La Revue des Ressources

Ô Jerusalem 

mercredi 20 mai 2015, par Mohamed Kacimi



Depuis plusieurs semaines Mohamed Kacimi séjourne à Jerusalem Est où il crée et coordonne pour le Théâtre National Palestinien Al-Hakawati la dramaturgie de la pièce Des roses et du jasmin d"Adel Hakim. Le spectacle mis en scène par l’auteur est co-produit par le Théâtre des Quartiers d’Ivry [1]. La répétition générale et la première auront respectivement lieu les 2 et 3 juin et après quelques jours le spectacle sera présenté au Théâtre Al-Kasaba à Ramallah.
Voici sa carte postale du 17 mai. (L. D.)



Il fait très chaud. Depuis ce matin et comme souvent le Théâtre Hakawati est investi par des troupes d’enfants qui fêtent la fin de l’année. Les répétitions avec Adel Hakim se font au son des tambours des enfants. Vers quinze heures, un bruit d’hélicoptères couvre la ville. Je me renseigne. C’est aujourd’hui la fête de Yom Yeroushalaïm, qui célèbre la « réunification » de la ville en 1967. Des groupuscules extrémistes profitent de cette occasion pour réclamer l’annexion des quartiers arabes de la ville. Je quitte le théâtre en vitesse. Je descends la rue de Naplouse. D’habitude dans ce secteur oriental de la ville on ne croise pratiquement pas de gens en kippa. Mais là, à l’angle de l’hôtel Legacy, une assemblée de colons fait la fête, entourée par une ceinture de soldats. En bas, je tombe sur ce spectacle incroyable, la porte de Damas qui est l’ultime enclave palestinienne de la ville n’est plus qu’une marée de drapeaux bleus et blancs. L’accès à la porte est interdit par des barrières bleues et derrière des soldats et la cavalerie.
Un secouriste me prévient :
— Monsieur, la vieille ville est interdite aux non-Juifs jusqu’à 21 heures.
À ma gauche un groupe de manifestants palestiniens chante au nez des soldats que Jérusalem est le cœur de la Palestine.
Un couple d’Australiens exhibe son passeport en criant qu’ils sont chrétiens et qu’ils veulent visiter le Saint Sépulcre. L’officier leur fait non de la tête.
Dans le ciel bleu, flotte un dirigeable blanc truffé de micros et de caméras. J’ai beaucoup de mal à admettre cette réalité.
De l’autre côté de la barrière, un officier barbu, très brun, calme ses hommes. Des adolescents palestiniens secouent les barrières, tentent de les enjamber et lui crient à maintes reprises :
— Mais toi on te connait, on connaît ton père, tu es arabe pourquoi tu parles en hébreu ?
L’officier druze fait la sourde oreille. Les gamins le traitent de tous les noms d’oiseaux. A la fin il s’avance vers eux, le doigt sur la gâchette de son fusil mitrailleur pour leur parler en arabe :
— Vous savez pourquoi je ne parle pas en arabe ? Juste pour ne pas être pris pour un animal par les Juifs.
Il pensait sûrement au vice-ministre de la défense, Rabbi Eli Ben Dahan qui a déclaré que « les Palestiniens sont des bêtes, ils ne sont pas des êtres humains, ils ne méritent pas de vivre ».


Avec l’aimable autorisation de © Mohamed Kacimi Le 17 mai 2015


Photos © Mohamed Kacimi
Source Facebook


P.-S.


17 mai 2015 — posté par Ronnie Barkan le 18 — Journée de Jérusalem (à la Porte de Damas, en début de soirée)

« ZioFascists who are sponsored and funded in part by the apartheid State of Israel, have swamped the Muslim Quarter of the old city in Jerusalem during the so-called Jerusalem Day. Here is a glimpse of what Zionism, which is an ultra nationalistic movement that is vehemently opposed to both Jewish and democratic values, looks like.=="Religious-nationalism is to religion what national-socialism is to socialism.National-socialism is not socialism but its opposite, and likewise religious-nationalism is not religion but its opposite.’National-religiousness’ - it is analogous to national-socialism."— Yeshayahu Leibowitz »

Notes

[1On peut lire l’information détaillée du spectacle et sa fiche technique dans le site du Théâtre des Quartiers d’Ivry.

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