace explose en réticules
et en dentelles de synapses
la boue fuit la boue
pour feue la boue sans fin
les corolles
évoluent sous les flux
du soufre insufflé par le col
baisers sans cris
pas sans murmures…
— VII —
Les orbites solaire et terraqué
conjoignent
leurs anneaux
expulsent
en l’un l’autre
tous les états de la matière
mâles et femelles
de la pierre à la boue
à l’air à la lumière
debout
mais
quelle face à venir
pour le mort
?
à ces lèvres
quels mots de guerre
à renaître ?
derrière ce front
quels meurtres ?
et ces yeux ?
il a plongé au creux obscur de la terre, et le visage d’avant sa naissance lui est apparu laid