Je franchis la porte
la blouse ouverte, le bain aseptique, les outils
métalliques.
Je m’allonge sur un lit roulant,
Franchis le seuil
La ligne fine
— Si franche —
Du matin, du vide et du combat.
J’avance.
Je vois la peur dans les yeux de l’Autre :
une galerie
de voix disséquées.
Je vois une dame, pâle.
Immobile elle aussi
Les membres noyés
La poitrine occupée.
Derrière la science
savante
Cette curieuse mathématique qui surpasse
l’Homme
Cet abandon spectaculaire
Souriant
qu’est le Hasard.
La salle de réveil est lente,
les corps, autres.
Je dormais profondément
apaisée
dans mon image précédente.
Ma voix est maintenant
éraillée
les notes, timides,
dans des fragments de parole.
Livrée au paysage de cette chambre
blanchâtre,
Je m’écris.
J’apaise les nuages
de ma peau neuve,
Je remplis le fil fracturé
de couleurs vives.
Je palpe le pollen
fragile de mon corps
Et me livre aux mailles du réel.
Je m’ouvre ainsi
doucement
Me revois
naître, lentement
méfiante, derrière
le miroir
Et reconnais sur cette terre aimée
qu’est mon corps
L’analepse multiplicative de mon esprit-présent.