L’océan se répand sur mon ventre.
Inutile d’établir la longueur
La page
Le blanc de l’eau sédentaire.
L’océan sautille sur mes lèvres
Lorsque
(ouvertes)
Elles se mettent à trembler.
L’océan m’est trait
Union, désamour.
Qui me sculpte dans la distance de la fragmentation.
Confrère
Mon frère marche sous la pluie molle des mots
Abasourdi de gens, absorbé
Par les miroirs enlacés du béton, de la terre plate
Regardé par les courbes grises, bretonnes.
Mon frère marche sur des sols intouchables
D’eau et de terre dormantes, inconnues
Il glisse sur ses jambes de soie, froissées
Sur sa table débordée de ton, décorée de probabilités
De larmes et de fer.
Mon frère est sur ma table ;
Ici : gigotant de rires imperméables
Couvert de musique, renfermé de sable
Il est sur ma main géante de racines inaudibles.
Battant dans son corps
Dans sa peau d’ouvrier, incassable. Il est.
Mon frère, je le sais
Dans la forêt vivante du possible.
Mon frère est infatigable.
Intemporel.
Il est.
(pour Yan Kouton, le 3 mars 2014)
Chaise
Quatre lignes probables
Reconstituent la chaise de ma pensée.
Debout, comme l’arbre millénaire,
La chaise marche pérenne.
Assise sur la toile,
Elle est feuille, parfois cage.
Se dégourdit les jambes
Sans savoir qu’elle est chaise
Et suit son rythme
De pierre, de pain et de peau.
Non-corps
Mon corps vit le fleuve
Devenir statique
S’arrêter dans mon regard.
La cabane, au loin
— Lavée de bois
Se dénuda en feuilles de mirage.
Ma voix,
Dansant au passage du vent asymétrique
— Réel
S’unit au paysage vert, immature,
S’envola solide,
Se rit aux bras immobiles du fleuve indocile
Et se lâcha dans ma respiration parallèle,
Dans le regard de mon monde ouvert
Dans l’apparence de ma ville muette.
Dans l’ombre de mon corps
Vivant.