FEMMES-FLEUVES
« et la journée reste devant
bien sûr
mais avec
un peu de plus dans le moins »
Antoine Emaz, Limite
☐
L’Horizon sort de sa ligne
parcourt
Le Gris souverain
annonce le déplacement
— la circonvolution d’un fil
L’Horizon sort de son axe :
voit la Main qui cherche en vain
le jour
Rends-moi le jour
Larme, rends-moi la main
la main qui cherche
pores, mots, odeur
rends-moi l’Éternel
rends-moi
raison
mains sur joues cherchent la limite
entre Nuit & Jour
(pause)
Le temps endurcit l’œil déjà :
heures mouillées asséchées par l’insistance du Cri
qu’est-ce que tout cela peut bien
vouloir dire
dire :
lion court dans champs de blé
distance rétrécie entre ciel & tableau
bruit dit un mot (impossible) : Léo
Le mot dit l’Aimé
le voit encore
je le vois encore
courir encore
dire : « soleil substantiel »
Alors
La Femme parle à l’Oreille du monde
crie marche maudite aux yeux du monde
Laziza revient
Laziza zigzague :
titube, vacille, choit
c’est la Faim qui la porte jusqu’à l’aube
c’est sa peau — cette peau — qui repousse l’autre
Laziza marche — ô insistante marche
Laziza à mes côtés marche
et moi
jusqu’à Laziza.
vois-tu
les bords de la Rose
rose rose rose orchestre
qui refait le corps du fleuve le temps du fleuve l’idée de l’eau
je dis :
rose mille fois rose
dans le désert d’un Songe
elle est cette Larme qui coule apaisée
quelque chose d’opaque
quelque chose d’étrange
quelque chose qui naît sur ce trait.
(Márcia Marques-Rambourg)
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