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Un bilan provisoire du dossier Rosenberg en 2011 

lundi 31 octobre 2011, par Aliette G. Certhoux

TRAVAIL EN COURS DE CHANTIER - MERCI DE VOTRE COMPRÉHENSION FACE AU DÉSORDRE DE LA CONSTRUCTION ACCUMULANT UNE SOMME DE NOTES ET DE RÉFLEXIONS DE PREMIER JET.

Merci de ne pas imputer ce synopsis critique et le bilan provisoire de cet article aux Meeropol Rosenberg ni à Wendy Johnson. Tous les propos de ce texte n’engagent que leur auteur.

Résumé et questions de principe :

In 1942 the Manhattan Engineer Project was set up in the United States under the command of Brigadier General Leslie Groves. Scientists recruited to produce an atom bomb included Robert Oppenheimer (USA), David Bohm (USA), Leo Szilard (Hungary), Eugene Wigner (Hungary), Rudolf Peierls (Germany), Otto Frisch (Germany), Niels Bohr (Denmark), Felix Bloch (Switzerland), James Franck (Germany), Emilio Segre (Italy), Enrico Fermi (Italy), Klaus Fuchs (Germany) and Edward Teller (Hungary). Nunn May and James Chadwick (United Kindom) also joined the project.

 On sait aujourd’hui par l’information des documents secrets publiés autant par l’est que par l’ouest et par les témoignages auto-biographiques des grands espions soviétiques des États-Unis, qui recoupent la publication des actes du Grand Jury parus en 2008 et des révélations tardives de témoins anciens espions qui étaient restés silencieux lors des interrogatoires qu’Ethel Rosenberg était purement et simplement innocente dans l’affaire d’espionnage soviétique. Le premier témoignage de Ruth Greenglass atteste sans la moindre mention d’Ethel qu’elle retranscrivit elle-même les informations transmises par son mari David. Ethel n’est jamais mentionnée sous un code quelconque dans les documents britanniques des messages soviétiques décodés dit projet VENONA, elle était de toutes façons extérieure aux contacts directs avec la hiérarchie du renseignement, et particulièrement ne connaissait pas Harry Gold, qui avait contacté Ruth, et que très probablement Julius ne connaissait pas non plus, étant une autre branche du réseau soviétique.

Quant à Julius Rosenberg, les recoupement entre le projet VENONA — qui était en partie désinformé — et les témoignages de son ancien supérieur hiérarchique dans le réseau soviétique Alexandre Feklissov le dénoncent comme agent responsable d’un réseau de renseignement qui fournit des informations techniques et militaires...
Pour comprendre comment les choses ont pu advenir entre les présidents Roosevelt et Truman à propos de Los Alamos, il faut rappeler le contexte de la décision de produire une arme atomique aux États-Unis.
 Ce sont des physiciens travaillant eux-mêmes à Los Alamos qui transmirent aux Russes ce qui pouvait leur manquer, car les principaux responsables — qui ne sont pas les activistes de cette transmission — avaient toujours émis leur réserve sur leur participation à la fabrication de l’arme totale pour une seule puissance (Einstein, Oppenheimer, Niels Bohr — sans désaccord avec Oppenheimer pour aller demander à Roosevelt — puis sans désaccord de celui-ci pour que Niels Bohr allant porter sa demande devant les britanniques. Churchill — anticommuniste notoire — refusa).

 Avant même l’arrestation des Rosenberg le FBI savait cela, non seulement par l’information du projet Venona que les anglais avaient mis au point pour décoder les messages des allemands puis incidemment les messages soviétiques, mais encore par l’information des services secrets canadiens auprès des États-Unis dès 1945, au moment du retournement de Grosenko à Ottawa.

 Quant au programme de l’atome associé entre le Royaume Uni, les USA, et le Canada, il s’agit du Manhattan Project (c’est-à-dire la réalisation associée de la bombe atomique aux États-Unis).
Ainsi Julius comme Ethel furent mis à mort dans une machination qu’ils ne purent pas déjouer, bien que Julius était alors réputé ne plus participer à l’espionnage soviétique depuis cinq ans, et bien que depuis cette date connu d’y avoir participé avant cette date. Pourquoi le FBI l’avait-il donc laissé en liberté jusque là ?

La condamnation puis l’exécution eurent lieu dans des conditions assez particulières pour la justice d’une démocratie se prétendant digne de ce nom. Le juge Irving laissa dépasser le délai pour répondre à Julius Rosenberg sur sa demande de rencontre contradictoire avec ses accusateurs, ce qu’il avait autorisé concernant les accusateurs réciproques Harry Gold et David Greenglass (rencontre fructueuse pour Roy Cohn qui leur fit modifier leur déposition moyennant l’échange de la réduction de leurs peines et la liberté totale pour l’épouse Greenglass) ; ensuite, parce que Julius Rosenberg ne pouvait pas dire pour se disculper ce à quoi il avait réellement participé, car cela aurait été de toute façon répréhensible et surtout l’aurait engagé à dénoncer un réseau d’amis afin de se sauver. Réseau mort lui-même depuis 1945, mais dont chaque membre aurait pu encourir, dans le cas du procès ultérieur, des peines pour des actes rétrospectifs. Il s’abstint. Et Ethel ne put se désolidariser de ses propres idées politiques — ni de l’innocence proclamée par son mari concernant les faits dont il était accusé, ni de la sienne, totale.

Ce serait donc le retournement d’Igor Gouzenko, spécialiste du code, à Ottawa, qui aurait inauguré l’affaire, mais des années auparavant. Celui-ci voulait se dérober à l’ordre de retourner en Russie intimé par son supérieur hiérarchique, le colonel Zabotin, car il craignait pour sa liberté au retour un pays devenu radicalement stalinien. Il choisit de se retourner le 5 septembre 1945. La livraison de ses documents commença l’affaire de la filière de l’espionnage soviétique en Amérique, mais elle ne sera révélée curieusement qu’en 1946 — après Hiroshima et Nagasaki. Pourquoi pas avant ? Cela pourrait renvoyer au fait déjà évoqué que les physiciens de Los Alamos aient été ambigus sur la détention de la bombe par un seul État, au moment où les Russes sont seuls à se battre contre Hitler. [1]. Donc jusqu’à ce que la bombe soit lancée sur Hisroshima puis sur Nagasaki, l’État américain doit s’assurer la cohésion des physiciens. Il reste que les militaires ayant envisagé la possibilité d’une troisième bombe sur le Japon, cette fois à Tokyo, Oppenheimer lui-même s’opposa au départ du cœur de plutonium pour qu’elle soit montée. [2]
Mais les Russes diront plus tard que là n’était pas la filière principale du secret de la bombe atomique.

Ceci est la préface du dossier thématique dédié à Ethel et Julius Rosenberg, principalement constitué et traduit de textes inédits de Michael et Robert Meeropol Rosenberg, par Wendy Johnson. On sait enfin, après en avoir douté puis y revenant de nouveau, puis doutant encore, à chaque dossier révélé, qu’il s’agit en définitive d’un crime d’État.
Cela veut dire délibéré, sinon on parlerait d’erreur judiciaire.
Par déni d’évidence le principe de la culpabilité pour justifier même pas la première inculpation (qui ne concernait pas les plus hauts crimes d’espionnage) mais le verdict abusif contre les Rosenberg, poursuit de faire son chemin en dépit des ouvrages et des sources, de moins en moins contradictoires, sur la légitimité de leur innocence face au chef d’accusation. Aujourd’hui, en tous cas, Ethel Rosenberg devrait être officiellement disculpée, après les révélations des actes du Grand Jury (2008). Si elle ne l’est pas encore c’est que l’énigme même du dossier est ailleurs.

Il y a d’abord l’opacité de la peine de mort comme principe intégriste du système judiciaire, parce qu’elle est irréversible, et par conséquent les pays pragmatiques qui la perpétuent ne peuvent évoluer sinon dans leur renforcement. Avec la mort les choses sont dites. Donc inutile de revenir sur la sentence, cela ne ramènera pas à la vie les victimes. De là au déni du droit il n’y a qu’un pas. C’est pourtant sur ce principe pouvant générer tous les abus que la légitimité perpétuelle des États-Unis du droit de poursuivre dans la même voie et où qu’ils se trouvent dans le monde, serait-ce contre le monde où ils se trouvent, dont leur propre société, se poursuit comme une croyance égale à la formulation de Dieu sur le dollar.
Ben sûr, en posant indéfiniment la question de l’innocence ou de la culpabilité dans une affaire forclose par la mort même des protagonistes, on pose la question universelle de la justice et de l’injustice de la peine de mort, et plus généralement celle du système judiciaire comme principe de justice.
Mais pour autant on évite justement par ce moyen de poser la question de l’assassinat légal au nom de punir un crime qui est pourtant réputé ne pas avoir été commis, du moins pas celui qui est jugé et auquel celui qui a été commis ou non commis devra absolument ressembler, (y compris dans le fait qu’il puisse être jugé comme n’étant pas un crime), pour donner sens formel de la loi.
Tel paraît être le cadre du jugement des Rosenberg assumant un projet de justice implicite qui ne sera jamais rendu explicite sinon par la démonstration de l’exécution.
Ethel a refusé de croire au bluff de l’instruction et c’est ce qui la conduira sur la chaise électrique (Sam Roberts, journaliste du New York Times, rendant compte de son entretien ultérieur avec le vice ministre de la justice de l’époque, dans son ouvrage sur l’affaire The Brother). Il n’est pas certain qu’en réalité le refus de croire au coup de bluff soit la véritable raison qui mena en force Ethel à la chaise électrique, car bien des aspects implicites du procès pouvant ressembler à un complot entre partenaires ambigus quoique légaux du jugement, peuvent apparaître. Nous en ferons le tour, certains aspects pourraient-ils choquer aujourd’hui.

La menace civique que Robert Meeropol Rosenberg déconstruit à propos de Wikileaks, est toujours la même, soixante ans plus tard, pour inculper de conspiration contre les États-Unis, l’Espionage Act de 1917, qui cible une disposition où l’évaluation des crimes est non seulement approximative par rapport aux critères requis, mais encore ces critères eux-mêmes étant flous. Le soupçon sous la loi de 1917 contre l’espionnage s’exprime en terme de contexte, contexte extensible à tout acte de réunion ou de relation serait-ce amical ou familial, (serait-ce anticonstitutionnel quant au droit d’expression et de réunion aux USA, mais soudain justifié par un état d’urgence même non déclaré solennellement par le représentant suprême, ou arbitrairement déclaré de fait), mais en outre contexte évalué subjectivement par rapport au contexte élargi de l’intérieur à l’extérieur, et à l’idéologie générale.

On empêche ainsi d’imaginer que la peine de mort puisse devenir, dans certains cas, plus qu’une erreur judiciaire, une façon légale de préparer et de réaliser le lent protocole puis l’exécution d’un assassinat, comme d’autres assassinent avec une arme ou d’autres jugeant expéditivement commirent des lynchages, particulièrement dans ce pays.
Et dans ce cas dans ce cas ce n’est plus la question de la victime mais celle des intervenants.
Qui sont les intervenants du procès des Rosenberg ?

Quel est donc ce pays démocratique — et dans ce cas de quoi est donc fait le nom de la démocratie ? — qui en 2011 n’a toujours pas été capable de mobiliser une majorité suffisante pour assurer qu’une loi contre le lynchage passe au sénat et au congrès, alors que jusque le lynchage poursuivit d’être perpétré coramment jusque dans les années 70 ? Tant il est vrai que si le lynchage cessa ce fut que des lyncheurs célèbres si notables fussent-ils finirent par être considérés comme des criminels et condamnés à la prison à perpétuité (jamais condamnés à mort dans un pays qui pratique cette peine) dans certains États qui valurent d’exemple pour tenir les autres en respect.
Mais la loi anti-lynchage : que nenni ! Il n’y en a jamais eu !
De quoi est donc faite la violence urbaine et le système judiciaire (où les juges et les procureurs sont élus) aux États-Unis, sinon depuis le fondement des milices spontanées et du port d’arme individuel — droit légitime qui ne devrait pas être transgressé dit la constitution — qui font l’objet du second amendement, en dépit des premier et cinquième amendements qui purent faire de la constitution américaine une démocratie exemplaire aux yeux du monde "libre" ?

 Dans l’affaire Rosenberg, il y a une évanescence de lynchage organisé par des représentants de la loi et de l’État structurés en communautés de notables, au nom d’une raison d’État toujours inexplicite, car elle ressemblerait plutôt à une conjuration d’intérêts et de décision exemplaire pour marquer le tournant d’une époque, après le discours sur l’endiguement du communisme par Harry Truman (1947). Et dans ce cas tout devient obscur pour longtemps, même si l’obscurité paraît s’estomper sous la visibilité de la question : coupables ou non coupables.

Car les nouvelles générations ne distinguent pas, ne peuvent pas distinguer, sous la question binaire et décontextualisée qu’est la résultante du langage médiatique et du raisonnement enseignés de nos jours, que celle de la culpabilité ou de la non culpabilité, n’est pas en réalité le problème posé par l’affaire Rosenberg.
La preuve est que nous en arrivions à savoir concrètement aujourd’hui, à travers de nombreuses sources historiques qui se croisent, et dont nous ne répéterons pas l’inventaire ici (étant citées et explicitées en notes au long des articles qui constituent ce dossier), qu’Ethel Rosenberg ne fut coupable de rien sinon de conviction de ses idées, et d’amour, et que Julius si important dans le renseignement soviétique pût-il être, ce qui n’est même pas encore prouvé (son importance), ne travailla réellement pas sur le secret de l’atome, en tout état de cause ayant été débarqué du renseignement par les soviétiques avant même les faits pour lesquels il fut condamné à la place des autres.

De la longue liste des sources nous rappellerons tout de même les actes du Grand Jury rendus publics en 2008 — à l’exception de trois témoignages qui peuvent être encore importants pour Julius Rosenberg ou Morton Sobell, mais nullement pour Ethel puisqu’à son propos les choses sont dites, et conclues par les juristes qui ont demandé la libération des actes, y compris par son propre frère qui reconnaît dans son interview de 2001 pour Sixty Minutes, sur ABC, qu’il l’a accusée de quelque chose d’improbable pour sauver sa propre femme.

Où David Greenglass poursuit de mentir en dépit d’un premier aveu public, alors que son épouse Ruth est encore vivante (elle meurt en 2008), et ce sont les pièces libérées depuis 2001 qui en attestent après la dernière recension analytique de Walter Schneir, dans son ultime ouvrage Final verdict, c’est que la réunion entre les Greenglass et les Rosenberg, sur laquelle Greenglass poursuit de répondre à ABC, non seulement n’a jamais existé (citation de Michael Meeropol Rosenberg), mais de surcroît n’aurait pas pu avoir d’objet, puisque Julius Rosenberg venait d’être exclu — et informé de l’être — de toute activité de renseignement et de réseau par la hiérarchie soviétique.

Et surtout, les circonstances réelles de politique étrangère et de politique intérieure de l’affaire Rosenberg resteront sans doute une énigme du contexte des services secrets alliés et même soviétiques au-delà de Hoover, de Staline, de Khrouchtchev et même de Gorbatchev, de Truman, de Kennedy ou de Reagan, car ils se sont largement réciproquement désinformés, et même auto-intoxiqués à des fins de politique intérieure. Ce qui ne peut rester énigmatique n’est que ponctuel, mais déterminant : c’est le procès non seulement inéquitable mais totalement fabriqué par lequel les Rosenberg furent injustement exécutés, y compris dans les raisons de ceux qui défendent le principe de la peine de mort. C’est pourquoi l’idée de faire re-ouvrir le procès demeure actuelle, Julius Rosenberg fut-il aujourd’hui, à l’évidence de toutes les sources secrètes publiées, un agent du renseignement soviétique, restant qu’aucune ne le donne comme un espion atomique, et qu’Ethel y soit découverte radicalement innocente de toute activité de renseignement.

Les Rosenberg à la sortie de leur mise en accusation
Source : cette photo par un photographe anonyme a été intitulée The Kiss et publiée dans la Presse nationale et internationale et a fait notamment la Une de l’Humanité


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New questions over Rosenberg affair

The couple were executed in 1953 for espionage

— Photo : AP

In retrospect : Ethel and Julius Rosenberg during their trial in New York City in 1951.

WASHINGTON : Newly released U.S. grand jury transcripts add strong evidence to the argument that the conviction and execution of Ethel Rosenberg in the Cold War’s biggest espionage case were based on perjured prosecution testimony.

In recent years, one of the two key witnesses against Rosenberg recanted his testimony. It now appears that the other witness made up her testimony too. The witnesses were Ethel’s brother and sister-in-law, David and Ruth Greenglass.

Thanks to the work of a team of lawyers and historians, the government released the grand jury testimony that formed the basis for the charges against Julius and Ethel Rosenberg.

At the Rosenbergs’ trial, the Greenglasses testified that Ethel Rosenberg had typed stolen atomic secrets from notes provided by David Greenglass. The testimony provided the direct involvement the jury needed to convict and that the judge in the case needed to sentence Ethel Rosenberg to death.

After spending hours poring over the transcripts, the lawyers and historians spotted a major omission in Ruth Greenglass’ testimony to the grand jury. Nowhere does Ruth Greenglass tell the story about seeing Ethel Rosenberg type up the secrets.

In fact, in her grand jury testimony, Ruth Greenglass says she herself wrote out the secrets in longhand. That testimony is consistent with decrypted Soviet cables from the time in which the Soviets describe material received from the Rosenbergs as being in longhand.

The grand jury testimony from Ruth Greenglass confirms that the trial testimony about typing is a fabrication, said Georgetown University law professor David Vladeck, part of the team that succeeded in gaining public release of the transcripts.

“The Rosenberg case illustrates the excesses that can occur when we’re afraid,” said Meredith Fuchs, counsel to the National Security Archive, one of the private groups that fought in court to get the testimony released.

“In the 1950s, we were afraid of communism ; today, we’re afraid of terrorism. We don’t want to make the same mistakes we made 50 years ago,” Ms. Fuchs said.

The material reveals that nearly four dozen witnesses testified to the grand jury. Only four of them testified at the Rosenbergs’ trial. Among those who did not testify at the trial but did testify to the grand jury were a man and wife who the Federal Bureau of Investigation believed were Soviet agents.

But they never were charged and the transcripts show that prosecutors made no effort to question any of the grand jury witnesses about a series of stolen U.S. non-nuclear defence secrets that the government felt many of the witnesses knew about. The stolen secrets included proximity fuses used by the Soviets to shoot down the U-2 spy plane of Francis Gary Powers.

The government also had evidence that the Rosenberg ring gave the Soviets secrets about airborne radar, land-based radar, analog computers used to guide anti-aircraft weapons and information for the first designs of U.S. jet engines, said Steve Usdin, an author who helped release the grand jury material. — AP
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The Hindu, 13 septembre 2008
http://www.hindu.com/2008/09/13/stories/2008091357332000.htm

 «  Ici, l’atmosphère politique générale, surtout dans les universités et les collèges (à l’exception des très grands), est actuellement peu agréable. La chasse aux rouges est en marche et les intellectuels américains, surtout dans la mesure où ils ont un passé radical et sont devenus antistaliniens au fil des années, se mettent en quelque sorte à l’unisson du Département d’État. » Hannah Arendt, Lettre à Karl Jaspers, New York, 1949. [3]

 « Washington, DC, Septembre 11, 2008 - La sortie des retranscriptions du Grand Jury de Julius et Ethel Rosenberg en tant que résultat d’une action judiciaire par les Archives de la Sécurité Nationale et une coalition d’historiens contredit directement la charge centrale contre Ethel Rosenberg dans la poursuite de l’espionnage atomique que J. Edgar Hoover a appelé « l’affaire du siècle », selon les experts qui ont analysé les documents d’aujourd’hui.
Les documents comprennent le témoignage devant le Grand Jury de Ruth Greenglass, la belle-sœur d’Ethel Rosenberg, dans lequel elle déclare la transcription par sa propre main des informations que son mari a obtenues à l’installation nucléaire de Los Alamos, pour les transmettre à Julius Rosenberg et à l’Union soviétique. Les actes du FBI montrent que c’est dix jours avant le commencement du procès contre les Rosenberg que Ruth et David Greenglass mentionnèrent pour la première fois qu’Ethel Rosenberg eût tapé ces notes. Au procès, Ruth et David Greenglass témoignèrent que Ethel Rosenberg avait tapé les informations de l’installation nucléaire de Los Alamos. Ruth Greenglass elle-même n’a jamais été poursuivie pour son rôle. Le procureur principal a requis le témoignage des Greenglass comme l’aboutissement de son discours de clôture du Jury, en disant que Ethel Rosenberg était assise à cette machine à écrire et avait « tapé sur les touches, dans l’intérêt des Soviétiques contre son propre pays, frappe par frappe ». [4] [ ... ] » (Introduction de la publication des Fichiers du Grand Jury de Julius et Ethel Rosenberg, par l’université Georges Washington).

 « Washington, D.C., September 11, 2008 – The Julius and Ethel Rosenberg Grand Jury transcripts released today as the result of legal action by the National Security Archive and a coalition of historians directly contradict the central charge against Ethel Rosenberg in the atomic espionage prosecution that J. Edgar Hoover called “the case of the century,” according to experts who analyzed the documents today.
The documents include the grand jury testimony of Ethel Rosenberg’s sister-in-law, Ruth Greenglass, in which she describes writing in her own longhand the information her husband obtained at the Los Alamos nuclear installation, for passing on to Julius Rosenberg and the Soviet Union. Records of the Federal Bureau of Investigation show that ten days before the trial against the Rosenbergs commenced, Ruth and David Greenglass for the first time mentioned that Ethel Rosenberg had typed those notes. At trial, Ruth and David Greenglass testified that Ethel Rosenberg had typed up the information from the Los Alamos nuclear installation. Ruth Greenglass was never herself prosecuted for her role. The lead prosecutor used the Greenglass testimony as the culmination of his closing speech to the jury, saying that Ethel Rosenberg sat at that typewriter and “struck the keys, blow by blow, against her own country in the interests of the Soviets. »
[ ... ] (Public Introduction of Rosenberg Grand Jury Files Released)

On savait depuis 2008, à la lecture des retranscriptions des actes du Grand Jury libérés à cette date, qu’Ethel était confirmée comme n’ayant jamais été une espionne engagée, même pas au titre d’un service familial, quand bien même elle eût été une syndicaliste communiste active avant 1943. Mais on ne sait pourquoi l’historien français André Kaspi, dans son livre sorti en 2009, Des espions ordinaires, préfère dénier les sources même du procès en persistant à attribuer une culpabilité qui justifie l’exécution d’Ethel. Dans le fait qu’elle fut une bonne épouse, informée, intelligente, et compréhensive de son mari, sur un fond éthique de gauche, il ne la considère pas innocente. Voilà une étrange façon de convoquer le jugement posthume de l’opinion pour poursuivre de justifier plus qu’une condamnation à la chaise électrique, l’exécution réalisée comme un supplice, la concernant. Puisqu’il fallut s’y reprendre à trois fois.

On découvre que le procureur et le juge le savaient et choisirent de porter les accusations sur Ethel au terme d’un marchandage qui laissa la liberté à Ruth Greenglass, sa belle-sœur, et un temps de prison raisonnable pour son frère, le véritable espion de l’affaire sans intermédiaire de transmission chez les Rosenberg du moins pour le document à cause duquel ils ont été accusés. Certes un petit espion par rapport à un scientifique comme Fuchs, physicien réfugié d’Allemagne en Angleterre qui travaillait pour le Royaume Uni sur le programme Manhattan à Los Alamos. C’est directement auprès de Greenglass, ancien mécanicien militaire basé sur le site de fabrication de la bombe atomique, pendant la guerre, que Gold, le chef américain du réseau soviétique qui aurait recueilli et transmis les documents sur l’atome, pour les remettre à Yakolev le consul général de l’URSS aux USA, aurait obtenu les documents en se déplaçant au Nouveau Mexique, et en les payant en monnaie sonnante et trébuchante.

On sait enfin que Julius Rosenberg loin d’avoir été son interlocuteur dans le transfert des documents atomiques qui les accusèrent aurait été démis par Moscou de son activité de renseignement au plus tard le 23 septembre 1945, par sécurité, après qu’il fut renvoyé du Corps des transmissions de l’armée où il était ingénieur civil consultant, le FBI ayant fait ses recommandations à son employeur militaire au titre qu’il avait été communiste. Il était évidemment fiché et suivi par le FBI auquel il s’était déjà confronté en revendiquant sa liberté d’association professionnelle, syndicale et corporatiste. Ce n’est qu’en décembre que Greenglass et Gold échangèrent les documents remis au Consul soviétique qui firent accuser les Rosenberg d’espionnage atomique contre les États-Unis, à quoi s’ajoutèrent dès lors d’autres faits d’espionnage qui ne concernaient pas l’arme stratégique, mais qui en tout état de cause ne permettaient pas de requérir la peine de mort.

« En août 1950, Julius et Ethel Rosenberg ont été accusés sous le Titre 50,
sections 32a et 34, de l’Espionage Act, en rapport avec son octroi de secrets nucléaires pour l’Union soviétique. Anatoli Yakovlev fut également accusé. En 1951 Morton Sobell et David Greenglass furent accusés. Après un procès controversé en 1951, les Rosenberg furent condamnés à mort. La sentence fut effectuée en 1953. » (Mid-20th century Soviet spies, Espionage Act of 1917, wikipedia)

« In August 1950, Julius and Ethel Rosenberg were indicted under Title 50, sections 32a and 34, in connection with his giving nuclear secrets to the Soviet Union. Anatoli Yakovlev was indicted as well. In 1951 Morton Sobell and David Greenglass were indicted. After a controversial trial in 1951, the Rosenbergs were sentenced to death. The sentence was carried out in 1953. » (Mid-20th century Soviet spies, Espionage Act of 1917, wikipedia)

« Octobre 1995 - Lors d’une interview avec Michael Dobbs du Washington Post, Anatoli Iatskov, alias Anatoli Antonovich Yakovlev, espion soviétique et vice-consul de l’URSS à New York de 1940 à 1946, se vante que l’Union Soviétique ait réussi à pénétrer le mur du secret autour du Projet Manhattan, et que ses agents aient volé le processus majeur de la fabrication de la bombe atomique des États-Unis. Alors que Iatskov affirme que le FBI n’a pas réussi à découvrir serait-ce la moitié de son réseau, il est catégorique : il ne connaissait pas les Rosenberg et ne pourrait éclairer moindrement sur leur cas. Par contre dans sa confession de 1995 il confirme que Harry Gold était un messager pour son réseau. » [ ... ] (Introduction de la publication des Fichiers du Grand Jury de Julius et Ethel Rosenberg)

« October 1995 - During an interview with Michael Dobbs of The Washington Post, Anatoli Yatskov, aka Anatoli Antonovich Yakovlev, the Soviet Vice-Consul in New York City and a Soviet spymaster, brags that the Soviet Union had managed to penetrate the wall of secrecy around the Manhattan Project, and that his agents had stolen the major process for manufacturing the atomic bomb from the United States. While Yatskov claimed that the FBI had not managed to uncover even half of his network, he is adamant that he had not known the Rosenbergs and could not shed any light on their case. However, in his 1995 confession he did confirm that Harry Gold was a courier for his network. [ ... ] » (Public Introduction of Rosenberg Grand Jury Files Released)

Le House Committee on Un-American Activities (Chambre des représentants) existant depuis 1938 a commencé en 1939 à s’intéresser aux citoyens liés au Komintern, à cause du pacte germano-soviétique entre Hitler et Staline ; mais après la rupture du pacte germano-soviétique, en 1941 (attaque de Pearl Harbor par l’armée japonaise), et pendant les années de guerre, il s’applique plutôt à repérer les pro-nippons et les pro-nazis et considère les soviétiques comme ses alliés particulièrement à partir du commencement de la bataille de Stalingrad. Pendant ces années, entre 1941 et 1945, Rosenberg comme d’autres communistes renseignent avec diligence et conviction les soviétiques, qui sont seuls à avoir un front de guerre contre les nazis, quand les américains déjà entrés en guerre contre le Japon ne sont pas encore décidés à affronter l’Allemagne et c’est Churchill qui finalement les convaincra. Que des réseaux juifs participent à l’espionnage ne s’explique pas seulement en terme de soutien international des communistes au nationalisme soviétique, mais parce que l’information de l’antisémitisme radical de l’Allemagne nazi circule parmi les activistes communistes, léninistes et trotskistes, et les activistes anarchistes, qui comptent de nombreux juifs de la diaspora. Tel le réseau de Trepper en Europe et en France parmi les premiers groupes de résistance les MOI (Main d’œuvre immigrée) où se retrouvent des membres des brigades internationales de retour d’Espagne qui n’ont pas pu repartir chez eux à cause de l’évolution de l’Allemagne nazi et qui deviendront FTP-MOI. Les gouvernements américains et européens savent ce qu’ils doivent à la résistance de l’armée soviétique à Stalingrad de 1942 à 1943.

Malgré ses affinités communistes et son soutien financier aux gauchistes Oppenheimer est choisi pour diriger le projet Manhattan, par le maréchal Groves pourtant informé de son activisme, et il accepte. Roosevelt qui a autorisé ces recherches à la demande d’Einstein et de trois physiciens juifs réfugiés de Hongrie qui redoutent que les nazis parviennent à produire rapidement l’arme totale, ne connaîtra pas les effets des bombes sur Hiroshima et sur Nagasaki les 6 et 9 août 1945, parce qu’il meurt au mois d’avril de la même année. Au cours du développement du projet Manhattan Niels Bohr avait pensé que les secrets atomiques devaient être partagés par la communauté scientifique internationale et avait rencontré l’accord de Oppenheimer : « Après une rencontre avec Bohr, J. Robert Oppenheimer lui suggère de rendre visite au président Franklin D. Roosevelt, pour le convaincre que le projet Manhattan doit être partagé avec les Russes dans l’espoir d’accélérer ses résultats. Roosevelt suggère que Bohr retourne au Royaume-Uni [ où il était arrivé de Suède après avoir quitté le Danemark occupé par les nazis ] pour essayer de gagner l’approbation britannique. Winston Churchill, est en désaccord avec l’idée d’ouverture vers les Russes, au point qu’il écrit dans une lettre : « Il me semble Bohr doit être enfermé ou en tous cas enseigné qu’il se trouve très près du bord de crimes mortels. » » [5]
 Autant dire si le climat général aux États-Unis n’est pas anticommuniste ni même à Los Alamos, sous le président Roosevelt. C’est dans ce cadre d’alliance possible qu’ont lieu les activités du renseignement pour les soviétiques.

Le président Truman a remplacé le président Roosevelt et c’est lui qui a donné l’ordre du largage des deux bombes sur le Japon. Après les deux premières explosions Oppenheimer sans attendre l’ordre présidentiel empêche l’expédition des composants destinés à monter une troisième bombe pour la même destination. Comme les soviétiques sont entrés en guerre l’empereur se sentant attaqué de toutes parts propose une reddition pourvu qu’on le laisse en place. Oppenheimer s’oppose ensuite au progrès des recherches pour la bombe à hydrogène. Commence alors une rivalité obstinée entre lui et Teller qui développe le projet de la bombe à hydrogène, et qui finit par le faire exclure par le président Eisenhower en témoignant contre lui lorsqu’il fut assigné par la Commission de sécurité des activités anti-américaines, en 1954.

 Depuis 1947, tout a changé.
En 1945, l’arme nucléaire américaine, conçue pour contrer l’annonce de l’arme nazi en préparation est lancée contre le Japon à Hiroshima et à Nagasaki, faisant les jours mêmes, et les jours suivants, des centaines de milliers de morts. En 1947, les doctrines Truman et Jdanov s’opposent, l’occident se sépare en deux mondes qui divisent l’Europe, Plan Marshall contre Traité de Varsovie, OTAN contre Pacte de Varsovie. Alors que les États-Unis détiennent la bombe nucléaire et ont prouvé qu’ils n’hésitent pas à s’en servir, les soviétiques se déclarent pacifistes. Pour autant, à partir de 1947 la commission des activités anti-américaines se déchaîne dans les milieux du cinéma, du théâtre, des lettres et des arts. En 1949, à leur tour, les soviétiques détiennent l’arme nucléaire. Pourquoi cela ne pourrait-il venir que d’une transmission de renseignements en provenance des USA ? Il y a des savants à l’est, et comme aux États-Unis il y a des scientifiques transfuges de l’Allemagne nazi. Mais il est convenu y compris par les russes que l’urgence dans laquelle l’arme stratégique soviétique doit être produite rend prioritaire d’obtenir des informations venant des États-Unis qui ont deux longueurs d’avance. Et la guerre de Corée commence en 1950, marquant un terme à la réserve tactique des États-Unis face à la Chine.
Alors commence le procès des espions de l’atome aux USA, un procès rétrospectif, puisqu’il s’agit d’espionnage relatif à la dernière année de la guerre. Et c’est pourquoi les peines ne sont pas si lourdes, quand les espions rappellent le contexte. Pour Rosenberg, alors qu’il n’a pas participé à l’espionnage atomique, ses activités d’espion "ordinaire" comme ancien syndicaliste communiste vont l’accabler pour l’exemple, car il s’était personnellement opposé au FBI en revendiquant le droit d’une organisation professionnelle.

Non seulement l’organisation concordante des faux témoignages par Roy Cohn contre Julius Rosenberg auront raison du transfert de l’espionnage atomique sur l’espionnage technique auquel il s’était livré, au temps où les doctrines nationalistes et impérialistes n’avaient pas commencé à confronter les deux puissances, mais de plus il sera jugé sous diverses ingérences dans le Tribunal suprême qui lui feront attribuer un jugement d’exception, sans rapport avec les actes jugés pour les autres, et sa femme considérée comme complice active suivra.

L’accusation contre les Rosenberg intervient au commencement de l’ascension contestée du procureur Joseph McCarthy (sénateur de 1947 à 1957), qui ne se rendit pas sympathique aux yeux de tous quand en 1946 il afficha une position considérée comme favorable aux SS responsables de l’assassinat de plusieurs dizaines de prisonniers américains pendant la bataille des Ardennes, dit le « massacre de Malmedy », en 1944 ; défendant le principe qu’ils ne soient pas condamnés à mort par le Tribunal international de Dachau, il argua de la torture infligée aux protagonistes lors des interrogatoires préalables et finit par les faire échapper à la peine capitale : que n’en fit-il autant pour les Rosenberg ? Mais les Rosenberg étaient juifs et l’un des objectifs opportuns de leur condamnation était de démarquer la communauté juive des communistes qu’elle pouvait compter depuis la fin des années 30. Comme c’est aussi le moment des purges antisémites en Union soviétique, au fond, il y a peut-être un intérêt commun dans la chute des réseaux soviétiques aux États-Unis. Au contraire, David Greenglass déclarera en 2001 qu’un procureur influencé par McCarthy lui avait conseillé de faire le faux témoignage qui permettrait de sauver son épouse, en envoyant sur la chaise électrique sa soeur et son beau-frère : les Rosenberg.

En 1950, McCarthy qui intrigue en multipliant les discours contre les communistes porte l’accusation qu’il y aurait au moins plus de 200 — ramené à 57, — communistes au sein de l’État fédéral dont au département d’État, ce qui convoque au Congrès le Comité Tydings qui infirme son accusation (quand à son tour McCarthy aura créé son propre comité il enverra en prison le sénateur Tydinds). Trois jours après cet échec de McCarthy, dans le cadre de ses sympathies avec le chef du FBI, Edgar Hoover, contre le département d’État dont Hoover cherche à diminuer le pouvoir pour s’en arroger la part, intervient l’arrestation de Julius Rosenberg. Hoover intrigue pour faire nommer le procureur général et aide un protégé de McCarthy à se placer comme procureur adjoint sur le procès, Roy Cohn, celui qui organisera les faux témoignages pour transférer les accusations de Ruth à Ethel et de Greenglass et Gold à Julius Rosenberg.

C’est seulement après le succès médiatique et l’exemplarité du pouvoir américain contre la pression internationale obtenus par la condamnation puis l’exécution des Rosenberg, que McCarthy deviendra le sénateur triomphant créant son propre comité et Roy Cohn, le procureur-adjoint zélé du procès Rosenberg recommandé par Hoover, deviendra son principal collaborateur. Ils seront à l’origine de la chasse aux sorcières dans tous les corps d’État et de l’administration publique qui infestera la démocratie américaine d’un impact liberticide soupçonneux et répressif aux États-Unis pendant la guerre froide, avec ses listes noires jusque dans les années 60.

 Un meurtre judiciaire patiemment organisé par les services secrets qui influencèrent la fabrication du dossier de l’accusation par le FBI qui connaissait auparavant les protagonistes et prépara l’investigation du Grand Jury [6] et peut-être un marchandage entre l’URSS et les USA par l’intermédiaire d’agents doubles invisibles dans l’importance de leur rôle par les Rosenberg eux-mêmes, au plus haut niveau de leur groupe de contact, au moment où eux-mêmes n’y sont plus actifs tandis que le frère d’Ethel et son épouse ont délibérément pris le relais de l’espionnage de l’atome de leur propre côté. En tout état des choses, ce que l’on sait aujourd’hui permet d’avancer l’hypothèse qu’on puisse se trouver face à un crime d’État, d’autant plus à connaître maintenant les échanges qui eurent lieu entre les juges et le FBI en aparté des procédures, et les dossiers soviétiques contemporains des années 40, accessibles au-delà du dossier VENONA.

Au début de l’année 1950, le scientifique Klaus Fuchs, qui travaille sur l’arme stratégique dans le cadre du projet Manhattan (USA, Canada, Royaume Uni), est arrêté en Angleterre par les services secrets de l’armée britannique (M15), à la suite du retournement d’un agent soviétique résident au Canada, Igor Gouzenko, qui livre ses contacts. Fuchs est accusé d’avoir contribué à l’accélération de la recherche militaire en URSS, qui vient de déclarer en un temps record, inattendu, l’arme atomique (1949). Fuchs reconnaît avoir transmis des informations aux soviétiques tandis qu’il contribuait au calcul pour la bombe à hydrogène à Los Alamos en 1945, et il ne dénoncerait qu’une seule personne, sa boîte aux lettres new yorkaise, par laquelle il aurait transmis ses documents aux soviétiques (services secrets qui ne deviendront le KGB qu’en 1954) : un certain Raymond — que le FBI ne tarde pas à identifier comme Harry Gold.

Harry Gold recruté par les services d’espionnage soviétiques depuis 1935 apparaît aujourd’hui l’agent exécutif du groupe de renseignements new-yorkais sur l’atome, celui qui fait plus que recevoir l’information, en appelant la recherche de documents moyennant finances, pour la transmettre directement au Consul général de la délégation soviétique de New York depuis 1940, Anatoli Yakovlev. Arrêté par le FBI, Gold balance, entre autres, le couple que forment Ruth et David Greenglass — frère d’Ethel Rosenberg née Greenglass, — mécanicien qui lui-même travaillait à Los Alamos, à la fin de la guerre, et qui à son tour balance, entre autres, son beau-frère, Julius Rosenberg, sous l’autorité duquel il aurait renseigné et sur lequel il se décharge de toutes ses accusations, et ultérieurement, sa propre sœur qui aurait transcrit les données.Mais ces accusations n’arrivent que dans un témoignage qui rétracte les premières déclarations, et sous l’investigation de Roy Cohn. Les témoignages de Gold et de Greenglass conduisent à l’arrestation successive des époux Rosenberg, accusés à la place de leurs accusateurs et ils seront déclarés coupables et condamnés à mort le 5 avril 1951, pour un vol et une trahison stratégiques précisément commis par d’autres, ceux qui ont pris directement contact avec Gold : les Greenglass.

La fabrication du dossier Rosenberg paraît procéder d’arrangements aux multiples partenaires parmi lesquels ceux qui dénoncent et ceux, pas toujours apparents, qui commandent l’investigation, ou encore ceux, pas toujours apparents, qui décident qui de tous doit tomber. On a vu de nos jours comment cela fonctionnait en Italie, lors de la répression des activistes à la fin des années de plomb : les dissociés et les repentis sont les meilleurs délateurs et la récompense vitale attendue les rend particulièrement imaginatifs.

Le comble de la fatalité de l’accusation des Rosenberg s’évalue en tout état des protagonistes concernés par celui des documents en cause considérés comme non déterminants et même inutiles, voire pour certains ridicules, alors que Fuchs, le seul capable de maîtriser le niveau d’information requis et d’y avoir accès, a déjà reconnu avoir transmis lui-même ses documents à Gold ; en sorte que Rosenberg avait donné de l’argent à Greenglass pour qu’il quittât les USA avec sa famille, ce que ce dernier ne fit pas, utilisant l’argent autrement. La rivalité entre les services secrets britanniques et américains a peut-être joué un rôle dans l’accélération de l’acharnement des témoignages falsifiés à l’encontre des Rosenberg :

« Après sa libération en 1960, Greenglass a vécu à New York sous un faux nom, ainsi il demeura pendant quelques années dans le bloc 130-73, de la 228ème rue, dans la section Laurelton de Queens. En 1996, Greenglass dans une interview avec Sam Roberts pour le New York Times rétracta le témoignage qu’il avait fait sous serment, affirmant qu’il avait menti au sujet du niveau d’implication de sa sœur Ethel dans le complot du renseignement, afin de protéger sa femme, Ruth. Lors du procès, Greenglass avait témoigné que Ethel Rosenberg tapait ses notes pour les donner aux Russes, mais maintenant il laissa entendre que c’était Ruth qui faisait la saisie. Greenglass expliqua : « Il faut savoir que j’avais une femme et deux enfants. Je n’ai pas eu tant de soin concernant ce qui m’est arrivé, mais c’est pour eux que j’ai tenu ce qui s’est passé. » (David Greenglass cité dans son article dédié, in en.wikipedia, sans doute en référence du dernier livre de Schneir, — Final verdict (2010) — ? Curieusement, il y aurait eu une pression pour rendre secrets les témoignages de Greenglass et il fut prié de ne pas mettre l’accent sur l’atome (vs. M15) — étant la preuve absente du dossier de Julius.

Somme toute, les membres du KGB lors de l’ouverture des dossiers diront que les informations reçues des USA n’auront pas été déterminantes dans le progrès de la fabrication de l’arme nucléaire soviétique. On peut aussi se demander si Gold après l’arrestation de Fuchs n’aurait pas reçu des ordres de Moscou pour charger les Rosenberg (?)... mais si tout au contraire son comportement fut délibéré, sans nulle doute vu la charge des Rosenberg pour sauver son sort — et celui de la diplomatie soviétique, — c’était qu’il devait risquer gros. Il reste que son rôle fédérateur et même leader dans ce qui arrivât aux Greenglass à partir du moment où leur contact avec lui fut direct, n’avait peut être pas éveillé les Rosenberg aux conséquences possibles à leur encontre, à partir du moment où ils furent de fait mis à l’écart de cette relation.

Il reste encore que pour Harry Gold il était de surcroît un trésorier, et pour David Greenglass et Ruth ce fut une façon d’améliorer leur vie.

Il y a un antisémitisme accru dans l’URSS stalinienne depuis le milieu de la guerre et après les procès de Moscou et la réalité des exécutions staliniennes des trotskystes, les trotskystes sont dénoncés publiquement comme sionistes ou comme judeo-trotskystes pendant la durée du pacte germano-soviétique y compris en France, puis comme hitlero-trotskystes après la rupture du pacte. C’est depuis les États-Unis que l’attentat qui coûta la mort à Trotsky fut organisé au Mexique en 1940. Selon le programme Venona, Jacob Golos fondateur du parti communiste américain, avait été sollicité pour diffamer Trosky dans la Presse et faisait des voyages entre la Californie et New York. En Russie, les purges antisémites des cadres s’accélèrent pour culminer justement en 1950, avec le « complot des docteurs » (les successeurs de Staline diront que ce cas était totalement fabriqué) dans le cadre duquel Semyon Semenov, le fondateur du réseau new Yorkais lié directement à la Rezidentura (parmi lequel Julius Rosenberg en 1942), sera disgracié en tant que juif, jusqu’aux années 1970.
À l’issue de la guerre, Léopold Trepper, tout juste libéré des allemands, qui avait commencé par aller à Moscou pour se mettre au rapport, s’y était retrouvé immédiatement mis au verrou pour y rester jusqu’en 1955, après la mort de Staline (1953).
On peut donc concevoir que Staline ait souhaité liquider les réseaux fondés sur les activistes communistes de la diaspora juive ressaisis dans le réseau de Semenov.
Mais il y a d’autre part un fond raciste et antisémite aux USA, les juifs qui s’y trouvent étant généralement progressistes et / ou révolutionnaires qu’il faudra faire disparaître comme communauté élargie au champ politique de gauche, tant dans les arts, les lettres, et l’administration.

Des choses troubles

Parmi les motifs les plus troubles requis fatalement ou par hasard dans ce procès, il y a un antisémitisme insidieux.
Quand Robert Meeropol et d’autres font remarquer que tous les membres du staff judiciaire du procès Rosenberg, spécialement cooptés, étaient exclusivement des juifs, des juges aux instructeurs aux procureurs et aux avocats de la défense tous cooptés, ils remarquent en même temps que par contre pas un seul membre du Grand Jury ne l’était, alors que la communauté juive constituant une partie importante du nombre de la population new-yorkaise aurait du logiquement y être représentée, même aléatoirement, s’il n’avait été délibéré de l’en écarter — du moins le résultat de ces répartitions peut-il apparaître étrange.
Alors on découvre l’antisémitisme discret mais efficace qui traversa la mise en place, la conviction, puis l’issue du procès. Soit par avoir trop voulu qu’on ne puisse targuer le jugement d’antisémitisme, (ce qui aurait été indéfendable à cinq ans de la découverte des camps nazis), puisque c’étaient ici des juifs qui allaient juger le communisme défendu par d’autres juifs. Mais en même temps pour assurer l’instruction d’un verdict fatal prévu d’avance, le recours à un Grand Jury déculpabilisé de son antisémitisme par la grâce d’un dossier à charge instruit par des juifs, pour les convaincre contre des communistes juifs, le tout soutenu par une mobilisation de l’opinion sous l’effet d’une campagne de Presse diffamatoire lancée par le FBI à travers tous les USA, entra obligatoirement dans les composantes troubles qui confirmèrent l’accusation et la condamnation.
La machination fut telle qu’elle joua dans l’obscurité interprétative du labyrinthe psycho-affectif autant que sur la falsification des témoignages et des preuves. Ainsi, d’une peine de trente ans prévue au début, ce sera l’enchaînement fatal de l’implication abusive d’Ethel pour exercer un chantage sur son époux puis l’escalade vers la peine de mort sous la pression de Hoover et de Cohn, qui sera réalisée pour ne pas perdre la face disent certains — parce qu’elle était l’enjeu véritable escompté d’avance en-dessous du premier procès de 1950, diront d’autres. Le juge Kaufman s’implique pour créer une division politique au sein de la communauté juive de l’après-guerre aux États-Unis, mais en lançant le message de mort à ceux qui s’aviseraient de critiquer la politique capitaliste des USA, où tous seraient présumés coupables de "conspiration d’espionnage", il tire un trait sur l’impact civique de la filiation de gauche des juifs progressistes aux États-Unis. (Du moins faudra-t-il attendre la mobilisation du syndicalisme étudiant soutenant le mouvement des droits civiques et contre la guerre du Viet Nam, pour voir apparaître la fulgurance publique d’un Jerry Rubbin et d’un Abbie Hoffman, ou des engagements comme celui de Noam Chomsky).

Il y a encore la misogynie terrible (au sens propre, inspirant la terreur des femmes) dont la campagne de médiatisation va accabler Ethel, "cerveau" d’un homme manipulé qui aurait été par conséquent sa victime, et la haine de la ménagère exprimée par Eisenhower lui-même. (The Edge of the American West, à propos de l’ouvrage sur Elizabeth Bentley par Kathy Olmsted : Red Spy Queen.)

Il y a enfin une hétérophobie diffusée à travers un puritanisme à l’encontre du couple Rosenberg (qui affiche son unité et son amour), non moins insidieuse, si l’on découvre que Hoover fit procéder un psychanalyste à l’analyse de Ethel qu’il n’avait jamais vue, d’où le FBI tira son profil de caractère pour armer les rumeurs de la Presse, à savoir l’homosexualité raciste de Hoover — non parce qu’il était homosexuel mais parce qu’il était raciste ce qui connotait particulièrement son homosexualité aux temps du refoulement social dans l’Amérique puritaine entre les deux guerres et après — à laquelle il faut ajouter celle de Roy Cohn. FBI qui ne lésina pas sur les rumeurs sexuellement hétérophobes contre toutes les femmes qu’il fit harceler par le FBI (parmi lesquelles Jean Seberg).

Sur le rôle exécutif du juge Kaufman :

« Le juge Irving Kaufman, qui a déjà présidé un procès en espionnage (Abraham Brothman et Miriam Moscowitz) veut absolument être chargé du procès Rosenberg. Il talonne Roy Cohn, l’appelle au téléphone 50 fois par jour pour donner des directives et s’enquérir des résultats. (…) La réponse positive arrive. Irving Kaufman se rend compte que ce procès peut aussi lui valoir des inconvénients, mais il ira jusqu’au bout (« C’est mon devoir »). [14] [ ... ]
La sentence envers les époux Rosenberg a été décidée avant le procès par le juge Kaufman en concertation avec le FBI [19]. Un mois avant le début du procès, vingt huit personnages, dont cinq sénateurs, six députés, trois membres de le Commission atomique et deux représentants de la Justice, se réunissent pour réexaminer la tactique à suivre. Myles Lane, substitut du procureur, fait valoir que le seul moyen de faire céder Julius Rosenberg (qui n’a désigné aucun des « complices » qu’on lui suggère) est de le menacer de la chaise électrique et de condamner son épouse, dont le dossier est vide, à vingt cinq ou trente ans d’emprisonnement [20,21,22.] Proposition adoptée [23]. » (Julius et Ethel Rosenberg, La sentence, fr.wikipedia.)

Note :« we have emphasized "7 days after the trial" to confirm the point that the Rosenbergs had no opportunity to reply to Judge Kaufman’s false charges. These charges came after the trial was over. The Rosenbergs were thus denied the fundamental right of confrontation, to be apprised of charges and afforded the opportunity to reply in a court of law. A right guaranteed by all democratic countries. (...)
This right guarantees that a defendant will be confronted with the charges against him and will be given the opportunity to reply in a court of law ! Kaufman’s charges were first voiced seven days after the trial had ended. The defendants never had an opportunity to reply.
The Trial Record shows that Judge Kaufman made it clear to the jurors that the charge against the defendants was only for conspiring to commit espionage, and not for passing classified material
. » (rosenbergtrial.org — archive)

La preuve du crime contre les États-Unis pour lequel les Rosenberg ont été médiatiquement jugés et condamnés à la peine de mort, la livraison du "secret de la bombe atomique", ne pouvant être prouvée, c’est au nom de la conspiration d’espionnage que le premier procès les fit condamner, et finalement la peine de mort demandée et obtenue.

Le contexte soviétique

Il se peut donc, et c’est probable, que les conditions de la liquidation des agents du réseau soviétique issus de la guerre ait été négociée pour la dernière fois entre les services secrets soviétiques et américains, via les canadiens, comme pour les russes le réseau de Julius n’est plus qu’un squelette ruiné et sans chair, depuis que les liens secrets ont été coupés en 1945. Non que ces agents fussent particulièrement exposés par la nature de leurs échanges antérieurs à la rupture de 1947 entre l’est et l’ouest, mais tout simplement parce qu’ils ne valent plus rien dans le réseau du renseignement soviétique. Et le FBI les sort opportunément comme des diables de la boîte, au moment où la doctrine Jdanov répondant à celle du Commitment de Truman inaugurent la guerre froide. Peut-être même à l’instar du FBI qui joua autrement la carte McCarthyiste, mais justement, pas tout à fait blanche de l’antisémitisme développé dans les campagnes d’épuration communistes des milieux du cinéma et de la culture depuis Hollywood. Bref plusieurs mondes à la fois, plutôt liées au renforcement réactionnaire des deux pays qu’à leurs véritables menaces, à la fin d’un monde d’ouverture, alors que la France au contraire intègre les communistes au gouvernement de la Libération (ils y resteront jusqu’à 1947), quels qu’ils furent ou sont devenus, torpillent ensemble le couple Rosenberg, parfait bouc émissaire qui ne trouve pour toute réponse que le silence, la retenue, et l’abstention. N’est-ce pas le seul comportement possible des otages coincés de toutes parts ?

Ethel

Il n’est pas une image cinématographique ou photographique d’Ethel, rarement surprise à ne pas regarder l’objectif, au contraire assumant de s’y présenter en assurant son regard, qui ne dise pour les deux qu’ils savent, qu’ils ne peuvent rien, qu’ils sont sacrifiés dans leur dignité — qu’ils resteront dignes. Et surtout qu’elle ne croit pas pouvoir être exécutée. Alors défier le futur dans la posture avant le sacrifice. Le visage, les gestes, le regard de Ethel Rosenberg ne peuvent pas s’absenter de la mémoire de ceux qui partagent un moment avec elle à travers ces images, grâce auxquelles d’une certaine façon elle poursuit de vivre en nous. Comme si elle nous déléguait l’effort de chercher à comprendre ce qui lui arrive, ce qu’elle sait, et qu’elle compte sur nous pour le dire après son silence.

On n’imagine pas un instant que les Rosenberg aient pu jouer la carte accusatrice de leurs accusateurs (cela aurait été vain, de toutes façons, étant donné la stratégie du dispositif nécessairement centrée sur eux, dont ils ont parfaitement compris leur rôle — attribué à leur insu, dans le jeu). Peut-être que Ethel se sent aussi responsable d’avoir fait franchir le seuil du premier contact de son frère attendu par son mari, et peut-être d’abord celui de Ruth d’emblée active, pour commencer. Et donc elle trouve peut-être non pas normal mais fatalement logique que cela se retourne contre elle. Mais toutes les révélations administratives permettent aujourd’hui d’avancer l’hypothèse contraire, à savoir qu’elle n’intervint pas dans les rapports de Greenglass et de Julius autrement qu’à travers, par exemple, une entraide familiale comme celle de la boutique associée, au moment où Julius comme David avaient perdu leur emploi, et en tout état de cause du communisme, peut-être d’avoir convaincu son frère et sa belle sœur d’y adhérer, comme on voit aujourd’hui que c’était des familles entières et leur voisinage qui s’engageaient dans cette cause : indépendamment de l’espionnage où chacun de ceux qui s’y adonnèrent le firent de leur propre chef.

On peut même se demander si Greenglass fit jamais partie du réseau de Julius et ce pourrait être une des raisons qu’il lui en ait voulu, se sentant humilié. L’inverse serait en effet plus probable, comme Julius aurait été directement lié non pas au parti communiste, depuis 1943, mais directement à la Rezidentura, si l’on en croit Semenov qui l’aurait fait déplacer ; car Julius se méfiait considérablement de son beau-frère, celui-ci étant un voyou qui avait volé de l’uranium — ce qui pourrait expliquer ses contacts avec la mafia pour la revente du combustible, comme ensuite surgit un des plus grands avocats du crime New-yorkais pour le défendre. Et en tous cas ce fut une des causes qui l’avait fait suivre par le FBI et qui avait rendu la boutique surveillée, raison pour laquelle Julius se serait débarrassé de leur association commerciale et du lieu. Ce pourrait bien être Ruth Greenglass la responsable du contact avec Harry Gold comme premier contact de son mari avec un réseau soviétique. La question étant celle de l’argent.

Presque tout est indécidable au-delà des déclarations et de la chronologie du procès. ela est aussi indécidable que les merveilleuses archives du projet VENONA (renseignement anglo-américain) dévoilé en 1995 où les russes — ou des infiltrés — glissèrent peut-être autant de faux (puisqu’on en a découvert, désinformation du renseignement oblige) qu’il en soit nécessaire pour le retour de la détente avec les États-Unis (et dans ce cas il s’agirait simplement de ne pas décevoir leurs archives judiciaires). Même les déclarations récentes (en 2010) de Morton Sobell.

Julius Rosenberg ’serait’ le bouc émissaire du réseau du renseignement à double vue appelé à disparaître, tant pour le système de la sécurité soviétique que pour le système de la sécurité américaine, et le couple serait le protagoniste idéal (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur) du complot réduit à deux, le bouc émissaire idéal du complot final. Peut-être le couple Rosenberg est-il davantage victime à cause de la supériorité de sa dignité parmi la couardise de ceux qui le dénoncent à leur place, à cause de sa fierté, de son exigence et de sa solidarité réciproques infaillibles, comme un défi qui les expose à être considérés comme capables de résistance, ou pouvant porter davantage du fait de leur force, par ceux qui les accusent et par ceux qui manipulent les accusations (lesquels optent dans ce cas pour ceux qui parlent le plus, car ils sont prêts à tout, et permettront d’obtenir un résultat attendu par la hiérarchie) ? Bref, il étaient l’objet de devoir perdre leurs vies, les victimes exemplaires, ils n’y pouvaient rien.

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Les témoins à charge
Gold et Greenglass


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Les époux Rosenberg sont innocents du vol de documents secrets sur la bombe et de leur transmission, ce qui n’empêche pas de savoir, depuis, que Julius Rosenberg aurait vraiment fait partie d’un réseau qui ne comprenait ni son beau-frère ni sa belle-sœur, avant et d’autre part de l’espionnage atomique.

Julius fut-il vraiment un espion — pas celui pour lequel il fut condamné. Qu’il ait fait partie du réseau Feklisov jusqu’à septembre 1945, probablement, puisqu’il y a concordance des informations données par Feklisov lui-même dans son autobiographie [7], où il cite des documents du KGB rendus publics en 1996, avec le témoignage direct ultérieur auprès des fils Rosenberg par Sobell. Mais du réseau Yakovlev qui était concentré sur le secret atomique et dont Gold qui avait contacté Ruth Greenglass, en tant qu’épouse d’un mécanicien militaire travaillant à Los Alamos et d’autre part belle-sœur de Rosenberg, dont Gold put être informé par la hiérarchie, à partir du moment où Julius fut mis à l’écart du renseignement. [8], lequel avait lui-même contacté Greenglass au Nouveau Mexique était l’agent exécutif : jamais.

D’ailleurs Yakovlev lui-même auquel un journaliste à propos de son auto-biographie pose la question des Rosenberg confirme radicalement qu’il n’a jamais entendu parler des Rosenberg et par conséquent ne peut apporter aucun détail à leur sujet. Selon le décryptage des informations du KGB dans le projet VENONA révélées plus tard, Rosenberg sous le nom de code LIBERAL aurait renseigné les soviétiques avec des documents de transmission et les plans d’un avion, quand il était encore inspecteur civil aux services de transmission de l’armée. Cela pourrait concorder, à ceci prêt que les déclarations des plus éminents dirigeants du KGB aux USA attribuent les plans d’un avion à Perl, ami de Rosenberg, également membre du réseau Feklisov.
De toutes façons Rosenberg n’est pas compétent dans le domaine technique utile à dresser de telles informations, alors que Perl, qui est physicien, si. Bien sûr Perl n’a rien informé ni reconnu. Or cela Julius Rosenberg ne pourrait davantage le dévoiler lors des interrogatoires, d’abord pour ne pas accroître ses fausses charges au lieu de les lever, ensuite pour ne pas l’entraîner à informer sur le réseau où il renseignait en apportant des aveux à charge contre les autres espions arrêtés ou cités. Or son éthique irréprochable et son intelligence l’empêchent de commettre une telle absurdité, comme de coopérer. Il n’a pas donné un seul nom — excepté Sobell déclaré comme ami.
Il n’a pas compromis un seul des autres accusés. Au contraire, fort de la vérité de son innocence quant au chef d’accusation il se contente de nier ce dont on l’accuse. On le lit aujourd’hui dans les actes du Grand Jury. Quant à Ethel, comme Julius elle ne dénoncera personne. Ce n’est rien d’autre que son éthique activiste d’ancienne syndicaliste communiste, et sa dignité personnelle, qui l’aident à porter l’accusation dont son propre frère l’a recouverte, et à assurer son indéfectible soutien à son époux en veillant à ne pas cesser de communiquer avec leurs fils, qu’elle confie à leur avocat. Sa certitude et son amour sans dédire pour les rendre plus forts, lui valent d’être jugée fatalement, puis condamnée à mort dans un déni de justice évident, et exécutée en suppliciée puisqu’il fallut s’y reprendre en trois fois. [9]

Malgré la mobilisation générale contre la sentence, depuis toutes les villes du monde, et dans toutes les tendances démocratiques, notamment en France où les communistes demeurent honorables pour leurs actes de résistance nationale, et peu craints comme après avoir participé au gouvernement de la Libération avec le Général de Gaulle ils l’ont finalement quitté, mobilisation qui jouera certainement un rôle dans le prolongement du délai avant l’exécution, Ethel et Julius Rosenberg sont tués à quelques minutes d’intervalle sur la chaise électrique de Sing Sing, le 19 juin 1953.

Julius meurt, le cœur d’Ethel résiste malgré elle, qui a pourtant préparé ses enfants à supporter leur disparition. Les bourreaux doivent répéter par trois fois son exécution, acharnement tel que l’électrocution finit par faire fumer son corps.

Si les Rosenberg de leur vivant n’ont pas cessé de clamer leur innocence, la charge symbolique de leur exécution fut un tel montage d’injustice qu’il se transmit à la mémoire au long des décennies suivantes, au rythme des investigations privées et du progrès de la libération des pièces. Puisque ce n’est qu’après leur mort, de rebondissement en rebondissement jusqu’à nos jours, que peu à peu le fil du dossier commença à s’éclairer en partie, contredit, éprouvé, selon le dévoilement progressif des documents secrets, et leurs désinformations par les services concernés dont ceux qui ont intoxiqué le VENONA Project, auquel Hoover a privé d’accès le président Truman, et à partir des années 60 les espions KGB écrivant leurs propres ouvrages, les recherches et les enquêtes privées des journalistes et des historiens, et l’investigation propre des livres signés par les fils Rosenberg devenus adultes sous leur nom d’adoption — Meeropol.

En sorte que Ethel et Julius Rosenberg vivent malgré leur supplice.

Selon Michael Meeropol, la thèse qui paraît la plus proche de la réalité crédible s’édifie dans le dernier ouvrage de Walter Schneir, paru en 2010 : Final Verdict : What Really Happened in the Rosenberg Case (éd. Melville House) [10], pas encore traduit en France, exploité dans les articles de wikipedia anglophone sur les agents impliqués dans l’affaire.*

La question qui se pose alors est celle de l’irréductibilité de l’exécution capitale, autrement dit la question de la peine de mort dans un État qui se prétend de droit à l’égide de la Déclaration des droits de l’homme, serait-ce la démocratie quand elle continue d’exécuter des accusés qui se disent innocents, dont la culpabilité n’est pas prouvée — ou avérée sur de faux témoignages (révélés au-delà de leurs minutes).
Par là, ce n’est pas seulement la question de la juste ou injuste répression ni celle de l’évaluation de la criminalité, mais plutôt celle de la préparation de l’opinion judiciaire du Grand Jury par l’enquête de police et par le juge, c’est encore celle de la liberté d’opinion et d’engagement, et de l’insoumission civile ou politique, pouvant soudain être entendus comme des crimes, dans un pays qui maintient la menace exécutive de la peine capitale.
Se pose enfin la question sociale des survivants proches des exécutés, individuellement dépendants, notamment les enfants.**

L’affaire Rosenberg elle-même n’est pas terminée : la prescription judiciaire étant dépassée, « en 2008, quand le gouvernement envisagea de libérer la transcription des actes du Grand Jury, Greenglass s’opposa à la libération de son témoignage. En conséquence, le juge du District des États-Unis, Alvin Hellerstein, refusa de libérer les témoignages de Greenglass et d’autres témoins qui avaient refusé de donner leur consentement, ou des morts qui n’avaient pas pu être confirmés, ou de ceux non situés pour obtenir le consentement. »

Face au retrait ultime de la responsabilité judiciaire, dont le refus du dévoilement montre bien en quoi l’exécution de la peine capitale résulte en empêchement du changement, dans des sociétés intégristes de la croyance nationaliste qui pourtant ne cessent de tendre à changer, on pourrait contradictoirement objecter que la sauvegarde de la vie sociale et personnelle des adultes, que sont devenus les enfants des Rosenberg, s’impose en impératif au moins égal et sinon prioritaire tant qu’ils sont vivants, par rapport à la vie des "témoins" dont les anciennes déclarations, renouvelées interdites de publication, portèrent un préjudice mortel aux accusés, et à leurs enfants survivants qui durent être sauvés et socialement protégés par l’adoption.

Ils qui poursuivent d’assumer aujourd’hui le traumatisme attaché à la perte de leurs parents et à l’opacité dans laquelle le procès a plongé leur mémoire. Mais cela ne semble pas être dans la loi américaine, et en tout état de cause de la loi, à l’évidence, le juge n’en a pas décidé ainsi.

Quand les frères Meeropol Rosenberg presque soixante ans plus tard poursuivent de s’intéresser à l’évolution des sources et des ouvrages, informent par l’écriture ou créent des institutions, ils agissent bien plus largement que pour eux-mêmes, intégrés dans le mouvement du monde actuel.

Et là on ne peut pas ne pas penser à la façon dont a été monté le dossier de l’affaire Strauss-Kahn, s’il n’est pas mort du moins est-il professionnellement détruit, (ainsi que son épouse par voie de conséquence, très diffamée), subjugués par la Presse à propos de ses consommations sexuelles (que nul n’a pu finalement pu prouver, malgré tout l’exhibitionnisme des détails des affaires, comme étant des délits criminels — selon la loi).

Plus grave sans être une affaire d’État, du moins un règlement de compte de la police avec un activiste dans ses propres rangs, Troy Davis vient d’être exécuté, malgré les protestations internationales, alors que lui aussi proclamait son innocence. D’autres attendent.

A. G. C.

* C’est ce que Michael Meeropol, l’aîné des frères descendant d’Ethel et de Julius Rosenberg, nous apprend.

** C’est ce que Robert Meeropol, le cadet des deux frères descendant d’Ethel et de Julius Rosenberg, nous apprend.

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Épilogue :

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Deux poids deux mesures dans la lecture historique concrète des mêmes faits sous des cultures et des idéologies différentes.

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Sur la paranoïa américaine et anglo-américaine anti-communiste, il est bon de trouver une échelle critique relative au moment où en France au contraire on intégrait les communistes non seulement dans la résistance nationale (Jean Moulin) mais encore dans le gouvernement de la Libération, et même après le départ du général de Gaulle (président du gouvernement provisoire de le république française du 3 juin 1944 au 20 janvier 1946), jusqu’en 1947 où les communistes seront mis à la porte du gouvernement par Daladier au moment des grandes grèves contre le plan Marshall. À des postes non négligeables comme celui de la Défense (Charles Tillon, dans le gouvernement provisoire, par exemple n’occupa pas moins de trois postes clé, successivement, l’air, l’armement — sous le gouvernement de Gaulle —, et la reconstruction, sous le gouvernement Daladier ; Maurice Thorez Ministre d’État du second gouvernement de la libération, avec Ambroise Croizat au Travail, et marcel Paul, à la production industrielle). Le parti communiste français étant traditionnellement lié à Moscou le resta après le kominform (en 1947) où Duclos qui était un parlementaire extrêmement actif pour l’union de la gauche, puis au sénat, fut par conséquent accusé par Jdanov de n’avoir pas pris assez tôt le tournant de la guerre froide en cessant toute participation au gouvernement français. Mais il donna le change sur la condamnation politique de Tito. Et le parti communiste demeura un parti parlementaire puissant, autorisé par sa confédération syndicale générale du travail massivement représentative du prolétariat français, qui furent déterminants lors du retour de Charles de Gaulle au pouvoir en 1958, et électoralement dans le succès du referendum pour la réforme constitutionnelle visant à l’élection du président de la république au suffrage universel et à la restauration de son pouvoir exécutif. Parti généralement taxé par la gauche radicale de contre-révolutionnaire, et de toutes façons rencontrant de fortes oppositions au stalinisme.
Qu’il y eut des membres communistes ou sympathisants internationalistes dans le gouvernement Roosevelt généralement connu pour avoir été progressiste n’a rien de surprenant, et ne nous paraît pas en France avoir été une infamie d’espionnage. On ne voit pas pourquoi les membres communistes du gouvernement français n’auraient pu eux aussi être suspectés de se livrer au renseignement soviétique, quand pourtant Thorez avait passé les années de guerre puis une grande partie de son tempsa près la guerre, à Moscou. Mais on ne pourrait pas non plus mettre en doute le civisme national français des maquis FTP et de Jacques Duclos, même s’ils étaient d’autre part liés au komintern puis au kominform. Même s’ils n’entrèrent pas officiellement en résistance avant la rupture du pacte germano-soviétique.
En tous cas la participation des communistes au pouvoir si elle conforta de Gaulle dans la nationalisation de plusieurs entreprises stratégiques en France, le développement du service public, et la création de la sécurité sociale avec l’aide des radicaux socialistes, ne mena pas, loin de là, à la révolution communiste de la France, on pourrait même dire que le parti communiste aida à réprimer — radicalement — ses membres révolutionnaires voulant poursuivre la lutte après la guerre, une des missions sans doute de leur ministère de la Défense attribué par de Gaulle.
S’il y eut à partir de 1949 l’engagement des russes dans l’aide au Viêt Minh contre la France coloniale en Indochine, il convient aussi de savoir que Hô Chi Minh fut d’abord un agent américain contre les japonais qui alors menaçaient l’Indochine dans le cadre de l’alliance diplomatique franco-japonaise du gouvernement de Vichy, soutien de l’allié majeur des nazis en orient.

Mais bien sûr nos politiques français n’avaient pas à constituer la paranoïa de l’arme intégrale « de destruction massive » (comme on dit aujourd’hui), à laquelle ils n’auraient pu être associés comme le pays collaborait avec les nazis, pendant la guerre, au moment où le projet Manhattan fut constitué. Il reste qu’à son retour au pouvoir le général de Gaulle rendant autonome la France en la retirant de l’OTAN et du plan Marshall, et obtenant que l’armée américaine rapatriât ses bases aux États-Unis, se lança dans la dotation d’une force de frappe, ce qui pour autant ne trompa pas l’alliance nationale des communistes en France.

Alors, on ne voit pas comment si l’arme américaine fut défensive et non visant à une domination elle put poser tant de problèmes d’exclusion radicale de la gauche communiste aux États-Unis. Ni en quoi la répression des communistes innova quoique ce soit de la répression généralement subie entre autres par les activistes progressistes aux États-Unis, qu’il s’agît des pendus de Chicago, des électrocutés Sacco et Vanzetti, ou encore des années passées en prison par Emma Goldman et Alexandre Berkman, des activistes contre la guerre du Viet Nam, du Black Panther Party, et même des assassinats de Malcolm X et de Martin Luther King auxquels le FBI et la CIA purent être respectivement être associés.

Pour ne pas parler du sort réservé à Bradlley Manning, en Floride, heureusement passé à une détention moins destructive, depuis qu’il a été transféré en avril 2011 dans une prison militaire au Kansas.

Et malheureusement, il n’y a pas d’autre façon historique de lire l’exécution des Rosenberg quoiqu’ils aient fait, à partir du moment où il est prouvé aujourd’hui que leur jugement fut une machination arbitraire contre un couple édifié médiatiquement comme représentatif du communisme militant aux USA — forcément criminel et conspirationniste parce que communiste.

Mais d’abord contre tout internationalisme, qui ne soit pas sous la domination de l’État américain, a fortiori insoumis ou dissident à l’intérieur du pays ou à l’extérieur, telle qu’une organisation comme Wikileaks peut livrer à leur paranoïa, de nouvelles cibles comme Julian Assange et ses soutiens qui courent autant de risques que d’autres réseaux par le passé, comme on ne pourrait l’ignorer depuis le 11 septembre 2001, le saisissement de n’importe qui au discrédit de la loi locale par les membres du CIA partout dans le monde, les prisons opaques qui rendirent insupportables les dictatures arabes, jusqu’à pousser les populations sacrifiées à ne plus avoir peur de se soulever, et qui compromettent les démocraties européennes, Guantanamo, etc.

On pourrait dire alors que les années Roosevelt furent une trêve dans le long cortège de l’intolérance et de l’intégrisme idéologique américain, ce qui ne revient pas à un déni des problèmes gravissimes posés par la dictature en Union soviétique.

P.-S.

Le logo est la couverture du livre de Allen M. Hornblum L’invisible Harry Gold, The Man Who Gave the Soviets the Atom Bomb (ed. Yale University Press, sept. 2010)


http://library.thinkquest.org/17940/texts/timeline/manhattan.htm
 Roger Pinto, Julius et Ethel Rosenberg un déni de justice, 1950-1997 (Publications de la Sorbonne, mai 2002).
 19 juin 1953 : Exécution de Julius et Ethel Rosenberg aux États-Unis
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=42

 Rosenberg Grand Jury Files Released, The National Security Archive.

 Michael Meeropol Nearly 60 years after execution of Rosenberg spouses : Rebuttal to A. Kaspi the French Historian, La RdR.

 Michael Meeropol Presque 60 ans après l’exécution des époux Rosenberg : réfutation du livre de A. Kaspi, La RdR.

Dans en.wikipedia :
 Klaus Fuchs
 David Greenglass
 Harry Gold
 Morton Sobell

Dans fr.wikipedia
 Ethel et Julius Rosenberg



Pour information, l’ambiance et la chronologie de la Chasse aux sorcières.

Notes

[1Voir la vidéo de la télévision canadienne sur d’Igor Gouzenko en 1985, à l’occasion du cinquantenaire de la Libération, l’année de la publication des actes du Grand Jury aux USA : La défection d’Igor Gouzenko, Les Archives de Radio-Canada, Société Radio-Canada. Et publiée par les mêmes sources, l’archive de l’émission qui annonce La mort de Grousenko en 1982.

[2Voir l’article Bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki dans fr.wikipedia.

[3Pierre Grémion, Intelligence de l’anticommunisme. Le congrès pour la liberté de la culture à Paris (1950-1975), Paris, Fayard, 1995, p. 139. Source fr.wikipedia, Maccarthysme.

[4La phrase exacte, soit le 7è paragraphe intégral, de l’extrait de la réquisition du procureur général Irving Saypol devant le Grand Jury : « This description of the atom bomb, destined for delivery to the Soviet Union, was typed up by the defendant Ethel Rosenberg that afternoon at her apartment at 10 Monroe Street. Just so had she on countless other occasions sat at that typewriter and struck the keys, blow by blow, against her own country in the interests of the Soviets. », « Cette description de la bombe atomique, destinée à la livraison en Union soviétique, a été dactylographiée par le défendeur Ethel Rosenberg, cette après-midi où elle se trouvait dans son appartement au 10 Monroe Street. En telle sorte que dans d’innombrables autres occasions elle avait été assise à cette machine à écrire pour taper sur les touches, dans l’intérêt des Soviets contre son propre pays, frappe par frappe ».

[5Citation extraite de en.wikipedia Niels Bohr.

[6Affaire Rosenberg : Le dossier des actes du Grand Jury est accessible au public depuis 2008, il comprend 940 pages plus les dépositions de 41 des 45 témoins convoqués avant le Grand Jury, entre août 1950 et mars 1951. Il manque la déposition centrale de David Greenglass qui a décliné de donner son autorisation tant qu’il serait vivant, et de quelques autres, vivants refusant l’ouverture de leur déposition, ou dont on n’a pas retrouvé la trace pour obtenir leur autorisation ou dont on n’a pas pu prouver qu’ils étaient morts.

[7Feklisov, Aleksandr ; Sergei Kostin. The Man Behind the Rosenbergs (2001). Enigma Books. ISBN 1-929631-08-

[8Il est probable, comme le nom de Julius fut cité comme caution de contact dans les dépositions finales de Gold et de Greenglass, dont la concordance fut organisée dans le cadre de leur confrontation par Roy Cohn, rétractant leurs précédentes déclarations non concordantes — aucune des deux ne citant Julius, — que le nom véritable de la recommandation du contact fut Ruth, dont Greenglass négocia la liberté en échange de tout ce qui lui serait demandé pour charger les Rosenberg. Autant dire qu’il soit très peu probable que Julius ait jamais intégré son beau-frère dans les activités d’espionnage, d’autant plus qu’ils ne s’entendaient pas particulièrement bien, et que la moindre sécurité des réseaux sous deux directions soviétiques différentes n’aurait pas permis de transfuge spontané, d’autant plus que Gold qui ait pris sur lui de contacter Ruth et Ruth lors d’un voyage spécial allant demander à son mari de renseigner Gold, ne connaissait pas Julius Rosenberg.

[9La dernière lettre d’Ethel Rosenberg à ses fils : http://law2.umkc.edu/faculty/projects/ftrials/rosenb/ROS_LTR.HTM

[10Lire dans le New York Times du 22 octobre 2010, à propos de Final Verdict, l’ouvrage de Schneir, l’échange de correspondance des frères Rosenberg avec un autre lecteur, à propos de la version de Sam Roberts (qui avait rencontré Greenglass).

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